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EAN : 9782368630235
Mots Ouverts éditions numériques (31/05/2013)
4.6/5   5 notes
Résumé :
Lorsque le patron d'une société d'assurance profite d'une assemblée générale pour annoncer les difficultés financières de la boîte, ses exhortations à la sérénité et à l'optimisme ne peuvent cacher de sombres horizons. Et elles n'évitent pas les réactions, la disparité des comportements, l'accablement des uns, l'insouciance des autres.
Rien de tel pour François. Pour lui, la question ne se pose pas. Il se sent chargé d'une mission évidente : sauver son entrep... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En dehors des sentiers battus, voici un roman noir magistralement surprenant. Ca commence dès l'introduction qui vous prend à contre-pied. Vous avez lu deux pages, vous avez compris que… et puis, à la page suivante, vous réalisez que vous avez été malicieusement berné. Une entrée en matière époustouflante. La suite est une histoire hallucinante qui a pour cadre le monde de l'assurance. Difficile de résumer l'intrigue sans déflorer le sujet. Confions donc cette tache à l'auteur et à son (anti)héros, inspecteur corporel, chargé d'évaluer et de négocier les indemnités réparatrices de ce qu'on appelle en assurance « les accidents de la vie » :
« le rêve, c'est le célibataire. Jeune de préférence. Imagine un jeunot tétraplégique : pas drôle pour lui, dramatique pour l'assureur. Entre les frais divers et la tierce personne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une fortune. A s'arracher les cheveux. le même rend l'âme : personne à charge, préjudice moral des parents, des frères et soeurs, quelques bricoles, de la rigolade. Je sais, ça peut choquer, mais il faut regarder les choses en face. La dure loi du marché. Que vaut la vie humaine ? Moins cher qu'une jambe coupée ? Ca remet les pieds sur terre. Celui qui reste, du moins. »
La compagnie d'assurance va mal, et notre inspecteur de se demander s'il n'est pas en son pouvoir de rétablir les comptes, de sauver les emplois de ses collègues et celui surtout de la jolie Sylvette. A quel prix ?
Vous y êtes ? Un roman noir très original, à l'humour encore plus noir, baignant dans l'autodérision glaçante de l'inspecteur. C'est déjà formidablement bien écrit et suffit à vous tenir en haleine. Mais en traitant de sujets graves et douloureux avec de grands moments d'intense émotion, ce roman sort de sa catégorie pour n'être plus qu'un grand roman, un de ceux dont les thèmes vous poursuivent bien après que vous les ayez refermés.
-la fragilité du bonheur qu'on n'imaginait pas quitter si rapidement.
-les faux semblants derrière lesquels nous dissimulons parfois nos sombres pensées et actions.
-la détresse et l'impuissance des accompagnants devant la déchéance physique ou mentale d'un proche.
-la culpabilité de ne pas en faire assez et les questions sans réponse qu'on se pose sur l'euthanasie.
« J'ai posé le brumisateur, l'ai soulevée d'un bras pour replacer l'oreiller. Il faisait chaud, il faisait sombre, à la radio un quatuor de Schubert, je n'avais pas entendu lequel, peut-être La jeune fille et la mort, ce serait drôle, je transpirais, au lieu de replacer l'oreiller, je m'en suis emparé, maman dodelinait de la tête sur mon bras, il me suffisait de l'allonger et d'écraser l'oreiller sur la bouche édentée, sur la peau aux reflets jaunâtres, cela ne prendrait pas longtemps, je regardais l'arme et la victime, j'ai eu l'impression qu'un bourdon venait d'entrer dans la chambre, c'était curieux, et puis maman a ouvert son oeil valide, elle l'a ouvert et son regard s'est fixé sur moi, il ne m'a pas traversé comme à l'accoutumée, il m'a vraiment fixé, sans méfiance, sans hargne, j'y ai vu, j'ai cru y voir une exhortation, un appel au secours, j'ai cru entendre les cris d'un enfant perdu dans le noir. Les doigts crochés dans la plume de l'oreiller, je restais là à bercer ce qui restait d'une mère. Je me suis accordé un délai, j'essayais de me calmer par de longues inspirations, et puis ma main gauche s'est lassée de ma couardise, elle est entrée en action, elle a affermi sa prise, je regardais comme au spectacle l'oreiller s'approcher de sa proie.
Comme au spectacle, on a toqué à la porte… »
Derrière l'humour noir ravageur qui vous fait sourire pour mieux vous horrifier ensuite, il est difficile de ne pas penser à certains faits divers assez médiatisés. Mais comme c'est un roman noir que vous avez en main, vous voilà soudain à tourner les pages de plus en plus vite car vous vous en doutez… une dernière pirouette vous attend !
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Un grand merci à Masse Critique et aux éditions Cairn pour ce livre qui m'a passionné pour quelques heures. Un curieux livre entre humour noir et pessimisme, livre un peu policier mais pas trop, plutôt une longue errance d'un être un peu falot, plutôt triste, héros malgré lui d'une histoire pas drôle et pourtant pleine d'humour. le "pitch"? un homme entre deux âges, travaillant pour une société d'assurances, se découvre à la fois amoureux d'une collègue (dans un premier temps amour muet) et sauveur de son entreprise. Je n'en dirai pas plus sous peine de déflorer des situations plutôt bien troussées, dans un livre qui se lit d'une traite. Une phrase résume bien pour moi l'esprit: "en appuyant sur le bouton de l'ascenseur, je me suis dit que je ne voudrais pas être à ma place" ... tout est dans ces quelques superbes mots.
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Une vraie originalité dans ce roman, difficilement classable.

Reçu dans le cadre de l'opération masse critique ( merci à Babelio et aux éditions Cairn) roman noir, Takano est un roman noir sans enquête policière, à la fois dramatique et plein d'humour et à l'écriture fluide et plaisante.

Récit à la première personne, on suit les actions et réflexions de François, employé d'une compagnie d'assurance. Pas véritablement un loser, mais un homme avec une vie banale, plaqué par son épouse, qui essaie d'exercer au mieux ses missions professionnelles , dédommager les clients victimes d'accidents .
L'accident de Takano , qui survient au moment où la compagnie d'assurance connaît de graves problèmes financiers va changer la donne et emmener le narrateur à sortir de sa zone de confort et réfléchir à des mesures extrêmes.
Le roman oscille entre les missions professionnelles, avec les entrevues avec les familles et les relations avec les collègues et superieurs et la vie personnelle du protagoniste : ses relations avec sa soeur qu'il qualifie de grenouille de bénitier, son oncle Edouard, sa mère en fin de vie et surtout Sylvette, image d'un futur heureux.

J'ai beaucoup apprécié ce roman qui sort des sentiers battus et nous invite à nous interroger sur pas mal de thématiques.











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Ce roman n'a pas été celui auquel je m'attendais. Je pensais, avec ce titre, être dans un roman japonisant. Mais en fait, il s'agit d'un roman noir, qui aborde un sujet vraiment très original (personnellement, je n'avais jamais lu ça !). Plongé dans la tête du personnage principal (le roman est écrit en point de vue interne), nous allons le suivre dans toutes ses introspections. Il a un côté assez pessimiste, et je ne l'ai pas trouvé particulièrement sympathique. D'ailleurs, il est un peu difficile de s'attacher à qui que ce soit dans ce roman.

L'auteur met un peu de temps à planter le décor, et le sujet qui va finalement être le coeur de l'histoire n'arrive pas tout de suite. Sujet vraiment original qui va traiter, parfois avec un humour très noir qui pourra en gêner certains, de sujets difficiles.
Ce roman vraiment atypique et par le sujet, et par son narrateur, ne plaira pas à tous les lecteurs. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette histoire, dont je me souviendrais surtout pour les thématiques traités !

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Un roman noir au cheminement bien original que nous offre l'auteur. Une vie de grisaille à laquelle son héros aimerait bien échapper …jusqu'au jour où il aura une idée folle pour sauver des emplois , pour que « la petite » reste…elle est son seul espoir en une vie meilleure…jouer un peu à être Dieu en somme!
De l'humour, de la poésie , de la dérision pour cacher peine et tristesse qui affleurent , tout cela soutenu par une écriture talentueuse … l'auteur a eu le prix Renaudot et ce n'est pas un hasard
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Parfois mon métier me pesait, la misère humaine me pesait, cette misère que je m'efforçais d'atténuer en posant sur les plaies des emplâtres de billets de banque. Thérapie dérisoire. les larmes se transformaient en chiffres, les handicaps en pourcentage. Perte d'une main, de 40 à 50%. Amputation au niveau du genou, 60%. Perte d'un oeil, 25%. Perte des deux, 85%. Dans tous les cas, il te reste 50, 70, 15% de validité, c'est-à-dire qu'il te reste de quoi bouger, communiquer, vivre à peu près. Il arrive aussi qu'il ne te reste rien, tu es invalide à 100%, tu as gagné le gros lot ! Tu n'es pas beau à voir. Un légume. mais un légume hors de prix. Cher du kilo. A dégoûter les assureurs de devenir végétariens. Les dossiers qui plombent leurs résultats,...
Et moi avec mon chéquier, mes mots emmiellés, j'essaie de leur faire oublier leur peine, aux amputés, aux détruits. Ils ne savent pas (mes employeurs) ce que c'est que de représenter l'assureur du coupable, de l'automobiliste débile, ils ne savent pas combien la suspicion, l'agressivité de la plupart des victimes finit par me miner. J'arrive en père Noël, on m'accueille en Père fouettard.
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Et ma chambre ! Oh ma chambre, ma chambre... Je m'y suis installé il y a huit mois, quand nous nous sommes séparés, Anne-Sophie et moi. Je l'ai jouée grande classe, garde l'appartement en attendant de trouver quelque chose, je me débrouillerai, ne t'en fais pas. Ce que je peux être con ! Je me suis retrouvé là, une valise à la main, un carton sous le bras, bien content de dénicher dans la journée une chambre de bonne, sixième avec ascenseur. Jusque là, tout va bien. Après les choses se gâtent : neuf mètres carrés, lit à une place, mais à petite place, trop souple en plus, les soirs de cuite j'y suis sujet au mal de mer. Alors imagine avec une fille. La tête de la belle lorsqu'elle découvre le nid d'amour de son héros ! Grâce au ciel, pour l'instant j'ai réussi à leur éviter la déception. Autre version des faits : malheureusement, je n'ai pas encore réussi à en entraîner une jusqu'à ma couchette.
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Le rêve, c’est le célibataire. Jeune de préférence. Imagine un jeunot tétraplégique : pas drôle pour lui, dramatique pour l’assureur. Entre les frais divers et la tierce personne vingt-quatre heures sur vingt-quatre, une fortune. A s’arracher les cheveux. Le même rend l’âme : personne à charge, préjudice moral des parents, des frères et sœurs, quelques bricoles, de la rigolade. Je sais, ça peut choquer, mais il faut regarder les choses en face. La dure loi du marché. Que vaut la vie humaine ? Moins cher qu’une jambe coupée ? Ca remet les pieds sur terre. Celui qui reste, du moins.
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J'ai failli poser ma main sur la sienne, qui paraissait n'attendre que cela. Comme à la messe l'autre jour, j'ai tergiversé. Au restaurant, l'exercice m'a toujours paru périlleux. Doigts enlacés, yeux dans les yeux, le silence. Et puis le plat arrive ; tu ne vas pas rompre une douce étreinte pour une cause aussi triviale, alors tu serres un peu plus les doigts, tu ébauches un sourire éthéré, mais vite tu dois te rendre à l'évidence, ta viande est en train de refroidir, le poisson de madame également, l'amour c'est une chose, mais manger froid peut nuire gravement aux sentiments. Pour désenlacer les doigts, tu tentes le sourire douloureux, toujours les yeux dans les yeux, mais que tu le veuilles ou non, le charme est rompu, le ventre l'a emporté sur le coeur, tu as perdu la partie, la belle ne voyait aucun inconvénient à manger froid.
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Je n'ai pas de chance avec les filles. Si j'avais eu de la chance, le dossier aurait été confié à la petite Sylvette. Elle n'est pas là depuis longtemps, c'est vrai, mais quand même, le hasard ne fait pas bien les choses. Sylvette. Jolie comme un coeur, et avec ce prénom elle a du mérite. Parce que ce n'est pas un surnom (..), elle se prénomme bien Sylvette. A-t-on idée ? Joli minois, jolie silhouette, et une démarche ! Une démarche ! Je l'ai suivie l'autre jour, rencontre fortuite, elle remontait la rue Sainte-Catherine, j'aurais traversé Bordeaux sans m'en apercevoir, léger balancement des hanches, juste ce qu'il faut, cambrure des reins, juste ce qu'il faut, galbe parfait des mollets, allure réservée mais avec ce soupçon de sensualité qui change tout. Un tout petit peu aguicheuse, la Sylvette ? peut-être, mais son regard innocent fait tout pardonner.
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[Jean Colombier]
Entretien avec Jean COLOMBIER, à propos de son livre "Les frères Romance" (aux éditions Calmann Levy), qui relate une relation entre deux frères, et qui a eu le prix Renaudot.Il parle de son livre, qui a un côté autobiographique, des personnages et du lieu de l'intrigue.
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