Voilà une BD qui a désespérément mal vieilli… 30 planches de verbiage indigeste… sans même parler du scénario qui prend l'eau de toutes parts.
Pourtant Bob de Moor est souvent considéré comme une valeur sûre. Principal collaborateur d'
Hergé, il va personnifier la ligne claire.
Ici, Barelli est kidnappé, en même temps que sa tante Sofia. Ils découvrent qu'ils ont été enlevés « pour la bonne cause » par l'oncle Vittorio (ce bon vieil oncle…), un farceur indécrottable (qui rappelle Séraphin Lampion de Tintin). Et cet oncle est devenu le seigneur du château de Gonobutz, situé au Rocca-Negro, un état d'Europe centrale, sans doute assez proche de la Syldavie… Plus vraisemblablement situé entre l'Italie et l'Autriche si on en croit les culottes de peau et les vallées encaissées.
Bob de Moor va régaler le lecteur avec des uniformes et une symbolique inspirée des régimes totalitaires de l'époque…
Les citoyens du Gonobutz parlent un patois qui laisse tout à fait songeur… Pour dire « Je crois que le moment est propice… », ils disent « Jepe croispa quepe lepe mopoment estpè propopice… », c'est à se tordre de rire… ou à pleurer. Au bout d'un moment, un protagoniste va dire à l'autre « arrête avec ton patois »… et on passe à des phrases normales. Mais on peut se demander pourquoi le gaillard parlait en patois avant de demander à l'autre de cesser.
En arrivant à Gonobutz, Barelli et sa tante découvrent que l'oncle Vittorio est prisonnier dans son propre château, trahi par des membres du gouvernement, davantage attirés par l'argent que par l'intérêt du peuple. En cause, un projet de viaduc qui va abîmer le paysage et détruire le château de Vittorio. Barelli va donc se déguiser afin de faire triompher le « bien »…
Déjà, à ce stade, on est proche de l'apoplexie…
Mais l'oncle Vittorio est un fan de blagues idiotes, on dirait Séraphin Lampion en moins bien… En fait
Bob de Moor est coincé dans une faille spatio-temporelle qui le pousse à refaire les mêmes BD et les mêmes personnages encore et encore.
En plus, ajoutons que les planches et les cases débordent de textes, que cela soit des indications inutiles et superflues ou des dialogues de la même couleur.
Enfin, le tout est découpé en toutes petites cases, ce qui rend une lecture sereine et plaisante quasiment impossible. Elargir les cases permettrait sans doute plus de lisibilité. Cela ne sauverait pas le récit, mais cela le rendrait plus digeste.
La ligne claire dans ce qu'elle a de plus daté.