Lorsque sa femme meurt dans les attentats du World Trade Center en 2001, Martin Dequinquert se dit que le hasard n'existe pas. Puisqu'il n'a plus rien à perdre et puisqu'il semble devoir survivre à toutes les attaques terroristes qui emportent ses proches au passage, il retourne en Europe pour enquêter sur la mort de son père, survenue en Belgique dans les années 60 suite à la réception d'un colis piégé. L'enquête sera moins simple que prévue : Martin Dequinquert n'avait pas envisagé la complexité machiavélique qui sous-tend l'organisation de ce qu'on appela pendant longtemps la « Main Rouge » et qui désignait au mieux un groupuscule occulte anti-FLN animé par des intentions qui nous resteront à jamais inconnues mais que l'on peut imaginer nobles, au pire une vaste duperie mise au point par les services secrets français pour faire porter à d'autres la réalité des exécutions, enlèvements, détournements et destructions de matériels dont la France a été à l'origine dès les années 1954, au début de la guerre d'Algérie. Dans les années qui suivirent et jusqu'en 1953, la campagne de désinformation fut telle qu'on ne réussit jamais à prouver totalement l'implication des services secrets français dans ce réseau. La culture populaire est venue mettre son grain de sel dans cette affaire déjà complexe pour parachever la fusion du cauchemar et de la réalité.
La confusion et la peur sont visibles dans l'enquête menée par Martin. Bringuebalé de Belgique en Tunisie, il poursuit des personnages emmurés dans leur silence. La vérité est l'ennemi la plus terrifiante du repos et Martin découvre peu à peu les agissements peu recommandables de la République des Droits de l'Homme aux lendemains du 11 septembre, alors que les sociétés occidentales « civilisées » revendiquent leur diplomatie face aux méthodes extrêmes de groupuscules supposés issus du Proche-Orient. Ceci constitue une autre histoire qui ne sera pas abordée dans cet album. Il faudrait se débarrasser de toutes les scories intellectuelles et morales et échapper à la désinformation tenace pour aborder correctement ce problème : la Main Rouge n'est qu'un exemple de complexité parmi tant d'autres.
La postface de
Pascal Blanchard est nécessaire à la compréhension de l'intrigue qui, à trop vouloir souligner le caractère chaotique et occulte de la Main Rouge, finit par perdre son lecteur en chemin. Les témoins se succèdent, acteurs déshumanisés d'un phénomène qui ne le fut pas moins. Il faut être déjà initié aux subtilités de l'histoire de la Main Rouge pour apprécier et comprendre cette histoire qui ne cherche pas à séduire.