Un ciel pour bombardiers

"Un ciel pour bombardiers" est un roman décrivant avec une pointe d'ironie les bombardements anglais sur la Ruhr lors de la Seconde Guerre mondiale.
Nous suivons alternativement le destin de trois individus ou groupes d'individus au cours d'une seule journée (le 31 juin 1943 !!!).
Il y a d'abord les membres des équipages des bombardiers Lancaster anglais dont fait partie Sam Lambert. Ce jeune pilote est révolté par le système de bombardements des centre-villes allemandes à l'aveugle. Il est surtout vidé, anéanti par tout ce qu'il a vu, enduré au cours de ses nombreuses missions.
Du côté allemand, le baron von Löwenherz est un pilote de chasseur de nuit Junkers Ju 88. Au sein de sa base, il doit gérer l'inimitié entre les nazis purs et durs et les autres membres de la Luftwaffe plus modérés qui ne se considèrent que comme de simples soldats se battant contre d'autres soldats et qui sont décidés à révéler les exactions médicales commises dans les camps de concentration.
Le troisième personnage principal du roman est Karl Bach, le commandant d'une station radar sur la côte hollandaise destinée à repérer les vagues de bombardiers anglais franchissant la mer du Nord et à guider sur elles les chasseurs de von Löwenherz. De plus, Karl Bach vit à Algarten, petite ville allemande à la frontière avec les Pays-Bas, avec son fils d'une dizaine d'années et la jeune gouvernante dont il est tombé amoureux et qu'il désire épouser.

Les destinées de ces trois personnages vont se croiser lorsque l'escadrille de bombardiers anglais, repérée par les radars de Karl Bach, va, par erreur, lâcher son chargement de bombes sur Algarten puis être prise en chasse par les Junkers de von Löwenherz...

Len Deighton décrit avec un (trop ?) grand luxe de détails même infimes la vie des pilotes et des "rampants" (tous les membres non volants comme les mécaniciens) sur les bases anglaises et allemandes. Il en fait de même lors de toutes les phases d'actions (combats aériens, dégâts au sol lors d'un bombardement) ne nous épargnant aucuns détails même les plus écoeurants et les plus sanglants.

Peut-être me trompe-je mais à la lecture j'ai eu l'impression que Len Deighton nous décrivait l'action, la vie de ses personnages comme s'il en était détaché. C'est ce que j'ai nommé en début de critique "avec une pointe d'ironie". Outre le fait que tout se passe un 31 juin (date qui n'existe pas), il m'a semblé qu'il prenait plaisir à inventer mille et une manières de décéder en temps de guerre. Il y a beaucoup, beaucoup de personnages (il est même difficile de toujours se souvenir de qui est qui avec l'alternance des chapitres sur les anglais et sur les allemands) et à la fin peu s'en sortiront indemnes physiquement ou psychologiquement. Et ce n'est pas parce que tel personnage est une femme ou un enfant qu'il ne va pas mourir bêtement ou sauvagement ou avec de grande souffrance.

Voilà, j'ai lu une dizaine de romans de Len Deighton et celui-ci est pour moi le meilleur pour l'instant. J'étais dubitatif avant sa lecture, me méfiant de ses romans hors de ses séries d'espionnage, parce que je me souvenais de "Seulement quand je ris" qui était quand même mauvais et grand-guignolesque. Et, à ma grande surprise, je me suis laissé prendre et intéresser même si l'entrée en matière a été plutôt difficile (trop de personnages d'un seul coup, trop de détails et une scène de discussion entre aviateurs qui m'a semblé peu réaliste).
Je le recommande pour les fans de Len Deighton ou de romans sur la seconde guerre mondiale.