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EAN : 9782367950853
252 pages
Chèvre-feuille étoilée (08/01/2015)
3.43/5   7 notes
Résumé :
A travers le regard naïf et singulier d'une enfant malicieuse et turbulente, nous suivons, dans ce récit, les péripéties d'une famille éprouvée par la guerre d'Espagne. Comment, pour rejoindre le père, républicain parti travailler à Alger, passer de Polop, un petit village du Levant espagnol où tout est familier, rassurant, paisible, à une grande ville de l'autre côté de la mer, où tout paraît étrange, inquiétant, incompréhensible ? Comment retrouver des repères, s'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une petite fille passe des jours heureux et insouciants dans sa petite ville natale, Polop, en Espagne. du moins, c'est le regard enfantin car la réalité est tout autre. Son père, républicain, est prisonnier. À sa libération, il préfère fuir le franquisme et partir en Algérie. Sa femme et ses filles le rejoignent. Mais la petite fille vit plutôt mal ce déracinement…

J'ai aimé le style de Rosa Cortès qui, à travers un roman dans lequel elle puise bon nombre d'éléments vécus, nous fait partager l'histoire de ce village, les us et coutumes… mais également l'Histoire de l'Espagne à travers la guerre. Puis arrive l'Algérie et la difficile intégration dans un pays que l'on ne connaît pas.

J'ai pu retrouver également des passages faisant écho à ma propre enfance. Ainsi, la maison de l'enfant ressemblait à celle de mes arrières-grands-parents : « La maison, comme toutes les maisons du village, portait le nom du lieu où elle se trouvait située, c'est pourquoi elle s'appelait la Placeta. C'était une maison étroite, toute en hauteur, tarabiscotée, à l'angle de deux rues inondées de soleil donnant au sud et à l'est. Comme l'usage l'imposait, la porte en était tout le temps ouverte sauf quand la mère s'absentait » (p73). J'ai également retrouvé des résonances par rapport à mes autres arrières-grands-parents, espagnols, que je n'ai pas connus mais dont j'ai entendu parler, de leur arrivée non pas en Algérie mais en France pour fuir la misère.

Pour tout cela, je n'ai pu qu'apprécier cette lecture !

Je remercie les éditions Chèvre-feuille étoilée pour cette découverte.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Le livre compose de deux parties. La première se passe dans un petit village d'Andalousie, Polop, dans une ambiance « post-guerra » c'est-à-dire dans les premières années du franquisme. Père emprisonné, vie repliée sur soi d'une petite communauté villageoise, pauvreté extrême… Mais tout ceci est vu par le regard ébloui de l'enfance, si bien qu'on regrette presque de n'avoir pas partagé la vie de « la petite ». Dans la seconde partie, le père, libéré est parti travailler à Alger et sa famille le rejoint. Vie difficile des émigrés sans amis, sans connaissances de la langue. Mais la petite fille va à l'école et la puissance évocatrice est restreinte par un horizon borné, dans une ville qui ne lui appartient pas. Malgré quelques moments amusants, comme l'attente désespérée que son platane (plàtano, en espagnol : bananier) lui produise des bananes ou comme la découverte des petites économies de la mère, que l'enfant va dilapider tranquillement dans les cinémas, la ville ne vit pas et la vie reste terne comme elle l'était, sans doute.
Pour la chaleur , les fulgurances et la beauté de l'Andalousie, pour un très beau style descriptif et un regard d'enfance.
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D'après la quatrième de couverture, ce roman est le récit du parcours initiatique d'une petite fille qui a dû quitter son village natal en Espagne pour aller rejoindre son père en Algérie dans les années 50 et changer complètement de vie.
On s'attend donc à retrouver au coeur du récit les thèmes de la guerre d'Espagne et ses conséquences, de la misère, de l'exil, de la découverte de l'autre, du paradis perdu, mais aussi de l'apprentissage d'une nouvelle vie, de la renaissance.

En effet c'est ce qu'on retrouve, mais d'une manière qui m'a parue loin d'être centrale au récit.
Le plus important ici c'est l'introspection menée par Rosa Cortés sur cette période clef de sa vie, sur ses perceptions, son ressenti. Il n'y a pas particulièrement d'action ni de dialogues mais presque uniquement le monologue intérieur de l'auteure, ce qui donne un aspect contemplatif et nostalgique à ce roman.
Personnellement j'ai apprécié ce rythme doux, toutes ces perceptions sensorielles, cela m'a beaucoup parlé.

Cependant, même si j'ai aimé cet aspect je me suis également sentie flouée car ce que j'ai lu n'était pas ce qui m'avait été annoncé par le résumé du livre.
Ce n'est que vers la moitié du roman que le déménagement en Algérie se fait enfin, et même alors le lecteur reste perplexe car cette adaptation à une nouvelle vie n'est pas non plus tellement développée. Rosa Cortés nous décrit surtout la communauté espagnole installée à Alger mais bien peu de cette nouvelle vie si différente, si ce n'est par le biais de l'école républicaine si dure avec elle. Je suppose que cela est délibéré afin de nous faire ressentir à quel point elle s'est sentie enfermée dans ce pays étranger aux langues inconnues, cependant je n'ai pas pu me débarrasser d'une certaine frustration due à cette absence de l'Algérie dans un livre censé en parler.

Autre élément de frustration : les citations et les références à diverses oeuvres, sorties de nulle part. Vous étiez emporté dans le texte, vous visualisiez toutes ces choses, et puis tout à coup vous aviez droit à un bout de texte assez pédant. de plus cela tranchait réellement avec ce monologue de petite fille découvrant son monde, c'était incompréhensible.
Ce n'est qu'arrivée presque à la fin du roman que j'ai finalement compris que ces citations et ce vocabulaire si recherchés constituaient les racines "la Petite Fille sous le Platane". Ils clament la revanche ultime de Rosa Cortés sur son parcours d'immigrée devant tout réapprendre dans un environnement hostile, son intégration complète à la France qui l'a si longuement rejetée. Cela aurait été plus clair de le faire figurer vers le début, dommage car alors toute ma lecture en aurait été chamboulée.


En résumé, mon avis est donc mitigé. J'ai aimé la poésie de l'écriture de Rosa Cortés, la douceur évoquée, l'émerveillement d'une petite fille face à son univers si immense.
Par contre les thèmes censés être au coeur du roman ne le sont pas. le résumé de quatrième de couverture aurait besoin d'être modifié afin de ne pas induire les lecteurs en erreur car le départ en Algérie n'est pas le point de départ de ce roman.

Pour terminer sur une note positive, je voulais ajouter que j'ai énormément apprécié le fait que ce texte, malgré son vocabulaire très recherché, était absolument sans fautes ni coquilles. de plus en plus de romans paraissent avec des fautes "hénaurmes" et cela pique les yeux. Les éditions du Chèvre Feuille Etoilé ont soigné leur livre et cela fait vraiment plaisir à voir. :-)


Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Merci à Babelio et aux éditions du Chèvre Feuille Etoilé pour cette découverte.
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Il est dit en 4° de couverture qu'il s'agit du passage : "d'un petit village POLOP...à une grande ville ALGER..." donc les deux aspects du récit sont bien précisés. C'est vrai que le résumé insiste sur l'intégration mais il n'omet pas, me semble-t-il la vie dans le village.
Le livre ne traite PAS seulement de l'Algérie, ce n'est pas l'objet ni le sujet mais essaye de décrire une rupture de destinées, le contraste de vie entre deux univers opposés et distincts. Dans le livre qui suit, l'Algérie, et seulement l'Algérie, sera traité. Ou plutôt Alger et ses tourmentes (de 56 à 62).
Ainsi donc, nous avons l'Espagne avec la vie dans ce petit village de POLOP, l'évocation de la guerre, la misère, l'isolement, l'abandon et le désarroi. Puis la vie à ALGER. La 1° partie permet de comprendre la 2°, elle est indispensable pour cerner les personnages et leur identité.
Les citations pédantes (sur la guerre, l'école, l'émigration...) sont faites pour illustrer ou expliquer les conditions de vie objectives. Elles sont un contrepoint à l'émotion. C'est vrai qu'on aurait pu les supprimer mais cela ôtait de la densité, et du sens me semble-t-il, à la compréhension psychologique des personnages.
Pour ce qui est de l'Algérie, vivre dans une capitale n'est pas embrasser la totalité d'un pays, et encore moins le connaître, la guerre n'avait pas encore atteint cette capitale (les attentats, les bombes ne commencent qu'en 57). Ce qui intéresse cette famille, c'est la tranquillité et la douceur apparente de leur nouvelle vie, l'amélioration de leur quotidien, l'abondance réelle comparée à la misère de Polop. L'enfant voit Alger avec ses yeux d'enfant. Un univers perturbateur qui la ploie.
La frustration de la lectrice sur l'Algérie qu'elle ne retrouve pas, peut se comprendre. On est avant 56 et à Alger; or dans cette ville, il n'y avait rien de "spécifique", ni de "folklorique" pour des émigrés espagnols ne parlant pas la langue et vivant repliés dans leur communauté qui était forte. Ils étaient là pour bosser, point. On ne peut pas reprocher à un récit de décrire la vie d'un groupe. Et les émigrés vivaient avec les leurs, en communautés. Un peu comme le communautarisme qu'on dénonce actuellement en France.
Bien sûr que ce n'est pas le récit de la découverte, par un adulte, de l'exotisme d'un pays. C'est le récit, comme le souligne cette lectrice, d'un cheminement intérieur, d'un chemin de croix presque vers la reconnaissance et dirai-je la "rédemption" pour l'enfant ?
C'est le récit des contrastes, difficultés et ambigüités de toute vie qu'elle soit misérable ou opulente.
- alors que la ville est gigantesque, on vit enfermé dans un petit espace
- les moments chaleureux avec le père sont là mais aussi la tristesse, la frustration de son absence due au travail
- les sorties, le soleil, les rires, sont là mais aussi la solitude quotidienne de chacun face à ses propres défis.
Il ne s'agit pas non plus d'un rejet de l'enfant par la France. Ce n'est pas la France qui rejette l'enfant, c'est l'enfant qui se met "hors la France".
J'apprécie la sensiblité de la lectrice qui se laisse porter par une lecture presque hypnotique du récit et se réveille lors des citations non poétiques la renvoyant à des réalités froides et dures. Et je ne comprends pas sa conclusion. Si, à la fin du livre, elle a compris le pourquoi du comment, la trame et le déroulé, les soubassements et les intentions du récit, elle aurait dû être ravie ! Ce livre est comme un suspens ! L'énigme est dévoilée à la fin ! Comme dans un roman policier, cela la renvoie à une relecture avec les nouveaux éléments connus ! Bonheur !
Rosa Cortés
Auteure du livre "La petite fille sous le platane"








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Une petite fille espiègle est arrachée aux repères familiers d'une enfance heureuse dans un petit village d'Espagne. Nous découvrons d'abord l'histoire quasi mythique de Polop près d'Alicante, le berceau de la famille. Puis c'est l'exil vers un pays inconnu, de l'autre côté de la mer. La petite fille part en Algérie avec sa mère et sa soeur, pour rejoindre son père, un républicain espagnol qui a fui le franquisme, en quête d'un avenir meilleur pour les siens. Elle va avoir du mal à s'adapter à cette nouvelle vie, et n'arrive pas à trouver sa place à l'école. Alors elle fugue, et se lance avec une curiosité intrépide à la découverte du quartier d'Alger où s'est installé la famille. Tout est nouveau pour elle, tout lui paraît étrange, ces langues qu'elle ne comprend pas, les gens, les odeurs. Même ce platane dans la cour de l'école, où elle finira assez vite par revenir, ne tient pas ses promesses. Il ne donne pas de fruits, ces « platanos », ou bananes, qu'elle aime tant ! le regard malicieux et sensible de la petite fille, nous plonge dans l'histoire d'une famille de républicains espagnols que la vie oblige à émigrer. Un récit prenant, et superbement écrit. Il nous raconte de façon très documentée un épisode mal connu de la grande Histoire, et aussi celle des exils qui se transforment en force et en ouverture au monde. A lire absolument.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
C'était cela les actualités du Pathé Journal, de l'Eclair ou de la Gaumont, créer du lien dans une population hétérogène, laborieuse, posée de l'autre côté de la Méditerranée, comme un papillon sur un fragile pétale.
Il fallait rapprocher une métropole lointaine et méconnue de ses colonies exotiques, donner à croire qu'il n'y avait pas de distance, pas de mer, pas de différences. On était tous égaux sous la bannière de la République, on ne formait qu'une culture, un peuple, un pays, une nation.
Les enfants d'Algérie n'étaient pas des enfants exilés, négligés ou exploités par la mère patrie. Le message qu'on voulait transmettre était : vous faites partie d'un ensemble solidaire et réel qui vous embrasse au-delà des terres et des mers. Soyez-en convaincus, soyez-en assurés.
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Pour les républicains, l'après 1939 fut une occupation de leur pays, non pas par des ombres courbées sous le poids du sang versé mais par des êtres dont l'arrogance se fondait sur la certitude de la supériorité des élites auxquelles ils appartenaient et des choix effectués. Ces groupes dominants qui exerçaient dans les corps constitués : l'armée, la gendarmerie, l'église et bien sûr l'appareil d'Etat, faisaient preuve d'une férocité et d'une intransigeance s'accompagnant d'une religiosité vétilleuse qui pardonnait et excusait tous les excès au nom d'un Père Suprême, d'un Dieu vengeur à l'image de ses adorateurs.
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Ces réfugiés des années quarante/cinquante laissaient une Espagne dévastée, économiquement et humainement, par une terrible guerre civile. Ceux qui étaient restés et avaient réchappé des geôles et des cachots, ceux-là vivaient dans un positionnement social ressemblant fort à celui des lépreux au Moyen-Âge.
Stigmatisés comme "rouges", ils étaient ostracisés, sans travail, ou exploités, terres parfois saisies - l'arbitraire de l'administration sous couvert d'action dans l'intérêt de la chose publique était effarant, il laissait les administrés démunis, sans recours et sans indemnisation - et ils risquaient, danger permanent et imprévisible, une nouvelle arrestation pour atteinte à la Sûreté de l'Etat au motif d'un propos ou d'un geste considéré comme déplacé et menaçant.
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Tu vois ma fille, grands ou petits, nous sommes guidés par les mêmes préoccupations, nous devons défendre nos acquis et les préserver car sinon, avec le temps, ils s'évaporent. C'est comme une plante qu'il faut sans cesse arroser pour qu'elle ne se dessèche pas et ne meure pas. Si l'eau manque, il faudra aller la chercher là où elle est et se démener pour l'avoir. C'est important, tu comprends ?
Alors, la deuxième règle que tu ne dois jamais oublier, c'est avancer pour aller toujours, je dis bien toujours, vers le meilleur ; peu importent les efforts et les peines que tu auras à surmonter, dis-toi que tu te bats contre la médiocrité...
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C'est ainsi que certains hommes ayant croisé la mort, l'ayant bravée et apprivoisée dans son horreur, ignorent qu'il y a pire que le champ de bataille où l'on s'affronte, malgré tout, à visage découvert, à la loyale. Il y a, ensuite, les lendemains de la guerre, ces moments où traînent encore, collés à la peau, les relents de sang des combats, où le vainqueur, enivré de sa puissance, non content d'exhiber sa proie, se repaît à la déchiqueter pour l'abandonner, lacérée, aux chacals, sur le bord du chemin.
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