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3,64

sur 695 notes
Kaléidoscopique...
Un livre déroutant à certains égards qui en cache plusieurs autres...
1) Un livre intellectualisant, à la Woody Allen si l'on veut, plein de références culturelles diverses, pétri de culture...
2) Un livre brillant sur l'Amérique, sur les villes américaines, sur les campus américains (qui rappelle en ce sens le problème avec Jane...). Les portraits d'Américains sont intéressants et il y a même en arrière-plan la vie politique américaine...Il y a un aspect reportage, presque livre de voyage qui m' a beaucoup séduit.
3) Un livre fort sur la bipolarité, la dépression, le suicide.
4) Un brillant portrait de groupe avec jeune homme, livre "générationnel", mais d'une génération intellectuellement brillante.
5) Autoportrait de l'autrice qui le moins que le puis dire, ne se flatte guère ("je n'ai pas peur de la médiocrité" dit-elle en fin de livre, se comparant à Thomas...)
6) Réflexion sur les goûts littéraires (Proust joue un rôle-clé ici de la citation liminaire à la fin), les goûts musicaux (le jazz joue un rôle important ici). le livre ne pâtit pas de ces références, car il est fort bien écrit.
7) Réflexion sur l'ambition, sur les activités intellectuelles, universitaires et littéraires, sur les livres, les articles, les thèses qui sont à écrire... On pourrait se croire chez David Lodge, mais ici c'est "un tout petit monde" bien plus tragique qui est proposé...
8) Un roman à clé ? Franchement ce n'est pas ce qui m'a le plus frappé, même si certains noms s'imposent (Antoine Compagnon, par exemple, professeur à Columbia et cité dans les remerciements...). Je trouve que le livre a une puissance réelle, et que l'aspect auto-fiction est dissimulé dans une construction savante...
9) A la deuxième personne ? Comme dans la modification, le livre est écrit à la deuxième personne (du singulier il est vrai), mais ce n'est pas "nous" le "tu", c'est bien Thomas. Mais, de fait, ne devenons-nous pas tous un peu Thomas à la lecture de ce livre ? Moyen singulier, on en conviendra de le faire revivre...
10) Un point plus personnel, j'ai adoré que Keith Jarrett soit un des noms qui reviennent le plus dans ce livre...Rien que pour cela, il mérite de nombreuses étoiles !
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Sentiments mitigés et léger malaise après la lecture de L'autre qu'on adoraitCatherine Cusset nous raconte la courte vie de son meilleur ami Thomas, jeune universitaire qui se suicida à l'âge de 39 ans après des années d'échecs sentimentaux et professionnels.
Alors certes, elle explique cette spirale de l'échec par la maladie, puisque Thomas découvre tardivement qu'il est bipolaire, bien trop tardivement pour être soigné efficacement et redresser la barre de sa vie.
La maladie donc, mais est ce une excuse pour présenter son meilleur ami comme un loser? Quel drôle d'hommage....
Catherine Cusset nous raconte que, quelques années auparavant, elle avait, dans un projet de livre qu'elle lui avait fait lire, écrit un portrait très cru de Thomas et qu'il en avait été profondément choqué et blessé, lui reprochant d'en être resté aux apparences et de n'avoir pas vu que derrière tout cela il avait une « vie intérieure ».
Mais au fond, dans ce roman, ne reprend elle pas exactement les mêmes termes que dans l'ébauche qui avait tant peiné Thomas des années plus tôt?
Je n'ai pas ressenti d'accès à sa vie intérieure. A sa grande souffrance oui mais la souffrance n'est pas à elle seule la vie intérieure....
Par ailleurs l'écriture de Catherine Cusset est très agréable, quel plaisir de se promener avec elle dans les rues New York, sur les plages du Connecticut ou de découvrir Portland et Salt Lake City.
Quel bonheur aussi toutes ces références et citations de Proust que Thomas aimait tellement qu'il l'avait choisi comme sujet de thèse, Proust et sa recherche du temps perdu qui lèvent peut-être un tout petit peu le voile sur cette reconnaissance de la vie intérieure que Thomas revendiquait si fort....
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Un livre prenant dans lequel on apprend dès le premier chapitre le suicide du personnage principal. Les personnages sont bien campés et très attachants, le contexte universitaire américain parfaitement connu et maitrisé par l'auteur. J'ai retrouvé avec joie la plume de Catherine Cusset, tellement fluide et claire, que j'avais adoré dans "Le problème avec Jane" qui reste à ce jour, l'un de mes trois romans préférés parmi tous ceux que j'ai lu!
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C'est en arrivant sur la fin du livre que j'ai commencé à apprécier cette biographie de Thomas. Tout le début m'a semblé pénible, et cette narration "tu" m'a carrément déplu. L'auteure s'en explique aux dernières pages, certes, c'était pour elle un besoin et une évidence, mais pour le lecteur se n'est pas agréable. Thomas est aussi un personnage peu sympathique pour ma part, et cela aussi, on comprend son comportement quand on en connait la cause,alors là tout devient plus acceptable.
Je n'ai pas apprécié non plus toute cette vie à travers l'océan à tout va, rien d'intéressant à retenir hormis la difficulté de décrocher un emploi d'enseignant en Amérique.
Après que le lecteur est au fait de la maladie de Thomas, tout devient beaucoup structuré, les pages finissent par s'envoler, mais le chemin est long.
La bipolarité est une maladie pas toujours détectée à temps ni correctement. Dans le portrait de Thomas, on y apprend les symptômes, les effets, la gravité de cette maladie psychiatrique, et le besoin d'être pris en charge le plus tôt possible pour éviter les erreurs fatales. Avoir une vie stable, sans grand bouleversement ni choc, du repos, une vie paisible, c'est tout le contraire pour Thomas.
J'ai nettement plus apprécié la dernière partie du livre qui donne un sens à tout ce qui précède.
Sinon je n'ai pas été non plus subjuguée par le style, hormis une fois encore sur la fin où l'émotion émerge.
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Catherine Cusset, penchée sur l'Autre qu'on Adorait, nous guide vers une bien sombre destinée.
Comment peut-on se détruire avec une tel acharnement, flamber pour retomber en poussières, aimer pour finalement haïr?
Voici la question que le lecteur se posera sans doute.
Je me sens à des années-lumière de Thomas Bulot, comme bien d'autres, je n'avais pas grand chose à vingt ans, il avait tout, l'Autre qu'on Adorait.

Celui qui avait cette capacité de séduire les intelligences les plus vives et les plus jeunes , avait aussi cette aura pour élire celle qui émergeait parmi les plus belles, cet homme aux capacités intellectuelles si denses, casse, détruit, harcèle, boit plus que de raison, fume plus que de besoins.

Je ne peux me résoudre à partager les impressions de Cathrine Cusset à la grande Libraire quand elle a parlé de hauts très hauts et des bas très bas.
J'ai bien vu les bas mais pas les hauts.

Ce sentiment d'abandon et de solitude morale c'est Thomas qui progressivement le bâtit à travers ses renoncements et sa quête épuisante d'une nouvelle beauté qui viendrait habiller ses nuits.

De tous les mots de Léo Ferré, Catherine Cusset nous attache à un mirage, sans voir que les mots qui suivent font mouche, car
“ Entre les mots, entre les lignes et sous le fard,
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit...”

Je suis encore et encore à la recherche d'un homme à l'activité exubérante. Pourquoi entretenir ce mythe d'un géant universitaire tombé seulement à cause de sa maladie. N'a t-il pas présumé de ses forces, ou poursuivi un projet démesuré avec l'oeuvre monumentale de Proust

Lisant l'attrape coeur de Salinger, je suis séduit par le vagabondage du jeune étudiant, il est sévère à l'égard de l'Université, chez Thomas il manque ce regard critique qui lui aurait permis de comprendre qu'il n'était pas fabriqué pour vivre dans ce monde là.

Les lectures choisies sont étranges comme le Livre Brisé, où l'alcoolisme a brisé et tué l'épouse de Doubrovsky.
Proust ajoute encore plus clairement, une chose qui tombe en ruine... c'est le Chagrin.

L'implacable descente aux enfers est bien là, c'est le résumé de l'éditeur, le roman de Catherine Cusset s'attache à donner la plus belle image universitaire possible de Thomas entre l'image et la réalité “tu as et le tu es”, c'est un constat de douloureux gâchis universitaire.


Je ressent à la fin comme un goût amer, à ne pas dire, avec un titre plus simple que tous les fils de la vie se casseraient un à un, un doute plane. L'Autre qu'on adorait, quel est-il ? Celui qui a vingt ans ou celui qui se suicide à trente neuf ans

Le Livre affirme par les « tu es ou tu as », je doute de ces vérités sans nuances. Les dégâts de l'alcool sont de plus en plus irréparables, et pas un de ses amis pour exprimer cette chute, la dite maladie est une plongée de plus, sur un tel terrain de dépendance à l'alcool.

Ce récit est cruel, les mots de la grand mère de Proust, dans « du Côté de Guermantes » exprime la mort déjà latente depuis longtemps, au moment de la rencontre tragique avec Nora, « Ce n'est pas d'aujourd'hui que tu sais que tu vas mourir. Tu le sais depuis toutes ces années où la mort est venue habiter chez toi », cette référence est glaçante ici pour Nora, cruelle pour Thomas, gratuitement cruelle.

C'est un portrait sans concessions, dans le cadre d'une vraie fiction, j'aurais trouvé cette destinée puissante, conduit avec brio avec des mots d'une noirceur sans failles.

S'agissant de la vie d'un ami, je suis saisi d'un malaise, peut-on dresser sa vie d'une façon si cruelle , si noire.
J'aurais aimé alors une plus grande émotion exprimée par l'auteur, un regret de ne pas avoir su trouver les mots avant qu'il ne plonge.
J'ai du mal à partager l'avis de Nathalie Crom, de Télérama sur sa dignité retrouvée, le respect oui, mais pas ce respect inconditionnel qu'il méritait peut être, comment alors parler de la dignité retrouvée d'un ami ?

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J'avais entamé ce "coup de coeur" de l'Express début septembre.....puis l'ai délaissé pendant quelque temps.....au point de ne même plus m'en souvenir!

Rien n'a retenu mon intérêt, ni l'histoire, ni le style, ni les personnages. Ce récit romancé, "tiré d'une histoire vraie" comme on dit au cinoche, qui navigue entre subjectivité et touches de réalisme me laisse indifférente. le thème abordé avait retenu mon attention; le suicide est un sujet philosophique, sociologique, social, psychologique, un problème majeur de santé publique, un drame intime pour les proches.
Rien dans ce roman n'est venu effleurer mes sentiments, rien pour faire frissonner mes émotions enfouies, rien pour faire vibrer mes souvenirs,
rien qui rappelle ce lien puissant entre les morts et les vivants.
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Belle plongée dans le monde difficile des bipolaires...Catherine Cusset nous ôte tout suspense dés les premières lignes mais cela n'enlève rien à l'intérêt du récit au contraire. On cherche évidemment à comprendre comment en est-il arrivé là...mais très rapidement on partage totalement le sentiment d'inéluctabilité dans l'enchaînement des périodes euphoriques et des descentes aux enfers dans la vie quotidienne de ce jeune homme qui avait tout pour la réussir...une lecture parfois assez déprimante mais grâce au talent de l'auteur une vraie empathie émerge dans l'avancement de la lecture. Je ne suis pas certain de pouvoir recommander ce livre aux personnes vraiment touchées par cette maladie, car c'en est une, mais pour ceux qui se sentent parfois un peu bi-polaire , c'est au contraire une lecture fort instructive pour mieux comprendre jusqu'où il ne faut pas aller sans envisager de se faire soigner...
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Ce jour là Thomas s'est décidé à mourir.
Ancienne amante et fidèle amie de toujours, Catherine Cusset fait revivre Thomas à la manière d'un long film en travelling permanent.
Thomas est à 20 ans un élève brillant préparant le concours de Normale Sup avec ses amis. Il échoue - deux fois - alors même que son entourage lui promettait le meilleur des avenirs.
Thomas part alors faire carrière aux Etats Unis pour réparer ce mauvais départ indigne de ses hautes ambitions.
De villes universitaires en villes universitaires, à force de fausses promesses, de procrastination, d'indécisions et de brusqueries, Thomas réussit année après année à échouer dans sa vie professionnelle, dans sa vie sentimentale et à perdre toute autonomie financière.
Ce roman se dévore d'une traite. On se laisse happer par l'enchaînement des vies et des déboires de Thomas. Un peu voyeur, on s'énerve de son approche suicidaire dans chaque situation de la vie. On partage sa fièvre pour Elisa, Ana, Olga, Nora, Sylvie... On s'émeut de le découvrir malade. On se prend à rêver d'un traitement pour le soulager et l'apaiser.
L'auteur s'adresse tout du long à Thomas à la deuxième personne faisant du récit un témoignage intime, cru parfois, sans complaisance souvent mais toujours affectueux.
On repose ce livre hébété d'avoir ainsi partagé la vie de Thomas jusqu'à cette fin tragique. On aurait envie comme lui de haïr la médiocrité. Cette détestation de sa propre médiocrité et l'exhalation d'une perfection de chaque instant auront été les moteurs de son inaction permanente et de son insatisfaction suicidaire.
Jouissons donc de ce bon moment de lecture qui nous sauve un instant de cette médiocrité maussade.
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La mode est aux auto-fictions. Il semble que Catherine Cusset n'y échappe pas… mais alors que Delphine de Vigan (pour ne citer qu'elle) nous embobine dans un méli-mélo de fiction et de réalité où une truie n'y reconnaîtrait pas ses petits, chez Catherine Cusset, on sent le côté documenté par le journal de sa propre vie et de ses relations avec ses proches: il y a beaucoup de monde dans ce roman et surtout des personnages secondaires. Tout tourne autour de Thomas, l'amant-ami de la narratrice, dont apparemment elle n'a su voir que le côté flamboyant, fascinant et éblouissant la galerie à l'entour par son esprit brillantissime et son corps de jeune premier. Le revers de la médaille du charisme de notre héros (qui vit une vie de bâtons de chaise et brûle la chandelle par les deux bouts), c'est l'échec répété dans ses relations amoureuses et sa carrière professionnelle; et, surtout, l'acharnement qu'il met à se mettre en situation d'échec et les épisodes dépressifs qui en résultent. Tout ceci est bien décrit et, même, dans un détail qui finit par être lassant. Si on remplace le « tu » que l'autrice emploie tout au long du roman (et qui agace profondément, du moins au début—on finit par s'y habituer) par un « il », la prose devient d'une grande banalité: celle du journal intime que je crois déceler en filigrane. Le diagnostic de bipolarité finit par tomber mais Thomas est déjà dans une spirale où les échappatoires se font de plus en plus rares. Ni ses amis, ni Catherine en particulier qui prétend pourtant être très proche de Thomas, ni sa famille n'ont su déceler à temps la faille béante dans sa personnalité, la pulsion de mort qui l'habitait depuis longtemps et à laquelle il finit par céder. On est proche, dans ce roman, du résumé clinique d'un psy; il a la froideur d'un article scientifique: on est rarement dans l'émotion et c'est ce qui manque cruellement au récit pour en faire, à mon avis, de la bonne littérature. Bref, un roman que je ne regrette pas d'avoir lu mais que je ne recommanderais pas nécessaire-ment. Je me promets toutefois d'explorer la production de Catherine Cusset plus avant.
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Récit mémoire d'un amant devenu ami de l'écrivain, Thomas, excessif dans tout ce qu'il fait mais aussi ce qu'il ne fait pas, remettant à plus tard ce qui l'ennuie ou le ferait rentrer dans le rang.
Catherine retrace le parcours fulgurant de ce bel homme aux succès féminins, à l'intelligence littéraire et cinématographique qu'il enseigne dans différentes universités américaines mais qui ne terminera rien (livre, mémoire etc...) et qui se perdra dans l'alcool, la musique et les amis.
Vie dans une Amérique qui ne favorise pas la demi-mesure, qui laisse sur le bord du chemin ceux qui manquent d'ambition et qui ne donne pas d'opportunité à ceux qui ne se donnent pas les moyens d'y arriver.
Il est diagnostiqué bi-polaire tardivement mais sa vie était déjà toute tracée : il l'a vécue vite, forte et intense mais courte. Il se suicidera à 39 ans avec somnifères et sac plastique car il ne voulait pas se contenter des miettes et à défaut de la reconnaissance et il préféra l'oubli.
L'écrivain s'adresse tout au long du récit à cet ami en utilisant le "tu" ce qui nous fait entrer dans l'intimité de leur relation, à partager les ambiguïtés du personnage, ses fulgurances mais aussi ses désespoirs malgré le réseau amical, familial et universitaire.
Un ange qui demandait beaucoup mais ne voulait rien lui céder, qui sombrait dans la dépression et l'exaltation.
J'ai beaucoup aimé l'écriture vive, le style rapide comme l'a été la vie de cet ami, la proximité du ton qui nous permet d'être le témoin privilégié d'une vie gâchée ..... mais peut être que sa vie a été pleine, riche et qu'il ne pensait pas pouvoir en vivre une autre.

Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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