Nature humaine, ensuite. Courbet, en cette époque de transition, de passage de l’économie rurale à l’industrialisation, s’intéresse à l’activité des hommes. Républicain de cœur, il suit les conquêtes de la révolution de 1848 et la réalité sociale de l’époque transparaît dans certaines de ses tableaux, comme dans L’Enterrement à Ornans. Il retranscrit la division du corps social en classes dans Les Paysans de Flagey, Les Casseurs de pierre ou Les Demoiselles de village. Dans le tableau-manifeste qu’est L’Atelier de l’artiste, il se décrit au cœur de la société : « Je suis au milieu peignant, à droite sont les amis, les travailleurs, les amateurs du monde de l’art. A gauche, l’autre monde de la vie triviale, le peuple, la misère, la pauvreté, la richesse, les exploités, les exploiteurs ; les gens qui vivent de la mort. » Le tableau sera refusé à l’Exposition universelle. La nature humaine, c’est aussi, évidemment, la femme, un thème que Courbet abordera de très nombreuses fois, tout à la fois aliment des rêves, objet de désir charnel, source de souffrance. Il osera la représenter dans une nudité scandaleuse pour l’époque, et qui choquera encore un siècle plus tard.
Nature au sens propre, d’abord. On sait l’attachement de Courbet pour les paysages de sa région (que l’on peut d’ailleurs apercevoir des fenêtres du musée, qui n’est autre que sa maison natale), pour les forêts, pour les les rives ombragées et sauvages de la Loue, qu’il fréquentait chaque automne, même après son installation à Paris en 1839. Mais Courbet est également attiré par la mer, la Méditerranée qu’il rencontre en même temps que son mécène Bruyas de Montpellier, ou la côte normande, cette « mer sans horizon » qu’il découvre au Havre en 1841 et qu’il visitera assidûment à la fin des années 1860. Courbet peint sur le vif, en grande quantité. Ainsi, de 1864 à 1868, il réalise près de 180 scènes champêtres dans la vallée de la Loue. Marqué par les écoles du Nord et « n’ayant eu pour Maître et pour guide que (son) sentiment », il introduit un réalisme nouveau dans la peinture de paysage, qui n’est plus celle, idéalisée, des pâtres de l’Antiquité. Dans ce cadre, les animaux sont présents : Courbet pratiquait la chasse et assimilait les bêtes sauvages à ce grand ensemble de terre et d’eau, de forêts et de cascades qui forme l’environnement de l’homme.
Le grand théâtre des passions, qu’il s’agisse de politique, de philosophie ou de religion, intéressera Courbet juqu’à sa mort, le dernier jour de l’année 1877. Une illustration particulière en est donnée avec la section sur le « Fait religieux » où l’on découvre un homme écartelé entre les images de foi qu’il peignit dans sa jeunesse (notamment des copies faites au musée du Louvre) et ses propres tableaux anticléricaux (comme le Retour de la conférence avec ses curés saouls). Homme de contradictions mais homme entier, Courbet s’investira à plein pour marquer l’opinion de son temps. Sa participation à la Commune, dont les conséquences assombriront ses dernières années, en est la parfaite illustration.
Hommage au
paysage comtois au Musée COURBET d'Ornans
Durant l'été 1979, à Ornans, le
Musée Gustave COURBET, installé dans la maison natale de COURBET à présenté un "Hommage au
paysage comtois" en réunissant 43 tableaux de COURBET, dispersés aux quatre coins de l'Europe et consacrés à la Vallée de la Loue. Jean-Jacques FERNIER, fils de Robert FERNIER ami du
peintre, préside aux destinées de ce
musée. En préface une série de
photos...