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Le vélo est flambant neuf. le casque fièrement vissé sur la tête, le cycliste débutant se voit déjà avaler les kilomètres au guidon de sa monture mécanique, repousser les limites de sa condition physique. Sous la pluie il traverse les vallées et sous le soleil de plomb il gravit les pentes abruptes des cols montagneux. Il roule sur son deux-roues comme il respire. Rien ne lui résiste…

Or la réalité l'extirpe de ses fantasmes: Il n'est qu'un cycliste du dimanche au souffle court et le chemin qui le mènera à accomplir de longues distances sera long. Il lui faudra s'entraîner, se reposer, tomber, se relever, se remettre en question, s'adapter aux conditions, etc. En d'autres mots, il devra y aller doucement mais sûrement afin d'atteindre son objectif de sportif.

Ma vision de la philosophie est du même ressort que ce mécanisme. A l'instar du cycliste, le philosophe profane devra y aller par étape en lisant, débattant, frottant ses idées aux autres; en expérimentant la vie. La philosophie, pourra, dès lors, être une précieuse béquille – et non une sinécure – car philosopher c'est d'abord apprendre à mieux vivre. Cela concerne tout le monde. Et qui de meilleur qu'André Comte-Sponville pour jouer le rôle de facilitateur entre le lecteur et certains grands concepts universels. L'amie qui m'a offert L'Inconsolable et autres impromptus me connaît assez bien pour savoir que je trouverai, au minimum, matière à réflexion dans ce recueil de douze textes. Il me paraît sain de rendre, ici, une analyse personnelle du livre.

André Comte Sponville est loin d'être un inconnu pour la plupart d'entre-nous puisqu'il est connu pour sa capacité à amener la réflexion philosophique à la portée du grand public. le petit traité des grandes vertus, du même auteur, est un des premiers livres philosophiques qui m'ont mis le pied à l'étrier. Je me rappelle de l'agréable sensation d'intégrer quelque-chose de concret à la suite de sa lecture.

Avec L'inconsolable et autres impromptus, l'auteur a gardé une écriture qui sait se mettre à hauteur d'être humain sans entrer dans un gloubi-boulga métaphysique destiné à de pseudo-initiés. Certes il s'appuie sur d'autres auteurs comme La Boétie, Spinoza, Epicure, etc. mais tout en sachant les faire intervenir avec parcimonie. Comme ce magnifique extrait d'Alain:

"La vie est bonne par-dessus tout; elle est bonne par elle-même; le raisonnement n'y fait rien. On n'est pas heureux par voyage, richesse, succès, plaisir. On est heureux parce qu'on est heureux. le bonheur, c'est la saveur même de la vie. Comme la fraise a goût de fraise, ainsi la vie a goût de bonheur."

Les douze textes de ce recueil d'André-Comte Sponville peuvent se lire indépendamment les uns des autres. Tels des cailloux lancés dans notre jardin, libre à nous d'y trouver un intérêt ou non. de la consolation à la joie de vivre, de l'ennui à la passion, l'auteur passe en revue des thématiques qui lui tiennent à coeur et peut parfois prendre le lecteur à contre-pied, comme dans le chapitre sur la passion où le philosophe français extrapole l'histoire du Joueur de Dostoïevski:

"Toute passion est atroce, voilà ce qu'enseigne Dostoïevski. Mais il serait plus atroce encore, pour presque tous, de renoncer à la passion. le sexe pourrait suffire? L'amitié pourrait suffire? C'est ce que croyaient Epicure ou Lucrèce, et toute la littérature leur donne tort, et toutes nos passions. C'est ce qui donne raison à Dostoïevski."

C'est par petites touches que ce recueil nous apporte un regard différent sur le monde. La subjectivité de l'auteur nous confronte à notre propre opinion. Il n'est d'ailleurs pas rare, que je ne sois pas d'accord avec ce qu'écrit André-Comte Sponville.

J'en veux pour preuve, le texte consacré à Beethoven que je trouve trop élitiste: La musique classique s'accorde mal à l'écriture, peut-être justement parce qu'il est ardu de faire entrer tout un monde musical dans un agencement de mots. Décrire la musique ne sera jamais la musique en elle-même.

Malgré tout, le talent du philosophe reste d'expliquer la philosophie au plus grand nombre, et même un article consacré à Beethoven peut voir jaillir quelques phrases lumineuses – à la limite de l'aphorisme – qui en disent plus que le texte en entier:

"On peut bien lire Spinoza ou Kant toute la journée. À quoi bon, si c'est pour se protéger de la vie, de l'émotion, du douloureux secret d'être soi?"

Enfin, la force de ce recueil réside dans l'hétérogénéité des douze textes. Chaque article possède son propre univers où l'auteur a laissé libre cours à ses questionnements, ses convictions et ses conclusions pas si définitives que cela. L'intérêt de ce genre de livre est de nous sortir du carcan de nos certitudes sans nous enfermer dans une nouvelle prison mentale.

Seule une croyance demeure au sortir de cet Inconsolable et autres impromptus: La philosophie n'est pas une recette miracle mais un outil qui peut nous permettre de vivre mieux. Tel le cycliste professionnel alternant périodes d'efforts intenses et repos, quiconque aspire à une vie équilibrée devra digérer le fait qu'un minimum de discipline et de joie de vivre est nécessaire à son bien-être.

Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Contrairement au recueil le goût de vivre et cent autres propos, ces impromptus sont relativement longs et moins accessibles, beaucoup plus documentés aussi. Il faut donc se concentrer un peu pour apprécier à sa juste valeur chaque « article ». On lira selon ses centres d'intérêts, car les thèmes étant fort différents, on est invité à faire une sélection. Dans L'ennui et l'école, extrait d'un colloque à la Sorbonne, l'auteur est plein de bon sens et de vérité, sans pour autant livrer une pensée formatée. Avec Jules Laforgue, poète du dimanche, j'avais cru très sottement que j'allais apprendre que le journaliste L. Laforge initiait, dans ses journaux télévisés, les Français à la poésie… Méprise de ma part : je découvre le poète Laforgue, que mes enseignants de lycée n'avaient jamais mentionné, honte à eux, car quel talent ! J'ai moins accroché à l'article sur le joueur de Dostoïevski.
L'article sur Althusser a été pour moi le plus passionnant. On apprend beaucoup sur le philosophe, de la même manière qu'on apprend beaucoup sur Foucault en lisant Lindon.
Enfin, l'article sur les droits des animaux est de grande facture.
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Je découvre cette personne humaine, cet homme, ce philosophe a travers un travail de pensée éparse et superbement construite. Je découvre une personne humaine honnête avec elle-même et de ce fait honnête avec nous. Il est des passages qui pourraient être des modèles pour la délivrance de nos impressions, de nos avis et de la mise en musique de nos correspondances que nous délivrons dans Babelio.

Une vision façon croquis-note est venue à en lisant les réflexions de la philosophie d'un athéiste tolérant. Cette vision est celle-ci :

(Voir sur le lien du bas le dessin)

J'ai compris alors en quoi la foi est un Don. Même si André Comte-Sponville n'a pas la foi, il se dégage de lui la même belle tolérance que j'ai découverte aussi chez l'évêque Michel de Paris (C'est ce manque de tolérance qui m'a détourné de Michel Onfray). Car la seule question est, pour nous personnes humaines que voulons nous, pour nous, pour nos enfants, pour nos écosystèmes et notre place dans le Cosmos ? Comment faisons-nous pour y penser et y travailler ensemble, quelle que soient nos croyances ?

Le passage qui a provoqué la vision croquis noté est celui ou le philosophe est en montagne avec un ami croyant. le deuxième se retrouve remplis de joie a la vision des montagnes, une joie qui le remplis d'amour pour Dieu (inconnaissable infini d'amour agape), il se demande alors comme le philosophe ne peut pas croire en Dieu face à une telle vision, et André de répondre, remplis d'une grande jouissance esthétique, que c'est précisément son sens de la beauté qui l'éloigne de la foi et l'empêche de croire vraiment.
Les deux étaient dans des états de perception très différent. Et cela ne les empêche pas d'être bien ensemble.
C'est finalement la leçon de cet essai.

En vérité...
Lien : https://tsuvadra.blog/2018/1..
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L'inconsolable et autres impromptus - André Comte-Sponville – Editions puf – 292 pages – 30/07/2018

Tous les textes de ce livre sont des articles ou autres déjà parus dans des revues ou à l'occasion de colloques ou conférences donnés par l'auteur.
Les textes sont tous très intéressants mais assez ardus, André Compte-Sponville fait référence à beaucoup d'autres auteurs, des philosophes souvent, mais aussi des musiciens.
J'ai particulièrement apprécié le premier texte « l'inconsolable » et celui sur l'école ou les idées sont très intéressantes.
Je n'ai jamais étudié la philosophie mais de temps en temps j'aime bien en lire. Je lis ce genre d'ouvrage avec beaucoup d'attention et je suis fière de moi lorsque j'arrive au bout de ma lecture. Même si je n'ai pas tout compris à 100 %

Je remercie Babelio-masse critiques et les éditions puf pour m'avoir fait découvrir cet ouvrage
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Impromptus' tant mieux. J'ai beaucoup aimé l'inconsolable, la joie de vivre et l'ennui. Et après......Beethoven et le Joueur de Dostoievski, je n'ai pas du tout accroché. On sent bien le passionné, l'érudit mais qui se fait plaisir en laissant le lecteur un peu de côté. C'est l'avantage des impromptus on prend ce qu'on veut, on laisse ce qu'on veut. Je me suis arrêté là. Bon courage.
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Je suis un fidèle lecteur et relecteur d'A. Comte-Sponville. J'ai de nouveau apprécié cette lecture. J'ai aimé les impromptus dans lesquels il dévoile sa personnalité et sa relation à d'autres, ou à la musique (Louis Althusser, Beethoven). Celui sur L.Althusser est particulièrement touchant. J'ai un peu moins aimé ceux qui sont un peu plus théoriques, voire abstraits (ex. celui sur "Le Joueur" de Dostoievski et celui sur le temps).
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e remercie Mass critique de Babelio et les Éditions PUF pour l'envoi de ce livre. Ce recueil comporte 12 articles sur des sujets variés. Ils sont issus de différentes contributions de l'auteur à des revues et n'ont pas de thème général bien défini. Peu habituée à lire de la philosophie, je suis entrée dans cet ouvrage avec curiosité. Si j'ai découvert certains articles avec plus d'intérêt que d'autres, j'ai apprécié la plume limpide de André Comte-Sponville, le cheminement de sa pensée. On y aborde la consolation, la joie de vivre, l'ennui à l'école, Beethoven, le poète Laforgue, les droits des animaux, la Nature, l'isolement, Althusser….
L'auteur s'accompagne des textes des philosophes. Il fait souvent référence à Montaigne, Pascal, Spinoza et bien d'autres pour approfondir, rebondir, à la recherche de la vérité. Dans le premier article, il décrit la douleur et la difficile consolation. On trouverait ainsi plus de réconfort de la part de personnes moins proches de son malheur que de ceux qui le partagent avec nous. Au fur et à mesure de ma lecture, j'ai ressenti un certain désespoir, une certaine noirceur de la condition humaine dont il faut peut-être s'accommoder.
En ce qui concerne l'éducation, l'ennui à l'école ne doit pas être considéré comme un frein à tout apprentissage, mais comme un moteur à toute réussite. Plus loin, le philosophe réhabilite Jules Laforgue, poète touchant et modeste, tombé dans un possible oubli. André Comte-Sponville raconte aussi ses souvenirs avec l'un de ses maîtres Althusser, il revient sur cette amitié, préférant le ton de l'intime, des confidences empreintes d'émotion. Il lui reste beaucoup de respect envers son oeuvre continuant de trouver son éclairage toujours important.
Dans sa préface à un livre concernant SOS Amitié, il nous rappelle que la solitude n'est pas l'isolement, que ce dernier est peut-être le plus pénible, le plus douloureux à vivre. L'écoute, cette attention à l'autre devient alors un moyen de mieux supporter les vicissitudes de l'existence. Plusieurs articles sont aussi très intéressants, je pense à celui consacré aux droits des animaux et surtout aux devoirs de l'homme envers eux . À chacun de puiser dans ses impromptus, de suivre le chemin de l'auteur.
Lien : https://valeriehervy.wordpre..
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