Jean Marc Sauvagnargues, le batteur du groupe Les Fatals Picard, n'a jamais caché son admiration pour
Michel Berger. Durant le confinement il a lancé un crowd funding pour produire un disque hommage à son idole.
Premier concert pour présenter l'oeuvre achevée le 28 janvier au Zèbre de Belleville dans le 11ème arrondissement.
Concert très émouvant, très nostalgique au cours duquel, Jean Marc alterne l'interprétation des tubes de l'artiste et la narration d'anecdotes sur la vie de
Michel Berger extraites de la biographie de
Grégoire Colard.
L'auteur, rencontré à l'issue du show, autour d'un verre de Valençay blanc, ne sur joue pas son rôle d'attaché de presse prestigieux, qui a connu les plus grands noms de la chanson française, devant des fans ébahis. Une personnalité attachante à qui j'ai promis de lire son livre. Chose faite.
Une phrase donne le ton du récit, celle que
Jacques Attali prononce dans l'oraison funèbre de l'auteur de la Groupie du pianiste :
« Sa musique dira à jamais les couleurs d'une époque… »
Phrase d'une justesse rare, notamment parce qu'elle dit LES couleurs et pas LA couleur d'une époque.
La façon dont le livre est structuré, dont le récit livre la montée en puissance d'un jeune homme au destin parfois tragique, qui comprend peut-être pour cela la sensibilité et parfois la cruauté du monde qui l'entoure est en phase complète avec la sentence d'
Attali.
Grégoire Collard évoque la liaison puis la rupture entre
Véronique Sanson et
Michel Berger avec beaucoup de pudeur et de retenue. Il montre comment cette rupture a pu influencer la musique et les compositions du chanteur.
Par ailleurs, la chanson Message Personnel, rendue populaire par
Françoise Hardy, confirme cette analyse.
Certes,
Michel Berger est l'emblème des années Mitterand ; mais, on découvre que bien avant cela, il a été l'auteur compositeur de chansons emblématiques de la France des années 1960, comme par exemple Papa vient d'épouser la bonne (Ah, quelle idée il a eu là, mon p'tit papa) interprétée par Dany mais surtout Les girafes chantée par Bourvil (Les girafes au long cou/Se promènent dans l'été brûlant/L'été brûlant/Si lentement). Etonnant !
On comprend qu'il savait cerner l'atmosphère d'une époque, donner un ton à ses compositions, mais aussi cerner la personnalité de ceux pour lesquels il composait.
Au-delà de ses fans, il a laissé son empreinte sur de nombreux événements des années 1980, Starmania, Les restau du coeur, la découverte par les artistes français des Benefit Concerts, la conviction que la société s'humanisait, que l'homme n'était pas un loup pour l'homme.
C'est la raison de la nostalgie qui nous a étreint en écoutant Jean Marc réprendre des tubes que nous n'avons peut-être pas écouté mais que nous avons entendu et qui restent gravés dans notre mémoire.
Un livre à mettre en perspective pour mesurer le fossé qui s'est crée depuis, dans la société française.
Grégoire Colard fait en ce sens oeuvre d'historien et c'est ce qui rend son ouvrage indispensable pour qui veut comprendre non seulement le parcours de Berger mais aussi le contexte dans lequel il écrivait ses chansons.
A lire.