du livre des comptes ils n’
emportent rien. Le gel précoce,
les temps de lutte dans le troupeau,
ce qui revient. Les mise bas,
les déchirures.
De main morte – ou pas, l’autre
et trois d’entre eux qui aident.
On repart.
Partir – ce que dit le mot
sans le dire.
Les murs d’une chambre nue,
une blouse vide.
La neige dehors, les hommes
ont ressorti leur ombre de soldat.
Ce qu’on sait des yeux, on
voit peu.
LETTRE DE LA MÈRE
Extrait 1
C’est presque le printemps, c’est écrit
dans la lettre
que les poulains sevrés (qui vont prendre
une année) ont des poux dans le poil
et de mauvais aplombs.
C’est écrit,
que les cours des fermages s’en vont
grimper ― qu’il faut compter,
économiser l’eau, préserver
l’herbe. Livrer combat.
(Mais où le fils ?)
LETTRE DE LA MÈRE
Extrait 2
Inventorier les créances passées,
refaire l’enclos, payer le scieur
et donner sciure aux chattes
qui mettent bas au fond des coffres.
(― Et parti sur quelles routes,
comme si c’était utile)
LETTRE DE LA MÈRE
Extrait 3
Près du lavoir caler la planche,
est-ce donc si difficile, l’empreinte
des genoux restée marquée depuis le gel.
Tout ça,
d’une encre qui retient la cendre
d’une blessure.― Ou si c’est colère,
cette part de nous que
n’éteint pas la neige.