Quand Robinson Crusoé echoua sur son île ( le marché économique), il n'eût pas d'autres choix que d'essayer de tirer profit de sa situation, aussi dramatique fût elle. Son profit immédiat était de survivre, puis d'acquérir un certain confort et d'espérer un bien être ( voir la " pyramide de Maslow"). Il utilisa les rares ressources de l'île et ce qu'il récupéra de son bateau ( le capItal), travailla énormément pour fabriquer par exemple des planches ( biens intermédiaires) qui lui permirent de construire son habitation
Plusieurs philosophes ( notamment Hobbes et Locke) commentèrent ce roman et isolèrent les notions de marché, de capital et de travail ( 100 ans plus tard, Marx, enervé par ce bouquin appela les théories libérales des " robinsonnades").
Ce fut Adam Smith qui théorisa ces concepts et créa " l'économie libérale". Le boulanger, comme Robinson, doit suivre son interet personnel pour faire le meilleur pain au meilleur prix et ainsi maximiser son profit; si une deuxième boulanger s'installe, ce dernier devra réaliser un pain encore meilleur et moins cher. Tout cela à la plus grande satisfaction du consommateur.Par exemple, Orange, Sfr, Bouygues maintenaient des prix hauts jusqu'à ce que FREE arrive sur le marché.
Un point trés important, sur lequel l'auteur insiste, est que nous sommes en Angleterre, à la fin du 18 eme, dans une civilisation transcendentale (protestantisme anglo saxon): les notions d'honneteté, de courage sont tacites: la satisfaction individuelle ne s'oppose pas à la satisfaction commune, au contraire les deux interets sont dépendants l'un de l'autre. Smith ne pouvait envisager que tous les boulangers s'entendent pour faire du pain avec une mauvaise farine à un prix trés élevé; c'est pourtant cela que Nestlé et consort ont fait avec "l'entente frauduleuse sur le yaourt" de 2002 à 2010.
L'essor de l'activité économique au 19 et 20 eme siecle a montré les imperfections de ce système.
Le facteur capital a pris le pas sur le facteur travail: les salariés sont devenus peu à peu quantité négligeable d'où une paupérisation sociale et financière d'un nombre toujours plus croissant d'individus. L'auteur évoque trés rapidement la réaction marxiste qui a voulu donné à l'état la main mise sur les facteurs de production car" l'histoire a déligitimé le collectivisme". Le "je" libéral n'a pas pu être rempacé par le "il" de l'état.
Le progrés technique, s'il a permis la création de nouveaux métiers et donc de nouveaux emplois, a eu cependant plusieurs effets pervers.
Le premier est évident : il n'y a plus personne dans les cabines de péage
que sont devenus ces salariés?
Le deuxième effet est beaucoup plus pernicieux et pervers: les outils mathématiques et informatiques ont transformé la science sociale de l'économie en science "dure"; un des exemples les plus représentatifs est la théorie du" dilemne du prisonnier" mis au point par Nash ( dans une situation conflictuelle l'interet individuel s'oppose à l'interet genéral).
Ce scientisme économique a developpé des lois et théorèmes néo libéraux qui ont completement écarté l'économie de ses responsabilités sociales, politiques et environnementales.
Jean Thirole, prix nobel d'éco en 2014 et un des chantres du néolibéralisme dit:" la science économique est neutre"
Le seul pouvoir du politique réside désormais a récupérer les bléssés ( protection sociale) et à jouer plus ou moins fortement sur l'impôt.
Vous voyez donc que l'auteur n'est pas optimiste quant à l'avenir du néolibéralisme. Mais, loin de baisser les bras, il montre une nouvelle voie : l'economie en commun: l'économie sociale et solidaire.Luttant contre la seule notion de profit, contre la spéculation financière, revalorisant le salarié et l'environnement, elle est une alternative au "je" néolibéral et au "il" collectiviste: c'est le "nous" des mutuelles, des coopératives, des scop, des societés en autogestion, des monnaies locales, des AMAP, des banques coopératives, du micro crédit, de la gestion participative.
Bien que marginale, ces structures se developpent autant gràce aux initiatives locales qu'à la recherche universitaire qui incitent nos politiques à s'interesser de plus en plus à cette nouvelle démarche
Ce n'est pas cette nouvelle éconmie qui va résoudre mes problèmes de fin de mois aujourd'hui, mais peut être dans 5 ans, dans 10 ans?
Je remercie les éditions de l'ATELIER et BABELIO et conseille ce livre à tous ceux qui s'intéressent aux problèmes économiques.
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L'auteur reprend 10 théories économiques largement répandues et montre successivement, en les replaçant notamment dans leur contexte historique, les limites de ses approches. Son ambition est de trouver une alternative au néolibéralisme avec l'économie sociale et solidaire.
C'est l'occasion d'évoquer les fondements de l'économie : l'économie en tant que science, la loi du marché, la poursuite de son propre intérêt dans ses décisions, la valeur et le coût du travail, le profit comme but ultime de l'entrepreneuriat, la recherche de la croissance, le rôle de la monnaie, les inégalités sociales…
La démonstration se fait progressivement sans trop de termes techniques. Quelques tableaux et graphiques viennent illustrer son argumentation.
Ce livre est un bon moyen de se poser les bonnes questions face au monde qui nous entoure.
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Interview d'Hervé Defalvard, responsable de la chaire économie sociale et solidaire (ESS) de l'Université Paris-Est Marne-La-Vallée, à l'occasion de la conférence organisée par L'Atelier sur les valeurs ajoutées de l'ESS dans le secteur des déchets en Ile-de-France