AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 3016 notes
LES ANDROÏDES RÊVENT ILS DE MOUTONS ÉLECTRIQUES de PHILIP DICK
Court et riche roman qui a été adapté au cinéma sous le titre de Blade Runner.
Le livre tourne autour du questionnement sur la frontière entre l'homme et l'androïde. Dick mène le débat avec son enquêteur chargé d'éliminer une nouvelle version d'androïde avec son ironie mordante dans un monde absurde. Un de mes préférés chez Dick.
Commenter  J’apprécie          70
1992, San Francisco, Rick Deckard, chasseur de primes, doit en une journée chasser un groupe d'androïdes que l'on nomme des Nexus-6. Ils ont été conçus par une multinationale, la fondation Rosen qui avec cette dernière génération d'androïdes a construit une machine dotée d'une grande intelligence, mais surtout d'une capacité à rassembler fortement à des humains. Les androïdes ont d'abord été construits pour aider les humains dans leurs tâches, mais certains se sont retournés contre leur maître. C'est après une guerre atomique que de nombreux Terriens ont laissé tomber la Terre pour coloniser Mars, mais quelques-uns sont restés sur Terre, planète devenue quasiment vide et ayant beaucoup de séquelles. La poussière et le vide tuent lentement les humains restants et certains sont devenus des êtres « spéciaux », dont notamment John Isidore, l'autre personnage principal du roman. Il est ce que l'on appelle une « tête de piaf », car son Q.I. fut endommagé. Il est vétérinaire pour des animaux électriques, un élément essentiel dans le livre de Phillip K. Dick. En effet, Rick qui vit un ménage difficile avec sa femme a pour but de se procurer un animal réel, car depuis quelque temps son mouton électrique ne va pas bien. Avoir un animal réel dans ce monde post-apocalyptique et futuriste est signe de richesse, mais surtout d'empathie donc d'humanité. Effectivement l'empathie caractérise tout le roman, car c'est en analysant cette émotion auprès des androïdes que les chasseurs peuvent voir s'ils sont des robots ou non — grâce au test Voight Kampffle —, car ces derniers sont inaptes à avoir de l'empathie. Mais est-ce que les humains ont eux-mêmes de l'empathie ? Qu'est-ce qui fait de nous des êtres humains ? Ce sont des questions que l'auteur se pose dans ce roman qui fut adapté librement par Ridley Scott en 1982 pour réaliser son chef-d'oeuvre, Blade Runner.

Le postulat de base part d'une enquête policière, mais se délaisse en faveur d'un récit métaphysique et existentiel posant des interrogations élémentaires sur ce qu'est l'être humain. Tout d'abord cela passe par le nom du personnage semblable au célèbre philosophe français Descartes. Celui à la base du fameux cogito, concept philosophique qui questionne notre réalité. L'Homme est quelque chose qui doute et s'il doute, il doit le faire avec la réalité qui l'entoure et donc son existence. Mais il ne peut douter qu'une conscience est en train de formuler un doute qui est en lui. Ainsi l'homme est humain, car il a conscience de lui-même et c'est notamment à travers l'empathie donc que l'auteur américain caractérise ses méditations. Dès le début du roman, le lecteur apprend que Rick et sa femme, Iran, ont un « orgue d'humeur » et une « boîte à empathie » (Penfield). Cette première machine sert à régler ses sentiments, prouvant que les humains n'arrivent plus à gérer seuls leurs propres émotions et sont obligés d'avoir une aide. La deuxième machine est une insertion physique et psychique avec Mercer, une entité venue du cosmos, déguisé en vieillard dans laquelle les utilisateurs fusionnent avec le vieil homme qui monte une colline, semblable à un chemin de croix comme celle de la Passion du Christ. Celui qui utilise cette machine est censé ressentir la souffrance de la lapidation de Mercer donc avoir une empathie immense pour lui. Mercer et son mercerisme sont totalement haïs par l'ami Buster, présentateur éternel d'une émission diffusé à la télévision devant laquelle s'abrutissent les personnes qui la regardent. Un autre élément pour combler le vide de la vie de ces êtres en proie à la dépression.

Les humains comme Rick et Iran doivent se distraire devant ce système de domination des masses. La présence de cette lourdeur existentielle se ressent totalement dans l'histoire, c'est un monde en ruine où le bonheur est faussé. le héros du livre fait donc un apprentissage sur la nature humaine, car plus l'oeuvre progresse, plus Rick prend conscience de ce qu'il est et donc il devient quelqu'un de nouveau. Les différentes rencontres avec les androïdes sont la source d'une profonde mélancolie. Rick déteste les androïdes, il veut tout simplement les tuer pour se faire de l'argent et pour pouvoir s'acheter un animal réel. Mais sa rencontre avec Luba, une cantatrice qui pour se camoufler se confond dans la masse en étant chanteuse d'opéra, lui donne ses premières émotions d'empathie envers un androïde. Deckard aime l'opéra et se demande comment il a pu tuer Luba (ce n'est pas vraiment lui, mais plutôt Phil Reisch qui la tue, un autre chasseur de primes). Pour lui, c'est un gâchis de faire disparaître une magnifique voix. Puis sa rencontre avec Rachael (un androïde au service de la fondation Rosen) va lui donner encore plus d'empathie pour ces machines. Il va désirer la « femme » et coucher avec elle. Rick se dit peut-être que les androïdes sont tout autant des humains comme lui. le doute est constamment mit en place par l'auteur même si on apprend progressivement que les androïdes sont froids et dangereux. D'un côté ils sont menteurs et manipulateurs comme peuvent l'être parfois les humains, ce qui établit ce lien du dédoublement et la frontière complexe entre le réel et l'irréel, propre à l'univers de Dick.

L'auteur prouve avec quelques détails ce qui fait l'humanité des personnages humains. Dick joue avec la propre empathie du lecteur, on peut le voir avec le cas d'Isidore. Comment ne pas avoir d'empathie pour ce « spécial » qui vit dans une solitude totale ? Il veut prouver son humanité et qu'il n'est pas juste un sous-homme. Il est très peu confiant, bégaie et veut avoir des amis et une famille. Son bonheur est atteint lorsqu'il recueille les derniers androïdes vivants (Pris une androïde qui est la copie conforme de Rachel, Irmgard et Roy). Les androïdes utilisent Isidore juste pour se cacher et n'ont que faire du pauvre homme, mais ce dernier préfère être dans cette position plutôt qu'être dans la solitude. D'ailleurs, Isidore tombe amoureux de Pris, tout comme Deckard avec Rachael. Ces deux personnages sont à la fois différents, mais se rejoignent dans une certaine mesure. L'un des exemples les plus frappants pour montrer l'humanité d'Isidore est lorsque Pris s'amuse à couper des pattes d'une araignée pour voir si elle peut marcher avec quatre pattes. Isidore veut alors absolument sauver la bête et cette scène nous rappelle l'antipathie des androïdes. Ce qui fait la qualité humaine de Rick c'est de faire des erreurs, de se tromper et d'être bafoué. C'est d'être toucher par Luba car il est éblouit par sa voix, c'est d'être choqué par le plaisir qu'à Phil de tuer des androïdes alors qu'il devrait s'en moquer, c'est de désirer une femme même si elle n'est pas humaine, c'est d'avoir hésité à tuer Pris, car elle a le même physique que Rachael, c'est de tomber en dépression et de comprendre sa femme Iran.

Le final fait basculer Rick vers une humanité totale. Après avoir accompli sa mission dont il n'en tire aucune satisfaction, Deckard veut aller se suicider au nord de la Californie. C'est un moment de contemplation que nous offre Dick, car on ressent le désespoir de Rick qui se reflète avec les paysages dévastés. Il monte une colline et se fait blesser par un caillou (comme dans la boîte à empathie) et se rend compte qu'il devient Mercer. Il a réussi à avoir de l'empathie sans passer par une quelconque machine. Rick a abouti à une sorte de parcours messianique, Mercer n'est donc pas un escroc (comme a voulu le prouver l'ami Buster à la télévision), car premièrement il a sauvé la vie de Rick lorsque ce dernier détruisait les androïdes dans le bâtiment puis lui fait prendre conscience de son humanité dans cette dernière démarche. Qu'importe si Mercer est un vieux acteur déguisé ou un être supérieur, il devient une allégorie de la condition humaine. le protagoniste accepte la mort de la chèvre qu'il a avait pu acheter, mais qui fut tué par Rachael pour se venger de la mort des androïdes. Il décide ensuite d'aimer le crapaud (animal préféré de Mercer, disparu sur Terre) qu'il a trouvé sur la colline même si elle est artificielle. Sa mission lui a appris à devenir un être différent et à se transformer pour comprendre qui il est. Rick peut alors rentrer chez lui pour s'endormir paisiblement et être confiant de son humanité.
Commenter  J’apprécie          70
Que les choses soient claires le livre n'est pas le film. La traque policière n'est qu'un prétexte pour laisser les questionnement humains les plus profond s'exprimer à travers Rick Deckard. Les animaux y ont une place très importante afin de nous rappeler ce qui peut nous faire eco aujourd'hui. Nous passerons sur le style d'écriture qui sommes toutes n'est pas exceptionnelle sans être excent d'une certaine fluidité de lecture. L'univers d'une terre ayant subit une guerre de trop y est formidablement bien exprimé à travers les différents dialogues et descriptions. Je recommande ce livre ne serait-ce que pour les questions qui soulève.
Commenter  J’apprécie          70
J'aurais préféré critiqué « Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » (que l'on nommera injustement mais par confort, « Blade Runner ») juste après la fin de ma lecture, car il y a des dizaines et des dizaines de choses dans ce bouquin. Et j'avoue que mes idées sont aujourd'hui nettement moins claires, et qu'ainsi, cette critique ne sera pas nécessairement forte en réflexions.
Je n'avais jamais lu Dick. Dans le milieu de l'imaginaire, c'est presque un crime d'avouer cela, tant l'homme a marqué la science-fiction à jamais. Et je dois bien l'avouer, ce n'est pas la lecture de Blade Runner qui m'a convaincu du contraire.
Ce qui m'a le plus marqué, dans ce court roman, c'est sa richesse incroyable. Et pas incroyable au sens magnifique, mais bien incroyable au sens de « Je n'arrive pas à y croire ». Car Dick livre ici un roman court et extrêmement divertissant, et c'est là le tour de maître. Absolument rien ne semble aride, tout se lit très bien et avec entrain. Alors vous le comprendrez bien, lorsque l'on prend un peu de recul et que le flot de question nous assaille après la lecture, la sensation est vertigineuse. Réussir à évoquer autant de thèmes difficiles avec autant d'aisance et surtout susciter une réelle réflexion chez le lecteur, c'est quand même une sacrée réussite.

C'est donc l'histoire de Deckard, chasseur de prime, chasseur d'androïdes. Un homme qui jusqu'alors ne s'était jamais questionné, un homme qui d'une certaine manière vivait sa vie sans éclat, dans l'ombre d'une femme désagréable et d'un collègue chasseur de prime meilleur que lui. Mais un jour, ce fameux collègue est mis sur la touche lors de la traque d'un androïde nouvelle génération, et il revient à Deckard de reprendre le flambeau. Et en une journée, Deckard changera à jamais.
La question évidemment centrale de tout le livre est la suivante : qu'est-ce que l'humain ? Et ceci est décliné en des dizaines de nuances toutes plus subtiles les unes que les autres. On se place d'abord dans le référentiel de notre personnage principal au début de l'intrigue, un héros bien misérable : chasseur de prime de seconde zone, motivé par l'argent, rêvant de pouvoir s'acheter un véritable animal, comme si cette vie pourrait remplir le vide de son existence. Il commencera sa quête personnelle par le fondement de toute démarche philosophique : le doute, qui sera illustré par la pseudo-défaillance de son test Voigt-Kampff. Un doute qui ne le quittera pas jusqu'à la fin du roman. On assiste donc à l'effondrement de la passivité de Deckard, qui ne peut plus faire ce qui doit être fait, car plus rien ne peut afficher de certitude. L'empathie comme seule mesure de l'humanité ? Mais pourquoi alors être si touché par la voix de Luba Luft l'androïde ? Pourquoi ressentir quelque chose pour Rachael l'androïde ? Pourquoi, simplement, cette douleur et cet esprit qui ne s'apaise pas ?
Et Dick ne se contente pas de nous faire suivre un personnage, mais bien plusieurs déclinaisons de Deckard. On a donc Phil Resch, autre chasseur de prime, représentant ce que Deckard abhorre : un tueur d'androïde, de sang froid, pour lequel il ressent moins d'empathie que pour un androïde. Est-il moins humain que l'androïde ? Est-ce lui le noeud du problème, ou ben Deckard qui nourrit des sentiments irrationnels ? Il y a encore Isidore, simplet maltraité par les retombées radioactives d'une terre agonisante. Qui vit seul, luttant misérablement contre la tropie gagnant petit à petit du terrain, permettant à Dick de nous décrire des tableaux aussi marquants que fabuleux. Isidore qui, à y réfléchir, n'a pas mené le questionnement qui traverse Deckard et qui représente donc un de ces prisonniers du quotidien que décrit Camus. Ce qui ne l'empêche pas de traverser, avec une symétrie frappante, les mêmes épreuves que Deckard.
Et il y a également Mercer, divinité à trois facettes, imposteur ou non ? C'est là la fondation du roman de Dick, ce par quoi le véritable sujet du livre se dévoile. Dick transcende le propos d'un Camus et de son Sisyphe pour au final livrer ceci : la théorie de l'absurde, simplement démontrée d'une autre manière. Et ceci on en est sûr par le propos, et par la forme, Dick s'étant amusé à glisser des indices assez clairs : Mercer et son ascension voilant à peine le mythe de Sisyphe, Deckard sonnant plutôt bien en Descartes, et ainsi de suite…
Alors ce roman est splendide, vus l'aurez compris. L'écriture de Dick n'est peut-être pas belle à en pleurer, mais si efficace et si intelligente qu'elle vous émerveillera. On ne s'ennuie pas une seconde, et on ressort de cette lecture sincèrement plus intelligent.
Je conclurai donc cette critique par la phrase clôturant la postface d'Etienne Barillier : « Il faut imaginer Deckard heureux ».
Commenter  J’apprécie          70
J'en suis à mon 3ème roman de cet auteur et à chaque fois c'est un plaisir de le retrouver dans son imaginaire complètement fou, mais surtout très en avance sur son temps. J'ai découvert cet auteur avec « Ubik » qui m'avait particulièrement plu de part sa puissance et son côté déconcertant. Avec ce nouveau roman, je suis ravie de replonger dans son univers unique, même si ce roman m'a moins captivé que ma précédente lecture.

Cet auteur prolifique a réalisé de nombreux romans. Ces histoires toujours très courtes nous emmènent dans des mondes post-apocalyptiques où l'homme tente de survivre entre drogues, guerres, robotisation de tous les systèmes et des humains, etc. Ce livre nous conte la vie des derniers habitants d'une terre rongée par une poussière radioactive. Les humains ont désertés et vivent dans des colonies sur des planètes avec à leur disposition des androïdes pour les servir. Rick a du rester, il est chasseur de primes et son but trouver des androïdes et les tuer.

Comme dans les précédents romans de Philip K. Dick on retrouve des thèmes philosophiques récurrents à propos de la mort, le droit de tuer ou encore la libre pensée. Toutes les réflexions de l'auteur nous poussent à nous positionner face aux androïdes. A ces androïdes plus vrais que nature, qui vivent sur terre comme des égaux mais qui ne peuvent pas jouir librement de leur statut de robot. Ils veulent simplement vivre comme les humains, quel mal il a-t-il à cela ? C'est avec ce raisonnement que le protagoniste va devoir tuer les androïdes.

L'auteur nous emmène avec lui et on réalise quel précurseur il était. Comme beaucoup de romans de science fiction, on constate que les auteurs avaient déjà compris que le monde se tournerait vers une robotisation de plus en plus poussée de tout ce qui nous entoure. La force de Dick c'est sa capacité à nous faire réfléchir pour nous poser les bonnes questions face à des nouvelles technologies qui semblent bénéfiques pour l'homme mais dont nous ne maitrisons pas les effets.

Moi aussi j'aimerais bien avoir une autruche sur le toit de mon immeuble !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          73
Mon premier roman de Philip K Dick !
On laisse facilement emporté par l'histoire de Rick Deckard, blade runner (comprendre chasseur d'androïdes) sur une Terre post apocalyptique ravagée par les guerres et où la majorité des humains ont migrés vers les colonies comme Mars. Ils créent des androïdes de plus en plus perfectionnés comme le Nexus-6 que Deckard doit réformer pour le compte de la police de San Francisco.
Mais ces androïdes sont-ils vraiment dénués d'empathie, de passion, de sentiments ? Ils m'ont beaucoup rappelé les Hubots d'Äkta människor (la série télévisée suédoise que j'aime beaucoup) un mélange de robot et d'humains, des esclaves à la recherche de leur liberté.
Création des Hommes, faits à leur image, aux réflexions de plus en plus proche d'un vrai cerveau humain et qui sont donc vus comme une menace ... à tort ou à raison ?
Commenter  J’apprécie          70
Il y a fort à parier que nombre de lecteurs du roman de K. Dick ont vu, au moins une fois dans leur vie, le film éponyme de Ridley Scott, sorti en 1982, et devenu depuis – selon la formule consacrée d'une époque qui se cherche une spiritualité dans ses seules productions – culte.
Cela importe peu, tant le roman et le film sont dissemblables, à la fois dans la forme et le fond. Là où Scott déploie une oeuvre essentiellement visuelle et poétique, K. Dick, désenchanté, brosse un futur – qui, contrairement au long métrage, se déroule à San Francisco et non à Los Angeles – sombre et de ce fait beaucoup plus réaliste, à la lumière de notre présent.
Le titre original lui-même est beaucoup plus trivial, puisqu'en lieu et place de Blade Runner, qui sonne si bien aux oreilles, on a : Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
Que raconte maintenant Blade Runner – le titre du film ayant déteint sur les rééditions du roman : notre déchéance. Les animaux sont devenus aussi rares que des diamants ; l'Homme a massivement émigré vers Mars, abandonnant une Terre épuisée par sa présence à quelques habitants, et il a créé des androïdes parfaitement imités, les Nexus 6, l'empathie en moins. Sauf que cette absence d'empathie, on peut aussi l'imputer au genre humain, notamment à travers le Blade Runner Deckard, personnage central. K. Dick brouille les cartes. A partir de quoi peut-on affirmer que l'on existe en tant que tel ?
Le roman, loin de l'excellent film de Scott, ne cède pas à la tentation affective du « héros », n'offrant donc aucun recours à cette autre question : Sommes-nous réels ? Evidemment, Rachel semblera moins attachante et aimable – dans le sens : qui mérite d'être aimée –, Deckard bien plus trivial que le personnage campé par Harrison Ford, mais K. Dick a signé là une oeuvre de science-fiction assez majeure pour être incontournable.

Commenter  J’apprécie          72
'étais un peu réticente pour lire le livre car le film fait partie de mon top 10!!!
Et, effectivement, ça a un peu influencé ma lecture....
Au final et pour ne livrer qu'une vue d'ensemble.... Lecture agréable mais pas exceptionnelle.
Par contre, malgré la brièveté du bouquin, ai trouvé que Dick avait réussi à nous transporter dans un univers intrigant à souhait grâce à des descriptions précises d'un univers pas si éloigné du notre.
Les personnages sont tous attachants.... Et il nous montre là qu'il n'est pas toujours besoin de longues descriptions psychologiques pour nous les rendre familiers...
L'un des aspects le plus intéressant , pour moi en tous cas, est ce questionnement de notre héros quand à la légitimité de son job, ses errances et ses doutes générés par une empathie inattendue envers ses "proies"... Féminines en tous cas... Et le sentiment de culpabilité qui en découle....
Quand à l'univers dépeint, le côté "post apocalypse" est resté pour moi très en dessous de ce que j'ai vu dans le film...
Par contre, j'ai bcp aimé la notion de rareté et de préciosité de l'animal... Quel qu'il soit... Et l'intérêt passionné de notre héros pour les animaux me l'a rendu très attachant....
Et je l'ai bien aimé ce pauvre Rick Deckard... Justement parce que l'auteur ne nous le présente jamais comme un héros infaillible ni parfait... Ses doutes deviennent les nôtres... Il est déchiré et laminé entre son devoir et son ressenti .... Et l'empathie devient son calvaire....
Reste l'aspect "Mercer"....
Le prétexte à un message simpliste (mais pourquoi pas ?) concernant la religion et l'aveuglement de certains adeptes...
Un questionnement quand à l'effet "mouton de Panurge"....
Ce que j'ai regretté : le manque d'empathie justement face aux Androïdes...

Bref, en conclusion, un bon bouquin pour un bon divertissement.... Et, en même temps, une belle réflexion sur nos croyances et nos faiblesses...
Commenter  J’apprécie          71
Sur une Terre post-apocalyptique où certaines communautés, des humains sains et des "spéciaux" sont touchés par la pollution radioactive vivotent et vénèrent leurs animaux domestiques comme on aime ses enfants et sa voiture. le reste de l'humanité vit sur Mars avec des humanoïdes de plus en plus perfectionnés. Or un groupe d'androïdes Nexus-6 de la firme Rosen tue des humains dans l'espace et s'échappe en direction de la Terre. Rick Deckard est un chasseur de primes qui espère les "retirer" tous afin de pouvoir racheter un véritable animal. Or il se rend très vite compte que les Nexus-6 interrogent les limites de l'humanité. Une intrigue secondaire est menée par un John R. Isidore, un "spécial" surnommé aussi "tête de piaf", méprisé par les autres humains et même par les androïdes et qui éveille une profonde tendresse de pitié chez les lecteurs qui voient en quoi il est en réalité !

Quel plaisir à lire ! Je me suis retrouvée à 60% du roman en croyant être encore au début et complètement captivée par le suspense d'un récit dont j'avais vu l'adaptation filmée, mais dont je pensais que la lecture ne serait pas "ma tasse de thé". Il faut dire que j'avais renoncé à finir [Deus Irae, co-écrit avec Zelazny, qui m'avait profondément ennuyée sur ses premières pages.

J'en aime le style, la construction parfaite qui enchaîne les péripéties et les enjeux de chaque chaîne, le refus de s'appesantir trop sur les clichés du flic de série B sans les éluder, et l'empathie (le mot est lâché) que l'auteur tresse malicieusement entre le lecteur et tous ses personnages. A cet égard, le personnage de Resch est un sommet !

En réalité, l'oeuvre est profonde : dans l'absurdité de sa mission, son côté tragique, on retrouve Sisyphe de Camus, l'ambiguïté de tous les personnages et la lecture cartésienne (Deckard...) de la capacité des androïdes à se sentir conscients de penser, on peut, on doit capter les enjeux philosophiques du roman qui devient alors aussi conte philosophique. J'ai été un peu déroutée également par les volte-face de la position par rapport au messianisme de Mercer, sorte de dieu-escroc de ce monde-là, mais terriblement intéressée.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Commenter  J’apprécie          60
Complexe, quand on lit un roman, de se détacher de son adaptation filmique, encore plus quand le dit-film aura fait foisonné tout un imaginaire cyberpunk qui empreint encore aujourd'hui notre pop-culture. Et pourtant, l'effet de détachement est nécessaire si l'on veut pleinement apprécier une oeuvre source tel que "Les Androïdes Rêvent-Ils de Moutons Électriques ?".

Le début peut apparaître comme décevant, quand on lit certaines lignes de textes faisant référence au prix du canard de Barbarie ou quand Rick Deckard, figure quasi-mutique et imperturbable, perd tout ses traits pour devenir un banal employé exécutant des tâches qu'il considère d'un oeil vide, et cherche en vain à obtenir un animal vivant ET réel. En effet, l'obtention d'un animal au sein de son logement devient ici une véritable fascination, dans le simple but de montrer à tous sa preuve vivante d'être un "être d'empathie".

Car ici, la clé de voûte de ce roman est la notion d'empathie, qui permet d'obtenir une faible, mais visible, distinction entre humains et androïdes.

Mais alors, pourquoi chercher à poser une barrière entre ces deux races ? Pourquoi refuser que des androïdes se mêlent aux humains ? Pourquoi mettre en place des batteries de test pour les reconnaître, qui ne cesse d'être modifiés et renouvelés au fur et à mesure que de nouvelles versions plus perfectionnées arrivent sur le marché ? Car il faut une façon de les reconnaître, car l'humanité en a besoin pour ne pas sombrer dans le néant d'un quotidien devenu poussiéreux et pollué. Pour ne pas perdre ce brin d'humanité qui permet encore à l'homme de dire "Je suis moi, je suis un être de chair capable d'émotions et d'empathie."

Les moments introspectifs de Deckard permettent de mieux comprendre cette étrange société qui, en quête d'un contact virtuel avec une nouvelle figure christique, cherche elle aussi son propre chemin de croix et sa propre passion.

Rick Deckard est un reflet de cette société de dieux de l'ennui, cherchant à fuir l'entropie et le temps qui passe, et ayant mis au banc de l'humanité ceux ne désirant pas s'en aller dans l'espace, en quête des étoiles.

Il est un être de chair qui, au cours de sa traque sans fin, se questionne sur sa propre humanité, et ses sur ses choix moraux. Car si il se met à éprouver de l'empathie pour les androïdes, voir même à en aimer certains, qu'est ce qui les différenciera alors de lui ?
Commenter  J’apprécie          62




Lecteurs (9347) Voir plus



Quiz Voir plus

Test Voight-Kampff

Un collègue de travail vous apprend qu'il a malencontreusement écrasé un petit insecte. Quelle est votre réaction ?

Vous êtes infiniment triste
Bof,ce n'était qu'un insecte
Vous compatissez, mais au fond, vous vous en fichez un peu
Tant mieux ! Vous detestez ces petites bêtes

6 questions
581 lecteurs ont répondu
Thème : Blade Runner (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?) de Philip K. DickCréer un quiz sur ce livre

{* *}