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L'histoire de Tituba est triste mais correspond à l'époque. Parmi les thèmes du livre: la violence, la cruauté, l'avortement vu comme protection contre l'esclavage, l'injustice, la trahison, le mensonge. J'ai retrouvé "Beloved" de Toni Morrison.
Née d'une mère violé par un blanc et puis pendue, elle se rapproche d'une initié, Man Yaya, qui lui apprend le pouvoir des plantes et à communiquer avec les âmes, l'invisible. Tituba tombe amoureuse de John l'Indien et sa vie prend un autre tournant.
C'est une femme qui affirme haut et fort ce qu'elle est et ce qu'elle veut. Ce qui lui crée beaucoup de soucis. Elle apprend peu à peu à vivre avec dans la prison et à trouver des ressources du point de vue psychologique. le dialogue avec sa compagne de cellule, Hester, lui fait du bien. Elle se rappellera longtemps ses paroles: "- Tu aimes trop l'amour, Tituba!" Pg 260.
À sa sortie du prison elle est achetée par Benjamin Cohen d'Azevedo. Après quelques années celui-ci lui rend sa liberté et arrive à retourner dans son pays natal bien aimé. Mais ce n'est pas ce qu'elle pense trouver.
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Ce livre dont le titre complet est "Moi, Tituba sorcière...Noire de Salem" est paru pour la première fois au Mercure de France en 1986. Il s'agit pour moi d'une relecture.
L'histoire débute au XVIIe siècle à la Barbade, une île antillaise faisant partie des colonies britanniques.
La petite Tituba apprend très vite qu'elle est le fruit d'un viol, sa mère Abena a été en effet violentée par un des marins anglais sur le bateau négrier qui la menait vers les Antilles. Abena n'aime pas sa fille et ne lui témoigne aucun signe d'affection. La petite fille se réfugie auprès de Yao le nouvel amant de sa mère qui va beaucoup s'attacher à elle. Mais Abena blesse gravement le maître blanc qui veut abuser d'elle. Elle sera pendue sous les yeux de Tituba...Peu après, Yao est vendu et se suicide durant son transfert.
Tituba est alors recueillie par une vieille femme, Man Yaya, qui connait les simples et va lui transmettre tout ce qu'il faut savoir sur les plantes. Elle lui apprend aussi à communiquer avec les morts. A sa mort, Tituba n'a que 14 ans mais va se construire une case en pleine nature, à l'écart du village, elle est libre, elle n'appartient à personne. Un jour, elle tombe sous le charme de John l'Indien, un esclave bien traité par sa maîtresse, Susanna Endicott. Par amour pour lui et parce qu'elle se marie, elle renonce à sa liberté. Elle va subir de nombreuses humiliations et finir par provoquer (pour se venger) une maladie invalidante chez sa nouvelle maîtresse. Cette dernière qui a eu peur de perdre la vie à cause de Tituba et de ses pouvoirs, sans en avoir de preuve, vend le couple à un mystérieux et austère pasteur, Samuel Parris, qui va les emmener bien loin de la Barbade, jusqu'à Boston, puis jusqu'à la petite ville de Salem.
Là-bas, le destin de Tituba la rattrape : elle inquiète beaucoup les habitants de cette petite communauté puritaine, d'autant plus qu'un mystérieux mal se répand chez les enfants qui piquent des crises d'hystérie sans aucune raison apparente. L'hystérie collective gagne... Tituba est alors accusée de sorcellerie, avec pour complices deux autres femmes de la communauté, Sarah Good et Sarah Osborne, mais elles deux sont... blanches.

Voilà un roman qui mêle fiction, littérature et histoire. Tituba et Samuel Parris ont réellement existés. Hester Prynne qu'elle rencontrera en prison et qui la conseillera habilement est un personnage emprunté à la littérature ("La Lettre écarlate" de Nathaniel Hawthorne). Les autres personnages sont de pures inventions.
L'autrice s'appuie sur des éléments réels et connus de la vie de Tibuba. Elle a été en effet l'esclave de Samuel Parris. Elle a été accusée d'être une des sorcières lors des procès ayant eu lieu à Salem (Danvers aujourd'hui) en 1692. Plus de cent quarante femmes et hommes furent jugés lors de ces célèbres procès des Sorcières de Salem. A noter, les documents originaux de ces procès sont aujourd'hui conservés dans les Archives du Comté d'Essex.
Vingt seulement parmi les accusés seront exécutés. Les autres seront oubliés pendant deux ans au fond de leur prison puis amnistiés. Tituba faisait partie de ceux-là. On ignore la fin réelle de sa vie, on sait juste qu'elle a été à nouveau vendue, mais à qui ? C'est pourquoi l'autrice a inventé la fin.
Maryse Condé a voulu à travers son roman, réhabiliter ce personnage oublié de l'histoire, lui permettre de retrouver l'amour, de retrouver sa liberté, puis son pays natal. C'est un personnage attachant dont nous allons suivre la vie amoureuse et amicale ce qui ajoute beaucoup d'humanité à ce roman.
Le lecteur découvre le déroulement des procès des Sorcières de Salem et l'ambiance particulièrement hystérique dans laquelle ils ont eu lieu. On découvre aussi les actions des nègres Marrons et les premières révoltes des esclaves lors du retour (fictif) de Tituba dans les Antilles.
Tituba, à cause de sa couleur de peau et de ses connaissances connaitra le racisme, le fanatisme et l'intolérance elle qui voulait avant tout se dévouer aux autres, les soigner, soulager leurs souffrances. Elle deviendra le symbole de ce qui a été également le vécu de milliers de femmes noires, qui ont toutes été comme rayées de la grande Histoire par les historiens eux-mêmes.
Ce roman qui se déroule au XVIIe siècle, revêt une intemporalité étonnante, car il nous parle avant tout de la condition des femmes noires et des esclaves à l'époque coloniale mais aussi des croyances populaires et de l'emprise de la religion sur les mentalités de l'époque, une emprise qui existait aussi en Europe entrainant une peur irrationnelle des sorcières et de la sorcellerie (et donc du diable bien entendu).

Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Après le décès de Maryse Condé mon Club de Lecture a choisi pour sa prochaine réunion, en hommage à l'autrice, "Moi, Tituba sorcière..."

Comme beaucoup j'avais entendu parler des Sorcières de Salem mais je ne m'y étais jamais vraiment intéressée. le procès s'est déroulé de février 1692 à mai 1693.

Tituba, fille d'une esclave, est née à la Barbade Elle est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Tituba et John Indien, son mari, sont vendus au pasteur Samuel Parris qui les emmène en Amérique, à Boston puis à Salem village.

En 1692 des jeunes filles accusèrent des concitoyens de les avoir envoutées et d'être des sorciers. Près de cinquante personnes, dont l'esclave Tituba, seront accusées. Pour ne pas être condamnée et pendue Tituba avouera et dénoncera. ( un extrait de la déposition de Tituba est repris dans le roman). Elle restera en prison jusqu'à l'amnistie générale puis sera vendue pour payer les "frais" de prison.

L'autrice s'inspire dans la première partie de son roman de faits et événements historiques . Pour la dernière partie Maryse Condé écrit " je lui ai offert ,quant à moi, un fin de mon choix.".

Basé sur des personnages et évènements réels, ce roman reste une fiction. Récit vivant, écrit à la première personne. Tituba en est la narratrice. C'est une héroïne attachante, généreuse, courageuse et sensuelle.
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C'est un roman historique car il se base sur un épisode réel : le procès des sorcières de Salem, le personnage de Tituba a existé, ses réponses aux interrogatoires figurent dans les pièces du procès.

C'est évidemment romancé car l'on sait peu de choses sur Tituba, son personnage n'ayant pas retenu l'attention des historiens, elle cumulait les défauts d'être noire et d'être femme.

C'est un roman aux accents de la Caraïbe, son autrice est née à la Guadeloupe ; à travers son héroïne, elle nous parle de la Barbade, de ses plantations, de la vie insupportable des Noirs tenus en esclavage, et de leur transfert aux Etats-Unis.

Tituba nous raconte elle-même son histoire et dès les premières lignes, le ton est donné :
„Abena, ma mère, un marin anglais la viola sur le pont du Christ the King, un jour de 16** alors que le navire faisait voile vers la Barbade. C'est de cette agression que je suis née. de cet acte de haine et de mépris.”

J'ai aimé ce personnage de Tituba, son attachement aux esprits et ses pouvoirs de guérison, une sorte de sorcière qui veut apporter le bien - „la sorcière corrige, redresse, console, guérit… „ - , une femme consciente de l'injustice de son monde, où règne l'esclavage et où les femmes sont assujetties aux hommes, un femme aimant les plaisirs de la chair :
„Je voulais qu'il me touche. Je voulais qu'il me caresse. Je n'attendais que le moment où il me prendrait et où les vannes de mon corps s'ouvriraient, libérant les eaux du plaisir”,

Une femme capable d'imaginer l'Amérique future :
„Je savais que, de plus en plus nombreux, les négriers venaient accoucher sur ses côtes et qu'elle se préparait à dominer le monde, grâce au produit de notre sueur. Je savais que les Indiens étaient effacés de sa carte, réduits à errer sur ces terres qui avaient été les leurs.”/

Ses dialogues avec les esprits qu'elle invoque sont réjouissants, elle s'y fait souvent tancer pour ses décisions malencontreuses, et particulièrement pour ses passions amoureuses pour des hommes qui ne la méritent pas.

C'est un roman politique, qui critique la société américaine, de son puritanisme et de son racisme, qui donne la parole aux Noirs, qui donne à la femme le beau rôle, Maryse Condé n'hésitant d'ailleurs pas à faire côtoyer Tituba en prison avec Hester Prynne, l'héroïne de la Lettre écarlate, emprisonnée pour adultère qui lui dira „Blancs ou Noirs, la vie sert trop bien les hommes !”

Les épisodes tragiques sont nombreux mais Tituba nous les relate sans pathos.

J'ai été captivé par cette lecture, non dénuée d'humour, qui m'a fait découvrir un monde nouveau.
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Belle plume et belle histoire, j'ai adoré 😊

Découverte à l'occasion de sa disparition récente, cette auteure mérite vraiment d'être lue, et je pense enchaîner sur Ségou.

Peu fan d'ésotérisme habituellement, cette histoire de sorcière, dont la toile de fond est véridique, m'a emmené sans discussion aucune du début à la fin.

De nombreux rebondissements, de nombreux personnages nous accompagnent jusqu'au dénouement, et j'ai bien envie de relire la pièce de théâtre de Arthur Miller consacrée aux sorcières de Salem (mais où Tituba n'est même pas citée je crois).
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« Tituba et moi avons vécu en étroite intimité pendant un an . C'est au cours de nos interminables conversations qu'elle m'a dit ces choses qu'elle n'avait confiées à personne ».
Maryse Condé introduit son récit par ces quelques mots, signifiant sa volonté d'écrivaine de donner vie par la fiction à Tituba. Elle fait sa rencontre dans les archives des procès pour sorcellerie qui ont marqué l'histoire de la communauté puritaine de Salem à la fin du 17ème siècle. Tituba, esclave noire venue de la Barbade y comparait, mais aucun historien ou écrivain, n'a jugé bon de s'intéresser à elle. Ainsi dans les choix culturels effectués par des générations d'hommes blancs, la négation d'une femme, noire, esclave, prend tout son sens en terme d'exclusion et d'oubli volontaire.
Maryse Condé s'empare de Tituba pour lui donner un corps, une pensée, une enfance, un devenir. le portrait qu'elle réalise dans son récit est un pamphlet profondément féministe, elle reprend en outre l'héritage de Frantz Fanon en inscrivant son personnage dans une conscience progressive de son identité d'exclue, qui l'ouvre à la révolte.
La force du récit de Maryse Condé tient à la narration elle même, à la première personne, qui fait endosser par l'auteure la vie et l'histoire de son personnage. Tituba raconte ainsi l'accumulation des marques de l'asservissement, du viol dont elle est née à toutes les violences qui jalonnent sa vie: la pendaison de sa mère, les amitiés transfuges qui se retournent contre elles, la violence des hommes, la négation de son existence au sortir de la prison…Tituba progressivement ouvre les yeux sur la réalité de sa condition, elle tente de choisir contre vents e marées, une forme de liberté qui l'isole des autres: sa case en marge des plantations et des demeures d'esclaves, son initiation aux mondes occultes par Man Yaya, son désir pour John Indien qu'elle assume, son amour pour Iphygène dont elle devient l'égale dans la révolte.
La mort par pendaison de Tituba à la Barbade revêt ainsi une portée messianique, annonciatrice de toutes les révoltes à venir.
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Dire de Maryse Condé qu'elle est une incroyable conteuse est galvaudé.
Personne, aujourd'hui, ne remet en cause ce talent qui était le sien.
Elle avait ce don de raconter des histoires – grandioses, immenses –,
de forger des personnages inoubliables,
et de donner force à leur bras et tendresse à leurs larmes.

Il n'est pas donné à toute le monde une telle habileté.
À peine a-t-elle jeté ses filets, que nous voilà pris·e au piège.
Ferré·e. Capturé·e et captivé·e par la grandeur de son récit.
La langue est pure, simple et limpide. le sang chaud et la peau fébrile.

Sous-jacente, dissimulée dans les méandres d'une histoire palpitante : une force.
Un volcan.
Un boucan.
Assourdissant.

Et la rage en bouclier, l'amour en fer de lance.
Celui de la chair et du mot.
De l'histoire et de la passion.

Moi, Tituba sorcière… est un voyage. Dans un ailleurs, un passé, un oubli.
C'est une réhabilitation aussi libre que généreuse. L'histoire magnifiée d'une femme au destin tragique, l'amertume en étendard, parée d'injustices.

C'est une ode à la liberté, celle du corps et celle de l'âme.
Un hymne à la résilience, un chant de guérison.
C'est une complainte amoureuse bercée par le roulis des ruisseaux sillonnant la Barbade, une symphonie rayonnante, lumineuse, aussi luxuriante que la végétation de l'île aux mille visages.
C'est un embrasement. Une flamme.
Crépitante,
et décoiffante.
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Je ne connaissais pas Maryse Condé avant d'avoir appris sa mort récemment. Son parcours, ses origines et ses faits d'armes m'ont incité à vouloir découvrir ses oeuvres. Comme je n'ai pu mettre la main sur le livre intitulé Ségou, je me suis rabattu sur celui-ci suivant les recommandations d'un libraire.

J'ai débuté ma lecture avec beaucoup d'enthousiasme, car l'histoire et le contexte m'interpellaient (je suis d'origine Antillaise). Plus j'avançais dans le déroulement et plus je trouvais que le tout était brouillon. En partant d'un fait réel peu documenté (l'existence de Tituba), l'auteure lui a imaginé une vie fort remplie, mais les diverses étapes sont déclinées avec beaucoup de rapidité. L'histoire est racontée au "je", et cela n'a pas aidé. En effet, il dur de croire qu'une esclave noire soit capable d'utiliser des termes et expressions aussi savants que "contrites", ou "soigner les langueurs de ma maîtresse"...

Bref, au final ce fut un livre instructif. Il vise à réhabiliter la mémoire d'une esclave de la Barbade, ou à la faire découvrir, et en ce sens ce fut mission accomplie en ce qui me concerne. Par contre, le style, la forme et certains aspects du contenu m'ont laissé sur ma faim. C'est comme si j'avais l'impression de l'auteure avait un peu bâclé son travail, avec tout le respect que je lui dois.
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J'ai adoré Moi, Tituba sorcière…., premier livre de Maryse Condé qu'il m'est amené de lire, et qui est le début d'une longue liste. Adoré. Bien entendu, à cause de ce récit d'une vie, celle de Tituba, fille de l'esclave Abena qui sera pendue, et de yaho son père, qui se donnera la mort en avalant sa langue. Tituba est recueillie par Man yaya, une veille femme aux pouvoirs surnaturels qui lui apprend le secret des plantes et la communication avec les anciens. Son mariage avec John Indien l'amène à intégrer la plantation de Susanna Endicott, avant d'être vendue avec son mari à un Pasteur puritain, Samuel Parris, qu'elle suit à Boston puis à Salem. Dans l'atmosphère hystérique de la ville, elle souffre des procès en sorcellerie, et devra faire preuve de son incroyable ingéniosité pour survivre. Adoré, car comme tous les récits portant sur cette terrible période que fut l'esclavage des noirs, ce roman est fondé sur l'abnégation, et une ode à vivre malgré l'horreur. Tituba demeure intérieurement une femme libre sous le joug de la société esclavagiste dans laquelle elle évolue, tendue par le désir d'aimer, et de pratiquer sa science. Aucun passage ou mot superflu n'émaille le roman. C'est un cinq étoiles.
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Maryse Condé nous a quittés il y a deux semaines. Je ne la connaissais que de nom, sans l'avoir jamais lue encore. Et c'est seulement à l'annonce de sa disparition que je me suis rendue compte que j'avais dans ma bibliothèque l'un de ses livres. Il m'avait été offert il y a quelques temps déjà et s'était malheureusement un peu perdu dans ma pal et dans ma mémoire.
Je le retrouve donc en cette triste occasion, où tous les hommages et éloges entendus m'ont donné envie de sortir ce livre de ma pile à lire et de découvrir enfin cette grande écrivaine.
Et c'est une oeuvre vraiment particulière que ce roman.
Je connaissais assez vaguement, comme beaucoup je pense, la ville de Salem et ses célèbres procès de sorcières au XVIIe siècle. Ce que j'ignorais en revanche c'est que parmi elle figurait une esclave noire venue de la Barbade et prénommé Tituba. Là aussi, nous sommes beaucoup à ne pas la connaitre, car qui se souviendrait du sort d'une esclave, femme et noire qui plus est ? Et c'est justement cet affront, cet oubli, cette injustice qu'a voulu réparer Maryse Condé. Sous la forme d'un roman, d'une biographie romancée donc — bien qu'appuyée sur les rares documents et traces restant d'elle —, l'autrice redonne à Tituba toute la vie et la substance qu'elle mérite à l'égal de tout autre personnage historique. Quoi de mieux qu'un roman pour faire revivre et réintroduire dans l'inconscient collectif une femme disparue depuis plus de trois siècles et dont on sait si peu de choses ? Mieux encore, Maryse Condé lui donne ici la parole, libre et entière de nous faire elle-même le récit de sa vie. Alors on va l'écouter, la découvrir et voyager avec elle.
Et quelle vie va-t-telle avoir !
Une vie de servitude bien-sûr, mais pas que, une vie marquée par bien d'autres choses que l'asservissement. L'amour et les rencontres seront les deux principaux éléments marquants qui vont jalonner sa vie. Ballotée de maître en maître, de maison en maison, de ville en ville, elle croisera le chemin d'un nombre incalculable de personnes. Souvent mauvaises mais quelque fois bonnes, et ce qui frappe surtout dans la personnalité de Tituba c'est son grand coeur et sa grande naïveté. Malgré les horreurs qu'elle vit et qu'elle voit, elle continue chaque fois d'avoir spontanément foi en l'autre au premier abord, à faire confiance, comme si elle ne pouvait s'en empêcher. Et c'est d'ailleurs toujours pour aider les autres qu'elle utilisera ses talents de guérisseuse, ces talents qui lui vaudront partout le qualificatifs de sorcière. Toujours aider l'autre au détriment de ses propres interêt, un trait de caractère noble mais qui lui causera bien des tourments et bien des déceptions. Et parmi eux il y a les hommes. Tituba aime les hommes, aime l'amour charnel, aime aimer, parfois bien malgré elle, mais toujours intensément. Elle en connaîtra beaucoup, des hommes, aussi différents les uns que les autres, et qui chacun lui apporteront ou lui enlèveront quelque chose.
Tituba nous raconte son histoire elle-même donc, maison ne sait pas combien de temps après elle le fait. Quelques années ? Décennies ? Siècles ? Car je n'ai pas pu m'empêcher de sentir quelques anachronismes ici et là, dans l'usage de certains termes dans certains dialogues, et aussi au travers du grand recul qu'à Tituba sur son histoire. J'ai peut-être l'oeil un peu trop tatillon car qu'importe, ce qui compte ici c'est Tituba.
L'écrivaine fait renaitre sous sa plume simple, directe, acérée, cette sombre période de l'histoire, celle de l'esclavage et de la traite négrière, mais à échelle humaine.
Stigmatisée comme sorcière et comme esclave, connu que pour cela, Maryse Condé nous offre à découvrir une Tituba complexe, comme tout être humain finalement, humaine, avide de liberté et d'amour, forte et flamboyante, même dans la misère.
Pour cette oeuvre, merci Madame Maryse Condé !
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