J'ai rencontré l'auteur pendant sa résidence à Neuvy-le-Roi (37).
Son livre témoigne de la chute de la culture africaine à l'arrivée de l'islam et des dollars américains. Perte culturelle, de repères, asservissement au pouvoir, mafia, corruption, drogues, prostitution, perversion...
Chacun doit adopter un prénom islamique, faire des prières, renier sa culture ancestrale, quitte à tuer ses congénères pour un bout de paradis. Les minarets se négocient à coup de gros billets $, plongeant le pays dans la corruption.
Un "héro", Mandiminko, professeur révolutionnaire, viendra en aide aux persécutés de ce nouveau régime et tissera un groupe révolutionnaire pour l'arrivée de l'enfant Djinn. le texte est clamé à la façon d'un conte ou de brèves de comptoir par son sous-fifre "Gens d'ici!".
Écriture dans son jus, avec tournures/ expressions locales. Une écriture parlée, contée qui nous immerge dans la culture du pays.
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- Le puits qu'on creuse aujourd'hui, c'est pour prévenir la soif de demain. Demain, il sera trop tard. Car celui qui meurt de soif n'a point de force pour creuser, me répondit le vieux diable en caressant sa barbe méphitique.
Et ce fut ainsi, poursuivait le vieux Mandiminko furibond, ce fut ainsi qu'on tomba sous le joug des marabouts safouroujahis bissimilahis omniscients et graves, sous le signé du maître de l'arbitraire. Et depuis, fils de vaincus, petits-fils et arrière-petit-fils de vaincus, les premiers devenus les derniers sarclent leur champs inféconds et secs en pestant contre ce monde devenu comme un pagne de femme coquine, jamais vraiment attaché, et à dessein, rien que pour embêter les hommes! (P.21)
Et gare à quiconque, désormais, lui réclamerait un sou, un seul kopeck en plus de la démocratie et du libéralisme dont il avait fait cadeau au peuple ! Cadeau et gratuit. (...)
...chaque citoyen de se prendre en charge et de foutre la paix à l'État !
(P.31)
En vérité, puisque la vérité est multiple au pays de la sagesse, c'est que le Président albinos noir invulnérable au fer et aux sortilèges des hommes voyait ce que nous, on ne voyait pas. Il voyait les bailleurs de foi se presser aux portiques du pays, avec plein de sac remplis de dollars américains. Les bailleurs de foi qui se riaient au nez des batteurs de foin:
(P.27)
Pourtant, c'était mon ami, le seul que je n'avais pas eu besoin d'acheter. Parce qu'il était beau dans sa candeur, magnifique dans sa naïveté. Sans doute l'un des derniers idéalistes d'un monde désormais sans idéaux ! (P.69)