Les outrages qu’on s’inflige à soi-même peuvent avoir du bon en offrant des compensations qui, soit dit en passant, ne viennent pas toujours d’où on les attend.
N’empêche, c’est comme s’il ne pouvait exister une telle chose que de souhaiter souffrir ou mourir en beauté et en style, à défaut d’avoir le talent de vivre avec joie et ferveur. Comme si le chic et le spleen logeant à la même enseigne ne constituaient, tout compte fait, qu’un crime de lèse-majesté punissable à grandes volées de mépris et de cinglante indifférence. Pourtant, l’un n’empêche pas l’autre. Ce n’est quand même pas d’hier que le désespoir et la quête de la beauté marchent souvent main dans la main.
Une femme clairement informée des rouages de la psychologie masculine ne peut se targuer d’ignorer les règles du jeu. Elle doit reconnaître que la balle est toujours dans son camp. Malheur à celle qui tente de défier ces lois naturelles ou qui croit que son couple y échappera. En d’autres mots, tant pis pour l’évaporée qui néglige sa repousse ou qui nie les pouvoirs pourtant si salvateurs d’un maquillage soigné, quelle que soit l’heure du jour et parfois même de la nuit.
Un homme bien sous tous rapports reste un homme. Cela fait partie des faits immuables de la vie qu’on doit avoir la sagesse d’accepter. Je peux donner l’impression de n’être qu’une tête de linotte, comme ça, surtout en ce moment où les apparences jouent manifestement contre moi. Mais qu’on se détrompe au plus vite. Je suis en fait douée du plus plat pragmatisme. Ce qui ne m’empêche pas de savoir mettre en application les plus extravagants stratagèmes de séduction.
La gifle, qui me sembla arriver de nulle part, ne me brûla pas autant que les mots que prononça ma mère en me l’administrant. «Petite menteuse, s’écria-t-elle. Comment oses-tu parler ainsi de ton professeur? Un homme si bon et si dévoué, un père de famille intègre qui a la générosité de t’aider dans tes devoirs. Serais-tu ingrate et malhonnête, ma fille, en plus d’être gourde? À moins, bien évidemment que tu ne sois qu’une petite allumeuse…»
Lecture d'un extrait du roman "Centaure" par son auteure, Valéry Meynadier accompagné de Dominique Bertrand à la flûte Shakuhachi lors de la rencontre de Chèvre-feuille étoilée à l'espace l'autre livre, le 16 février 2016, 13 rue de l'école Polytechnique à Paris.