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EAN : 9782070787821
88 pages
Joëlle Losfeld (30/04/2010)
3.29/5   7 notes
Résumé :
«¿Quién es?», «Qui est-ce?» sont les dernières paroles, aujourd'hui célèbres, de Billy the Kid, alias William Antrim, alias William Bonney, ou quelques autres noms encore. Hors-la-loi à seize ans, tué par Pat Garrett dans des conditions obscures à vingt ans, Billy the Kid est devenu un mythe après sa mort. L'action se déroule juste avant, quand celui qui va entrer dans la légende s'interroge sur son existence et les raisons qui l'ont poussé à choisir le destin qu'il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après un tour sur le blog de Bartleby, (qui ferme donc dépêchez-vous de lire son article) je me suis laissée conquérir par son excellente interview de Sébastien Doubinsky concernant le livre de celui-ci "Quién es ?" titre reprenant les deux derniers mots prononcé par Billy The Kid avant de recevoir une balle en plein coeur.
Tout comme Bartleby, je trouve que "Quién es ? est un livre remarquablement construit, écrit et pensé".
Ça c'est un fait, ce petit roman est formidablement bien écrit utilisant au mieux la richesse et la beauté de la langue française.
Cependant, je ne peux comme Bartleby affirmer que "Quién es ?" est "une pépite que tous les chercheurs d'or plongés dans les torrents boueux de la littérature française contemporaine doivent extraire et placer en bonne place dans leur bibliothèque." Et ce, pour deux principales raisons :


- La lecture avait pourtant bien commencée. Entraînée par l'impeccable écriture et la richesse des idées soulevées, je n'étais pas insensible à la grande liberté que Sébastien Doubinsky s'est offerte avec la ponctuation et la forme stylistique (utilisant les tirets à profusion pour suivre le cours des pensées de Billy). Néanmoins le choix de l'auteur, à savoir de très nombreuses digressions pour exposer les faits, a freiné très nettement mon enthousiasme (arrivée au 2/3 du livre).Bizarrement ce qui allégeait la lecture et en accélérait le rythme au commencement est devenu pesant. Et j'en reviens à une idée que j'ai souvent eu en littérature : le mieux est l'ennemi du bien.
Si ce livre avait été plus long, pas sûr que je l'aurais terminé (pas sur non plus que l'auteur aurait fait un tel choix de construction s'il avait décidé d'y mettre plus de pages, enfin je l'espère).

- Tout au long de la lecture j'ai senti, non pas le poids des pensée de Billy The Kid mais bien celles de Sébastien Doubinsky. Terrible sensation de dichotomie, qui m'a fait regarder Billy comme un simple faire-valoir, un réceptacle pour diffuser les réflexions de Sébastien. Réflexions extrêmement judicieuses et très intéressantes mais que j'ai eu beaucoup de mal à placer dans la tête de Billy The Kid car le Billy de Sébastien Doubinsly semble être le fils naturel de Sénèque et d'Emile Cioran !

Nous savons tous que Sénèque et Cioran n'auraient pu avoir un fils puisque 1915 ans les séparent (entre autres inconvénients...d'être nés - oui je sais, elle est bien lourde celle-là ) mais s'ils avaient pu se retrouver, s'aimer etc... ils auraient eu un gamin comme ce Billy The Kid, un gosse d'une vingtaine d'année, s'interrogeant sur le temps et son utilisation, le concept de liberté, celui du choix, celui du hasard ou de la destinée, celui de l'Autre dans toute sa complexité, sur la force des mots, leur pouvoir.
Bref, autant de réflexions très captivantes que j'ai eu beaucoup mal à placer dans le cerveau d'un voleur de chevaux ayant à peine dépassé la puberté.

C'est l'écueil que je redoutais après avoir lu le billet de Bartleby, écueil que Sébastien Doubinsky avait réussi à m'éviter durant les 70 premières pages, dû à sa parfaite maîtrise de la langue et une construction narrative ménageant plutôt bien le suspense.
Dommage...
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Le monologue de Billy the Kid, la rébellion instinctive, ses conséquences. Magnifique.

Publiée en 2010 chez Joëlle Losfeld, la douzième oeuvre de Sébastien Doubinsky n'EST PAS une n-ième biographie ou pseudo-biographie de Billy the Kid (même si le thème peut se targuer à bon droit d'illustres prédécesseurs, tels le Borges de "Histoire de l'infamie"), mais une utilisation sensible et intelligente de la figure singulière et mythique du jeune bandit du Far West pour explorer, dans une direction chère à l'auteur, les ressorts possibles et les aboutissants de la rébellion INSTINCTIVE.

Non pas celle, dotée d'une théorie politique, mise en scène par exemple par l'Ernst Jünger du "recours aux forêts" (Traité du rebelle, 1951), avec un agenda bien différent, mais bien celle, correspondant à une grande partie des témoignages - hors celui, terriblement biaisé comme on le sait, de Pat Garrett - sur l'outlaw aux quatre pseudonymes, qui naît comme par accident d'un irrépressible besoin de justice, ici et maintenant, et balaie de ce fait toute convention sociale à l'instant t, pour devoir ensuite en vivre et assumer les conséquences.

À partir de cela, Sébastien Doubinsly nous crée ce magnifique monologue intérieur, usant d'une habile forme, alliage de mots d'autodidacte, apparemment rugueux, qui peinent à éclore, et de leitmotivs ou d'idées se précisant toujours davantage, alors que la fatale chambre de Fort Summer semble maintenant se rapprocher à grands pas, monologue convoquant crimes et délits passés, épisodes de bonheur simple, rencontres féminines plus ou moins éphémères, et surtout moments fondateurs d'une vie et d'un mythe, autour de ce que Billy appelle le COMMENCEMENT et le DÉBUT, et qu'il devra réaffirmer ensuite, sans arrêt, pour mener sa vie.
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Quatre-vingts pages de monologue dans la peau du héros pour expliquer comment Henry McCarty, alias Henry Antrim, alias William Antrim, alias Kid Antrim, alias William Boney, est devenu Billy The Kid. Voilà une expérience littéraire originale et peut-être aussi rebutante. Pour ma part, j'avais acheté le livre sur la foi de sa quatrième de couverture et n'ai découvert sa forme singulière qu'à la lecture.

Lecture-surprise donc. Mais lecture séduisante dans l'ensemble. de fait en se glissant dans la tête de Billy The Kid peu avant sa mort (le moment où, abattu par Pat Garrett, il aurait prononcé la phrase-titre, Quién es ?, Qui est-ce ?) et en suivant tous les méandres de sa pensée, Sébastien Doubinsky double ce qui apparaît comme une expérience littéraire et stylistique d'un moment d'introspection hors du commun.

Sur la forme, cela prend l'apparence de longues phrases (jusqu'à deux pages) entrecoupées par des tirets lorsqu'apparaissent des digressions. Une manière de rendre une certaine urgence, de donner une véritable chair au personnage et d'impliquer réellement le lecteur.
Sur le fond, on entre de plain-pied dans cette fin de 19ème siècle et l'on voit naître sous nos yeux ce Billy The Kid que l'on ne connait souvent au mieux que par le biais de quelques western ou, au pire, par celui d'un album de Lucky Luke. Sébastien Doubinsky casse ici le mythe et fait de Billy The Kid ce qu'il est : un adolescent orphelin de père irrésistiblement attiré par les ennuis, pour qui sa vie et sa mort semblent déjà écrites et qui attend l'avenir avec fatalisme.

Le pari de Doubinsky est audacieux et, dans l'ensemble, réussi si l'on excepte le fait que régulièrement on sent sans doute un peu trop Sébastien Doubinsky émerger dans les pensées de Billy The Kid. Un écueil difficile à éviter et que l'on pouvait assez vite pressentir dès lors que l'on entrait dans les pensées les plus intimes du héros. Il n'en demeure pas moins que l'ensemble se tient et que cette expérience singulière valait bien que l'on s'y intéresse.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Ceci n'est pas une biographie de Billy the Kid. En effet, pourquoi refaire ce qui a déjà été écrit à plusieurs reprises, et en premier par Pat Garrett, lui qui s'est rempli de la disparition de l'autre ?

Monologue poétique, «Quién es ?» est le récit d'un instant fatidique, celui qui a façonné le destin de Billy the Kid. C'est le récit d'un commencement, de l‘instant du choix où bascule le destin de celui qui n'est encore qu'un gamin maigrichon et boutonneux. À cet instant tout en tension le temps s'arrête, moment mythologique du western, lorsque le gamin pousse la porte et franchit le seuil du bar, et va se retrouver face à l'incarnation du mal, le dos massif de Windy Cahill, homme stupide et cruel au physique de grizzli.

« Quién es ? » est aussi le récit d'une fin, dans ce monologue poétique teinté des occasions manquées de construire une vie plus belle, d'un Billy the Kid amoureux du langage et des femmes, un monologue qui sonne étonnamment juste grâce au talent de Sébastien Doubinsky qui nous fait entrevoir l'intérieur d'un homme exclus mais intègre.
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Difficile de rentrer dans ce "roman-western" par ses longues phrases interminables comme des scènes de "western spaghetti" !
PS : j'aime uniquement les westerns américains !
L'auteur essaie de nous substituer à Billy the Kid mais le tour de passe-passe ne fonctionne pas du premier coup et après les premières pages on a déjà du mal à s'en remettre. Des efforts de lecture ne feront pas de miracles !
Un livre que je n'ai pas fini de lire...un de plus !
Alors peut-être pour une autre fois...
On découvre parfois un livre délaissé...
que l'on se met à aimer...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
J'avais déjà COMMENCÉ certaines choses à l'époque, mais on ne pouvait pas parler véritablement d'un DÉBUT - une motte de beurre m'avait valu une sacrée remontée de bretelles de la part du shérif Whitehill - il avait les joues violacées de colère et ses dents jaunes claquaient près de mon nez mais je n'étais pas terrifié - honteux, oui, de m'être fait prendre, c'était la première fois que je volais quelque chose - mais je le regardais s'énerver sur moi, sa main tordant mon oreille comme dans les dessins comiques des gazettes, je le regardais comme si j'étais en dehors de moi-même, mes yeux flottant loin de mon visage pour mieux m'imprégner de cette scène - Whitehill au visage violacé par la colère sous son grand chapeau blanc et son étoile cuivrée qui vibrait sur sa poitrine, accrochée au gilet de cuit en veau mexicain - c'était un homme d'une grande bonté et je ne laisserais jamais dire à quiconque que tous les shérifs sont des ordures - ce sont des hommes comme les autres qui ont juste accepté de se laisser transpercer par leur devoir et il y en a parmi eux qui le vivent comme une blessure permanente et ceux-là doivent être respectés et honorés comme des pères - bien entendu, les autres peuvent crever.
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La poisse qui m’attendait par cette belle journée d’août, le dix-huit pour être précis – moi, je ne me rappelle pas mais les gazettes l’ont fait pour moi – les dates comptent seulement pour ceux qui n’ont jamais véritablement commencé, car cela donne l’illusion d’un moment précis, d’un point de départ mesurable et objectif – alors que le véritable commencement est toujours personnel et imprévisible – c’est le moment où l’ombre et la peau se rejoignent comme dans un grand midi, où l’évidence remplace le souhait et le temps se met a galoper devant soi sans jamais pouvoir être rattrapé, où la montre dans votre gousset fait un tic-tac infernal, que vous entendez les mécanismes grincer comme une gigantesque machine et la minute suivante s’ouvrir sous vos pieds comme la trappe de la potence.
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Qu'importe d'entendre encore une fois le rire de Teresa si c'est l'entendre maintenant qui me remplit de joie ? Qu'importe au pauvre la promesse d'une vie meilleure en Californie s'il n'aura jamais assez d'argent ou de courage pour y aller ? — moi, à l'instant où tout a commencé, j'ai aboli l'avenir — je l'ai fait disparaître d'un coup comme un magicien replie ses cartes et j'ai intégré le présent les yeux ouverts, sachant que désormais l'avenir se limiterait à la poussière du sol sur lequel ma botte allait se poser — oui, j'ai aboli l'avenir et je suis devenu moi, dans l'instant, en mouvement, pour toujours.
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Sébastien Doubinsky lit le poème ''Tu es plus belle que le ciel et la mer'' de Blaise Cendrars.
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