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EAN : 9782897584948
432 pages
Guy Saint-Jean (11/09/2018)
3.75/5   20 notes
Résumé :
Une histoire d'amour, de deuils et de liberté au temps de la Grande Noirceur. Éblouissant! 1948. Lorsque Françoise, 17 ans, douée pour les études, se voit refuser la possibilité de suivre son cours classique pour accéder à l'université, elle se rebelle. Lasse d'une vie choisie par ses parents, elle succombe aux avances de Léopold Daumais, un intrigant célibataire de 35 ans. D'abord destinée à défier sa mère, cette relation se transforme pourtant en un amour passionn... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce fut un réel plaisir de me plonger dans l'univers de ces deux jeunes femmes. le contexte historique m'a complètement conquise. L'auteure a su faire ressortir ces éléments en lien avec son intrigue et a su adapter ses personnages aux réalités de l'époque. Pour un premier roman, je dois dire que l'auteure relève le défi!

Je ne peux pas dire qu'il y a énormément de rebondissements au cours de ce récit et je ne crois pas que ce soit ce à quoi doit s'attendre le lecteur. Certains éléments étaient prévisibles, mais à aucun moment cela n'a diminué mon plaisir. le genre littéraire et la plume de l'auteure nous charment plutôt par le sujet et la façon dont elle l'amène. Ce sont également les personnages qui nous accrochent, et ce, malgré leurs défauts et leurs faiblesses.

Françoise est une jeune femme un peu naïve et qui laisse les autres décider pour elle. J'aurais bien aimé lui donner un peu de courage et de détermination, elle aurait pu ainsi s'éviter de souffrir autant. Il lui aura fallu une série d'épreuves avant de devenir une femme et de prendre sa vie en main. Quant à Thérèse, il est intéressant de la voir se métamorphoser. Se cache en elle, une femme de coeur et qui n'hésite pas à venir en aide à Françoise.

J'ai particulièrement apprécié tous les petits éléments historiques que l'auteure nous présente face aux femmes de l'époque. Les rencontres dans les salons, les manifestations et les congrès afin que les femmes soient écoutées et prises en considération. le contexte n'était pas facile, mais c'est grâce à ces femmes si aujourd'hui, nous pouvons sortir de nos cuisines et revendiquer nos droits! Un récit historique qui nous aide à comprendre d'où nous venons en tant que femmes.

Lien : http://alapagedesuzie.blogsp..
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j'ai écouté ce roman qui m'a été offert dans mon abonnement. Je m'attendais un peu à trouver un roman niais, comme ça avait déjà été le cas dans les "offerts" d'Audible.
Et quelle surprise ! ce roman est une belle découverte. Ils nous fait traverser deux ans de la vie d'une jeune fille de 16 ans à la fin des années 40. le pitch peut sembler simple et un peu à l'eau de rose mais nous sommes loin de tout ça.
Derrière ce destin de femme se cache un roman profondément humain et féministe. Les femmes ont en effet un rôle central et elles couvrent plusieurs générations : grand-mère, tante, mère, jeunes ou moins jeunes, elles nous parlent de leurs désirs d'émancipation et des contraintes sociétales de l'époque.
j'ai beaucoup aimé la douceur et la tendresse avec lesquelles l'autrice aborde ses personnages. Y compris les personnages masculins qui, dans un sens, sont tout aussi coincés dans ce carcan. Si la vie peut paraître plus facile pour eux, elle ne les épargne pas non plus. Je pense ici à l'oncle Gabriel mais également au frère, père et amants...
J'ai pris beaucoup de plaisir à écouter ce roman extrêmement bien mis en scène par la lectrice qui n'est autre que l'autrice elle-même.
Je ne peux donc que vous recommander de foncer sur ce roman, en particulier si vous avez un abonnement Audible car le charme de l'accent québécois ne peut pas vous laisser de marbre.
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
09 janvier 2019
Émouvant, réaliste, le livre fait revivre ces années où les traditions se sont heurtées à la modernité, et où bien des femmes se sont senties à l’étroit dans le moule qu’on leur soumettait.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
D’un pas mesuré, Françoise monte l’escalier menant à sa chambre. La décision de ses parents vient de tomber. Dans son dos, elle sent leur désolation peser sur elle: Armand, les épaules voûtées, Victoria, les mains nouées. Passé le choc initial, l’étonnement, la stupeur, elle voudrait se retourner et leur dire qu’elle comprend, mais une bille coincée dans sa gorge l’en empêche. Dans sa chambre, elle défait sa valise. Posément, pour maîtriser le tremblement de ses mains, elle fait un tas des vêtements à laver, une pile de ceux qui sont propres. Cela lui demande peu d’effort, pourtant elle est en sueur. Elle ouvre la fenêtre; la brise fait voleter les pages de son journal intime qui s’ouvre sur la dernière entrée: Congrès JEC, Montréal. Le noyau dur dans sa gorge enfle.

Une heure plus tôt, Françoise est rentrée de sa fin de semaine, excitée et heureuse. Après avoir fait ses au revoir à Marthe, non sans regret, et sur la promesse de donner rapidement des nouvelles, elle a repris le chemin du retour en compagnie de Claire, dans la voiture du médecin. Pendant tout le trajet, les deux amies ont échangé leurs impressions, rappelant certaines allocutions, certains moments forts qui les ont enthousiasmées, incapables, leur a-t-il semblé, de redescendre sur le plancher des vaches. À peine le pied posé dans la maison, Françoise s’est précipitée à la cuisine. Sans prendre le temps d’enlever son manteau, elle s’est lancée dans un monologue étourdissant devant ses parents, bouche bée. «Je veux m’instruire, y a encore tellement de choses que je sais pas!» Si ceux-ci y consentaient, elle voudrait faire son cours classique plutôt que terminer ses études à l’École normale. La sœur directrice le lui a d’ailleurs proposé un mois plus tôt, ne s’en souviennent-ils pas? Ils n’en ont jamais reparlé, pourraient-ils remettre le sujet sur le tapis? Ses parents, peu habitués à voir leur fille s’échauffer de la sorte, n’ont rien répondu. Françoise a donc poursuivi son plaidoyer.

Cette fin de semaine passée en réflexions l’a éclairée. Et elle y a fait la connaissance d’une jeune fille très intéressante, Marthe, qui veut étudier le droit, les lois, pourquoi pas? Faire régner la justice, ça a un sens, non? Son père aime à répéter que les lois sont faites pour arranger ceux qui n’en ont pas besoin, peut-être pourrait-elle faire bouger les choses? C’est devenu clair comme de l’eau de roche: elle veut faire son cours classique et fréquenter l’université, Claire le ferait bien, elle! Puis, elle a clos son argumentation – il faut bien qu’elle s’habitue si elle veut devenir avocate – en soulignant que c’est elle, la studieuse de la famille, et non Germain, son frère, alléché par l’odeur de l’argent comme un requin par l’odeur du sang, et qu’un métier de vendeur en ville attire bien plus qu’une profession libérale, «c’est lui-même qui le dit»!

Françoise leur a débité tout ça d’un souffle, certaine du bien-fondé de ses aspirations qui ont gonflé en quarante-huit heures comme le bon pain à la chaleur. La surprise passée, ses parents ont d’abord paru bien disposés. Bien sûr, ils comprennent. Non, ils ne sont pas surpris, ils savent son potentiel. Sa mère, surtout, vante partout les succès scolaires de sa fille telle une parure scintillante dont l’éclat rejaillirait sur elle. «A retient toute, une vraie invention!» C’est pourtant Victoria qui a fini par l’interrompre d’une voix nette, faisant exploser son avenir à peine ébauché: «Françoise, t’es fille de cultivateur, je sais pas c’que t’es allée t’imaginer. On t’a laissée aller à l’École normale pour que tu te contentes, c’est pas rien! Mais… l’université? Avocate! On n’a pas les moyens, ma pauvre p’tite fille. Avec ton frère au cours commercial… Sans compter qu’à 17 ans, le mariage est pas loin. Non. Ce serait de l’argent gaspillé.»
De l’argent gaspillé… Françoise est incapable de rattacher ces paroles à toutes celles qu’elle a entendues ces deux derniers jours. Elle n’arrive tout simplement pas à rapprocher les deux univers. Deux coups frappés à la porte de sa chambre la font sursauter, la ramenant à la réalité. Son frère a dû entendre des bribes de discussion et vient aux nouvelles. Elle tente de raffermir sa voix, de se composer un visage. Si elle se laisse aller maintenant, elle va s’effondrer.

— Entre.

La porte s’ouvre sur le grand jeune homme maigre.

— Pis?

Françoise hausse les épaules, fait signe que non, la bouche tordue comme si elle venait de mordre dans un quartier de citron. Germain tend vers elle une main compatissante, mais la jeune fille se détourne. Il ne peut pas la consoler. Après tout, c’est lui, le fils aîné, qui poursuivra ses études. Pas elle, la fille de la maison tout juste bonne à marier.
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Dans ce moment fragile, accrochée entre toute ce qui a été et tout ce qui sera, Françoise retrouve néanmoins un peu de son équilibre, voyant l'avenir se teinter de nuances plus claires, ce qu'elle n'espérait plus. La foi couve de nouveau, comme si là où elle ne voyait plus que cendres, il y avait toujours eu des flammes.
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De l’aube au couchant, le père et la fille travaillent aux champs. Dérocher, creuser, retourner la terre. Les deux hommes de main accueillent la fille de leur employeur sans émoi apparent. Les premiers jours, Françoise s’écroule sur son lit comme une bête abrutie de fatigue. Tout son corps lui fait mal. Puis elle apprend à manier les outils, à ménager ses forces et à n’entreprendre que les travaux qu’elle se sent l’énergie de terminer le jour même. Elle se concentre sur ses tâches plutôt que de s’y jeter avec la fureur des premiers jours, répète les mêmes gestes et adopte le silence comme compagnon. À midi, elle s’arrête pour manger en compagnie des autres, s’assied près de son père sur les marches du tracteur et boit l’eau à même sa gourde. Puis, elle replonge ses mains dans la terre noire. «Quand on travaille, on pense pas.»
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À la veille de reprendre ses cours, la question se pose: y retournera-t-elle à l’École normale, sachant que c’est en vain? L’odeur des livres, le grattement de sa plume sur le papier, le frottement de ses semelles sur les planchers astiqués, l’heure d’étude dans le silence de la bibliothèque ou dans le salon paisible de sa grand-tante… Ce qu’elle chérissait tant hier lui apparaît bien terne aujourd’hui, affadi par le mirage du cours classique, qu’on a placé à sa portée avant de le lui retirer. Gardant la main de sa grand-mère dans la sienne, Françoise ferme les yeux. Sous ses paupières closes, des pleurs silencieux se forment et débordent, pendant que la Terre continue sa course folle autour du soleil et que des étoiles mortes s’effondrent sur elle-même au fond de l’espace infini.
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Parler à Thérèse, voilà qui la requinquera! Un peu de soleil dans ces moments difficiles qu’elle traverse sera plus que bienvenu. Vive, délurée, audacieuse, la flamboyante rousse de deux ans son aînée est aussi différente d’elle qu’on peut l’être. Pourtant, les deux cousines s’adorent depuis l’enfance, peut-être à cause de leurs différences, justement, qui font qu’elles se complètent. Même si elles ne se voient qu’occasionnellement, jamais assez à leur goût, elles entretiennent une grande complicité.
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