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Laura Brignon (Traducteur)
EAN : 9782366247541
Cambourakis (01/03/2023)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Après le succès de "Je suis la bête", Andrea Donaera poursuit son exploration du Mal en interrogeant l'emprise que peuvent exercer c ertains leaders charismatiques religieux. Dans ce nouveau drame familial, situé dans un Salento éloigné des cartes postales, Andrea vient veiller Miriam, dont il est follement amoureux, alors que celle-ci est tombée dans le coma après un accident. Autour d'elle défilent les voix de ses proches, qui s'efforcent de maintenir un lien avec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Miriam est dans le coma après avoir été renversée par une voiture. Andrea, fou amoureux d'elle après une seule nuit ensemble, vient lui parler chaque jour, attendant qu'elle se réveille. Autour de ce duo gravitent d'autres personnages : la mère de la jeune femme, son père, sa meilleur amie.

Raconter ainsi, on peut se dire qu'on va être dans un bon gros mélo larmoyant. le roman est tout sauf ça. Bien plus, une tragédie lyrique, un conte noir très loin des canons habituels, qui tisse une histoire d'amour et de liens familiaux à la fois brute, cruelle et poétique.

« C'est comme si j'étais un truc en morceaux tout court, je me regarde dans la glace et je suis entièrement fait de trucs qui manquent, de membres fantômes. Je me regarde dans la glace et je vois ce truc plein de morceaux manquants : c'est comme si je n'étais pas moi – ou alors c'est tellement moi que j'arrive même pas à me reconnaître. (...) Comme si tu étais un fleuve de lumière dans l'entonnoir bizarre de mes journées – c'tait une colle chaude qui coulait dans tous les vides que j'ai en moi. (...) Tu es celle qui peut me sauver. (...) j'ai senti quelque chose monter en moi, une envie de crier mon nom : de dire, voilà putain, me voilà, je suis entier. Je me suis regardé dans le rétroviseur, cette nuit-là, pendant que tu t'allumais une cigarette sur le siège à côté de moi : aucun membre fantôme, aucun morceau manquant, aucune empreinte coupée. Un truc tout entier, un moi que je reconnaissais. Un truc comme ça. Et c'est toi qui as fait tout ça. C'est toi. Avec ton genou, l'espace entre tes incisives, tes ongles, le planétarium dans tes yeux et tous le reste. »

L'histoire d'amour est superbement décrite et m'a fait accepter un procédé que d'habitude je déteste : faire parler des personnes dans le coma ( ou des morts ). Miriam et Andrea se répondent, elle prisonnière des limbes entre lucidité et détachement, lui depuis le monde des vivants, tel un Orphée acharné voulant ramener son Eurydice.

Le roman a beau se dérouler sur sept jours, sa construction n'a rien de linéaire. L'auteur alterne les points de vue de ses personnages, distordant le temps entre dialogues et monologues à la première ou deuxième personne. On est face à un puzzle qui révèle attaches et filiations entre les personnages ainsi que les entrailles de leur passé tout en se projetant dans l'avenir et l'hypothétique réveil de Miriam. Ce n'est qu'à la toute fin que le lecteur, et lui seul, aura une vision panoramique du drame en cours qui s'est joué avant l'accident.

Et cela passe par des montagnes russes émotionnelles pleines d'excès et de fureur. On est tour à tour asphyxié, consterné, ému tant les personnages vomissent tous regrets, peurs, colères, obsessions, tourmentés par l'incomplétude de leur vie. Ils se perdent dans des souvenirs ou des fantômes qu'ils pensaient avoir enterrés et qui ressurgissent plus anguleux que jamais. L'auteur parvient à donner à chacun une voix stylistique propre, ce qui fait qu'on entend totalement leurs vibrations et les ressent très organiquement.

Un magnétisme puissant se dégage du texte, une tension permanente qui explose avec l'apparition du personnage le plus trouble du roman : le prêtre mi-exorciste mi-chaman qui est le mentor d'un Andrea sous emprise. L'auteur semble ainsi forer frénétiquement dans l'obscurité pour arracher un peu de lumière à cette tragédie qui mêle sacré et profane comme dans un match qui déterminerait si la pureté d'un amour peut vaincre le Mal.

Une expérience de lecture puissante et viscérale.






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Andrea Donaera.
Ce nom est à retenir.
Son premier roman était une claque.
Son second l'est tout autant. Même pas réfléchi quand je l'ai vu sur la table de la librairie. Hop embarqué.
Le titre, a lui seul, est magnifique et pourrait se suffire à lui même : elle, qui ne touche jamais terre.
Cette écriture !!! Tantôt poétique, tantôt plus commune, voire familière, parfois mystérieuse.
C'est un tourbillon. Un style littéraire très particulier, unique, exigeant aussi. Envoûtant, en fait. Un roman fait chair. Ou la chair faite roman.
C'est beau, c'est sombre : L'amour et la mort, le Mal qui rôde. La belle endormie.
Un roman où l'amour se doit d'être productif et non reproductif
Un roman qui se dévoile encore mieux avec une seconde lecture car il est de ceux que l'on reprend pour mieux les assimiler, les digérer en fait.
Et en bruit de fond, qui résonne encore une fois la dernière page fermée, le son du tambourin, tandis que la lumière continue de trembler, dans la fumée des feuilles de menthe qui brûle








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J'avais lu le précédent roman, peut-être le 1er, d'Andrea Donaera et j'avais pris une claque stylistique d'abord, puis l'intensité du roman m'avait scotché. du coup, quand j'ai vu sortir Elle, qui ne touche jamais terre, j'ai foncé sans hésitation.

ET pas déçu par ce nouveau roman d'Andrea Donaera qui ne renie ni son style ni l'intensité. Elle, qui ne touche jamais terre est un drame façon tragédie grecque. Les solitudes des autres, les trahisons, les mensonges et la famille comme autant d'ingrédients dans une bombe ou l'émotion s'amplifie à mesure des vérités découvertes.

J'ai toujours préféré être bousculé dans mes lectures et Andrea Donaera sait le faire. Avouons que les romans contemporains qui se contentent du quotidien fadasse a de quoi lassé. Là, le roman va au frontière des émotions, du style et il faut un petit temps pour attraper le tempo. On s'y fait vite et c'est là qu'on voit le talent de l'auteur quand il ne sacrifie rien des mots qu'il a dans la tête, reste lisible et ne se censure pas trop.

J'ai donc beaucoup aimé Elle, qui ne touche jamais terre et attend déjà le prochain roman d'Andrea Donaera.
Lien : http://livrepoche.fr/elle-qu..
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