Lorsque j’ai vu ce titre dans la sélection du dernier « masse critique » j’ai postulé sans hésiter car j’avais adoré « Citoyens au-dessus de tout soupçon » voilà quelques années.
C’est donc avec un grand plaisir que j’ai retrouvé la langue « fleurie » de Raphaël Confiant. Des expressions créoles, des expressions détournées et autres formulations hautes en couleur, des surnoms très significatifs et imagés, ajoutez à cela des discours alambiqués de politiques, d’universitaires. Des comptes rendus de commissions d’enquête. Des mails pamphlétaires et autres articles. On a une large éventail qui va du français académique au créole, heureusement on a soit une version moins pompeuses et la traduction.
On retrouve Raphaël Confiant l’écrivain dans la lignée des Aimés Césaire, Edouard Glissant ou Chamoiseau. Avec toutes les thématiques identitaires et sur la « créolité» et « postcolonialisme ». C’est un auteur engagé qui est dans cette certaine mouvance, ce qui ne l’empêche pas aussi de jouer avec les codes du polar…
Très attaché à sa terre (Antilles françaises) il dénonce les magouilles et autres joyeusetés politiques, économiques et sociales. Il montre comment certains jouent avec mécanismes en place et profitent du système mis en place par les technocrates européens, montages financiers. Etant des départements français à part entière ils ont droit aux subventions et autres aides européennes. C’est un « roman à clé ».
Il nous présente « Nadiland » presque comme une république bananière. Où certains se croient au-dessus loi. L’argent et le pouvoir conduisent certains personnages à avoir la main mise sur les hommes, les femmes et tout le système.
J’ai adoré certaines parties de ce roman alors que j’ai eu du mal avec d’autres longs passages politico-financier. Le côté comique et granguignolesque c’était jubilatoire. Même l’attitude malsaine envers les femmes m’a fait sourire parce qu’elles se rebiffent et c’est à la limite de la caricature.
Contrairement aux roman policiers qui nous font vivre une enquête que quelques semaines voir quelques mois, ici nous avons un mélange des époques, on est au moins sur une base de 3 ans. Nous avons une scène inaugurale tel que j’imaginais le roman mais dès que cette affaire est résolue puisqu’il n’y a pas d’affaire on va passer aux autres aspects de se roman. Et là j’avoue que j’attendais avec impatience le fameux enlèvement qui n’arrive qu’au milieu du roman. Et on se rend vite compte que le côté roman policier n’est qu’un prétexte pour aborder tous les problèmes de corruption et les montages financiers qui ont des ramifications en Amérique du Sud et jusqu’aux plus autres instances du pouvoir français.
La structure temporelle m’a un peu déroutée.
Les décors caribéens de ce paradis imaginaire qui est un mélange de plusieurs départements d’outre mer des Antilles françaises. Pour Julien Valmont ça se transforme en enfer et on va le voir aller d’une catastrophe à une autre, son château de carte s’écroule.
Il y a une jolie galerie de portraits de personnage pas jolis-jolis. Le policier Nestor Nobertin est mon préféré.
Oubliez donc l’idée de lire un roman policier classique et laissez-vous emporter tel un touriste dans un défilé du carnaval et n’essayez pas de soulever les masques !
Je garderai certaines scènes en mémoire comme par exemple :
La scène du balcon, puis la scène de la plage au début… que je vous laisse découvrir.
Un des acolytes de Valmont qui décide de créer un foire internationale du livre pour « appâter un ennemi politique » et de manipulateur il devient le manipulé… c’est très drôle. On se rend compte que l’auteur joue avec ces personnages comme avec des marionnettes dans un théâtre de guignol.
Je remercie Babelio et les éditions Ecriture pour leur confiance.
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