Si le premier volume de ces "Contes myalgiques" s'apparentait à des contes nimbés de lumière (bien que certains étaient des contes cruels), ce second volume est, lui, clairement placé sous le signe des ténèbres. Et au vu de son sous-titre, "Les atouts du diable", on ne peut guère être surpris de cette noirceur. L'on croise ici de la fantasy urbaine (Raven Party, très belle et très forte revisitation du roi des Aulnes), du folklore ch'ti (Knock, Knock, Knocking on Hell's Door), mais aussi du fantastique-mythologique (Une petite pièce après l'autre, qui laisse croire au début à une ambiance lovecraftienne avant de s'orienter vers un dénouement original), et du fantastique tout cout, empreint de toutes ces sombres émotions qui peuvent hanter les coeurs des hommes. "La Peau du diable" m'a fortement émue, tant la souffrance de cette femme sourd à chaque ligne. "La Force du déni" et "La Bouche", bien que fantastique, sont fortement ancré dans des drames réels (le déni de grossesse, l'excision), ce qui noue d'autant plus les tripes quand on lit ces textes. Une petite touche d'humour aide à ne pas se noyer dans toute cette noirceur, avec "Nouveau-Né".
Des textes forts, parfois enchanteurs, souvent bouleversants, voire même dérangeants, mais qui marquent, qui chamboulent, qui serrent le coeur, en un mot qui ne laissent aucunement indifférent. le tout servi par une écriture à la fois fluide et fort bien construite, aux mots poétiques et pourtant qui font mouche émotionnellement.
Du très très grand fantastique, du genre à côté duquel il ne faut pas passer ! A lire absolument, avec le premier volume, car les deux forment un dyptique indissociable.
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Sombres et cruels, telle est l'aura que dégage ces contes terribles. Je ne suis pas du tout fana du fantastique, mais j'ai pourtant apprécié la plume et l'imagination. Je remercie encore la personne qui me l'a offert il y a longtemps.
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En privilégiant dans ce deuxième tome le côté le plus sombre des contes, dans une écriture à la fois recherchée et limpide, l’auteur donne toute leur valeur aux lumières qui y transparaissent, ce que souligne parfaitement l’illustration de couverture due à Magali Villeneuve.
Lire la critique sur le site : LesVagabondsduReve
Les textes rassemblés dans ce recueil montrent l'envers de la médaille dont on avait aperçu la face lumineuse et féerique dans le premier recueil.
C'est ici une face sombre avec des thèmes durs où la souffrance et la mort jouent les premiers rôles. De jolis textes pour la plupart.
Lire la critique sur le site : SciFiUniverse
Vous n'y êtes pour rien, ma sœur. Ce n'était pas vous, je ne peux pas vous en vouloir. Mais vous portez la même robe [...]. La même robe blanche, le même voile noir.
Mais je sais, désormais, qu'il vous manque une couleur. Le monde ne se limite pas au combat entre Dieu et Diable, voyez-vous ? Entre un prétendu Bien et un prétendu Mal. Le Mal parfois dans vos rangs, et le Bien dans celui de vos adversaires. Ou ailleurs, au sein de la troisième force. Vous qui croyez en la Sainte-Trinité, vous devriez rejeter toute dualité. Tout manichéisme. Le monde est trois, il a toujours été. Qui vous l'a rappelé, en imposant à vos ancêtres la notion de Purgatoire ? Qui sinon ceux qui fréquentaient les fées alors qu'ils priaient votre Dieu ?
J'étais coincée entre blanc et noir, mais la vie m'a offert le rouge. Ce sont les trois couleurs, ma sœur. Les trois couleurs de la Déesse.
[Païenne]
La peur, ça rend brutal ; parfois envers les autres, toujours envers soi-même.
[Knock Knock Knocking on Hell's Door]
On ne porte pas la lumière à qui vous crache à la figure assez fort pour moucher votre chandelle de savoir.
[Quand viendra l'aube]
J'aime ces ironies que nous offre la langue. Je m'en amuse au quotidien : les mots roulent mieux que les dés et offrent de meilleures victoires.
[Notre-Dame des Algues]
[...] le rose est la couleur des filles au sang trop affaibli par Dieu le Père. Des filles auxquelles on interdit d'être pleinement des femmes. Trop pleinement des déesses.
Le rose est vieux parce que sans sève.
[Païenne]
Interview de Nathalie Dau par Estelle Hamelin pour Actusf lors des Imaginales 2019.