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4,11

sur 3006 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Blade Runner est de ces romans qui vous laissent perplexe après avoir achevé la lecture, avec la conviction que l'on n'a pas terminé d'y penser, encore et encore...
Rick Deckard est donc dans ce roman principalement défini par sa tâche, métier qu'il effectue par passion, au point de ne pas avoir voulu émigrer sur Mars, par exemple, même si l'Etat lui avait fourni gratuitement un androïde pour ce faire. Les androïdes, il les "réforme", c'est-à-dire platement qu'il les tue, lorsqu'ils entrent illégalement sur Terre. Nous sommes sur Terre dans un monde situé temporellement dans les années 2000 (sachant que le roman a été publié en 1968), un monde totalement démoli par les guerres et l'usage de l'arme atomique. Les humains qui n'ont pas encore émigré sont, pour quelques-uns, "normaux", pour d'autres "spéciaux" (en-dessous du niveau intellectuel requis), jugés trop abîmés par les radiations et la "poussière". Tous vivent ou survivent dans des immeubles désespérément vides, parfois totalement décatis, les meubles et objets inutiles s'accumulant et tombant eux-mêmes en poussière.

On ne sait pas réellement pourquoi les androïdes sont jugés si dangereux et hors-la-loi, sinon lorsqu'ils se révoltent et tuent des humains pour espérer échapper à la servitude et vivre une vie normale. Ils sont de toute façon considérés comme des sous-hommes, inférieurs même aux animaux, qui du reste ont pour l'essentiel disparu et sont jugés infiniment précieux. Les clins d'oeil à l'éthique des robots selon Isaac Asimov ne manquent pas (une des fondations fabriquant les robots est nommée Asimov). Les ennuis de Rick Deckard commencent lorsqu'une nouvelle gamme de robot, les Nexus-6, dont le cerveau approche encore plus celui des humains, a vu le jour et fait des siennes : huit androïdes se sont échappés de Mars pour se réfugier sur Terre. Rick en a la liste et doit tous les réformer.

L'ennui : ils sont si perfectionnés que seul le test Voigt-Kampff, qui décèle spécifiquement l'empathie, peut les identifier - oui, car on ne tue pas les robots directement, il existe toute une procédure pour les détecter formellement, en toute légalité. Or, la première fois qu'il effectue le test, Rick est trompé par une androïde présentée comme humaine, Rachel Rosen, de la fondation qui a créé les Nexus-6. Il accepte son aide pour retrouver les androïdes restants, et se sent rapidement attiré par la jeune femme. Ainsi, se rapprochant d'une androïde, il est gagné par le doute et commence à désespérer de tout.

Ce roman est si riche qu'il est difficile de tout mentionner : il reste pourtant la passion de Dick pour les animaux vivants, et non les ersatz électriques, passion qui jalonne solidement l'intrigue, se révélant parfois un point faible, parfois une récompense pour ses efforts. En filigrane, une réflexion sur la religion est menée, à travers le mercérisme, qui se pratique à l'aide d'une "boîte à empathie", permettant en quelque sorte de vivre le chemin de croix d'une figure christique au rabais, Mercer. Ayant lu auparavant le Maître du Haut-Château, je ne pense pas m'avancer trop en notant des thèmes récurrents : l'existence d'un homme essentiel qui pourrait détenir une vérité, ainsi qu'un "outil" qui sert à déchiffrer les rapports humains, que ce soit le Yi-King dans le Maître du Haut-Château, ou l'Argus des animaux dans Blade Runner.

C'est un livre que j'ai dévoré, et un coup de coeur, et de toute façon un pilier de la culture populaire, ne serait-ce que par le film de Ridley Scott (une des raisons pour lesquelles j'ai voulu lire Philip K. Dick est le fait que presque tous ses ouvrages aient été adaptés au cinéma).
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"Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" est une merveille et montre décidément la grande diversité du genre de la science-fiction, dans laquelle on trouve aussi bien des romans d'anticipation, tels que "1984", des romans jeunesse distrayants, tels que le premier tome des "Jeux de la Faim" ( le titre reste généralement en anglais, même dans les éditions traduites ) ou encore des contes philosophiques, tels que "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?"
C'est plutôt une manière de conte philosophique sur la nature humaine et la différence entre les humains et les robots, plus que jamais actuelle à l'heure où les appareils informatiques commencent à prendre une apparence de plus en plus humaine.
Et un texte d'une rare profondeur et d'une grande puissance.
L'écriture de K. Dick est efficace, simple et puissante de par sa simplicité.
Le texte est profond, pour les raisons dont j'ai parlé plus haut ; parce qu'il constitue une réflexion tout à fait intéressante et tout à fait pertinente sur la nature humaine.
L'histoire est admirable : l'intrigue bien trouvée, l'univers complexe, travaillé, finement élaboré, aucun détail n'étant laissé au hasard.
La fin, surtout, est merveilleuse ; c'est une fin superbe aux pérégrinations de Rick Deckard.
L'imagination de K. Dick est immense, mais il ne se laisse pas déborder par elle : chaque détail est à sa place, et aucun n'est de trop.
Ce roman a été fait d'une main d'orfèvre : chaque détail, chaque mot, chaque scène est précisément à sa place.
Et c'est ce que j'ai le plus aimé, ce qui fait l'étonnante cohérence d'un roman et ce qui permet à Philip K. Dick d'y mettre tant d'art, de nous faire progresser dans ce récit étonnant, jusqu'à la fin… Et quelle fin, je l'ai déjà dit !...
Un coup de coeur.
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Peu après avoir vu le film Blade Runner, j'ai eu la curiosité de chercher la nouvelle originelle de P. K. Dick. J'avais d'abord commencé à la lire en anglais, mais la science-fiction est toujours un genre délicat dans une langue étrangère … (en bref je ne comprenais rien à ce monde bizarre ..) Par exemple, impossible de comprendre ce qu'était un orgue à empathie : “Devant sa console à elle, il composa un 594 : soumission reconnaissante à la sagesse supérieure de l'époux dans tous les domaines.” ..

J'ai donc dû renoncer et me le suis procuré en français (et j'ai bien ri quand j'ai enfin compris les implications de l'orgue à empathie, et les exemples qu'il donne !) Et je me suis rapidement rendue compte qu'encore une fois, le film était très éloigné de l'oeuvre originale.

Certes le personnage est le même et il chasse des robots. Mais le réalisateur a élagué toute la partie réflexive sur l'empathie et sur le rapport aux animaux des derniers humains sur Terre : se procurer un animal vivant coûte une fortune (et c'est une preuve de réussite sociale), la plupart du temps, ils ne peuvent donc se payer que des imitations électriques, ce qu'il s'agit de cacher à son voisin. C'est la raison d'être du titre de la nouvelle, qui a été totalement modifiée pour le film, et raccourcie en “Blade Runner“.

C'est un roman assez complexe, comme tous ceux de P. K. Dick, et qui aborde des thèmes variés mais qui interrogent tous la notion de nature humaine, et de ce qui nous différencie d'un robot ou d'un animal. A mon avis, il appelle à une deuxième lecture pour appréhender les différentes subtilités qui le traversent.

Ce qui m'a frappé, c'est que c'est un monde extrêmement différent de celui qu'on connaît, doté de mécanismes radicalement modifiés. Et pourtant j'ai réussi à m'identifier au personnage, par ma capacité à comprendre cette question d'empathie et de relation aux animaux (qui symbolisent une quête de la vie, alors que tout le reste est mort sur Terre). Dans cette humanité égarée qui cherche un sens, dans la télévision, la boîte à empathie ou le mercerisme (une expérience collective où tous ceux qui sont accrochés à leur boîte à empathie vont vivre avec un personnage, Mercer, qui fait une sorte de chemin de croix.) A côté de ces humains, les androïdes, qui n'ont pas cette capacité ni ce besoin empathique, et son corollaire : la volonté de survivre. En effet, quand un robot est pris, il cesse de lutter. Alors que l'homme est incapable d'accepter son destin, refuse la mort, a peur. Ce dont un androïde n'est pas capable, par un pragmatisme à l'épreuve de toute faiblesse.

“Pour Rick Deckard, un robot humanoïde en fuite, un robot qui avait tué son maître, qui possédait une intelligence plus vaste que celle de bien des êtres humains, mais qui ne respectait pas les animaux et se trouvait dénué de la faculté empathique qui lui eût permis de se réjouir des succès et de pleurer les défaites d'une autre forme de vie que la sienne, pour Rick Deckard, un tel être était le parangon du tueur.”

Car “La faculté empathique ne pouvait appartenir qu'à un animal social. [..] de toute évidence, le robot humanoïde était un prédateur solitaire.”

Cependant, P.K. Dick refuse la facilité de laisser croire que les androïdes et les hommes sont si radicalement opposés, et il laisse planer le doute : à certains moments, les androïdes Nexus 6, les plus développés, montrent qu'ils ont peur de se faire capturer et mis hors service. La perfection de la création technologique tendrait-elle finalement vers de “l'imperfection” ?

Comme vous le voyez, il est difficile de rendre compte d'un tel roman. Mais contrairement à d'autres oeuvres, j'ai réussi à réfléchir sur ses thèmes sans dévoiler l'histoire … Vous pouvez donc réfléchir aussi sur tout ça, et vous précipiter sur le livre ! (évitez de voir le film avant, ça ne vous donnera pas envie …)
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Je dois être un des rares amateurs de SF à ne pas avoir vu le film Blade Runner. Quand on sait que le film Total Recall, lui aussi inspiré d'une nouvelle de K. Dick a été marquant dans mon enfance, on comprend encore moins comment j'ai pu passer à côté du phénomène Blade Runner. L'explication est pourtant simple comme souvent, l'année de sortire. 1982 pour Blade Runner, j'avais deux ans... 1990 pour Total Recall, onze ans.

Qu'à cela ne tienne cela me permet de découvrir Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? avec toute mon innocence retrouvée ! La nouvelle est suffisamment longue pour pouvoir être qualifiée de roman. Ici, même si l'intrigue est aguichante (des chasseurs de primes d'androïdes fugitifs, on a fait plus morne !), l'action se retrouve rapidement au second plan. L'auteur semble faire tout pour la rendre banale, ratée, le "héros" réussit quasiment tout ce qu'il entreprend.... en donnant pourtant l'impression de ne pas maîtriser grand chose.

C'est parce que Dick veut nous faire regarder ailleurs que dans les péripéties, il veut que l'on s'intéresse au symbole. Une humanité que la Guerre, la pollution nucléaire a contrainte à s'exiler ou à mourir à petit feu et qui du coup se retrouve confronté aux grandes questions philosophiques. La plupart des gens fuient tout en restant sur Terre (par l'intermédiaire de la télé, d'engins créateurs d'humeurs, d'animaux de compagnie de plus en plus rare... et donc indispensables, de religions nouvelles crées pour garantir la paix sociale). Certains "privilégiés" se retrouvent confrontés au questionnement philosophique : qu'est-ce qui fait l'homme et le différencie de la machine ? Quel but peut-on se donner dans un monde qui se détruit petit à petit ?

Dick est souvent présenté comme un paranoïaque dont l'état psychiatrique a envahi les écrits. Dans notre monde rempli de thèses conspirationnistes, il aurait pu passer pour Monsieur Tout le Monde. C'est surtout un génie visionnaire, qui décrit en 1968 nombre de choses qui, sans s'avérer totalement réalisées à l'identique, retranscrivent parfaitement l'état d'esprit d'un monde futur au bord du basculement et en plein questionnement. le monde qu'il décrit est terriblement angoissant et désespérant, d'autant plus qu'il semble maintenant pouvoir représenter un futur assez proche, où le péril écologique remplace les conséquences de la guerre nucléaire.

Les théories développées sur les choses qui envahissent petit à petit l'espace ou sur la société du spectacle télévisuelle tournant en boucle avec les mêmes animateurs et les mêmes invités qui n'ont même plus d'actualité culturelle en dehors de ces émissions... ca ne vous rappelle vraiment rien ?
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Quelques jours dans la vie d'un Blade runner, Rick Deckard, alors qu'il piste pour les réformer un groupe de huit androïdes équipés de la dernière technologie en matière de cerveaux : le Nexus 6.

On entre en douceur dans ce monde post apocalyptique recouvert de cendres nucléaires, où la plupart des survivants ont émigré vers Mars, avec comme incitation au départ un serviteur androïde. Et où les animaux ont presque disparu, et où le nec plus ultra est d'en avoir un.

Rick vit avec son épouse Iran, à moitié dépressive, et rêve de s'acheter un véritable animal, et ne plus donner le change avec son mouton électrique. Alors quand il apprend que son collègue, le meilleur blade runner de la ville, a été blessé en tentant de réformer un groupe d'androïdes équipés de Nexus 6, il saisit sa chance : les primes qu'il engrangera pour ceux-là lui premettront enfin de réaliser son rêve.

Mais avant toute chose, il faut vérifier chez les concepteurs du Nexus 6 si le test utilisé jusque là pour démasquer les andros est fiable aussi sur ces nouveaux modèles. Et c'est Rachel Rosen, la nièce elle-même de l'industriel, qui va passer le test. Et quand le test la déclare androïde, Rick est d'abord consterné par son manque de fiabilité, avant de comprendre qu'on a essayé de le berner, et de pouvoir effectivement partir en chasse.

Au cours de cette chasse, un retournement de situation imprévu va lui permettre de rencontrer Phil , un autre blade runner dont l'humanité va être quelque temps sujette à caution. Et cette rencontre va déclencher chez Rick une prise de conscience, et lui faire démarrer une réflexion, un cheminement spirituel, un questionnement sur ce qui fait l'humanité et remettre en question son moyen d'existence. D'autant qu'il a eu une révélation de Mercer, à l'origine de le religion dominante à cette époque.

Bref, un univers passionnant, cohérent, une intrigue pleine de rebondissements. Des personnages à la psychologie soignée, même les androïdes. Et une fin en demi-teinte, qui est à la fois un aboutissement et un commencement.

Pour mon premier roman de K. Dick, je n'ai pas été déçue. Et comme je n'ai jamais vu le film tiré de ce livre, j'ai hâte de voir comment il a été adapté !
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Dick reste l'un des plus grands auteurs de genre de l'histoire .
Et ce bijou ne peut que renforcer sa légende .
Le film est une trés bonne adaptation , mais la lecture du livre est encore plus forte .
Il y a une intelligence rare à l'oeuvre ici , à chaque page .
On à avec ce texte l'une des plus grandes oeuvres traitant des cyborgs de l'histoire .
C'est beau et troublant . Profond psychologiquement .
Les personnages sont parfaits , l'histoire palpitante et émouvante .
Un des trés grands livres , voir méme l'un des sommets du genre .
Un chef d'oeuvre tout simplement .
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Dans le tourbillon du forum des trolls (depuis hier ça n'arrête pas), je vais avoir du mal à pondre un avis cohérent sur ce livre.

Dommage parce qu'il est vraiment fantastique, j'ai beaucoup aimé ! Mais je n'ai pas du tout la tête à ça, alors qu'il y a beaucoup de questionnements qui m'ont parlé.
Et ils m'auraient davantage fait parler dans une période calme et posée (mdr !). Quand l'action prime sur la réflexion, j'ai du mal à poser mes idées au clair.

Un peu comme Rick Deckard qui se retrouve piégé dans une situation où sa réflexion le mène à des endroits dangereux pour lui, alors même qu'il n'en a pas vraiment le temps.

Creuser le Mercérisme, le côté mystique de ce bouquin, les interrogations de Rick, sa situation, m'aurait été un vrai régal en d'autres circonstances, mais là, je n'y arrive tout simplement pas.
J'ai juste profité de ma lecture en tant que très bon moment, "qui se lit tout seul", n'est-ce pas Luria ! Et c'est déjà pas mal ! Il faudra que je le relise dans quelques années, dans un moment beaucoup plus zen... Mdr !

LC sur le Forum des Trolls de Babel.
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À une époque où on nous parle d'intelligence artificielle à chaque instant, on peut se poser une question : qu'est-ce que l'être humain a d'unique ? Qu'est-ce qu'un androïde ne pourra jamais imiter chez nous ?

Philip K. Dick nous pose la question dans ce monde futuriste, rongé par la pollution nucléaire ; les plus riches ont émigré vers Mars, où les attendent des androïdes conçus pour les servir. Ces derniers, cependant, deviennent de plus en plus conscients, et certains s'échappent vers la Terre, dans l'espoir de mener une vie libre. Mais sur Terre, où ne restent plus que les pauvres, les déclassés, et les personnes trop rongées par la radioactivité pour avoir le droit de se reproduire, les attendent les blade runners, qui n'ont qu'un seul objectif : traquer ces androïdes fuyards et les « réformer ».

L'auteur a choisi l'empathie comme marqueur de l'espèce humaine – où du moins de ceux restés sur Terre. Sur cette planète qui n'en finit plus de pourrir, le moindre être vivant est devenu inestimable. Les araignées sont précieuses ; les moutons, les cheveux ou les girafes sont un luxe hors de prix, bien qu'aucun citoyen ne puisse s'imaginer vivre sans. La simple évocation d'un steak ou d'un vêtement en cuir suscite des pics nerveux qu'aucun androïde, machine rationnelle et égoïste, n'est capable d'imiter – jusqu'à présent.

Philip K. Dick a le don pour imaginer des univers bizarres, auxquels on accroche pourtant immédiatement. Cette sensibilité extrême aux animaux, dans une planète devenue inhabitable, paraît immédiatement crédible. La frontière entre androïde et être humain paraît à la fois immense – et leur traque presque justifiée, quand ils osent « singer » notre art (mais ne font-ils vraiment que l'imiter?) – et extrêmement ténue : quand votre appartenance à une espèce ou une autre dépend de différence d'une milliseconde à l'évocation d'une veste en cuir, les hésitations sont nombreuses. Et l'auteur adore ça : à plusieurs passages du roman, on ne sait plus qui est androïde, humain, androïde se pensant humain, humains s'entre-accusant mutuellement d'être insensibles et donc androïdes, …

Paradoxalement, on observe aussi que si les survivants sur Terre ont une sensibilité extrême aux animaux « bien portants », l'empathie ne s'étend pas à tous… Les « spéciaux », personnes fortement atteintes par les radiations et souffrant de différents handicaps, ont perdu la plupart de leurs droits civiques et sont méprisés ouvertement par les « normaux ».

Sous ses airs de thriller futuriste dans lequel un super-flic traque des androïdes perfectionnés, le roman aborde de plein front la question de notre identité, de qui on inclut dans un Nous, et pourquoi. de quoi susciter la crainte d'être soi-même entouré d'androïdes. Ou de réaliser n'être qu'un androïde en fuite dans le monde des humains.
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" I may be paranoid, but am not an android. "

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai jamais eu envie de lire un livre de Philip K. Dick auparavant.
Et puis il y a eu cette lecture commune, Blade Runner plus qu'un vague souvenir dans ma tête et ce titre me plaisait bien. « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » (ça pète, non?) J'avais envie aussi de découvrir le roman qu'avait choisi comme nom la maison d'édition Les Moutons Électriques.

Du film, que je me rappelle sombre et éclairé aux tubes néons colorés, on passe à une atmosphère de poussière, tout en gris. Gris, ce qu'il reste de la terre après on ne sait vraiment quoi, gris comme ce qu'il reste de ses habitants, ceux qui n'ont pas pu émigrer sur Mars ou ailleurs. Dégrisés, ceux qui en reviennent, les androïdes, et dont on ne veut pas. de ce qui reste de la vie, de ce qu'on fait pour la garder, la s(t)imuler ou l'endormir. de nos croyances. de ce qu'est la vie tout simplement. Et comment lui accorder son respect.

Un livre tout fin, qui se lit sans s'en apercevoir, l'air de rien, et qui garde des traces. de poussière, de retombées pas encore radioactives mais des petites étincelles, assez incroyable venant d'un roman gris, n'est-ce pas ? La postface présente dans l'édition que j'ai lue ajoute aussi sa pierre à l'édifice, c'est rare je trouve, les notes aussi utiles et approfondies, et me donne même plus très envie de revoir le film.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai jamais eu envie de lire un livre de Philip K. Dick auparavant.
Maintenant j'ai envie d'en lire. Plein.

[Lecture Commune]
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Lu parce que j'adore le film, et puis parce que cet auteur m'intrigue, par son influence gigantesque. Je l'avais abordé avec Substance Mort, erreur, tant c'est loin d'être son roman le plus accessible. Avec Blade Runner (ou Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques?) on a droit à un vrai roman de SF, mâtiné de roman noir, et ça fait du bien! Beaucoup d'éléments n'ont pas été exploités dans le film, et il y a une véritable réflexion sur ce qui fait l'être humain. Il y a une sorte de triple inversion, ceux qui sont dits "normaux" se laissant dicter leurs humeurs par l'orgue, comme des robots, les robots ont presque des sursauts d'humanité, malgré leurs raisonnements glaciaux et purement logiques, et les "spéciaux", considérés comme des dégénérés, difformes surexposés à la radioactivité, sont les véritables humains, à fleur de peau, et avec leurs faiblesses physiques et mentales, des monstres hugoliens touchants, comme c'est le cas d'Isidore.

K.Dick provoque de multiples renversements de la perception de la réalité, ce qu'il aime beaucoup à pratiquer. le lecteur les vit, et change constamment d'avis sur ce qu'il voit... J'aurais voulu que Deckard aille jusqu'au bout dans sa vengeance contre Rachel, femme fatale du roman, mais le réel mystère vient du mercerisme, religion des humains, soi-disant démasquée comme une escroquerie, seul élément qui leur permette encore de sortir de leur torpeur, de leur mécanisme et de finir comme les androïdes. Également, j'ai toujours un peu de mal avec le style de l'auteur, trop souvent volontairement froid, ne nous offrant pas assez souvent les fulgurances dont il se montre capable. Mais bon, tout cela est mineur, c'est un excellent roman, très riche, où l'on voit sans cesse basculer la réalité, en plus de dessiner un futur crédible, qui ne donne pas envie, et une fois de plus avec la SF, dont on retrouve ça et là des traces dans notre monde contemporain.
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