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EAN : 9782383611455
288 pages
Globe (15/09/2022)
3.44/5   8 notes
Résumé :


Hymne à l’amour, ode au désir, chant de libération, Poème d’amour postcolonial dessine une nouvelle mythologie américaine. Dans ce labyrinthe poétique dont Natalie Diaz est le Minotaure, les terrains de basket se transforment en églises, les rivières échangent des lettres d’amour et les femmes débordent de miel. Une odyssée lyrique et charnelle, qui célèbre les corps meurtris par l’Amérique – corps de femmes, corps indigènes, corps queer et marginali... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Et quelques fois, j'essaye de lire de la poésie, m'égarant très loin de mon cercle de confort littéraire, comme avec ce Poème d'amour postcolonial de Natalie Diaz, traduit par Marguerite Capelle. Une aventure pas très dangereuse pour lecteur pas trop téméraire.

Et quelques fois, j'apprends des mots, beaucoup de mots. le livre en recèle à chaque page, moins défis pédants que découvertes et volonté d'utiliser toute la diversité et la richesse qu'offre la palette de la langue : argémones, topazion lux, feldspath, culebra, ichor, Hécatonchine, Centimane, lenape, tourmaline, icosaèdre, succube, circumambuler, sphéraclcée, labrys…

Et quelques fois, d'autres voix de l'Amérique m'interpellent, comme celle de cette Native Woman mojave, que le français ne sait traduire que par le réducteur Amérindienne. « Ils ne sont clairs que parce que nous sommes foncés. » La langue de Diaz est belle, colorée – prédominance rouge - mais cette beauté n'éclipse en rien la douleur du passé et la violence subie de ces minorités devenues des majorités violentées.

« Nous sommes américains, et nous représentons

moins de 1 pour cent

des Américains . Nous sommes plus doués pour

mourir

aux mains de la police que pour exister. »

Et quelques fois, je lis la rage, celle qui transforme le basket en revanche : « Et pour gagner, on a fait comme tous les Indiens avant nous face à leurs adversaires plus grands, plus blancs – on s'est changés en coyotes et en rivières, et on a couru plus vite que leurs baskets de compète, quadrillant le terrain, match après match. On s'est changés en éléments – on soufflait en rafales, on pleuvait des trombes d'eau, on illuminait le gymnase à chaque pas. »

Et quelques fois, je lis l'amour, celui du frère : « Il avait aussi le torse d'un Mojave – poitrine ample, épaules larges, longs bras et mains ballantes contre ses genoux, comme des frondes, disait ma mère, pour signifier : c'est un guerrier. » Ou celui de l'aimée, et des étreintes de son corps de miel, où fusionnent bouches, hanches et cuisses dans des étreintes passionnées.

« Moi aussi, je progresse vers l'endroit où

sans cesse je retourne -

Elle »

Et quelques fois, j'entends le cri : « Je porte en moi une rivière. C'est ce que je suis : ‘Aha Makav ; Ça n'est pas une métaphore. Quand les Mopjaves disent : Inyech ‘Aha Makavch ithuum, nous disons notre nom. Nous racontons une histoire de notre existence. Et au milieu de mon corps coule une rivière. »

Et quelques fois, j'apprécie la poésie que je lis, même si je ne suis pas sûr de totalement la comprendre. Cette présentation bilingue qui permet des allers et retours d'une langue à l'autre ; cette mise en page plurielle, souvent déconstruite, qui interpelle et donne à chaque mot son importance ; ce prix Pulitzer qui donne une dimension stressante à certaines de mes incompréhensions. Beaucoup m'aura probablement échappé. Pas grave, c'est beau…

« Prends mon corps et fais de lui –

une Nation, une confession.

Grâce à toi-même moi je peux être lavée. »
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Festival America, septembre 2022. Dialogue entre @jiemde et moi-même.
"J'aimerais bien avoir un autre avis sur le Natalie Diaz, tu ne veux pas le lire ?" (Ça, c'est Jean-Marc qui doute quand il s'agit de poésie.)
"Ah mais si tu me l'offres, je le lis !" (Ça, c'est moi, et oui, je suis pénible.)
Quelques heures après, j'ai donc entre les mains Poème d'amour postcolonial et une promesse à tenir.

"Jacques Derrida says, Every text remains in mourning until it is translated".
Première belle surprise, c'est une édition bilingue. Et même si mon anglais est déplorable (je ne peux donc que saluer le travail de traduction de Marguerite Capelle), j'aime laisser mon regard glisser sur la version originale, essayer de capter les nuances, entendre les sonorités. La traduction est d'ailleurs au coeur d'un des poèmes (La première eau, c'est le corps). Il y est question de la langue mojave, de la place des peuples natifs dans cette société qui noie tout. Natalie Diaz porte la voix de ceux qui ont été mis en marge et que l'histoire efface.

"I am begging : Let me be lonely but not invisible."
Mojave elle-même, l'autrice cherche de poème en poème à redonner une place dans l'histoire et encore plus dans la société à son peuple, et à toutes les premières nations. Elle dénonce les violences policières, les stigmatisations nombreuses. Et redonne corps. Les textes sur le basket sont à la fois éminemment poétiques et politiques.

"More than all that are your hips. They are a city. They are Kingdom."
Plus que tout, Natalie Diaz parle d'amour. de la femme aimée, de son corps, d'un désir puissant, constant, qui vient lui aussi tout noyer. D'être une femme lesbienne aussi. D'être alors doublement marginalisée.

"There are wildflowers in my desert which take up to twenty years to bloom." Ce Poème d'amour postcolonial est un livre vers lequel je ne serai pas allée seule. J'ai aimé de nombreux textes, d'autres moins. C'est la force d'un recueil qui mêle les formes et les sujets. Sa manière de parler d'amour et de désir me touche plus que ses textes plus revendicatifs. Je regarderai avec attention la suite de son oeuvre.

"You cannot drink poetry."
Et pourtant, elle nous abreuve.


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En une série de poèmes parfois limpides, d'une grande force rythmique et poétique, parfois obscurs, peut-être trop abstraits pour moi, Natalie Diaz, en s'inspirant de sa propre expérience d'amérindienne lesbienne, ancienne joueuse de basket, narre les discriminations, raciales, genrées, sociales… qui gangrènent les États-Unis, tout en redonnant place à sa culture mojave, des croyances au langage, à l'importance de la nature et du désir, des sensations que l'une, comme l'autre, transmettent au corps et au coeur dans tous les moments de l'existence.

Une découverte intéressante, mais qui m'a, malgré tout, parfois laissée sur le bord du chemin.
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Le festival America, qui ouvre demain à Vincennes, c'est l'occasion de découvrir des voix méconnues de la littérature américaine et pourquoi pas notamment lire de la poésie, et sortir un peu de notre confort littéraire.

Lauréate du prix Pulitzer 2021 de poésie, Natalie Diaz, qui est une des invitées du festival est une poète, militante, enseignante, et ancienne joueuse de basket. Mojave, elle est membre de la communauté de Gila River et professeure de poésie moderne et contemporaine à l'université d'État de l'Arizona.

Voix incontournable du paysage poétique contemporain, héritière de Joy Harjo et Louise Erdrich, Natalie Diaz s'élève contre la disparition des peuples mojaves natifs et leur relégation aux marges de l'Histoire


« Poème d'amour postcolonial » est son deuxième recueil après « Quand mon frère était un Aztèque ».

« Il avait aussi le torse d'un Mojave – poitrine ample, épaules larges, longs bras et mains ballantes contre ses genoux, comme des frondes, disait ma mère, pour signifier : c'est un guerrier. "

Une odyssée lyrique et charnelle, qui célèbre les corps meurtris par l'Amérique – corps de femmes, corps indigènes, corps queer et marginalisés – et fait jaillir la lumière.. Poème d'amour postcolonial, son deuxième recueil, a reçu le prix Pulitzer 2021 de poésie.

« Poème d'amour postcolonial », son deuxième recueil, a reçu le prix Pulitzer 2021 de poésie.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Superbe. J'ai lu la version bilingue (et heureusement, parce que par moments la vocabulaire de la poétesse était très surprenant pour moi) et j'ai été très touchée par la sensualité et la force de ses images. Certains poèmes durs, concernant son frère, et forts (le rapport à la nature, et à l'eau en particulier) m'ont particulièrement marquée.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Souvenez-vous-en, tes amis et toi.
Ils ne sont clairs que parce que nous sommes foncés.
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Videos de Natalie Diaz (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Natalie Diaz
« Les Enfants endormis », d'@anthonypasseron
« Riambel », de @priyahein Traduit de l'anglais (île Maurice) par l'autrice et Haddiyyah Tegally
« Pourquoi tu revenais tous les étés ? », de @belenlopezpeiro Traduit de l'espagnol (Argentine) par Lise Belperron
« Poème d'amour postcolonial », de Natalie Diaz @ndinn Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marguerite Capelle
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