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EAN : 9782841160402
155 pages
Cheyne (01/01/2000)
3.12/5   4 notes
Résumé :
Agnès Dargent "s'échappe" de la ville et de ses faubourgs pour de longues randonnées à vélo. Et c’est toute une vie secrète, un monde d’odeurs, de bruits et de couleurs que lui offrent les visages changeants des régions qu’elle traverse, des monts du Lyonnais au plateau Vivarais-Lignon, entre Ardèche et Haute-Loire.
Au cours de ses haltes dans les bistrots, sur les places de village, elle croise un univers familier fait de rencontres toutes simples – cafetier... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sous-titré « Entre plaines et montagnes, six randonnées à vélo », ce court récit de voyage entre Haute-Loire et Haute-Savoie en passant par l'Ardèche a été réédité en 2014, amputé de sa moitié originellement parue en 2000. Six escapades ? Plutôt cinq, puisque la première d'entre elles est en fait un portrait tendre du grand-père de l'auteure, celui qui lui a donné le goût des voyages, ces petites virées locales afin de mieux connaître son environnement immédiat. « C'est à lui, ce ciseleur de plates-bandes et de potager féerique, ce promeneur d'absolu, que je dois ce goût pour les petits chemins d'herbe entre les groseilliers, les portes au fond des jardins, les murs qui séparent campagne et potagers et donnent le désir de ce qu'on ne peut pas voir, c'est à lui que je dois l'instant où l'on peut rester sans bouger pour la cérémonie du tri des salades, assise à ses pieds près de la pompe dans la poignante douceur du cri des martinets et aussi, ce goût pour le mouvement et l'excitation du départ ».

Le départ, certes pas pour les pôles, pas pour la grande aventure cosmique des terres inconnues, mais celui permettant de relier par petits trajets des lieux abordables, non loin. C'est meilleur marché, plus accessible (et écologiquement plus viable), et l'on apprend beaucoup sans se déplacer sur des milliers de kilomètres.

Durant ses balades à vélo, Agnès DARGENT côtoie la nature, parfois hostile, toujours splendide, mais aussi les autochtones, ceux qui peuplent cette France d'en bas, celle dont on ne voit pas grand-chose, celle qui a en quelque sorte disparu, la population des campagnes de jadis, toujours figées dans leur passé. Les cafés d'antan, ses piliers de comptoir taiseux ou au contraire loquaces, souvent touchants, ces serveuses draguées mais à qui on ne la fait pas. Plus loin, un cerf. Majestueux, mais en danger.

Un petit livre de quelques dizaines de pages, tout simple, écrit avec les yeux et le coeur. La langue est ronde, raffinée et suave, rencontrant le monde rural, déserté, traçant une galerie de portraits du cru, avec douceur. La croyance est encore très présente sans ces zones reculées, les catholiques se rassurant avec les croix aux croisements des chemins, les protestants bien ancrés dans leur foi profonde. Sans oublier les commerces de proximité, ceux qui font survivre ce pays désolé, sortes de moteur ou de colonne vertébrale.

« Nous partons vers le Mézenc, l'âme comme émondée par le silence, il nous semble ne plus tenir au temps, il ne reste que l'imprévisible dialogue avec la forte déclivité, le rythme de notre déplacement, le risque de le perdre tout à fait ou de basculer dans l'aisance et de nous mettre à danser jusqu'en haut. Dans le poudroiement du jour nous longeons des prairies spongieuses, l'indolence des animaux couchés, les ombres des bouquets de frênes, la lumière dessous, doucement blutée ». Puis direction le col de Joux-Plane en Haute-Savoie, là où les mollets et les cuisses souffrent, où le brouillard tient compagnie, et duquel l'on désire ardemment atteindre le sommet afin d'y trouver une récompense.

Ce texte fait du bien, il se lit lentement, en prenant bien le temps d'enregistrer les descriptions égrenées avec patience, où chaque mot trouve sa place sans qu'une tête ne dépasse. Un moment de vraie poésie. Cerise sur le gâteau : la présentation. Très soignée, couverture orange, sous-couverture noire avec titre en relief, papier épais, encre bleutée, chapitres aérés (avec en fond des morceaux de carte géographique de 1692), les pages sont un ravissement, leur contact, leur odeur, cette envie de feuilleter, d'effeuiller même, jusqu'à atteindre le nu dans un instant quasi charnel.

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Proposé par mon libraire, j'ai acheté ce livre pour l'oeuvre d'art qu'il représente : couverture gaufrée, papier de haute qualité, typographie bleutée impeccable, rien que de le tenir dans les mains c'est déjà du bonheur, merci les éditions Cheyne ! J'en avais parcouru quelques lignes que j'avais trouvées poétiques. Va !
Au final, (et ce n'est pas grave), le livre ne m'a pas plu : il s'agit de la description de 6 balades en vélo de l'auteur, de ses arrêts dans les troquets de village et d'une espèce d'uniformisation des personnages qu'elle rencontre (les serveuses, les clients, etc). le contraste entre l'écriture qui se veut très poétique (cristallisation des paysages, lumière, espace) et l'affligeant abaissement des gens (qui ne sont, eux, pas du tout glorifiés, mais réduits à une banalité commune) m'a mise un peu mal à l'aise. Et puis surtout, il n'y a pas d'échanges, juste une description, une vision abrupte et unique d'un monde à un instant donné. Peut-être, pour ceux qui connaissent les paysages décrits, cela est-il plus plaisant ? Mais malgré un style riche et travaillé, je n'ai pas senti d'âme...
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Une collègue de travail
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Inlassable, le ciel s'abat sur ses proies, il me saisit violemment aux cheveux, me quitte, s'en va plus loin. Je voudrais être la barque sur l'étang, détachée, emportée dans la houle, je voudrais me joindre aux courants du ciel et ne plus craindre la puissance du vent.
Mais il faut lui faire face avec cette force implacable du cheval de trait qui endure les torrents de pluie entre les yeux et les coups du maître. Lui faire face, humblement, tenir et avancer quand même, à quatre ou cinq à l'heure.
Je veux m'aguerrir, encore, jusqu'à l'épuisement. Pour rien, pour être quelque part dans ce paysage.
Pour la gloire de l'impuissance, pour retrouver la patience des branches qui ploient, des bêtes aux lourdes têtes inclinées qui attendent des heures plus douces, debout dans les champs clos.
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Parce qu’il n’y a que ça : aller vers ces petites visions parfaites qu’il faut enfouir, nourrir à fonds perdu, pour rien, avec patience, sans jamais les revoir, reconnaissante de les avoir tenues, sûre que d’autres viendront à ma rencontre.
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Il me faut saisir l’exacte vélocité du corps et de l’esprit, celle qui abolit le réel et offre cette place dans le monde, d’ordinaire hors d’atteinte, impensable sans l’équilibre infiniment gradué de la fatigue et du plaisir.
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