Lors de mes trop rares incursions en Espagne, je ramène des dizaines de ces conserves d'olives, notamment celles fourrées aux anchois. Rien à voir avec les Lucques, les Nyons ou même les Picholines… Ces variétés-là sont excellentes.
Peut-on employer le terme « excellentes » pour les olives espagnoles ? « Bonnes » à la limite.
Pourtant, chaque fois que j'ouvre une de ces boîtes, elles ne font pas un pli… J'avale ça comme si je revenais d'un séjour outre-Manche.
C'est un peu ainsi avec
Sandrine Collette… Pas de surprise. Un lieu incertain, des personnages dont on imagine davantage que l'on apprend leur histoire avant l'intrigue… Egalement la description minutieuse des mécanisme du mal dans un flou nullement artistique mais poisseux comme une brume anglaise…
Sandrine Collette, enfant, devait être une fillette avec des couettes, réservée, limite timide, qui ressemblait à une de mes camarades de classe, Françoise ? Isabelle ? Nathalie ? Valérie ? Peut-être bien Sandrine… Elle suivait une bande de garnements, les observait torturer des grenouilles, trucider des insectes, se bagarrer, tirer les couettes des autres filles. Toujours à l'écart, elle ne participait pas à ces méfaits. le soir, elle marquait scrupuleusement sur un cahier à spirale ces méchancetés en prenant soin de n'oublier aucun détail, surtout les plus glauques. Je conserve un souvenir ambivalent de cette camarade à couettes réservée, limite timide. Elle m'agaçait mais je dois reconnaître, prescription oblige, que je devais aussi éprouver une pointe de béguin. C'est bête, je n'ai pas conservé mes cahiers à spirale pour être certain de ces impressions élémentaires.
Quatrième fois que je lis Collette, que je me dis « elle m'énerve », et puis je me rends compte que j'ai lu le livre avec avidité… Envie de lui tirer les couettes ou envie d'un baiser volé ? Elle dort à jamais, mon enfance ? Collette l'a réveillée le temps d'un roman. Rien que pour ça, ça valait la peine.