Produits d'un sujet fort, ces intéressantes confidences ne m'ont pas moins parues parfois d'ordre trop privé.
Mais avant de revenir sur le contenu de cet ouvrage, il est important que j'évoque rapidement l'histoire des deux jeunes auteurs.
Hans Scholl et sa petite soeur Sophie ont activement milité, en intégrant la Rose Blanche - groupe de résistants -, contre le régime nazi en envoyant et déposant des milliers de tracts à travers la population, visant d'abord les têtes pensantes, philosophes, artistes et autres professeurs, puis élargissant leur quête aux étudiants puis à chaque habitant, espérant les faire réagir contre l'ignominie du pouvoir en place. Enfants d'un père pacifiste qui avait refusé de servir lors de la Grande Guerre et ne s'empêchera pas de critiquer ouvertement Hitler, ce qui lui valu un séjour en prison, ils déposèrent les derniers imprimés dans leur université et finirent par en lancer dans la foule depuis une balustrade. Rapidement dénoncés, rapidement jugés, ils seront exécutés quelques jours après. Guillotinés pour avoir écrit et partagé des textes contre les horreurs qui sévissaient alors durant cette guerre. Christoph Probst, Willi Graf, Alexander Schmorell et le Pr Huber, tous également membres de la Rose Blanche, vivrons le même destin funeste.
Cette composition regroupe de nombreuses lettres que Hans et Sophie ont envoyés à leurs amis et famille, ainsi que quelques passages de leurs journaux. Au travers de ces écrits, nous apprenons à les connaître, nous faisons une idée de leurs personnalités qui étaient bien différentes l'une de l'autre mais dans lesquelles nous ressentons pareillement leur amour pour leurs proches. Nous les suivons donc dans leurs pérégrinations à travers l'Allemagne, de chez eux, à Ulm, à Munich, en passant par leurs lieux de vacances, au camp de travail pour Sophie et même en Russie ou en France pour Hans.
S'il est captivant de les suivre, ainsi que de constater l'évolution de leur mentalité, d'abord désinvolte puis peu à peu concernée, j'ai cependant ressenti de la gêne en lisant leurs propos. Je ne pensais pas que ce serait si intime, et cette impression de faire du voyeurisme, lire des confessions personnelles, m'a vraiment beaucoup perturbée. Si je comprend la volonté de l'éditrice de partager ce genre d'écrits pour une meilleure compréhension de ce que vivaient les jeunes en temps de guerre, je pense que certaines confidences auraient dû rester privées (encore plus lorsque l'on lit Sophie demandant expressément au/à la destinataire de la lettre de ne pas la garder !).
Leurs pensées profondes sont partagées dans ces écrits, leurs nombreuses lectures également, qui les aide à ouvrir un peu plus les yeux sur ce qui les entoure, leur quotidien durant leurs services militaire et leurs études nous sont révélés, et tout cela est intéressant. Mais jamais un mot n'est prononcé sur la Rose Blanche et sur leur implication dans le mouvement, seulement parfois sous-entendu (et encore je ne l'aurai pas compris si le traducteur ne l'avait pas spécifié dans ses annotations).
Donc finalement, est-ce que la publication d'un tel ouvrage était nécessaire ? Oui, bien sûr, mais j'aurai préféré que ce soit moins intimiste. Quoi qu'il en soit, on referme cet ouvrage avec des larmes dans les yeux, dégoutés d'un tel verdict (un assassinat, disons-le clairement) envers des personnes qui revendiquaient seulement la liberté.
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