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sur 1961 notes
il est étrange de lire un roman qui, bien que récent, a été à ce point rattrapé par la réalité.
Alain Damasio avait entamé dans les années 90 et l'a remanié plusieurs fois depuis, la version actuelle datant de 2007. L'auteur répondre à une question simple: contre qui et quoi se révolter dans notre société ? Il imagine une société "idéale", construite pour optimiser le bien-être de chacun, mais qui a surtout imposé une forme de dictature douce, s'immiscant dans chaque aspect de notre société. Dans ce cocon aliénant, quelques un résistent. Sous l'étendard de la Volte, ils remettent en cause l'ordre établi.
En fait, très vite, il est difficle de ne pas penser aux Nuits Debouts, puis aux Gilets Jaunes. Ce que Damasio imaginait a commencé à se réaliser, beaucoup plus vite que prévu. Mais il ne faudrait pas réduire cette Zone du Dehors à un livre facile qui se contente de contestation "primaire". Il y a dans ce livre une véritable interrogation philosophique sur la révolte, sur la place de l'humain dans la société, sur l'aliénation constante qui est acceptée, voire demandée, sur l'action politique... Ce livre fourmille d'idées, de passages parfois ardus qui théorise la pensée de Damasio. mlalheureusement, il souffre aussi de longueurs et de grosses chutes de rythme. Paradoxalement, ce n'est pas lorque Damasio expose sa pensée, dans des passages quasi théoriques. C'est plus lorsqu'il veiut faire avancer l'intrigue qu'il semble forcer le trait, jusqu'à une certaine lourdeur, comme s'il voulait compenser un manque de spectaculaire. C'est d'ailleurs assez étonnant comparé à la maîtrise dont il fait preuve dans "La horde du contrevent", qui est un véritable chef d'oeuvre.
Et il faut évidemment souligné le travail impressionant sur l'écriture, entre les différents narrateurs aux styles très marqués, une utilisation particulièrement intelligente de la langue et des mots. Damasio est un grand écrivain qu'il serait dommage de snober sous prétexte qu'il écrit de la science-fiction.
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La Zone du Dehors est encore une fois un roman assez complexe mais vraiment intéressant. On y voit les prémisses de ce qui fera le succès de la Horde : une écriture polyphonique avec un ton assez marqué pour chaque personnage, un vocabulaire propre à l'univers développé avec des champs lexicaux extrêmement riches ou encore l'utilisation des signes typographiques pour exprimer des sons particuliers.

Chaque changement de point de vue est marqué par le signe “>” sans indication précise concernant l'identité du personnage que l'on suit. le lecteur doit le reconnaître grâce au ton employé ou au contexte du récit. C'est un exercice qui peut s'avérer parfois difficile, mais on finit toujours par comprendre de qui il s'agit après quelques lignes. Cela devient de plus en plus aisé au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire, puisqu'on devient plus familier de toute cette clique de voltés. Et puis, cela amène un peu de challenge dans la lecture !

L'autre élément qui renforce la complexité du roman, c'est le fait que nous suivions principalement Capt, un professeur d'université philosophe, leader de la Volte, qui souhaite se faire entendre des citoyens et du gouvernement. Il nous partage ses réflexions ou nous le suivons lorsqu'il se rend dans des soirées de débat avec d'autres militants. Or, j'ai trouvé qu'il n'était pas toujours évident de suivre ses raisonnements car il aime manier les concepts et s'éloigne souvent du concret. Cela, couplé à l'utilisation des néologismes dont l'auteur est friand…. Il faut parfois s'accrocher !

Pourtant, ce roman est passionnant ! Écrit il y a déjà près de 20 ans, il nous questionne sur l'usage intensif des écrans pour contrôler nos vies [surveillance, publicité intensive, usage de jeux vidéos hyper réalistes et immersifs, etc.]. Dans cette ville où la surveillance à outrance est légion, les citoyens ont l'impression de vivre dans une bulle leur permettant de se laisser porter par les décisions des autres. Alors que les réseaux sociaux n'en étaient qu'à leurs balbutiements, l'auteur nous a décrit une société dans laquelle la réussite sociale d'une personne dépendrait d'un score obtenu par l'analyse de ses interactions avec les autres, mais aussi de tests psychologiques et intellectuels qui seraient réalisés en continu grâce à tout un tas d'objets connectés [bref, les scénaristes de Black Mirror n'ont rien inventé]. Cela fait assez froid dans le dos ! Et hormis le fait que Cerclon est installée sur une autre planète, tout ce qui est relaté dans ce roman semble assez réaliste.

La Zone du Dehors pose aussi la question de la surconsommation : alors que les humains ont détruit la Terre, que ce soit par l'utilisation du nucléaire ou par la surexploitation des richesses, ils ne sont toujours pas prêts à sacrifier un minimum de leur confort moderne pour éviter de reproduire les mêmes erreurs sur Saturne. le symbole de cette dépendance à la consommation est le Cube, une sorte de décharge fermée dans laquelle sont plongés les déchets de la société, parfois hautement radioactifs, et dans laquelle les condamnés à mort sont ensevelis vivants. C'est un beau clin d'oeil à ce que nous pouvons vivre aujourd'hui.

C'est donc un roman très riche, absolument passionnant malgré sa complexité, qui nous invite à réfléchir à propos de nos modes de vie et de ce que nous souhaitons comme avenir. Je vous le recommande même s'il n'atteint pas, pour moi, le niveau de la Horde du Contrevent.
Lien : https://www.maghily.be/2018/..
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Une démocratie idéale en apparence, qui ne veut que le bonheur de ses citoyens. "Souriez, vous êtes gérés" ; plus de liberté et de vie privée, mais des incitations et des classements, des caméras et des hôtesses. Contre le concensus mou, la Volte veut réveiller les consciences, et frapper - quitte à faire mal.
Plus manifeste que romanesque, parfois bavard (le héros est prof de philo). Mais le style polyphonique d'Alain Damasio est déjà là, aussi ses thèmes de quête, d'amitié, de souffrance et de dépassement.
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J'ai un fort penchant pour les dystopies, mais celle-ci... est troublante. Troublante parce qu'on y retrouve notre quotidien. Troublante parce qu'elle réussit à s'imposer non pas comme une punition mais comme une chance. Durant tout le long du roman, la population s'insurge contre les actions de la volte qui met en péril la paix et le confort cerclonien, et pour cause : en apparence rien me manque sur Cerclon. Rien sauf la liberté, du corps et de la pensée, la liberté d'être sinon d'exister. La plume de Damasio est parfois complexe mais fantastique, et les réflexions dont il nous fait part frôlent souvent la poésie. J'ai aimé la façon dont la volution prend forme, elle monte lentement, puis explose. Les actions menées tendent à ouvrir les mentalités, à délier les esprits, pour ensuite frapper fort, et j'ai adoré prendre part à ce combat. La tension est palpable à mesure que les actions s'intensifient et que la menace de se faire attraper augmente. Les personnages perdent parfois leur confiance en eux, et en leurs alliés, mais se confortent finalement dans le combat qui est le leur. Chacun a ce petit plus qui le différencie et le rend unique : Brihx, pris entre l'amour qu'il voue à sa famille et son envie de changer les choses m'a brisé le coeur. Obffs, l'éternel enfant qui s'émerveille de tout et s'amuse d'un rien. Slift, le plus sanguin, le plus téméraire aussi. Il représente, lui et sa milice radieuse, la force brute de la volte. Il est de loin mon favori. Captp le philosophe qui, en plus d'être très intelligent, subjugue par son pouvoir oratoire. Kamio le peintre presque humaniste, celui qui freine et recadre la volte quand elle veut frapper injustement. Ils forment à eux 5 le Bosquet, la poigne de la volte, son élite pensante. Bdcht, petite amie de Captp, toujours en quête de nouveauté, elle essaie de voir le meilleur en toute chose. de tous, elle est peut être le personnage auquel je me suis le moins attachée. Blusq, le génie de l'informatique qu'on est soulagé d'avoir de notre côté. Et Zorlk, que j'espérais vivant, quelque part au fond du Cube. L'issue du combat reste flou jusqu'à la fin, sublime bien que cruelle, qui pose un point final grandiose à une histoire qui ne l'est pas moins. Les tigres pourpres auront réussi à me faire frissonner.
Lien : https://bookpearl.blogspot.f..
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Si la Horde du Contrevent était une aventure de fantasy très poétique, Alain Damasio donne avec la Zone du Dehors dans la dystopie politique de science-fiction. Il y décrit une cité de 7 millions d'habitants établie sur un satellite de Staturne après que les hommes se soient passablement dézingués à coups de guerres mondiales. Ceux qui restent sur la planète sont misérables tandis que Cerclon, cette cité nouvelle vit sous le joug d'une démocratie où tout est soumis au vote populaire, que ce soit la promotion sociale ou le verdict d'un procès. Devant cette douce tyrannie tente de résister la Volte qui passe, au mieux, pour de doux illuminés, au pire, pour des terroristes.

L'univers décrit par Damasio invite à une réflexion bien actuelle sur la place de l'homme dans la société et sur ce qu'il est prêt à perdre comme libertés au profit d'une sécurité factice. Bien actuelle en particulier au regard des lois liberticides actuellement votées par un vrai parlement dans une vraie démocratie... Sous couvert de démocratie, Damasio décrit en fait une société égoïste et totalitaire fondée sur la peur de l'autre (ce membre de la Volte qui s'oppose au principe de notre société ne peut être qu'un terroriste...), description qui colle malheureusement trop bien à notre société actuelle.

L'histoire est prenante, monte en intensité et en tension au fur et à mesure. Je regrette simplement que le dernier tiers du roman soit un peu du grand guignol. Passé le procès de Captp, le leader de la Volte, l'histoire s'enfonce dans un bourbier un peu foutraque décrit sans doute trop vite par rapport au lent montage qui est fait pendant les deux premiers tiers. Parce qu'il y a de vrais grands moments d'écriture dans ce roman, où les conceptions politiques et sociétales sont fouillées, très profondes et réellement passionnantes.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Je suis très embêté pour rédiger cette critique. En effet, je suis assez fan de Damasio depuis ma lecture de la horde (comme beaucoup de monde, il me semble). de plus, j'adore les dystopies alors une dystopie de Damasio ne pouvait que me combler. Cependant, j'ai eu du mal à adhérer à l'histoire et surtout aux motivations du et des personnages principaux !
Là où 1984 construisait un monde froid et vide qui supprimait les individus, Damasio a construit un monde socialo-totalitaire dans lequel, l'être humain est géré mais est géré dans son intérêt et son bien-être. Pour ne citer qu'un exemple, les portes des magasins étaient fermés pour ceux n'ayant plus les moyens de dépenser et leurs éviter l'endettement. Ce n'est qu'un exemple mais je trouve qu'il est assez parlant.
Malgré la perte certaines libertés, je ne parvenais pas à voir dans cette société, l'ennemi redoutable et implacable qu'il faut absolument renverser. Et ceci, d'autant plus, lorsque l'on sait que cette société a été créée suite à la fuite d'êtres humains d'une Terre ravagée par des guerres intestines incessantes.
Dans le cerclon, il a été créé une société quasiment parfaite limitant le plus possible les frustrations et les inégalités pour supprimer les conflits destructeurs. Alors certes, le système n'est pas parfait, il y a toujours quelques exclus et quelques privilégiés, la perte de certaines libertés nous fait perdre une part de notre humanité mais n'est ce pas ce dont l'être humain a besoin ?
Tout enfant cherche les limites et toute bonne éducation commence par poser ses limites. Or une fois adulte qui les maintiennent en place ces limites ? Les autres, possible ; les lois, sûrement mais qu'en est il pour ces personnages ou ces groupes se trouvant au dessus de tout ? Il ne reste que la morale mais visiblement l'amoralité est bien plus profitable… enfin à court terme.
Je n'ai pas d'idéaux totalitaires mais je pense que certaines décisions devraient être imposées dans l'intérêt de tous pour comme le disait Gandhi : « vivre simplement pour que tous puissent simplement vivre ».
Finalement, ce livre n'a pas été d'une lecture très agréable. J'ai mis d'ailleurs beaucoup de temps pour le finir, cependant il pose énormément de questions sur notre condition humaine, sur nos gestions gouvernementales… Il s'agit plus pour moi, d'un livre de réflexion qu'un véritable roman.
Pour finir avec cette critique, je paraphraserai Meryl Streep dans The Giver : « Lorsque l'être humain a la liberté de choisir, il choisit mal ».
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Probablement le roman de science ficition engagé le plus incroyable qu'il m'ait été donné de lire. Il regorge d'idées neuves, toutes d'une pertinence impressionnante. Bien qu'il s'agisse avant tout d'une oeuvre qui fait réfléchir (références philosophiques à l'appui) , elle n'en est pas mois truffée d'action. le tout écrit dans un style propre à damasio : une langue elle-même tirée de la science ficton, remplie de néologismes qui font toutefois sens, et un amour du mouvement comme du vivant !
Un indispensable pour quiconque s'interroge sur la société et ce qu'elle peut être au 21ème et dans les siècles à venir.
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Il faut dire qu'elle virevolte, cette Volte ! Roman d'action, d'évènements autant que de réflexion, La Zone du Dehors ne laisse pas indifférent. Alain Damasio nous entraine subtilement vers un monde futur où nous allons peut-être échouer. Cerclon I, société idéale fondée sur l'aisance de vivre : une ville où tout a été pensé pour que les citoyens n'aient plus à se soucier de rien, qu'ils puissent passivement vivre leurs vies, quotidiennement bercés par les publicités et les recommandations bienveillantes de leur gouvernement si démocratiquement choisi. Un classement mutuel leur permet d'obtenir leur juste place dans la société, de voir celle-ci ajustée selon leur mérites. Un avenir merveilleux ?

Captp, Slift, Kamio, Obffs et Brihx ne sont pas de cet avis. A eux cinq, ils forment le coeur, le "Bosquet" de la Volte, groupuscule révolutionnaire d'un nouveau genre, où la vitalité est le maître-mot. Détruire cette démocratie factice, énerver les consciences à coups d'actions choc, réveiller les aliénés, voilà les missions qu'ils se sont fixé. Ils sont prêts à tout, ou presque, pour y parvenir, et saisissent toutes les occasions.

Ce roman est une explosion de réflexion sur notre monde actuel, il joue sur des antagonismes que nous n'avons toujours pas réussi à élucider, dans nos belles démocraties occidentales. Comment faire coincider démocratie et liberté ? Où se trouve la limite entre révolution et terrorisme ? La fin justifie-t-elle toujours les moyens ? le capitalisme a-t-il perverti toute politique ? Questionnements sans fin qui ne cessent de nous assaillir à chaque page, à tel point qu'il est difficile de trancher. Dans le roman, qui défend finalement le bien commun ? Captp, leader de la Volte et auteur d'actes pour le moins répréhensibles ? Ou "A", Président de Cerclon I, prêt à tout pour sauver la quiétude des habitants, même si totalement désillusionné par le système dont il est la tête ?

La plume d'Alain Damasio fait osciller le récit entre poésie et prose, tâte les limites de la langue française et détourne les mots pour mieux les tourner. On admire les envolées lyriques de ses personnages et les dialogues fouillés, on se prend au jeu des personnalités des uns et des autres. Je reste cependant légèrement sceptique sur la fin, sur Anarkhia, Virevolte et autres Dehors - ceux qui l'ont lu comprendront. C'est tout de même un formidable moment de réflexion, d'aventure, et d'immersion dans la lecture !
Lien : https://theunamedbookshelf.w..
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Très bon livre ! Tout à fait dans l'esprit évoqué. Je regrette un peu le style, qui certes, donne du "volume-caractère" à ce livre ; mais qui rend la lecture quelque peu difficile, surtout lors de certaines descriptions... Détaille donc... je vous le conseille !!
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Un sentiment mitigé après la lecture de la Horde, je me suis lancé malgré tout dans la Zone du Dehors, le sujet me paraissant prometteur avec l'originalité de l'auteur. Conclusion: Chef d'oeuvre.
Si vous aimez la politique, l'histoire des idéologies, que vous êtes attiré par les questions révolutionnaires et l'avenir de nos sociétés modernes, vous allez adorer. Un 1984 de notre époque. Faut s'accrocher un peu par moment au niveau des concepts philosophiques, c'est ce qui donne une autre dimension au récit mais qui en découragera certains. Un livre amené à devenir cultissime dans 40 ans à la condition que l'homme ne se soit pas trop endormi dans le Dedans...

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