Gros coup de coeur pour ce roman classé SF mais qui décrit malheureusement la société qui petit à petit nous entoure, nous englobe et nous formate. C'est l histoire d'un monde artificiel où le pouvoir a plié toute forme de révolte et remisé la liberté au rang de soumission et conformisme sociale. C'est l'histoire d'une conception du pouvoir pour qui la fin (l ordre) justifie l emploi de tous les moyens de (re)pression (violence, pression sociale ou encore surveillance technologique). C est l'histoire d'une lutte menée par des hommes et des femmes qui croient en un ideal humain et se battent pour lui sans hésitation et sans calcul individuel. Ce pourrait être l'histoire de notre société dans un avenir très (trop) proche si petit à petit nous nous laissons endormir par cette musique de fond douce et "rassurante" qui prome(u)t la sécurité au bon citoyen au détriment du premier droit et à la seule condition fondamentale qui devrait definir l existence d'un Être humain : sa liberté.
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Que dire ! Un style déroutant et merveilleux ! Si je l'avais lu quelques années plus tôt j'aurai vu un roman de science fiction ! Aujourd'hui il me semble trop proche de notre réalité ! Une "dictature" qui se met lentement en place, ou l'état policier fait du "dividu" complice et soumis.
Plus de nom, juste des lettres qui vous définissent et tout le monde, enfin presque, trouve cela normal ! Halte à la délation, mort au moutons de panurge ! Vive la Volte !
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Ce que j'écris là, ci-après, est-ce une "critique" au sens commun ou on l'entend, je ne sais pas. Plutôt un tour d'horizon des horizons, ouverts par ce livre ;)
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Ce texte… on peut aimer ou pas !
Aimer, après tout, c'est assez vague comme ressenti.
Ce n'est qu'une appréciation personnelle
conditionnée par l'être unique qu'est chacun d'entre nous.
Pour parler de ce livre, je vais m'efforcer de partir de lui et pas de moi.
Car c'est l'oeuvre écrite qui compte, pas mon petit avis subjectif.
Le premier constat à faire,
1) c'est qu'il est dense, copieux, touffu. Il y a de quoi « manger »
pour pas mal de monde, aussi différents soyons-nous les uns des autres.
Sexe (un peu), amour (un peu), amitié, politique (organisation et gestion de la polis), culture, philosophie, sociologie, art, sciences (évidement) métaphysique, aventure, suspens, action, violence, douceur etc.
2) le style ne laisse pas indifférent. Il est surprenant, déstabilisant,
dans la syntaxe, les néologismes. Il est à la fois âpre, viril et fougueux, vigoureux, oui ! c'est çà ! Et plein de poésie et plein de rage. Parfois avec des naïvetés, comme quelques étoiles, éparses sur sa toile de fond.
3) Cet homme aime communier par les mots, cela est perceptible.
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Apologie de la résistance ? oui et non.
Apologie de la vie plutôt !
Mais de la vie, PAS au sens étriqué de la vision bourgeoise qui a infesté le monde entier.
La vie avec un grand V, le v de Volte.
La vie AVEC la mort qu'elle contient en substance,
AVEC le risque, de tout gagner ou tout perdre,
AVEC les douleurs et souffrances,
joies et petits bonheurs potentiels,
AVEC les doutes, les paradoxes, les antagonismes, les contradictions,
AVEC les, je veux ceci et son contraire et en même temps.
AVEC de l'humain totalement inhumain,
parce l'inhumanité est une des caractéristiques
exclusivement humaine, avec la cruauté.
La violence physique, c'est ce qui reste comme possibilité d'action
lorsque les mots sont devenus inutiles.
Trop falsifiés, trop truqués, trop influencés, trop manipulés,
on ne peut plus compter sur eux pour obtenir des résultats.
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Et si, résister, est un signe qu'on est encore vivant, comme je le pense,
alors c'est aussi l'apologie de la résistance, de fait.
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En dehors même du sujet traité, la Volte ou Révolte, j'ai « senti » dans l'écriture même, une agressivité, une violence sous-jacente, très fortes.
L'impression qu'il empoigne les mots comme on s'empare d'une barre à mine ou d'une clé à molette pour mettre une raclée à qui vous a sérieusement emmerdé.
Et en même temps, il vous sort des trucs comme : Boule de chat….
« Sa nature je la pressentais instinctivement comme son visage, et son visage avait les éclats d'un lac ouvert. Tout à sa surface s'y imprimait : les rides furtives du vent ; le ciel qui se reflète, les nuages si blancs, ou ces cercles nés de la pierre qu'on jette et qui s'élargissent à mesure qu'elle s'enfonce et descend. Si un mot-soleil d'un sourire aussitôt l'empourprait, un mot dur, aussi vite, portait une marque à ses joues. Il y propageait une minuscule onde de choc, incoercible grimace, qu'elle accusait au creux des pommettes , petite flaque d'eau troublée de pluie. »
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Avec cette oeuvre de Damasio, nous sommes en plein dans la métaphysique. Car finalement, la question essentielle que l'on peut se poser après avoir lu ce livre c'est :
être un vivant biologique humain, et vivre, c'est quoi exactement ?
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Il nous projette dans un monde technologico-dépendant, où la ‘techno' est devenu le référent absolu, où elle est utilisée par le pouvoir pour gérér les foules, et où elle a pris le pas sur le vivant biologique que nous sommes et lui dicte absolument tout ce qu'il est autorisé à faire ou pas. Dans cette colonie de l'espace, la survie de l'espèce est le seul objectif et tout est donc pensé dans cet unique but. le bien-être et le bonheur sont accessoires et peuvent découler ou pas, d'une bonne gestion des ‘unités bipèdiques'. Dans un groupe humain géré par un certain nombre de règles, toujours, une majorité est satisfaite de son sort et toujours, une minorité est insatisfaite et se rebelle. On ne peut JAMAIS, faire l'unanimité, dans un paquet d'humains ; justement parce que ce sont des humains et pas des robots ou des machines.
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Il a construit des personnages très typés, voir stéréotypés, c'est vrai. Ils sont donc faciles d'abord. Peut-être pour la clarté de l'histoire ? pour qu'ils s'effacent devant les sujets qu'il a voulu mettre en valeur. Je ne sais pas !
Peut-être aussi l'auteur est-il bien plus conventionnel qu'il ne le pense lui-même. Corseté dans ses propres clichés et schémas appris, du « pré-pensé » acquis par imprégnation dans le milieu, comme nous tous.
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Après tout peu importe, voulu ou pas, contrôlé ou pas, les persos sont là, et la masturbation cérébrale aussi.
Il y a sensiblement une très grande jouissance prise à étaler du texte comme matériau pur. Je l'ai ressenti et bien perçu tout au long du livre. Il aime manier les mots, y prend un réel plaisir et cela se sent.
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Mais que m'a-t-il donné ?
Des pensées, des réflexions ; Des images mentales, plein… des paysages, des sons, des odeurs ; des questionnements sur le monde actuel, des émotions, surtout à la fin. de magnifiques morceaux de lyrisme pur. Des extravagances et des libertés inédites au niveau de la rédaction. Je ne me suis pas ennuyée. J'ai été dérangée. J'ai ressenti du plaisir et un malaise parfois. Et tout çà c'est la lecture. J'ai nourri la bête ! Et çà me va comme résultat de lecture. J
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