Parlons de ces choses. Ce sont elles qui constituent, d'après mon « observation », à mesure que je réfléchis à toute cette histoire, le plus terrible désastre. Elles n'ont l'air de rien. Elles vont, elles viennent, dans l'ordre et dans la discipline. Elles entourent la maison. Elles montent la garde. Elles ont, comme la famille elle-même – je veux dire comme la romulpherie - , une sorte de dieu éponyme vivant à moitié parmi elles, à moitié parmi nous. Mais ce dieu n'est pas un dieu, il est le vide, l'aspiration glacée du vide le plus obscur...
Il y a autre chose de grave, une chose sublime que nul n'avait encore prononcée : « Je voudrais que la mort soit le dernier orgasme. ».
C'est une insulte radieuse à la mort. Il me plaît de dire qu'au terme de sa vie Carina jouit avant de mourir. Faut-il ranger cette belle floraison à côté du manteau en cuir de Youri, des cuites de Ruben, des amnésies de Gilles, de la fausse surdité de Julia, des migraines de Sabine, de la bizarre collection de choses ignobles ? Il y a une différence qui ne se voit pas encore. L'Ednaiv, toujours, à l'envers et à l'endroit... Je m'endors au moment précis où je suis au bord d'une vérité, sur le point de comprendre ce dont je ne me souviendrai plus...
Je ne voudrais pas la voir mourir. C'est pourquoi je partirai demain.
"Solène" de François Dominique