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Merveilleux roman que je viens de relire. Tituba a réellement existé, est mentionnée dans les actes du procès des sorcières de Salem en 1692-1693 mais on ne connait rien d'elle. Maryse Condé lui redonne vie dans un roman à la fois historique, poétique, merveilleux, palpitant car la vie de Tituba est riche d'aventures.
Issue d'un viol entre une esclave et un marin blanc sur un bateau négrier, elle accoste à la Barbade, aux Antilles. Après la mort de sa mère pendue sous ses yeux pour s'être défendue contre un planteur trop entreprenant, elle est élevée jusqu'à ses 14 ans par Man Yaya, une femme qui l'initie aux soins par les plantes, lui apprend à communiquer avec les invisibles, les morts qui nous sont chers, à devenir une sorcière qui fait du bien.
Tituba rencontre John l'Indien, un homme lâche pour l'amour duquel elle redevient esclave. Tituba comme lui dira plus tard Hester rencontrée en prison aime trop l'amour et les hommes, c'est sa grande faiblesse, jamais elle ne pourra de venir féministe. Ces passages là sont très drôles. Tituba, en effet, n'est pas une esclave noire soumise, elle est forte, elle aime la vie malgré les malheurs qu'elle endure. Maryse Condé lui redonne vie et surtout une personnalité, des pensées.
Embarquée à Salem par Samuel Parris, un pasteur puritain fanatique, elle est accusée de sorcellerie, elle qui se servait de ses dons pour soulager et guérir. Les Blancs puritains n'y voient qu'une emprise du Malin, la différence de mentalité est totale. Cette communion totale avec les Esprits, la Nature n'est vue que comme la marque du diable par les Puritains.
Un livre sur l'esclavage, sur les femmes, sur l'amour. Tituba, une femme généreuse, solaire, drôle, intelligente et humaine par ses faiblesses...les hommes et l'amour.
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Je m'attendais à ce que ce roman/biographie soit plus centré sur l'affaire de Salem. Au final c'est surtout un beau destin, une belle histoire de vie et de courage que celle de Tituba.
Née esclave, malmenée par les hommes, les blancs comme ses semblables, elle a traversé les épreuves par sa seule force. Elle livre un beau message d'espoir. Sa volonté de ne pas devenir haineuse et méchante malgré tout ce qu'elle a subi est un exemple de résilience et d'amour.
Vraiment, j'ai aimé la connaître, j'ai aimé l'interprétation libre de l'auteur quand à sa vie. Une très belle surprise.
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Le point de départ est très intéressant et nécessaire, oui : traiter de l'esclavage et de ses conséquences par un regard féminin, de la domination des hommes sur les femmes en contexte colonial en y ajoutant le fondamentalisme religieux. On comprend d'ailleurs rapidement que l'opposition réelle n'est pas entre propriétaires blancs et esclaves noirs, mais entre hommes et femmes, par-delà les couleurs. Sauf que... comme pour les deux autres ouvrages de Maryse Condé que j'ai déjà lus, je trouve que si l'idée initiale est passionnante, le contexte historique riche, le romanesque, l'intrigue, ne sont pas à la hauteur.
Comme pour Ségou, j'ai ainsi trouvé que l'héroïne n'était pas assez approfondie. Certes, le texte repose sur une focalisation interne. Mais on ne comprend pas toujours ses sentiments, sa personnalité : elle insiste sur sa liberté, mais accepte une vie de servitude dès qu'un homme lui demande. Elle ne pense qu'à la vengeance, mais refuse de faire le mal. Elle sait qu'elle doit être discrète pour ne pas attirer l'attention, et part faire des sacrifices dans la forêt... Peut-être aussi que ce qui m'a empêché de rentrer pleinement dans l'histoire, c'est que, justement, elle n'est pas inconnue : le thème des sorcières de Salem est déjà exploité dans la littérature.
J'ai été gênée par quelques anachronismes dans la langue : un personnage ne peut pas utiliser le terme de racisme au XVIIIème siècle dans son sens actuel, ni celui de féminisme - le mot lui-même n'existant pas. de même, il n'est pas logique que Tituba, présentée comme illettrée, pense au futur récit qu'on fera sur sa vie et à sa postérité. Les derniers mots du texte avant l'épilogue : "d'étranges arbres portant d'étranges fruits" ne sont pas amenés non plus de façon subtile.
Finalement, c'est la fin que j'ai préférée, lorsque Tituba est devenue un pur esprit qui hante son île, guérissant les douleurs des femmes, les incitant à chercher leur plaisir, tout en jouissant elle-même des beautés de son île. C'est dans ces quelques dernières pages qu'elle devient vraiment personnage de fiction et non personnage réel en marge de l'histoire.
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voici l'histoire d'une esclave de la Barbade remplie de péripéties, une vie dure, malmenée par les Blancs et leurs injustices, leurs caprices et leurs colères ! Quelle histoire ! L'auteure a une écriture plutôt poétique qui donne plus de couleurs aux bons moments et un style plus froid et dramatique lors des épreuves traversées, tout en ralentissant le rythme pur une certaine langueur exotique parfois. j'ai trouvé cette histoire merveilleusement bien écrite. Et lue par Audrey Fleuriot en audiolivre, c'est bien aussi (même si c'est long).
Pour faire court : Un destin de femme à connaître ! Une écriture à découvrir. Une très belle lecture !
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Tituba est né à la Barbade. Sa mère, esclave, a été pendue pour avoir défendu sa vie contre un blanc. Orpheline, Tituba est solitaire. Sa rencontre avec John Indien bouleverse son existence. Avec lui, elle arrive à Boston, au service d'un nouveau maître, le pasteur Parris. Puis à Salem, elle est accusée de sorcellerie. Finalement amnistiée, elle retrouve sa Barbade natale et participe aux premières révoltes des nègres marrons.

Les écrits de Maryse Condé me séduisent sans aucun doute! Cet autre texte, ancré dans le passé lourd et obscur des esclaves créoles, est puissant comme un charme vaudou. Je me suis laissée entraînée dans les aventures de la pauvre Tituba, et j'ai découvert le procès des sorcières de Salem sous un autre angle. A tous ceux qui aiment les histoires sensées mais teintées d'un peu de mystère, je recommande cet autre texte de Maryse Condé.
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Bien que célèbre pour ceux qui se sont ou s'intéressent encore aux procès de sorcières réalisés par le passé, j'étais plus qu'intrigué de découvrir la destinée, inspirée de la tragique histoire de Tituba, proposée par Maryse Condé. le moins que l'on puisse dire n'est autre que je ressors plus que ravi de ma lecture malgré les durs et sensibles sujets abordés avec pudeur et réalisme par cette dernière.

En effet et autant prévenir le lecteur dès maintenant, du fait du cadre historique retranscrit, l'auteure aborde des thèmes parfois difficiles et intolérables à parcourir. du racisme à la ségrégation en passant par la violence et le viol ainsi que le sectarisme religieux, Maryse Condé dévoile la dureté de la société de l'époque et en particulier de celle du village d'antan, Salem. Dès les premières pages, Maryse Condé donne le ton et donne naissance à un personnage à la destiné plus que tragique et révoltante. Issue d'un viol, la vie n'épargnera nullement Tituba et c'est avec passion et empathie que j'ai marché sur ses pas pour traverser les siècles. Pour autant et malgré sa violence, ce roman tombe nullement dans le mélodrame et la surenchère et s'habille d'une touchante et douce retenue, offrant un passionnant contraste qui n'a cessé de m'éblouir, tout comme la plume de cette dernière.

En s'inspirant de faits réels tout en s'appuyant sur de véritables sources, datées de l'époque, Maryse Condé dévoile une première partie des plus réaliste et offre une véritable peinture de la vie réservée aux personnes de couleur à l'époque d'une société où les races et la religion dictaient les rangs et les droits des humains. Ainsi et avec un intérêt certain, j'ai redécouvert un univers révoltant, dont notre histoire n'a pas de quoi être fier tant celui-ci se veut intolérable. Pour autant, il serait bien trop facile d'oublier les sévices qu'ont pu subir ou que subissent encore et malheureusement une certaine partie de la population. En ce sens, l'auteur dévoile un certain hommage aux nombreux opprimés à travers sa touchante prose qui prend parfois des accents lyriques et poétiques dont j'ai été sensible et à l'étrange et pourtant douce amertume permanente. Néanmoins et malgré une première partie fort pertinente et convaincante, mettant en scène les victimes et autres participants des procès de Salem, j'ai été bien davantage sensible à la seconde partie donnant le chant libre à l'auteure d'offrir une rédemption plus qu'émouvante à son héroïne.

Une héroïne qui se dessine au fil des pages touchante et attachante et, surtout qui force l'empathie. Tituba n'est coupable que d'être née femme de couleur dans un monde hostile et dicté par un courant religieux n'offrant aucune chance à cette population, si ce n'est celle de vivre en captivité et en infériorité. Pourtant, cette dernière ne rêve que de liberté. Ainsi et portée par l'amour et soutenue par sa foi en sa résilience, Tituba livrera un combat sans faille afin d'échapper aux nombreuses cages dans lesquelles la vie n'a de cesse de l'enfermer. En offrant la parole à ce courageux et combattif personnage, c'est avec une promiscuité émouvante et édifiante que j'ai parcourir ce champ de liberté et s'est essoufflé et le coeur lourd et que je suis arrivé au dernier souffle de cette poignante et intense lutte et révolte, offrant le plus beau des saluts à Tituba dont sa mission de vie se dessine loin d'être achevée.

Ainsi et Aussi révoltante et difficile que se dessine cette lecture, remonter les traces et suivre la tragique destinée de Tituba se veut un exercice des plus émouvant et bouleversant. En s'inspirant de faits réels Maryse Condé donne la parole à une femme attachante, forte et résiliente dont les seuls crimes sont d'être née femme et de couleur dans un monde où seul le blanc domine. D'une plume maitrisée, cette dernière dévoile un roman dramatique captivant et dont la promiscuité avec son héroïne offre et de vives et fortes émotions.
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Maryse Condé est une écrivaine, journaliste, universitaire guadeloupéenne. J'ai donc lu ce livre en prévision de notre prochain voyage : Guadeloupe! 

"Qu'est-ce qu'une sorcière ? Je m'apercevais que dans sa bouche, le mot était entaché d'opprobre. Comment
cela ? Comment ? La faculté de communiquer avec les invisibles, de garder un lien constant avec les disparus,
de soigner, de guérir n'est-elle pas une grâce supérieure de nature à inspirer respect, admiration et gratitude ? En conséquence, la sorcière, si on veut nommer ainsi celle qui possède cette grâce, ne devrait-elle pas être choyée et révérée au lieu d'être crainte"

Mais Moi Tituba... se déroule à la Barbade , île colonisée par les Britanniques aux Antilles, île à sucre où sévit l'esclavage. Tituba est  vendue à un pasteur  qui l'emmène à Salem au moment du célèbre procès des sorcières de Salem , sujet de la  pièce d'Arthur Miller  (1692).



Comme Solitude, Tituba est née d'un viol sur le bateau qui faisait voile vers les Antilles. Sa mère Abena, achetée pour distraire la maîtresse blanche est rejetée à cause de sa grossesse, mariée puis pendue quand elle s'est défendue avec un coutelas en se défendant de son maître qui voulait la violer. Tituba est chassée de la plantation et recueillie par Man Yaya détentrice d'un savoir ancestral, guérisseuse et sorcière. 

"
Quand Man Yaya meurt, Tituba n'est pas esclave. Elle vit dans sa case, cultive son jardin, cherche les plantes avec lesquelles elles soulage les douleurs de ses voisins. Elle sait aussi converser avec les disparus, sa mère, Man Yaya. Elle serait peut être restée libre et  heureuse sur ses terres si elle n'était pas tombée amoureuse de John Indien, l'avait rejoint dans la belle demeure de Carlisle Bay puis s'était retrouvée vendue au Révérend Parris.

Bien  triste personnage ce pasteur qui fait vivre tout son entourage dans la crainte de Satan. Aussi  terrible que le pasteur luthérien des Graciées qui mena en 1613   une chasse aux sorcières en Laponie. Même composante raciste, les femmes samis étant soupçonnées, comme les noires à Salem. Et Tituba ne sera même pas nommée dans le procès de Salem, ni graciée en 1693 avec les autres accusées blanches. 

"Je sentais que dans ces procès des sorcières de Salem qui feraient couler tant d'encre, qui exciteraient la curiosité
et la pitié des générations futures et apparaîtraient à tous comme le témoignage le plus authentique d'une époque crédule et barbare, mon nom ne figurerait que comme celui d'une comparse sans intérêt. On mentionnerait çà et là « une esclave originaire des Antilles et pratiquant vraisemblablement le “hodoo” ». On ne se soucierait ni de mon âge ni de ma personnalité. On m'ignorerait."

Pour payer les frais de son séjour en prison, Tituba est à nouveau vendue, à un marchand juif qui fera aussi l'objet de persécutions. Finalement elle pourra retrouver la Barbade et sa case. Et l'histoire ne se termine pas là....



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On connaît l'histoire des sorcières de Salem, l'histoire de ces petites filles qui, dans la Pennsylvanie rigoriste du 17e siècle, paraissent possédées par le démon et accusent de sorcellerie les femmes du village. Cela aboutira à une vague de procès et d'éxécutions. L'histoire que l'on connaît moins, c'est celle de Tituba, l'esclave noire de la famille des principales accusatrices. Utilisant les savoirs ancestraux appris sur l'île de la Barbade, où elle est née, elle s'attire l'hostilité d'une des fillettes, hostilité qui déclenchera toute l'affaire.
Dans ce récit, Maryse Condé raconte l'histoire de Tituba. Histoire en partie inventée, tant Tituba intéressera peu ses contemporains et donc ne génèrera que très peu d'archives. Mais histoire réaliste cependant, qui restitue à cette femme la place qu'elle mérite. On découvre donc le destin hors norme d'une femme que l'adversité malmène mais jamais ne rompt. Une leçon !
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Ce livre m'a scotché ! Bon, c'était un peu gagné d'avance, car j'aime beaucoup les créations qui tournent autour de Salem (Arthur Miller, Thomas Gilbert). Ce qui me plaît dans ce thème, c'est la façon dont chaque écrivain met en place la machination diabolique de la chasse aux sorcières, avec plus ou moins de part de fantastique.

Pour Maryse Condé, c'est une vraie réécriture moderne. On trouve d'ailleurs les mots féminisme et racisme dans le récit, ce qui m'a, je dois dire, un peu déstabilisée puisque cela ce passe au 18e siècle. le personnage de Tituba est d'une richesse incroyable, son lien avec la nature et sa spiritualité sont profonds. J'ai aimé le fait que Maryse Condé traite toute sa vie, avec la même intensité que l'épisode de Salem (pour lequel elle reprend les transcriptions du procès). Ici la fiction se mêle donc à la réalité de façon à combler les manques d'archives.
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De la Barbade à Boston à Salem, sous la férule de Darnell Davis, puis de Susanna Endicott, puis du révérend Samuel Parris, cette pauvre Tituba était condamnée avant même d'être née, les stigmates de son peuple enchainés au passé lui sapant le présent, aujourd'hui lui étant tout aussi insipide que gorgée d'eau fétide et stagnante. Fruit du viol puis devenue orpheline, c'est sous l'aile de Man Yaya qu'elle trouva aisance et réconfort, souffle d'espoir lui permettant de se retrouver, de renouer, se forger une identité. Mais Salem saura vite fait la bafouer, la condamner au pilori avant même d'être entendue, mépris et racisme lui servant de jury impitoyable et carnassier. « Moi, Tituba sorcière... » de Maryse Condé, saut dans un passé sombre et tortionnaire, mais virevoltant d'une plume habile et légère, enivré des effluves du sud, de Hoodoo, pointe de sorcellerie !
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