Voici une lecture de jeunesse que j'avais dédaignée adolescente. Sans doute le titre qui ne m'inspirait guère entre 12 et 14 ans... Je la découvre aujourd'hui sur le tard dans cette vieille édition Hachette de 1943 de la
Bibliothèque Verte aux pages jaunies et tachées, mais illustrée de quelques dessins en noir et blanc des scènes les plus fortes du roman.
Pourtant très populaire dans les années 20 et 30 comme auteur jeunesse,
James-Oliver Curwood fait partie de ces écrivains qui ont sombré dans l'oubli. A la fois journaliste et romancier, cet américain attiré par le Grand Nord canadien y consacra ses premiers romans d'aventure. Devant le succès de ces premiers romans, le gouvernement canadien lui demanda d'explorer la baie d'Hudson et les Northwest Territories afin d'attirer des colons dans ces terres désolées.
Moins prolifique que
Jules Verne par la force des choses, il écrivit pourtant une trentaine de romans d'aventure consacrés au Grand Nord avant de décéder prématurément à l'âge de 49 ans, des suites d'une infection.
Dans ce beau roman d'aventures,
James-Olivier Curwood nous emmène dans le Grand Nord canadien, au bord de la baie d'Hudson, dans le Nunavut, plus précisément à la Pointe Fullerton où le sergent Billy Mac Veigh et le soldat Pelletier, engagés dans la police royale montée, sont chargés du maintien de l'ordre dans ces territoires du Nord-Ouest. Tous deux passent l'hiver avec leurs chiens dans une petite cabane, battue par les blizzards, loin de toute civilisation. Pas d'autre visage humain que celui de leur compagnon, ni de soleil pendant des mois... C'est d'ailleurs cette immense solitude et cette sombre clarté de l'hiver arctique qui manque de les rendre fous.
Les deux hommes ont traqué sans succès un assassin dans toute la contrée. Mais lors de son voyage de plusieurs semaines à travers les glaces pour porter son rapport semestriel à son chef à Fort
Churchill, Billy Mac Veigh fait une rencontre bouleversante. Durant une nuit glaciale, sous les étoiles, il voit une femme seule diriger son traîneau et ses chiens. La femme est blanche, jeune, et a des yeux magnifiques. Billy en tombe fou amoureux sur le champ. Mais elle transporte avec elle une caisse, semblable à un cercueil... Que contient-il ?
C'est le début d'une aventure sans temps mort, avec de multiples rebondissements dans la taïga et les forêts de pins et sapins baumiers. Billy et son ami auront à affronter de nombreux dangers dont une attaque des Esquimaux (qu'on n'appelle pas encore Inuits), la famine ou la peste rouge (petite vérole).
Amitié virile, amour fou, esprit de sacrifice et de bravoure, tous les sens sont exaltés dans les paysages grandioses et glacés de la Baie d'Hudson et les grands sentiments portés à leur plus haut degré d'expression, sans mièvrerie pour autant. Moins descriptif, plus facile à lire que
Jules Verne, j'ai lu avec un grand plaisir ce roman qui ne plaira sans doute plus aux jeunes d'aujourd'hui, trop démodé sans doute...
Un écrivain à redécouvrir.
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