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EAN : 978B08K8MRTX7
J.-C. Lattès (28/10/2020)
3.45/5   19 notes
Résumé :
Un avocat en pleine crise de la quarantaine décide de se faire tatouer.
À l’issue d’une séance douloureuse, un tout autre dessin apparaît sur son dos, le visage d’une madone funèbre. Fière de son père, sa fille poste la photo du tatouage sur les réseaux sociaux.
Quelques mois plus tard, une inconnue la contacte. Sans aucun doute, le visage est celui de Judith, sa fille disparue en Argentine.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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A l'image de ces crânes mexicains, Nicolas Defoe propose pour son premier roman, un récit empreint de mystères et de lugubre. Avec une trame pour le moins originale et bien amenée, nous suivons les aventures d'un héros quadragénaire. Son tatouage, l'avocat va l'exposer sur les réseaux sociaux, pour tenter de trouver des réponses à ses incompréhensions. Paul sera alors contacté par Catherine, qui lui indique que le visage qu'il a sur la peau n'est autre que celui de sa fille disparue…
Ce pitsch, Nicolas Defoe le développe par des échanges épistolaires entre les différents protagonistes. Tour à tour, chacun prend la parole, dévoilant ses secrets et ajoutant une pierre supplémentaire à l'édifice surprenant construit par l'auteur. La narration s'envole en Argentine, dans les années sombres de la révolution du pays. Derrière l'anecdote du tatouage usurpé, se joue un thriller historique intéressant et bien ficele, il est juste un peu dommage que la fin du récit soit si nette.
#netgalleyfrance #grandedorsale
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Je découvre ainsi Grenade, le nouveau label des Editions J.C. Lattès, spécialisé dans ces « nouvelles voix. Explosives. Exotiques. » de Paris en Argentine. C'est le chemin tortueux, c'est le moins que l'on puisse dire, qui depuis le prosaïsme de la vie parisienne d'un avocat lambda va mener en plein folklore argentin, en pleine spiritualité sud-américaine, dans cette Argentine, ou les morts refont surface. Ces dernières années, ces masque de la morts d'après les calaveras colorées, originalement mexicains, dont un exemplaire orne notre couverture ainsi que le dos de notre pauvre père de famille, s'observent un peu partout, encore plus lorsqu'il s'agit de fêter nos morts. Il est devenu monnaie courante, même en France, de voir ces crânes maquillés, plein de couleurs, étrangement loin de notre propre conception de la fête des morts, sans que personne ne s'interroge vraiment sur la provenance de cette coutume importée et empruntée.

Un titre, au début, pour moi opaque, qui évidemment me faisait vaguement penser à la partie postérieur du corps humain. Un type qui se retrouve avec un tatouage de la Santa muerte, la faucheuse sud-américaine, une Cavalera, alors qu'il n'avait rien demandé d'autre que la reproduction du dessin de sa fille. Les débuts sont à la fois désopilants et intrigants, la curiosité du lecteur est indéniablement piquée et attisée par ce tatouage indésiré, presque obscène, qui colle désormais âprement à la peau de notre avocat parisien, qui n'avait pourtant rien demandé, et qui s'affiche désormais ostensiblement sur toute la surface de son épiderme. Mortification devant la mine déconfite de l'homme.


Mais comme toute chose indésirable qui vous colle à la peau, le tatouage a sa propre vie, le visage maquillé tait jalousement sa propre histoire. Sa propre identité. Une compagne de vie indissociable, une schizophrénie qui fait désormais partie entière de l'homme, qui va donc chercher à comprendre obstinément le visage de la femme mystérieuse qui a fait de son échine son territoire. le roman prend alors des dimensions inattendues, qui vont nous entrainer, brusquement, dans les années sombres du pays d'Eva Perón, une profondeur à laquelle je ne m'attendais pas vraiment, dans les failles de l'histoire argentine. Cette histoire qui comme beaucoup de pays latins ont connu les méfaits d'un despote, les meurtres, les tortures, les disparitions.

Le passé n'est pas encore oublié, ni pardonné, encore moins avoué. C'est ce que le roman de nous apprend à travers l'histoire de cette belle jeune femme qui transparaît à travers la Calavera, disparue, comme l'ont été beaucoup d'argentins dans le passé. Roman de la répétition, de la disparation présente qui apparaît comme un écho de celles passés, qui tisse un lien entre passé et présent qui se finissent par se mélanger. Et c'est passionnant de constater progressivement que comprendre le présent permet aussi de comprendre ce passé tabou, qui plane constamment dans chaque conscience, dont personne n'ose briser le sceau, comme si cela allait libérer tous les démons enfouis de ce passé prohibé.

Le lecteur est attiré dans les failles et dorsales de cette Argentine aux traditions qui exercent une certaine fascination : alors que nous fêtons ici les morts, aux couleurs des chrysanthèmes, dans la grisaille et la mélancolie des cimetières, là-bas ils fêtent leurs morts dans la fête et les maquillages colorés. Les cent-cinquante pages de ce récit polyphonique se lisent aussi vite qu'une calavera literaria, ces poèmes moribonds. C'est un texte très moderne qui se partage entre narration classique, extraits de journal intime et mail, Une langue simple, clair, sobre, sans simagrée, qui peu à peu entraîne le lecteur dans les fêlures de familles, françaises et argentines, mêlées à celles du pays sud-américain, qui donnent à ce roman ses lettres de noblesses.

L'auteur a réussi à faire de ces tragédies intimes et éminemment personnelles, une tragédie à dimension nationale et même internationale qui atteint les frontières françaises, et qui finit par largement dépasser le dépositaire du tatouage. Ce n'est pas un roman auquel on peut rester insensible, plus on s'y abîme, plus on devient happé par cette atmosphère particulière du Dia de Muertos, ou les morts sont partout, derrière chaque histoire, chaque mémoire. Encore une fois, c'est un beau roman d'un auteur français, Nicolas Defoe, qui n'hésite pas à s'emparer de l'histoire d'un territoire sud-américain pour bâtir une fiction soignée et aboutie, c'est un parti pris qui me plaît décidément beaucoup.
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Quelle pépite littéraire que cette Grande Dorsale ! Je l'ai lue avec plaisir et avidité !
L'intrigue nous tient en haleine ! Comme dans les bons films, plusieurs personnages se croisent et se rencontrent de manière fortuite, à l'occasion de voyages entre Norvège, Berlin, Paris, Argentine et Uruguay, et le déroulé nous réserve de multiples surprises.
Une grande qualité de ce roman est de faire parler ces différents personnages à la première personne, avec chacun leur ton et leur registre de langue. On découvre ainsi la subtilité de leur personnalité. C'est aussi l'occasion pour l'auteur de se moquer avec humour de ses personnages. La langue d'Ezéquiel, l'Argentin des bas quartiers, est succulente avec son argot et ses jurons en espagnol. Quant à la fille du personnage principal, elle s'exprime par hashtags et wtf et elle trouve même swag démodé ! le lecteur peut parfois s'identifier à l'avocat parisien, gentiment charrié « face à elle – je lui donnais vingt-quatre ans -, j'aurais pu me senti périmé, chauve, déplacé, indécis, mais je suis resté détendu. »
A son insu, Paul se fait tatouer sur le dos une Santa Muerte, un portrait de femme maquillé pour la fête des morts célébrée en Amérique latine. Les descriptions de Nicolas Defoe rendent cette effigie très visuelle, esthétique. On voit la sublimation du visage d'une très belle femme, mais on ressent aussi son caractère inquiétant : il s'agit de la figure de la mort, qui exerce un pouvoir sur les humains, comme le personnage de Judith, délicieusement envoûtant et vénéneux pour les mâles du roman.
Les rebondissements de l'intrigue nous permettent aussi de réfléchir à des questions profondes, voire existentielles, autour des notions de justice et pardon. En toile de fond, la dictature militaire argentine et son lot de dénonciations, disparitions, exécutions. En trame de surface, des histoires d'amour, de liens, de possessivité, de chagrin. Qui a tort ? Qui a raison ? L'auteur nous conduit sur une piste, puis un retournement de situation nous révèle un autre aspect de l'histoire et de l'Histoire. Et, au milieu de ces péripéties, les gens se pardonnent, contre toute attente. On comprend alors que les choses sont toujours plus complexes qu'on ne l'imaginait. Il n'y a pas d'un côté les bourreaux, de l'autre les victimes. Belle leçon.
On attend avec impatience le prochain roman de Nicolas Defoe !
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Tatouage et thriller, avec en arrière plan l'Argentine "des années de plomb". Programme alléchant, magnifié par une couverture spectaculaire.

Clairement le début du livre est prenant. Cet histoire de dos d'avocat "pris en tatouage" et de tatoueur qui disparaît, une fois le forfait effectué, démarre sur les chapeaux de roues.
La narration par le biais de plusieurs voix et de divers procédés a tout pour me plaire.

Mais les choses se compliquent un peu au fil des pages.

Plusieurs écueils, à mon sens.
Certaines scènes qui passent à une vitesse folle. Dans un chapitre en particulier, où l'avocat prend une décision, contre l'avis général, et qui en un paragraphe est mise en oeuvre puis balayée. On saute dans l'espace-temps dans ces paragraphes et 2 ou 3 plus loin, on se retrouve dans une situation totalement différente. Ce passage, en particulier, aurait mérité des développements.
L'autre gros problème est celui du style. Si la polyphonie est tout à fait intéressante, je trouve que les différences entre les personnages ou entre les mediums de communication sont bien trop minimes pour être crédibles. Ceci est mis en avant comme un point fort dans une autre critique, mais en ce qui me concerne, c'est raté. À part mettre quelques jurons hispanophones dans la bouche d'un des personnages, tous les protagonistes s'expriment trop bien, de façon trop similaire, de manière trop lisse.

Cela résume assez bien mon sentiment, une fois ce roman achevé, concernant le style : beaucoup trop lisse.
Concernant l'histoire en elle-même, je n'ai pas été convaincu par sa résolution. Je la trouve trop vite expédiée.

Au final, une lecture pas désagréable mais un poil décevante.

Lu parce qu'attiré par la couv, puis par les premiers mots du résumé.
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Premier roman lu de la récente collection La Grenade des éditions JC Lattes. Une belle surprise avec une histoire originale et surprenante. Celle de Paul, un avocat qui voulant impressionner sa fille Rose se rend dans un salon pour se faire tatouer. Il se retrouve avec sur le dos une madone funèbre. Et ce dessin n'est absolument pas ce qu'il avait demandé. Branle bas de combat, Olof le tatoueur a disparu mais surtout il se trouve que le portrait tatoué n'est autre que celui d'une jeune femme, Judith, disparue en Argentine. Pourquoi donc un tatoueur norvégien irait tatouer le visage d'une disparue franco-Argentine dans le dos d'un avocat parisien ? Paul va mener l'enquête à sa manière avec Catherine la mère de Judith. le lecteur est aussi mis dans la confidence puisque nous lisons des extraits du journal de Judith qu'elle a écrit pour son frère, Gustave. Nicolas Defoe emprunte l'histoire Argentine, celle de sa dictature, de sa révolution et de ses traditions pour peindre le portrait d'une jeune femme entre deux origines. Un premier roman ambitieux et atypique qui attise la curiosité. Une construction romanesque basée sur un échange constant entre chaque personnage qui permet de remonter le fil avec rythme.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
J’ai appris par les tatoueurs du salon que le dessin était typique des maquillages de la Santa Muerte, « figure de culte d’un mouvement religieux mexicain », selon Wikipédia. « La Santa Muerte est adorée ou vénérée surtout par les personnes qui mettent quotidiennement leur vie en danger, mais les citadins l’invoquent aussi pour la protection et la récupération de la santé, d’articles volés, ou encore des membres séquestrés de la famille. » Le culte était d’origine mexicaine et se pratiquait aussi en Uruguay. C’était un tatouage classique, voire banal, assez répandu aux Etats-Unis. Selon tous les avis, le mien révélait une technique parfaite et une réalisation impeccable.

D’après les ouvrages illustrés sur le sujet, il y avait en réalité deux grandes références: la Sainte Mort, parfois appelée Dona Sebastiana, figure cryptoreligieuse, et la Cavalera Catrina – cavalera signifiait Tête de mort -, une création du caricaturiste mexicain José Guadalupe Posada, en 1912, pour se moquer des femmes élégantes et parvenues de l’époque. Calavera ou Santa Muerte, les visages des femmes maquillées pour la fête des Morts ressemblaient au mien, mais aucun n’était aussi beau.

Ma fille, à qui on avait promis une surprise pour son retour de Berlin, a eu une réaction plutôt inattendue. La main devant la bouche, le regard éberlué, Rose a été prise d’un fou rire.
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Il fallait que « ces gens payent pour tout le Mal », elle disait en pleurant parfois. Pour tout le Mal. Papa écoutait en silence le plus souvent, c’est tout, c’est Maman et Luz qui parlaient. Mais une fois, il a dit qu’il était bien d’accord avec Luz et qu’il allait en parler au nouveau procureur, je m’en souviens parce que je me suis dit que, ah, si Papa était d’accord, alors moi aussi. Moi, je ne comprenais pas trop ce que tout ça voulait dire mais j’aimais bien l’idée générale : il fallait que quelqu’un « paie ». C’était simple, carré. Et ça tombait bien, on avait des candidates.
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Nous avons mis les deux images côte à côte, la contemplant sous plusieurs angles et différents éclairages, puis directement en regard du tatouage. Elle était un peu différente mais il n’y avait de contestation possible. Il s'agissait bel et bien de ma Calavera
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Lors d'une exposition, j'ai eu la tentation soudaine de me positionner dos aux oeuvres pour qu'elle puisse mieux voir. Devant l'absurdité de cette pensée, j'ai éclaté de rire, passant pour le coup, sans aucun doute, pour un fou.
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Cet enfant, ça a été la petite mort de la passion entre nous. Il ne me critiquait jamais, mais je voyais dans son regard le recours permanent à des réserves secrètes d'indulgence. (48)
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