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3,57

sur 2128 notes
Un amour d'été
Je crois que je n'ai jamais lu ce bouquin… En l'ouvrant, j'étais persuadée qu'il avait fait partie de mes années lycée mais… je n'en ai gardé aucun souvenir… Et pas certaine que j'en aurais suite à cette lecture car, disons le tout net, je me suis affreusement ennuyée (même si l'édition que je possède ne compte que 125 pages… ressenti 400 !) ...
Je ne reviens pas sur l'intrigue, archi connue. Pour ma part, je l'ai trouvée mièvre : alors évidemment, je n'ai plus 16 ans depuis (très très) longtemps ! Et bien sûr, il faut remettre le livre dans son contexte : publié en 1923, il est vrai que le sujet a pu choquer. J'ignore s'il fait partie des romans au programme des lycéens aujourd'hui, je crains, si c'est le cas, qu'ils ne soient un peu déroutés et franchement déboussolés par l'écriture « vintage » (pour ne pas dire désuète) !
Je préfère mille fois les chats qu'elle croque à merveille !
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Je n'avais jamais lu Colette.
Malgré son statut d'auteure devenue "classique".
Malgré sa dimension d'icône féministe.
Malgré sa biographie, follement romanesque et fascinante, qui dévoile une femme incroyablement libre, célèbre et célébrée. Peut-être est-ce d'ailleurs à cause de cette célébrité que je n'avais pas franchi le pas, le cap des ouvrages de la romancière qui fut tellement bien plus que ça... Je crois que j'avais un peu peur que cette célébrité à la Sarah Bernhardt. Peur de découvrir des textes qui ne valaient pas leur réputation ou qui ne s'appuient que sur celle de leur auteure... Et puis je craignais le vieillissement de la plume de Colette qui l'aurait rendue désuète.
Et bien, je l'avoue sans ambages: j'ai été foutrement, triplement idiote, l'esprit englué dans les préjugés. C'est à un extrait photocopié de "Sido" trouvé par hasard que je dois d'en être sortie, d'être aujourd'hui en mesure d'écrire que je me suis trompée sur Colette et que j'en suis heureuse. L'extrait en question qui parlait d'eau et de soleil, de maison chérie et de liberté m'a en effet semblé si beau, si poétique, si bien écrit qu'il m'a toute retournée. Je me suis alors rappelée cet exemplaire du "Blé en Herbe" qui traînait depuis des lustres sur les rayonnages de ma bibliothèque... Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour le retrouver, me jeter sur lui, le dévorer.

"Le blé en Herbe" -le titre est magnifique et bien sûr qu'il m'a rappelé la chanson de Dalida- est une lecture solaire, un roman d'amour et d'initiation, un hymne à l'extrême jeunesse et aux émois adolescents. Il m'a rappelé, d'une manière un peu étrange et pourtant familière, le très bel "Appelle moi par ton nom", comme si l'un était l'aïeul de l'autre...

Phil et Vinca sont les rejetons adolescents de deux familles de la bourgeoisie parisienne qui viennent passer chaque été, depuis toujours ou presque, dans une villa des Côtes-d'Armor, face à l'océan. Cet été là, Phil a seize ans et Vinca quinze printemps. Les deux amis d'enfance ne tardent pas à se rendre compte qu'entre eux et qu'en eux quelque chose a changé depuis le dernier été. La pêche, la baignade et les châteaux de sable ne les amusent plus comme autrefois et cette idée les étreint presque douloureusement, comme étreint toujours la conscience de l'enfance qui se termine et celle d'un avenir incertain. Et puis, et puis... Il s'agacent Phil et Vinca, ils s'exaspèrent, ils s'impatientent... Ils s'aiment mais ne se le disent pas encore, pas vraiment. Ils se désirent, mais il ne le savent pas encore, pas vraiment. Autour d'eux, les "ombres" ne se rendent compte de rien, forcement: leur monde n'est pas le même, pas tout de suite. Phil et Vinca ont encore un peu de temps avant d'en être, de devenir des adultes. Ils ont pour eux et encore un peu l'incandescence de l'adolescence.
C'est alors que surgit au détour d'un chemin de sable une femme brune, toute vêtue de blanc. Elle a le double de l'âge de Phil et comme dans la chanson de Dalida, elle trouve sans doute ce dernier "beau comme un enfant, fort comme un homme"... Son apparition sur le chemin des goémons a quelque chose d'irréel, pourtant ce qu'elle fera vivre à Phil dans la pénombre de sa villa n'aura rien d'éthéré et l'adolescent dès lors délaissera sa Vinca, le coeur coupable, pour les bras de Camille Dalleray.
"Le blé en herbe" qui brûlait déjà dans les feux de l'été se mue ici en roman d'apprentissage et on suit les pas de Phil qui avec l'arrivée de septembre et le départ de la femme de trente ans (pour paraphraser Balzac) va perdre ce qui lui restait d'enfance et d'innocence.

J'ai ressenti tant de choses à la lecture du "Blé en Herbe", que j'ai bien du mal à ordonner ce que je m'apprête à écrire...
J'en ai profondément aimé l'écriture, que j'ai trouvé à la fois vivante et poétique, ciselée, chantante comme une rivière qui éclabousse ses rives, qui serpente entre les rochers et dont le soleil vient chercher le reflet. C'est une langue à la fois précise, élégante, ciselée et rebelle, audacieuse, sensuelle. Offerte.
J'en ai aimé les paysages, la Bretagne si bien décrite avec ses couleurs, mais aussi et surtout ses parfums, ses odeurs mêmes, ses sensations. Dans "Le Blé en Herbe", on sent et ressent le paysage, la mer, les plantes, les pierres et le sable plus qu'on ne les voit. J'en ai aimé le rivage, les vagues, les coquillages, les pique-niques, les sentiers ensablés et les parties de pêche. le vent qui échevèle et les embruns.
J'en ai aimé le propos, féroce comme l'enfance, plein d'élan comme l'adolescence et sensuel comme la fin de l'été et les derniers feux du mois d'aout. J'en ai aimé le gout suranné qui se mêle à l'insolence et l'audace. J'en ai aimé la pudeur qui joue étrangement avec le désir. J'en ai aimé la douce cruauté, comme la première étreinte blanche du soleil en juillet. J'en ai aimé les personnages si vivants, si imparfaits mais attachants. J'en ai aimé la fin autant que le début.

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Cinq francs pour tout un monde, cinq francs!
Voilà ce que je vous dirais si, libraire soudainement devenue, je vous tendais ce livre, l'air entendu.

Cinq francs seulement, pour le vent dans les cheveux,
les genoux hérissés de sable
et les longues soirées d'été.

Cinq francs,
- cent pages à peine,
pour l'enfance bénie,
les amitiés sans fin
et les bains de mer du matin.

Pour les cheveux brûlés par le soleil,
la peau goûtant le sel,
et les victuailles d'un pique-nique
dans un panier en osier rassemblées.

Cent pages à peine pour un amour qu'ils croyaient inaltérable.
Pour un regard,
mille regards,
des sensations,
des odeurs, des couleurs et des évocations.

Lire Colette c'est plonger dans un monde parallèle.
Un monde dans lequel rien n'est anecdotique,
un monde dans lequel on voit, on entend, on sent avec des sens plus affutés qu'une lame.
C'est s'enfoncer dans une langue touffue, précieuse et recherchée.

Lire le Blé en herbe c'est s'éveiller à une sensualité infinie,
c'est contempler l'enfance laisser la place à l'âge adulte,
avec délicatesse et finesse.
Et regarder en face la douloureuse initiation à l'amour
que peut être la vie.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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Autant Chéri m'avait ravie, autant le blé en herbe m'avait déconcertée lorsque je l'avais lu adolescente.
Un rythme lent, un texte trop épuré, et surtout un certain malaise ressenti à la lecture de la relation de cette femme (mûre) avec un adolescent...
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Quel plaisir de relire Colette que j'avais tant aimée il y a longtemps. Tout en lisant les images surgissent, tendres et amères à la fois. Dès le début, on sent que chacun des deux a quitté l'enfance ou est sur le point de le faire, se questionne et n'est pas capable de gérer ces émotions nouvelles qui surgissent malgré soi. C'est bien cela l'adolescence, la puberté, décrite ici avec une justesse rare et beaucoup de pudeur vu du XXI. siècle. Ce qui n'est plus du tout actuel, c'est le rôle de la femme, toujours soumise, toujours disponible et prête à pardonner, et c'est évidemment ce qui me dérange et fait qu'aujourd'hui je ne recommanderai plus ce livre. Cela ne change rien à la valeur littéraire, mais il faut en être averti.
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J'ai aimé le style élégant, précis de Colette, d'une époque où l'on savait nommer chaque plante, reconnaître le parfum de chaque fleur ; je me suis gentiment ennuyé en assistant aux minauderies des deux amants en herbe et en lisant leurs soliloques envahissants. Je préfère les actes qui expriment les pensées plutôt que les pensées qui commentent les actes. Ma curiosité a été enfin aiguisée quand a surgi la Dame en blanc avec son cortège de mystère et de séduction.
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Phil et Vinca sont à un âge qu'à l'époque on n'appelait sans doute pas encore adolescence mais qui les tourmente par leur impatience à devenir adulte, par leur difficulté à mettre des mots sur les sentiments et les émois qui les emportent. En vacances en Bretagne, entre Cancale et Saint-Malo, Colette nous dépeint l'avancée de l'été, la fuite des jours d'enfance qui ne reviendront jamais : sa plume synesthésique ressemble à la palette d'un peintre avec les mille nuances de la lumière sur la mer et les teintes de bleu des yeux de Vinca, la Pervenche bien nommée. Elle excelle à suggérer les plaisirs de la chair dans l'initiation secrète de Phil par madame Dalleray tandis que Vinca, dupe de rien, tient bon et patiente. C'est la seule adulte qui porte un nom, les autres, les parents, sont tellement enfermés dans la bienséance familiale que les jeunes les appellent « les Ombres ».

Il y avait longtemps que je n'avais lu Colette et ce fut un bonheur de lecture, son style m'enchante, me fait rêver, stimule mon imagination. Merci, Madame !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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4 étoiles pour la beauté de la langue, les évocations qui sont dignes de tableaux de Turner quand elle raconte les plages bretonnes, ou de Gainsborough quand elle parle des champs, des sous-bois, des jardins.
Les descriptions sont nombreuses, c'est un roman contemplatif, même si évidemment il s'y passe des choses. Peu d'évènements magistraux mais énormément de chamboulements dans la vie de ces deux adolescents qui se connaissent depuis toujours, se comportaient comme frère et soeur mais qui en ces vacances ci-décritent se découvrent adolescents, sujets aux premiers émois, au rouge qui monte aux joues, au coeur qui palpite, aux papillons dans le ventre, voire aux évanouissements tant l'émotion est grande.
C'est cela que j'ai apprécié, la langue "à l'ancienne".
Mais c'est aussi cela qui m'a parfois agacée: Vinca ne passera pas son baccalauréat, sa maman souffre de rhumatisme, elle a une petite soeur de 8 ans, elle sera suffisamment occupée par les travaux ménagers en attendant qu'on lui trouve un bon mari.
Philippe après son baccalauréat reprendra probablement le commerce de papa.
Mais en attendant, il pleure du chagrin causé par la disparition de la dame en blanc, et se reproche de pleurer comme une gamine.
Les parents les voient déjà bien mariés ces deux là et il est vrai que lui, Philippe y pense aussi. Vinca l'aurait volontiers envisagé mais après cette trahison, en sera t'elle encore capable?
En tout cas il est loin le temps où elle envisageait, dans un romantisme tout d'époque, de se noyer avec lui afin qu'ils vivent à deux pour l'éternité.
Romantisme, conservatisme, vocabulaire suranné, époque révolue, que la littérature fait revivre de temps à autre.
Même plaisir qu'une lecture de Proust, de Flaubert, de Georges Sand. Ces phrases somptueuses, ces métaphores nombreuses, ces envolées lyriques, de temps en temps, j'adore !!
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Le blé en herbe, titre peu surprenant pour l'amoureuse des plantes qu'était Colette.

Cependant, à contrario des autres oeuvres que j'ai lu de cette autrice, ce roman ne parle pas de la nature. Ou bien si, mais de la nature humaine, de son éveil aux sentiments (titre allégorique,oui).

À l'image d'un été agréable, j'ai pris du plaisir à lire l'ouvrage, sans pour autant en garder un souvenir impérissable. Peut-être aura t-il plus de succès chez d'autres lecteurs?
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Lire ce récit et découvrir par la même occasion l'écriture de Colette en 2024 est tout d'abord déroutant tant le style de l'écrivaine est riche et précis. On pourrait même durant les premiers chapitres considérer l'écriture quelque peu ampoulée et précieuse avant de se laisser porter par le rythme poétique des phrases qui découvrent une histoire d'une grande sensualité.
L'été, dans une Bretagne sublimée par l'auteure qui en décrit toutes les subtilités géographiques et sensorielles, Philippe et Vinca, 15 ans et 16 ans, amis depuis la plus tendre enfance, vont connaître un tournant définitif dans leur relation. L'amitié amoureuse qui les unit va être ébranlée par la liaison secrète, charnelle et troublante que va connaître Phil avec une femme plus âgée. Colette, avec la même attention donnée aux paysages maritimes, va décrire le désarroi psychologique et émotionnel de ce jeune garçon poussé vers une sexualité qu'il ne désirait pas de cette manière.
Le blé en herbe diffuse ainsi un bouquet de sensations confuses qui sied remarquablement au trouble de l'adolescence. Sans rien dévoiler de l'intrigue, cette aventure passagère aura certainement des répercussions sur la vie du jeune couple en devenir, et les dernières pages du roman nous assomment avec une lucidité terrifiante sur le jeu social du mensonge et des sentiments. S'il est vrai que ce roman peut légèrement rebuter de prime abord avec son vocabulaire très riche, la force de ce récit adolescent laisse une marque profonde chez son lecteur.
Lien : https://lirealombredelolivie..
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