Okhéania, tome 5 : La clairière

Dernier tome de la série.
Shark se ralie aux rebelles, le palais est détruit et les héros se retrouvent dans une clairière naturelle. Les grands arbres vont mourir, et la Terre va retrouver son aspect d'origine. Ils sont prêts à reconstruire une société respectueuse de la nature et des hommes. Happy end et beaux dessins, cette série, intéressante jusqu'au bout, méritait bien ça.

Suite et fin d'Okhéania, donc : l'Imperator est bien décidé à retrouver sa fille et à écraser la rébellion d'une main de fer. Mais les gentils s'apprêtent à gagner, et ce avec force ruses et pyrotechnie. Cette fin de cycle nous gratifie ainsi d'une intrigue rythmée et de pages magnifiques, ainsi que d'un humour toujours présent. Certains dialogues ajoutent une dimension sociale à celle simplement écologiste, et font sourire en ceci qu'ils feraient aujourd'hui pousser des cris d'orfraie à une certaine droite surmédiatisée : "Mais c'est du populisme !" Non, sire, c'est une révolution !
Néanmoins, à mesure qu'on progresse dans l'intrigue, de plus en plus d'éléments m'ont fait facepalmer :
- L'Imperator est épargné, on ne le jette même pas en prison, quand bien même on nous a démontré durant cinq tomes qu'il était un monstre sans pitié et qu'il pourrait encore avoir des partisans. C'est tout ? On n'essaie pas de le changer, de le punir, de le mettre hors d'état de nuire ? Histoire jeunesse, donc pas d'effusions de sang, soit ; mais tout de même, c'est bien peu réaliste...
- Jon et Jasper ne servent à rien. Disons-le, leurs personnages n'évoluent même plus. Ils restent juste deux canailles sympathiques, mais avec tout de même leur ego et leur impulsivité quand on pensait que cette histoire serait pour eux l'occasion du passage à l'âge adulte.
- Et enfin, alors que j'avais fini par accepter les révélations du tome 3, Corbeyran réussit à faire encore pire : c'est la fin d'Okhéania ! Notre brave savant fou avait en effet conscience que les humains auraient reçu une bonne leçon, donc les arbres géants vont disparaître. Fini le sense of wonder, finie l'exploration effrénée, tout va redevenir comme avant, mais avec une civilisation plus vertueuse (enfin, espérons...). Pourtant, n'est-ce pas vite oublier les nouvelles cultures qui se sont créées grâce à ce bouleversement environnemental, les uniformiser, les renier ? Que deviendront les vaisseaux marchant sur les feuillages, les villages arboricoles de la canopée, les mulets des Profondeurs ? Et dites-moi, professeur Tryphon, c'est très joli la disparition des grands arbres, mais maintenant que toute la faune et la flore ont muté, on fait comment, pour rééquilibrer l'écosystème ? Encore un qui aura trop écouté Yannick Jadot...
Malgré tout, j'ai bien trop tapé sur cette série qui reste somme toute très agréable. J'ai adoré découvrir l'univers visuel formidable qu'a déployé Alice Picard. Et il est très probable qu'il soit un de ceux qui m'ont le plus influencé...

Une belle fin mais à peine a-t-on eu le temps de nous plonger dans l'univers magique d'Okheania que déjà l'auteur nous l'efface, ce qui est un peu frustrant.
Et puis comparé aux tomes précédents, ou plus de temps était consacré aux héros, l'action mange ces moments ce qui est dommage. Mais la fin reste belle, juste arrivée trop vite.

En bilan cette série ne m'aura pas déçue: réflexion sur l'acceptation de l'autre, la dignité humaine, l'écologie, tant de thèmes abordés avec un certain brio dans cet univers fascinant.