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sur 1962 notes
Je voulais lire La Zone du Dehors d'Alain Damasio depuis un moment, depuis ma lecture de la Horde du Contrevent en fait, mais c'était une envie mêlée de crainte.

Pourquoi de la crainte ? Au départ, avant de lire des critiques détaillées de ce livre, je le voyais comme de la Science-Fiction à boulons, et je déteste ça. L'envie, elle, venait de l'auteur, dont j'avais adoré la Horde, et qui m'avait donné envie d'en découvrir plus du même auteur. Voilà un petit résumé avant de vous présenter ce que j'ai pensé de ce bouquin...
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Je tiens à préciser au préalable que je ne suis pas d'extrème gauche et que j'ai un dégout profond pour l'anarchie. Je le précise parce que je pense que c'est en partie ce qui va expliquer ma critique au vitriol de ce livre.
si jamais vous avez une tendresse naturelle pour l'anarchie, il vaudra mieux passer sur le lecture de ma critique. Pour les autres, c'est parti ...

Ca faisait longtemps que je n'avais pas ressenti une telle souffrance à la lecture. Si de temps à autres Alain Damasio montre une vivacité d'esprit intéressante et un constat pertinent sur la montée en puissance de la technologie de contrôle, tout le reste est mauvais.
Ca commence dès l'introduction qui explique que l'auteur fait une pause de 3 ans à chaque livre qu'il écrit parce qu'il a besoin de toutes ses facultés pour écrire des pamphlets extraordinaires. Première introduction que je lis qui présente un auteur comme un génie sur un ton Alain Delon présente, ça commençait mal.

Le livre en lui même souffre de plusieurs gros points négatifs :
- Les personnages sont insupportables. Tous sont imbus d'eux-mêmes et se voient comme des héros extraordinaires tout en débitant des discours claqués au sol à chaque fois qu'ils ouvrent la bouche.
- Les discours prononcés ne sont pas crédibles un seul instant, pas plus que la réaction des personnages en face. Vous avez un discours qui joue sur l'étymologie, la dissonance et la résonance des mots face à des gens qui sont décrits comme mous et peu intelligents. A quel moment ça aurait pu marcher ? Il n'y a qu'un auteur en pleine introspective qui puisse y croire.
- L'apologie du terrorisme y est effectuée de manière constante. le personnage principal vante les morts qu'il provoque, aimerait violer ses adversaires, etc etc ... Pour y opposer une vision claire, dans Dune le terrorisme est présent comme vecteur de survie et non comme but. Ici c'est posé comme but. D'ailleurs en face les méchants ce sont ceux qui ne pensent pas comme la Volte même s'ils les laissent s'exprimer.
- L'anarchie y est glorifiée tout en démontrant qu'elle ne produit rien. Tout ce qui est reproché au Clastre peut être reproché à l'anarchie de la Volte mais en puissance 10 ( le cynisme inclus )
- Les dialogues sont longs, les discours sont longs, les descriptions sont longues. Comme je l'ai écris au début ça faisait longtemps que je n'avais pas souffert à la lecture. Je passe sur le ton professoral de certains passages, l'inintérêt d'autres.
- La vulgarité est omniprésente dans certains passages sans réelle explication. C'est gras mais je suppose que c'est la manière dont sont vu les personnages non cérébraux par l'auteur ( on dirait bas du front dans un autre contexte )
- La profondeur politique se résume à des fafs d'un côté et des purs de l'autre. Ce n'est pas moi qui l'invente mais bien l'auteur, on sent la composante extrème gauche ici. Après avoir pondu un discours de x pages sans intérêt on y est ramené à un mot de 3 lettre pour décrire le camp adverse ... Tout ça pour ça.

Bref, ce livre m'a été offert mais c'est une vraie purge. Je ne le conseille à personne. Sur un plan purement SF il n'apporte rien, sur un plan politique il n'apporte rien et sur un plan littéraire c'est le néant total. Reste quelques pointes intéressantes mais malheureusement rare sur le pavé de lecture que ça représente.
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On est sur Cerclon car une guerre chimique a ravagé la Terre. Seuls quelques élus ont pu partir, d'autres sont restés.
Sur Cerclon, proche de Saturne, une société libérale démocratique dirige. Une société de l'image et du contrôle de tous par tous, ce qui semble être un crédo de Damasio. Une poignée de récalcitrants oeuvrent dans la Volte.

Franchement, c'était l'horreur. Pourtant, dans le même thème, j'ai vraiment adoré Les furtifs. Mais là, celui-là, écrit avant, je l'ai trouvé hyper grossier. C'est pontifiant, ça regorge de mauvaise propagande qui se veut philosophico-nietzschéenne. Les pseudo autogérés qui vouent un culte de la personnalité à l'un qui est devenu un mythe, et à l'autre sexiste comme pas deux. Je ne sais pas combien de fois pendant sa lutte le mec n'a fait que penser aux nichons de sa copine, qui n'a pas tellement brillé par d'autres aspects de sa personne. Un cauchemar.
Je ne me suis attachée à aucun des personnages, des vagues punk à chien sans chien, vite fait geek. Une fin à la Matrix devinée à la 10ème page, dur dur, je me suis profondément ennuyée.

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Rentrer dans cette zone est quelque peu compliqué : mais une fois lancé, il est impossible de sortir de cette révolution autour de laquelle nos cinq lettrés se battent au quotidien

L'auteur, Ponge-iste dans lame, (ab)use des mots-valises, qui nous permettent de partir en vacances, en espérant toutefois les retrouver entier et non hâchés à notre destin(ation)

Dans cette société utopique, on remarque aucune répression, mais beaucoup de pression sur les individus. La poigne de fer dans un gant de velours est parfaitement maîtrisée ici. A tel point qu'on se demande si la volution ne les fera pas dévoluer ? On sent que la liberté pour l'auteur est tellement importante qu'elle balaie le reste et on le sent bien à travers ce roman...
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Livre étonnant, une science-fiction politique terriblement d'actualité.

La critique de la démocratie, érigée en modèle ultime, mais qui se maintient grâce à un contrôle des masses. Le livre est diablement bien construit, les analyses fines et pourtant pas lourdes comme un essai car l'auteur sait insuffler à son roman une dimension épique avec des scènes à couper le souffle.

Au final, une lecture très instructive et même dérangeante sur nos sociétés occidentales. A lire absolument !
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Roman de science-fiction, La zone du dehors est surtout un roman de réflexion et de philosophie. Comment se révolter ? Comment gagner sa liberté, ou plutôt, qu'est-ce que la liberté ? Sur quelques kilomètres carrés de Saturne vit une société fondée sur la démocratie, où chacun a sa place et où chacun vit en paix. Pourtant, un groupe, les Voltés, se rebellent contre cette société contrôlée par un pouvoir dictatorial déguisé.

"Nous n'avons jamais été aussi proches de ce que j'estime être le summum du pouvoir : une aliénation optimum sous les apparences d'une liberté totale."

A la fois point fort et point faible de ce roman, la réflexion philosophique qui se dégage de la zone du dehors est riche et nourrie des arguments à la fois des révolutionnaires et du pouvoir officiel. L'écriture ressemble souvent à celle d'un traité ou d'un essai, ce qui permet de développer une pensée étoffée. Pourtant, cela interrompt le rythme de l'écriture et introduit certaines longueurs ; en tout cas, cette forme n'était pas celle à laquelle je m'attendais dans un roman. Des penseurs sont très souvent cités, expliquant leurs théories, notamment Nietzsche : le livre tend donc à tourner au manuel de philosophie...

La zone du dehors n'est donc pas un roman facile à lire et je l'avoue, j'ai souvent été tenté de le laisser de côté... le livre est irrégulier, très bon dans les parties de pures actions, dans lesquelles l'histoire se déploie et alors, cela devient magistral. le livre se construit en alternant les narrateurs brusquement et régulièrement, lui donnant du rythme. le style est quant à lui toujours irréprochable, même s'il devient compliqué lorsque l'on parle théorie et conception du pouvoir...

A lire parce qu'il fait réfléchir, mais une lecture difficile
Lien : http://troisouquatrelivres.b..
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Dans le futur, la terre ravagée par les guerres et la pollution se dépeuple au profit de quelques colonies disséminées dans le système solaire. Des villes naissent ainsi entourées d'un milieu hostile mais elles fournissent néanmoins tout le confort d'une société moderne. Un paradis bien à l'abri des difficultés terriennes. Un cocon aseptisé, contrôlé et sécurisé où les citoyens sont pris en charge jusque dans leurs vies la plus intime. Une fausse démocratie qui truque la réalité et régule à l'excès la vie de ses citoyens. Heureusement, une poignée de fous décide de résister à ce Big Brother invisible et sournois qui anesthésie les habitants en comblant leurs moindres désirs. La zone du dehors, c'est l'histoire de quelques révoltés qui se battront jusqu'au bout pour rester libre et vivant. de leurs débuts hésitants où ils se demandent si distribuer des tracts est suffisant jusqu'à l'affrontement final avec le gouvernement, on suivra ces anarchistes qui rêvent d'un monde idéal et se donneront les moyens d'y parvenir. Difficile pourtant de réveiller les consciences. La population confortablement installée devant ses écrans ne voit pas l'utilité et les dangers de cette énorme escroquerie démocratique. Cette belle aventure, rude, triste et humaine est très bien rendue par l'auteur qui reste toujours lucide sur l'issue d'un tel combat. Un roman politique qui donne matière à réflexion sans jamais imposer son point de vue.
Mais Damasio c'est aussi un style unique! Une écriture inventive, organique, vivante et belle qu'on prend beaucoup de plaisir à lire et à relire. le genre de livre qu'on annote pour pouvoir retrouver certains passages marquants. En lisant ce roman, on pense obligatoirement à La Horde du Contrevent. Pas pour son histoire mais pour sa manière de jouer avec les mots et pour son ambiance poétique. La Zone du Dehors est un roman stylé et intelligent et vous l'avez compris, j'ai adoré !
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Fable renouant avec les "expériences de pensée" de philosophie et de SF pour questionner l' "activisme" politique.

Publiée en 1999, cette première oeuvre d'un romancier de trente ans constituait un pari au fond plutôt audacieux, cherchant à retrouver les racines de "l'expérience de pensée" philosophique et de la spéculation science-fictionnelle de certains pères fondateurs (ou même d'une Ursula K. le Guin - qui, rappelons-le toutefois, disposait au moment d'écrire "Les dépossédés" à 46 ans, d'un bagage philosophique et anthropologique autrement étoffé et solide que celui du jeune auteur français au moment de ce roman-ci).

Réflexion nourrie essentiellement de Nietzsche, de Deleuze (et particulièrement du Deleuze relisant Nietzsche) et de Foucault, cette "mise en scène" d'une troupe d'activistes luttant contre la société de "contrôle soft mais total" développée sur un astéroïde, emblématique d'une démocratie ex-terrienne et post-catastrophique, est roborative.

Dans le portrait bigarré de ces activistes, de leurs débats, de leurs options, notamment autour des formes de violence admissibles, de la recherche des formes que la puissance affirmative, l'ironie et la danse deleuzo-nietszchéennes peuvent prendre face à une telle société, ou encore des modes possibles d'un développement anarcho-libertaire, on regrettera bien entendu que, péché de jeunesse, le ton soit souvent dissertatif, et parfois bavard (le personnage principal est professeur de philosophie à l'Université, et le lecteur pourra même suivre l'un de ses cours...). Cinq ans avant "La horde du contrevent", son second roman, le propos politique est encore trop "exposé", insuffisamment intégré à la trame et au style.

Néanmoins, la polyphonie est déjà bien présente, grâce aux origines diverses des principaux activistes, à leurs filiations sociales et idéologiques, permettant avec bonheur de jouer entre la langue brutale et tout entière tournée vers l'action d'un Slift, celle, par exemple, posée et raisonneuse, d'un Kamio, ou encore, à l'inverse, celle du cynisme absolu mis en mots du président A.

Une tentative pleine d'imperfections et de lourdeurs, qui parvient tout de même, dès le coup d'essai, à se hisser parmi les grandes fresques SF, et à poser crûment la question du sens possible de l'activisme politique, aujourd'hui ou demain.

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Le premier roman d'Alain Damasio, lu après les deux chefs d'oeuvre que sont pour moi La Horde du contrevent et Les Furtifs. Je l'ai beaucoup aimé également. Damasio n'y donne peut-être pas encore toute la mesure de son talent et de son génie, mais on y trouve déjà son écriture magnifique et une réflexion politico-philosophique sur notre société, la liberté, la démocratie,... C'est prenant et passionnant. On vibre et on tremble avec Kamio, Capt et Slift, avec cette Volte, assemblée mouvante et disparate en révolte contre un pouvoir diffus mais absolu. Dystopie, politique-fiction, anticipation-politique, qui sait ? Peu importe, en fait, ce roman perturbe, fait réfléchir mais se dévore.
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Quelle claque que ce livre ! Ça faisait un petit temps que je n'avais pas été scotchée à un bouquin à ce point. Trois minutes de libres devant moi ? Vite un petit shot de pages !

J'avais découvert Damasio par les textes rédigés durant le confinement, tirant l'alarme sur ce qui était en train de se passer. J'en avais aimé le style et la justesse. Suite à une discussion sylvestre, un collègue m'a mis La Zone du Dehors entre les mains. Je ne le remercierai jamais assez. J'y ai retrouvé le feu et la clairvoyance de l'auteur, décuplés par l'espace que lui fournit ce roman de plus de 600 pages.

Le pitch est simple : suite à des guerres et des désastres divers, les terriens ont construit des colonies extra-terrestres dont une en périphérie de Saturne : Cerclon. Tout y est fluide, sous contrôle. Un peu trop sous contrôle selon un groupuscule connu sous le nom de la Volte. S'ensuit l'épopée de ces dissidents.

Il ne faut pas être grand clerc pour déceler les ressemblances entre Cerclon et nos sociétés capitalistes occidentales ; tout y est : la surveillance, l'abrutissement des masses, la fausse démocratie, le lobbying, la dictature de l'apparence… Et l'évolution du roman est glaçante, nous boulverse par la cruauté intrinsèque du système, par toutes ces aberrations que nous acceptons au quotidien alors qu'il faudrait les combattre au plus vite. le récit nous fait réfléchir, réagir, nous pousse à rejoindre la Volte pour nous sentir à notre tour VIVANT !
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