Après un tour sur le blog de Bartleby, (qui ferme donc dépêchez-vous de lire son article) je me suis laissée conquérir par son excellente interview de
Sébastien Doubinsky concernant le livre de celui-ci "
Quién es ?" titre reprenant les deux derniers mots prononcé par Billy The Kid avant de recevoir une balle en plein coeur.
Tout comme Bartleby, je trouve que "
Quién es ? est un livre remarquablement construit, écrit et pensé".
Ça c'est un fait, ce petit roman est formidablement bien écrit utilisant au mieux la richesse et la beauté de la langue française.
Cependant, je ne peux comme Bartleby affirmer que "
Quién es ?" est "une pépite que tous les chercheurs d'or plongés dans les torrents boueux de la littérature française contemporaine doivent extraire et placer en bonne place dans leur bibliothèque." Et ce, pour deux principales raisons :
- La lecture avait pourtant bien commencée. Entraînée par l'impeccable écriture et la richesse des idées soulevées, je n'étais pas insensible à la grande liberté que
Sébastien Doubinsky s'est offerte avec la ponctuation et la forme stylistique (utilisant les tirets à profusion pour suivre le cours des pensées de Billy). Néanmoins le choix de l'auteur, à savoir de très nombreuses digressions pour exposer les faits, a freiné très nettement mon enthousiasme (arrivée au 2/3 du livre).Bizarrement ce qui allégeait la lecture et en accélérait le rythme au commencement est devenu pesant. Et j'en reviens à une idée que j'ai souvent eu en littérature : le mieux est l'ennemi du bien.
Si ce livre avait été plus long, pas sûr que je l'aurais terminé (pas sur non plus que l'auteur aurait fait un tel choix de construction s'il avait décidé d'y mettre plus de pages, enfin je l'espère).
- Tout au long de la lecture j'ai senti, non pas le poids des pensée de Billy The Kid mais bien celles de
Sébastien Doubinsky. Terrible sensation de dichotomie, qui m'a fait regarder Billy comme un simple faire-valoir, un réceptacle pour diffuser les réflexions de Sébastien. Réflexions extrêmement judicieuses et très intéressantes mais que j'ai eu beaucoup de mal à placer dans la tête de Billy The Kid car le Billy de Sébastien Doubinsly semble être le fils naturel de
Sénèque et d'Emile
Cioran !
Nous savons tous que
Sénèque et
Cioran n'auraient pu avoir un fils puisque 1915 ans les séparent (entre autres inconvénients...d'être nés - oui je sais, elle est bien lourde celle-là ) mais s'ils avaient pu se retrouver, s'aimer etc... ils auraient eu un gamin comme ce Billy The Kid, un gosse d'une vingtaine d'année, s'interrogeant sur le temps et son utilisation, le concept de liberté, celui du choix, celui du hasard ou de la destinée, celui de l'Autre dans toute sa complexité, sur la force des mots, leur pouvoir.
Bref, autant de réflexions très captivantes que j'ai eu beaucoup mal à placer dans le cerveau d'un voleur de chevaux ayant à peine dépassé la puberté.
C'est l'écueil que je redoutais après avoir lu le billet de Bartleby, écueil que
Sébastien Doubinsky avait réussi à m'éviter durant les 70 premières pages, dû à sa parfaite maîtrise de la langue et une construction narrative ménageant plutôt bien le suspense.
Dommage...