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3,27

sur 362 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un récit écrit il y a une vingtaine d'années, qui plonge dans la psyché d'un gérant de fonds d'investissement milliardaire nommé Eric Packer, alors qu'il traverse New York dans sa limousine pour se rendre… chez le coiffeur.
Au cours de ce « voyage initiatique » au prétexte très basique, l'auteur déroule un monologue qui exprime une critique acerbe du capitalisme contemporain, dans une société technologique post-moderne.
Le personnage principal, Eric Packer, est entouré de luxe et de richesse, mais il se sent vide et isolé. La limousine hermétiquement close dans laquelle il se trouve tout au long du roman devient une métaphore de son isolement émotionnel et social, qui illustre la déconnexion de l'homme moderne avec le monde ambiant, malgré la technologie et la proximité physique avec les autres. Il n'a pas l'air d'aimer sa future femme (c'est un mariage de raison) et ses employé(e)s sont ses seul(e)s ami(e)s de substitution.
Eric Packer cherche à tout prix à réaliser quelque chose de significatif, que ce soit dans sa quête de profit financier ou dans ses interactions avec les autres. Cependant, plus il poursuit le sens, plus il semble s'éloigner de lui. A l'image de la société contemporaine qui peut souvent se concentrer sur des objectifs, superficiels au demeurant, mais au détriment d'une quête plus profonde, celle du Sens.
"Cosmopolis" explore le rôle de la technologie dans ce mécanisme de déshumanisation. Les interactions de Eric Packer avec les écrans, les informations financières en temps réel et les communications numériques le connectent au monde… et le déconnecte de la réalité humaine : tout est factice, comme le luxe clinquant de sa limousine dans un New-York arrogant de suffisance.
C'est une véritable radiographie du monde financier avec « l'art de gagner de l'argent ». Au coeur de celle-ci, les thèmes forts de la désillusion, de l'aliénation. « La culture de marché est totale. Elle produit ces hommes et ces femmes. Ils sont nécessaires au système qu'ils méprisent. Ils lui procurent énergie et définition. Ils sont motivés par le marché. Ils s'échangent sur les marchés mondiaux. C'est pour ça qu'ils existent, pour vivifier et perpétuer le système. »
Dans cette dystopie, il y a de nombreuses trouvailles amusantes : la secte millénariste anti-capitalise qui a le rat pour symbole (référence évidente à la « rat race »), la mort d'un rappeur soufi qui crée un embouteillage, un héros qui est prêt à risquer sa vie pour… une coupe de cheveux !
Le personnage ? Peu d'information disponible, on sait seulement qu'il est âgé de vingt-huit ans, qu'il est très riche, qu'il lit des livres compliqués tout en contrôlant son empire financier et qu'il a les yeux rivés en permanence sur les cours financiers.
Les longs monologues intérieurs d'Éric Packer donnent un aperçu de sa psyché complexe et de son état émotionnel proche de la bipolarité, qui nécessite en permanence d'être stimulé. Quoi qu'il fasse, notre héros doit gagner beaucoup ou perdre beaucoup pour ressentir quelque chose, mais le frisson est de courte durée.
…jusqu'à une… rencontre : « Tout dans nos vies, la vôtre et la mienne, nous a conduit à ce moment ».
La narration linéaire semble être un peu artificielle, tant la succession des personnages souligne la thèse de l'auteur, sans réelle substance avec des dialogues souvent abscons et plutôt prétentieux.
Contrairement à ses autres romans, l'auteur a choisi ici une prose philosophico-poétique déroutante, mais qui reste fascinante avec ce clash permanent entre le trivial et la pensée.
Cela rappelle la Société du Spectacle de Guy Debord.
« Cosmopolis » exige une attention soutenue, mais c'est stimulant.
Je recommanderais de voir le film tiré de l'oeuvre et réalisé par David Cronenberg avant de lire le roman pour mieux en saisir les subtilités.
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— Packer, bloqué à bord d'une limousine, est obnubilé par des indicateurs financiers. Pourtant, son trajet dans la ville n'est pas motivée par le profit cyber-capitaliste, mais par une idée fixe : se faire couper les cheveux. L'espoir qu'il existe encore un au-delà au marché ? "Cosmopolis" décrit un capitalisme autosuffisant, symbolisé par la limousine où Packer fait l'amour, spécule, consulte un médecin. L'asymétrie de sa prostate métaphorise un système bancal et générateur d'inégalités, et se fait l'annonciatrice de la faillite de l'ordre libéral. Ainsi, la traversée d'une ville ne se justifie que dans la singularité, déjouant tous les modèles d'analyse.
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Un singulier périple dans New York. Une bonne part du récit se déroule dans une immense limousine blanche qui roule au ralenti quand elle n'est pas bloquée dans les embouteillages. Celui qui l'occupe ? Un richissime trader, cynique et malheureux. Il va de la limousine à un restaurant ou de la limousine à un hôtel. Il rencontre sa femme avec qui il a une relation pour le moins ambiguë. Il rencontre telle ou telle maîtresse. La limousine traverse aussi une émeute anticapitaliste, non sans accrocs. L'homme est de plus en plus désabusé. Au détour d'un dialogue avec la responsable du service « Recherche et analyse conceptuelle », on nous rappelle que le capitalisme est destruction créatrice (p. 89), reprenant ainsi sans le nommer la pensée de l'économiste Schumpeter. C'est peut-être là le coeur du capitalisme. C'est, en tout cas, je pense, le noeud du récit. Par une espèce de transposition, du système vers son acteur, l'antipathique héros du livre, Eric, mêle pathologiquement création et destruction. Il détruit en spéculant la fortune qu'il a constituée. Il fait de même avec celle de sa femme. Il va jusqu'à s'essayer au meurtre… L'atmosphère devient lourde. Tout se mélange : le cours du yen, les algorithmes informationnels, les relations de pouvoirs. Bien sûr, la critique de la finance est patente, mais, dans le détail, le lecteur, souvent, perd pied, l'incompréhension n'étant ici que le reflet de la pensée délirante du personnage principal. On pense à un autre auteur américain, critique du capitalisme financier, Robert Goolrick, notamment dans « La chute des princes » ; mais avec un peu moins de coke et une bonne dose de névrose en plus. Moins réaliste, plus onirique. Mais également efficace.
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L'histoire d'un Icare moderne en chute libre, vécu en pleine conscience, cet étrange roman où le temps, les lieux et les personnages s'emmêlent est un projet intéressant et mené de main de maître. L'écriture est magnifique, l'action continue malgré le fait qu'on est coincé une journée entière dans un embouteillage, New York, ou plutôt le monde défile tandis que le personnage, observateur amusé, en pleine mutation, se délecte de chaque vision que saisit son regard de génie perfectionniste. Roman commercial aussi qui nourrit la demande habituelle de scènes de cul, de flingues et de fric, jetant à la fois un regard sarcastique et poétique sur le genre, l'époque. Roman philosophique mais pas trop, étrange avec ses incohérences fantastiques où le personnage s'achemine vers un destin connu, désiré: sa mort - la plus intense et la plus pure des sensations.

C'est une lecture atypique mais belle. Difficile de lâcher ce roman. le succès de Don deLillo est certes mérité
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Quelle drôle d'objet que ce roman ! Il nous raconte l'histoire d'Eric, golden boy qui traverse Manhattan à l'arrière de sa limousine alors qu'un gigantesque embouteillage met la ville à feu et à sang. Bloqué dans sa voiture, ses "amis", sa femme, sa maîtresse, ses collaborateurs viennent à lui tout au long de cette folle journée au cours de laquelle il assiste à l'effondrement de son empire, semblant tout à la fois fasciné et impuissant, tout en essayant d'aller chez le coiffeur et réalisant que quelqu'un veut sa mort.
Difficile de décrire l'ambiance mortifère de ce livre...C'est aussi fascinant et déroutant que les romans de Bret Easton Ellis, aussi dérangeant qu'impossible à lâcher. C'est vraiment une bizarrerie littéraire: un style nerveux mais poétique, un héros odieux mais touchant, tout est contraste dans ce roman qu'on aime ou qu'on déteste, probablement À vous de voir !
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J'aime beaucoup l'écriture de cet auteur qui malmène, perd, rattrape, énervé, émeut le lecteur si il accepte de jouer. Bon parfois cela m'a tellement fatiguée qu'il m'a perdue comme pour Mao II mais en l'occurrence pour ce livre ci j'ai adhéré et trouvé que les outrances du livre, du personnage étaient à l'image du chaos de la ville et de la perte de sens de celle-ci à un moment tellement dramatique. le sens est cherché partout eh les fantômes hantent. L'écriture est puissante. Une promenade onirique et grotesque dans un News York ravagé
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La nef des fous de notre siècle est une limousine blanche ostentatoire ,celle d'où Eric Packer ,odieux « golden Boy » , chef d'orchestre et victime de la démence financière ,crée la tempête qui l'emportera . Elle glisse dans la ville folle emportée dans les tempêtes populaires ,dans le lent naufrage mental et social de son propriétaire . Ne cherchez pas ici une analyse économique ,il s'agit d'une fable épique qui en dit plus long qu'un traité sur un monde devenu insane …le nôtre.
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24 heures de la vie d'Eric Packer, golden boy new yorkais, qui perd tous ses repères au fil de la journée et qui se laisse gagner par la folie, dans une ville de NY, aux prises avec un immense désordre qui prend de l'ampleur plus en avance dans le récit. On sent venir le pire et on n'est pas déçu ! Lecture assez exigeante et fascinante aussi
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L'intrigue est secondaire ; vous lirez dans les critiques précédentes qu'il s'agit de capitalisme, d'argent fou, de cynisme. Mais le coup de coeur est réellement pour le style poétique surréaliste, comme si Boris Vian décrivait NewYork vu d'une limousine, la thématique du temps, très important et assez génialement vue dans le mariage du protagoniste, la narration hallucinée qui fait que les événements s'enchaînent comme dans les rêves, l'histoire se déroule de façon fluide alors qu'on est dans le chaos.
Le personnage principal est au delà des clichés , hyper intelligent mais lucide sur lui même, les femmes sont poétiques, objets de désir mais dotées d'un cerveau parfois poétique .
C'est un livre à relire et c'ezt un coup de coeur, découverte de cet auteur américain monumental.
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Avec ce bouquin, on se trouve quelque-part entre Gatsby le Magnifique et Bret Easton Ellis.
Dans sa limousine-péniche, qui se dégrade en même temps que ses finances, Eric Packer se rend chez le coiffeur.
La navigation est difficile et propice, sur une mer urbaine parfois houleuse, à des arrêts et rencontres divers.
Faute d' avenir, Eric packer reverra son passé avant de disparaître.
J' ai lu ce livre avec plaisir et attention.
Il mérite d' être repris, au hasard d'une page ou d'un chapitre. Plus tard.
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