Dès les premières pages, mon mari a décroché en m'avouant, penaud, qu'il abhorre le joual dans la littérature. Il y trouve une dénaturation de la langue française, une sorte d'indignité qui l'attriste, particulièrement lorsque cet ersatz de français occupe toute la place.
Je suis passée aussi par cette phase de rejet, au début de mon incursion dans la grande littérature classique. Comme si l'univers bien particulier du Canada français ou du Québec ne pouvait exister à sa pleine mesure dans le monde des livres.
Michel Tremblay m'a depuis guérie de ce complexe.
Dominique Strévez-La Salle retire les bienfaits qu'a apportés Tremblay avec ses personnages romanesques et théâtraux. L'action de
Simili se déroule dans le village fictif de Saint-Silence-sur-la-Lièvre dans l'arrière-pays de l'Outaouais, où se côtoie une jeunesse avide d'action mais résignée à tourner en rond dans la campagne. Adolescents, Michelle Lamirande et Gabriel Marchand y débutent un bref béguin qui n'aura pas de suite. Dix ans plus tard, lorsque Gabriel, habitant désormais Montréal, aura la chance de renouer avec elle, ce sera dans un cadre plutôt inhabituel et aux conséquences douloureuses.
Une histoire de gens ordinaires mais qui cherchent un sens à leur existence, englués dans les problèmes financiers et voulant s'y soustraire et s'en distraire à tout prix. J'ai aimé cette écriture un peu bravache, un brin baveuse qu'emploie l'auteur pour décrire son monde. La narration s'en trouve enrichie et le lecteur aussi. J'ai donc beaucoup aimé et m'en suis vantée auprès de mon chéri, espérant ainsi le guérir de ses opinions préconçues envers la littérature québécoise.