Les rois censés revenir un jour pour récupérer leur royaume, il y en a beaucoup: de Arthur à Barberousse, c'est un grand classique. le cas de Richard II se présente un peu différemment: censément mort après avoir été déposé par son cousin, le royaume d'Angleterre bruisse de la rumeur de sa survie et de son retour. Pas lors d'un Age d'Or futur, mais bientôt, et de soulèvement en massacre, la rumeur provoque la mort de biens des hommes, à commencer par le père de notre narrateur. Pour éviter de subir le même sort, voici que celui-ci doit à tout prix éclaircir le destin du roi Richard....
C'est tout ce que je dirais sur l'histoire en elle-même, puisque la grande question du roman c'est celle-ci, la survie ou non de Richard, et que très vite, le lecteur se laisse entraîner dans la quête presque mystique du roi disparu et de son animal fétiche,le Cerf blanc, emblème de ralliement des rebelles au nouveau roi. Pour un lecteur français, certains points restent un peu obscures, mais même sans savoir grand chose des différents troubles de succession du trône anglais, on se laisse prendre à l'enquête et on désire réellement savoir enfin la vérité.
L'auteur est un spécialiste du Moyen-âge, ce qui assure qu'il ne raconte pas n'importe quoi, par exemple lorsqu'il nous emmène visiter Azincourt, mais, fait assez rare pour être signalé, il sait mêler de façon intelligente et intéressante l'histoire et le roman sans que cela vire au cours magistrale.
Une très bonne surprise et j'essayerai ses autres séries.
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Roman policier historique, mais surtout roman des aventures de Matthew Jankyn, un anglais du 15e siècle qui, il vous le précise dès le départ, n'est qu'un menteur. de fait, il s'estime légitime quand il s'agit de parler de complots et de manipulations.
On ne se le rappelle pas souvent, mais l'histoire médiévale britannique est extrêmement violente, les conflits pour le trône furent nombreux, et un jour Richard II perdit la couronne au profit d'un certain Henri IV, dont le fils brillerait à Azincourt. Or, de nombreuses tentatives de révoltes eurent lieu au nom de ce roi disparu, Richard, ce roi au Cerf blanc.
Et c'est l'intérêt de cet ouvrage, ce mythe qui le traverse, qui se mêle à la vie de Jankyn, et que lui-même va se retrouver à démêler : qu'est-il arrivé à Richard II ? Est-il vivant ?
Le style efficace de l'auteur vous plonge rapidement dans ce Moyen-âge bruyant dont le fonctionnement nous surprend toujours, si la nature humaine a peu évolué, les sociétés changent tout en conservant d'incroyables archaïsmes. Vous lirez avec plaisir le récit de ce Matthew Jankyn et verrez ce que peut représenter toute la force d'un symbole.
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- Vous vous imaginer que dans ce royaume, on puisse voler, tuer et trahir, puis quitter le palais du roi libre comme l'air ? Cette liberté, vous devez la gagner !
Je suis demeuré dans cette position à songer au passé, à certains moments qui m'étaient chers : mon père, à Lilleshall... les mois passés chez Sturmey, et l'amour avec Mathilda, la seule personne que j'ai jamais aimé.
Il ne restait personne, ils avaient tous disparu, comme des larmes sous la pluie.
Je remarquai son coup d’œil de côté et je sus qu’il mentait. C’est à ce moment précis que je décidai de le trahir.
p93
- Maître Jankyn, nous nous ressemblons beaucoup. Tous deux sommes des scélérats, et nous ne l'ignorons pas. Mais j'aime à penser que notre relation sera toujours heureuse et féconde.
Pourquoi faut-il que les rois ne meurent jamais sans entraîner dans le trépas un si grand nombre de gens?
Paul Doherty - La reine de l'ombre