Tombé par hasard sur ce titre chez un bouquiniste hier, lu rapidement (à peine 150 pages, petit format), et simplement parce qu'il s'agit du même auteur qu'un roman («
Gueules d'ombre ») que j'ai lu et apprécié. Ce livre est plus un récit poétique qu'un roman à part entière. J'ai été assez surpris par son style, qui est assez éloigné de «
Gueules d'ombre » (mais vingt ans séparent la parution des deux livres, c'est donc peut-être aussi normal que l'auteur ait changé de style), plus poétique, plus démonstratif aussi en un sens. L'histoire est assez succincte, autour d'un homme enfermé dans son petit train-train et qui paraît ne pas pouvoir en sortir. Il n'y a que dans le monde d'un bus de ville qu'il emprunte tous les jours pour aller de chez lui à son travail que les choses se mettent à changer petit à petit pour lui, comme si à force de rêver ce qu'il voit autour de lui, de modifier son espace environnant, il parvenait à se projeter dans une forme d'univers parallèle. Seulement voilà, le monde réel va finir par le rattraper, et cette vie fantasmée va éclater. On sent chez l'auteur l'envie de créer un récit particulier, qui est à la fois lié à l'invention (les personnages portent des noms de fruits, ils sont métamorphosés progressivement par le regard de l'homme dans le bus) et à la folie (ce qui au départ paraît être un comportement sympathique, anodin, dérive vite vers un décalage avec la vie réelle). C'est plutôt bien construit, plutôt agréable à lire, même si ce n'est pas bouleversant non plus. Dans tous les cas, c'est intéressant de voir ce qu'a écrit en premier l'auteur de «
Gueules d'ombre », parce que même si les deux livres sont très éloignés, on retrouve quelque chose, une certaine touche d'écriture en quelques sorte, déjà présente dans «
la Ligne 97 » (par exemple la façon de vouloir donner des identités imaginaires à des personnages qui fait écho avec les noms et prénoms étranges employés dans le roman). Ce titre n'a pas la même force que le roman mais à découvrir à l'occasion pour celles et ceux qui aiment les univers imaginaires qui viennent percuter le quotidien.