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sur 231 notes
En 2009, Patrick Deville part au Cambodge pour assister au procés de Douch, un des responsables du régime Khmer rouge. Il va parcourir la péninsule du Sud Est asiatique, de Phnom Penh à Angkor, du Laos au Vietnam, sur les traces des explorateurs français Henri Mouhot, Pierre Loti, André Malraux, ...
A travers le récit de son voyage, l'auteur donne un point de vue sensible sur l'histoire mouvementée et sanglante de cette région, qui a été à la fois un eldorado et un enfer pour les colons européens. Une lecture un poil exigeante mais une façon passionnante et poétique de raconter L Histoire, quand bien même tragique.
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Un livre que j'ai senti brillant mais auquel je n'ai pas compris un traitre mot n'étant pas une spécialiste de la géopolitique cambodgienne. Intéressant mais demande une solide culture pour se dévoiler.
Lien : http://madimado.com/2011/11/..
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Entre reportage, histoire et journal intime, Kampuchéa est une clairvoyante et passionnante synthèse de l'histoire de l'Indochine française et de ses "héros" visionnaires ou mythomanes mise en parallèle avec les années 0 des khmers rouges jusqu'à leur chute.
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Fascinant voyage au Cambodge, et autour de lui, du XIXème siècle au temps présent.

Publié en 2011, le neuvième ouvrage de Patrick Deville se sortait plutôt brillamment de l'un des grands défis auxquels est confronté le roman dit (souvent abusivement) "d'écrivain voyageur" : proposer un contenu qui ne soit pas uniquement fulgurance anecdotique, et disposer d'un fil conducteur qui permettre d'irriguer la géographie visée en en traversant les époques sans (trop) d'artifice.

Pour nous inviter à parcourir à ses côtés Cambodge, Laos, et dans une moindre mesure, Vietnam, l'auteur a su habilement utiliser le procès international à grand spectacle alors en cours à Pnomh Penh, celui des Khmers Rouges, donnant ainsi immédiatement au propos à la fois épaisseur et tragique, et a choisi intelligemment de structurer le voyage autour du Mékong, seul véritable axe de circulation de la région, et formidable frontière naturelle qui, chamboulée par le heurt des colonialismes français et anglais à la fin du XIXème siècle, ne put finalement jamais jouer ce rôle...

On apprécie donc dans le périple le style sec et toujours subtilement ironique, parfois à la limite du décharné et du moqueur, adopté par Patrick Deville, ses sauts référentiels qui savent ici rester discrets et pertinents (y compris ses fétiches personnels, Savorgnan de Brazza - sujet de son précédent opus, "Equatoria" - et Arthur Rimbaud), et sa froide sagesse dans l'appréciation d'événements historiques parfois singulièrement embrouillés.

Aux côtés de Pierre Loti et d'André Malraux, bien sûr, mais aussi des explorateurs / militaires / aventuriers Doudart de Lagrée et Francis Garnier, et surtout des innombrables personnalités politiques, souverains et dictateurs ayant précédé l'innommable, le régime honni des idéalistes jusqu'au boutistes Khmers Rouges, et leurs 3 ans et demi de pouvoir ayant tenté de démontrer jusqu'où pouvait aller la folie politique, aux côtés de leurs rares dénonciateurs précoces comme de leurs soutiens bien peu éclairés (surtout rétrospectivement, toutefois - ce que ne manque pas de noter l'auteur avec sa sombre malice...), ou encore de ceux qui choisirent, las de 20 ans de guerres indochinoises et encore prisonniers de leur grille de lecture "Spéciale Guerre Froide" (e.g. "mieux vaut des illuminés pro-chinois que de redoutables expansionnistes vietnamiens pro-soviétiques"), de détourner quelque peu le regard durant ces trois années de malheur...

Suffisamment étonnante, brillamment cultivée, toujours efficace, une belle réussite dans ce genre parfois risqué...

"Ponchaud [NDC : le missionnaire catholique présent à l'époque au Cambodge qui fut le tout premier à dénoncer la folie des Khmers Rouges, ici interviewé en 2010] lève les bras au ciel. Les luttes sont sociales et environnementales. C'est le désastre naturel et l'impossibilité de toute contestation. "Que restera-t-il du Cambodge dans dix ans ? Les autorités cambodgiennes ont vendu toutes les forêts, ont bradé des concessions énormes aux étrangers. Les Cambodgiens sont dépossédés de leurs propres terres, avec le cortège de spoliations, d'expulsions. Les affres du présent comptent bien plus pour les Khmers que les tragédies d'il y a trente ans." Toute dénonciation des injustices est impossible à cause du passé khmer rouge. Devant la moindre revendication d'équité, on brandit la menace du retour au communisme. "On peut dénoncer les massacres et exactions en tous genres des Khmers rouges, mais à part Ieng Sary, aucun d'entre eux ne s'est enrichi, ni n'a placé un magot à l'étranger. C'étaient des nationalistes intransigeants et utopiques. On ne peut en dire autant des dirigeants actuels, qui dépècent le pays à leur propre profit." Ces dirigeants sont en majeure partie d'anciens cadres khmers rouges ayant appliqué les préceptes de l'Angkar. Ponchaud soutient l'idée de Sihanouk : il faut en finir, incinérer les ossements des deux musées, organiser une cérémonie bouddhiste. La gestion du charnier de Choeung Ek est aujourd'hui sous-traitée à une société japonaise qui vend des billets pour la visite. Ponchaud semble se dire qu'il faudrait ici une bonne révolution."
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Récit de voyage.
Le centre de gravité se trouve à Phnom Penh, à propos du procès de Douch, le tortionnaire du trop célèbre S-21- justifiant le titre de l'ouvrage. L'auteur promène le lecteur dans tout le sud Est Asiatique, de Bangkok à Hanoï et Saïgon,en passant par Vientiane.
Deville, avec son style incisif, ses chapitres courts a construit une sorte de puzzle, dans le temps comme dans l'espace.
D'un récit à l'autre nous rencontrons Mouhot, le découvreur d'Angkor, ou les chemises rouges thaïes de 2011, Graham Green et Malraux et les explorateurs du Mékong, Pavie, Garnier et Lagrée qui poussèrent le voyage jusqu'au Yunnan, de loin on croise Conrad ou Stanley et Brazza. Mais aussi Ho Chi Minh pet Sihanouk. Brèves rencontres.
Dans le temps, coquetterie d'auteur? Deville invente l'ère Mouhot, gymnastique du lecteur! Flashbacks, chronologie bousculée. Il faut être en alerte pour tout rétablir!
A lire comme un jeu de piste - il est préférable d'avoir déjà voyagé sur les lieux pour profiter pleinement de l'atmosphère des lieux, peu d'indices pour que le néophyte s'y retrouve.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Confus!!! Je ne dirai pas comme R. Jauffret dans le monde des livres du 6 janvier 2012 que c'est le livre qui m'a fait rater une station! Il manque au minimum une chronologie et une carte dans le livre... et je l'ai donc lu avec ce qu'il fallait en complément à portée de la main (donc pas dans le bus ou le métro!), sinon, impossible de s'y retrouver dans ce récit qui saute sans arrêt d'une époque et d'un lieu à l'autre. La double chronologie, la nôtre et celle en années avant ou après Henri Mouhot (en fait avant ou après la découverte d'Angkor) n'aide pas non plus à se fixer dans ce récit qui "zappe" sans arrêt. Insupportable... autant que les scènes de massacres des Khmers rouges et la destruction systématique du "monde d'avant", y compris celle de tous ceux qui résistent, celle des livres aussi. Alors certes, un récit érudit, où l'on croise au fil des pages Conrad, Graham Greene, Pierre Loti, André Malraux ou Joseph Kessel, mais difficile à suivre dans son désordre et sa confusion.
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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Ce fut pour moi une lecture assez déroutante car premièrement il ne s'agit pas d'un roman avec des personnages, un scénario et un cheminement sur un temps donné.
En effet, l'auteur nous propose un récit de voyage dont il a posé un cadre temporel compris entre l'ouverture du procès des Khmères, et la révolte des chemises rouges en Thaïlande. Ce récit est en fait une série d'impressions posées ici où là sur l'histoire et le présent non pas d'un pays, le Kampuchéa démocratique (ancien Cambodge) mais de sa région au sens large. le fait de mélanger les choses, m'a un peu "dérangée" parce que j'aime savoir où je suis, avec qui je suis, et à quel moment je suis.
Deuxièmement, et c'est peut-être là le plus important, j'ai trouvé cette lecture déroutante, car au fond elle est vite devenue ennuyeuse car très sèche. Autrement dit, pour moi cela manquait d'images, de documentations. L'écriture, bien que de bonne qualité, ne m'a pas donné la possibilité de m'évader, et, encore moins de visualiser, mentalement ce que l'auteur a écrit.
J'ai donc vite assez vite "décroché".
Les références historiques, et littéraires sont assez fournies, cependant tout cela manquait cruellement de vie.
Ce récit peut également dérouter celui ou celle qui n'a pas un minimum de connaissance de la région et de son histoire. le hasard a voulu que durant cette période je lise d'autres ouvrages sur le Cambodge ; je savais donc ce qu'il en était. Mais pour les autres lecteurs…..
Au fond, une fois la lecture terminée, je me demande pourquoi ce livre, dans quel but, quel message et legs pour le lecteur ? Si ce n'est de l'ennui, et l'envie puissante de passer à autre chose, et vite.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Autour de notre voyage au Cambodge, on avait lu il y a peu la biographie romancée de Henri Mouhot, premier re-découvreur occidental des temples d'Angkor, élégamment racontée par Maxence Fermine dans un style qui nous évoquait celui du Patrick Deville de Peste et Choléra.
De quoi nous motiver pour relire le Kampuchéa de ce Patrick Deville dont une première lecture nous avait laissé un peu perplexe.
Cette relecture en plein périple cambodgien s'est avérée la bonne : il faut en effet une bonne connaissance de l'histoire de l'Indochine en général et du Cambodge en particulier pour apprécier ce bouquin foisonnant comme l'est la géopolitique complexe de la région.
En 2009, Patrick Deville est sur place à Phnom Penh pour 'couvrir' le procès des Khmers Rouges.
L'occasion pour lui de parcourir la région, non seulement le Cambodge mais également le Laos où mourut Henri Mouhot, et de rendre visite aux voisins encombrants que sont le Vietnam et la Thaïlande. Et l'occasion de parcourir à grandes enjambées l'histoire récente et tourmentée du pays que Pol Pot et ses Frères appelèrent pendant quelques années le Kampuchéa Démocratique.
Tout y passe : bien sûr la découverte d'Angkor par le chasseur de papillons(1), les voyages des autres pèlerins comme Pierre Loti, Graham Greene, André Malraux et d'autres encore, moins connus, le bourbier créé par les antagonismes des puissances coloniales, la lâcheté royale(2) dont surent si bien profiter ces mêmes puissances coloniales (et réciproquement), les guerres indochinoises, les invasions des voisins trop bienveillants et bien sûr les années noires des Khmers rouges.
Son portrait des Khmers rouges et de leur doctrine est d'ailleurs bigrement intéressant car réussissant à dépasser la diabolisation trop facile. L'auteur arrive à restituer toute l'ambiguïté de ces intégristes fanatiques mais purs qui surent profiter du bénéfice du doute au départ des américains et de notre trop bienveillante cécité occidentale, aveuglés que nous étions par leur charme 'rouge', on s'en souvient.
Patrick Deville, historien voyageur, excelle dans l'art de mélanger les époques et les régions, de tracer des perspectives inattendues et d'établir des rapprochements étonnants. Sautillant entre les événements, les lieux et les personnages, il esquisse des portraits souvent féroces, toujours intéressants.
Et pour peu que l'on dispose des connaissances de base sur la région et son histoire, son bouquin est passionnant : plus difficile et moins fluide que sa biographie d'Alexandre Yersin mais tout aussi enrichissant.
Patrick Deville fait feu de tout bois, y compris de ses propres précédents bouquins, un peu à la manière d'Emmanuel Carrère. Il adore également tirer des raccourcis géographiques ou historiques, au risque parfois de tracer des lignes droites par trop réductrices. Cela peut déranger certains mais nous on aime bien ces regards inattendus, ces perspectives originales, ces angles étonnants : l'auteur n'a pas de thèse à défendre et tout cela n'a pas d'autre prétention que de nous secouer un peu les neurones.
Ce livre est une excellente occasion de s'intéresser à ce petit pays qu'est le Kampuchéa, coincé entre la Thaïlande et le Vietnam qui l'envahirent périodiquement, un état qui semble n'avoir dû sa survie qu'aux apprentis géographes coloniaux, un royaume khmer autrefois rayonnant à qui l'on doit les temples d'Angkor, un pays pauvre et affaibli aujourd'hui, vendu aux compagnies étrangères(3) par des dirigeants corrompus : c'est désormais l'heure de la néo-colonisation pour les bienveillantes puissances amies qui s'étaient entre temps racheté une bonne conscience avec le procès des Khmers rouges.
La semaine dernière nous remontions sur diverses embarcations le Mékong écrasé de chaleur, de Saïgon vers Phnom Penh et Angkor : le soir, on se laissait bercer par la prose savante de Patrick Deville qui, quelques cinq ans plus tôt, remontait lui aussi le cours tranquille du fleuve et celui, plus tumultueux, de l'Histoire.

(1) - l'auteur démarre son Histoire du Cambodge en 1860, année de la découverte, l'année 0, l'année HM selon Deville, comme il y eut avant et après JC
(2) - Norodom Sihanouk est un animal politique stupéfiant : établi par l'administration coloniale française, il se fera plus tard porte-drapeau de l'indépendance et réussira même à survivre à Pol Pot !
(3) - on retrouve évidemment là-bas Total ou Vinci pour ne citer que des sociétés d'origine hexagonale
Pour celles et ceux qui aiment l'histoire-géo.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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Superbe roman de Patrick Deville sur le magnifique pays qu'est le Cambodge.
Les chapitres sont courts, les pages se tournent toutes seules tandis que l'auteur nous fait voyager dans le passé et le présent du Cambodge. Il nous fait découvrir une histoire à la fois riche et tragique alors que les khmers rouges sont jugés par un tribunal international.
On ne parvient pas à comprendre comment de telles horreurs ont pues se produire. L'auteur nous éclaire sur des aspects moins connus du pays et des personnes ayant eues des rôles importants mais qui ont été oubliées par L Histoire.
Seul défaut les allez retour entre le passé et le présent donne un caractère un peu décousu qui fatigue sur le fin mais autrement vraiment un excellent livre.
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Je suis allée au Cambodge en 2008 et j'en ai gardé un souvenir fort, notamment à Phnom Penh, de tout ce qui concernait les Khmers rouges. J'ai visité avec les larmes aux yeux le musée Tuol Sleng (S 21) où les Cambodgiens ont été torturés et où les photos d'identité de toutes ces victimes rendaient ce génocide très réel ainsi que les « Killing fields » les charniers…

C'est pour cela que j'avais acheté ce roman en 2012. Ce qui m'a plu dans « Kampuchéa » c'est tout ce qui concernait justement les Khmers rouges. En effet, le narrateur est à Phnom Penh au moment du procès des leaders des Khmers rouges et il revient à cette occasion sur la mise en place de ce régime de terreur et sur son développement dans le pays. Et j'ai trouvé cela passionnant ! J'ai été révolté et ça m'a rappelé ce que j'avais appris à l'époque de mon voyage.

Mais malheureusement, je n'ai pas lu le roman en entier (et même avant de l'abandonner au 2/3 du roman, j'avais lu certains passages en diagonale pour ne lire que les passages concernant les Khmers rouges.)

L'auteur m'a perdu en parlant de tout un tas de personnes liées à l'histoire du Cambodge et de la France et j'avoue qu'il m'a perdu (c'était sans doute intéressant mais j'ai eu du mal à passer d'une époque à l'autre et je n'ai pas eu envie de me forcer.

[Pour voir des extraits, venez sur mon blog]
Lien : http://ennalit.canalblog.com..
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