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EAN : 9781533642233
359 pages
CreateSpace Independent Publishing Platform (27/07/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
En 1980 je suis parti en Ethiopie en tant que coopérant. Pour moi qui n'avais jamais voyagé ce fût un choc mais également une révélation, tant l'Ethiopie est un pays attachant. Sa culture unique, l'Ethiopie est le seul pays d'Afrique à avoir son propre alphabet par exemple, en fait un pays absolument passionnant à vivre.Pour beaucoup l’Ethiopie est d’abord le pays de la famine, il faut sortir de ce cliché et découvrir la richesse de sa culture millénaire, la grandeu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour mon centième livre sur l'Afrique, je suis fière de présenter le livre de Pierre Duchesne III, sur un pays mal connu, du moins par moi qui ne connaît pas l'Afrique de l'Est. Il nous en livre un panorama complet, politique, économique, touristique, historique, et aussi rempli d'anecdotes personnelles, racontées avec humour, en un tout agréable à lire et sûrement plus près de la vérité que n'importe quel guide du routard, puisqu'il y a vécu pendant deux ans.

Son livre, Ethiopia Tikden, Vive l'Ethiopie, pays le plus pauvre du monde, retrace l'histoire depuis le roi des rois Hailé Sélassié, le Négus régnant depuis 1930, avec un prestige digne de Louis XIV, jusqu'en 1974, exception faite de l'occupation italienne entre 1936 /1941. Il serait le descendant du roi Salomon et de la reine de Saba et a fondé l'Organisation de L'unité Africaine, OUA, siégeant dans sa capitale, Addis-Abeba, qui signifie « Nouvelle fleur » en amharique, (la principale des langues éthiopiennes avec sa grammaire compliquée, un alphabet et des chiffres spécifiques) et construite par l'empereur Ménélik à la fin du XIX· siècle sur une hauteur allant jusqu'à 3000 mètres.

Puis le Négus est renversé par une révolution « progressiste » soviétique, dont les méfaits subsistent toujours, en particulier dans l'administration, où le principe de précaution sévit, ce qui fait qu'aucune décision ne peut être prise sans l'accord du chef, dont la décision dépend du chef au-dessus, et ainsi de suite, encore faut-il repérer le chef de tous et arriver à le voir : rien n'est simple.

Nous avons en mémoire les images qui nous sont parvenues en 1984/1985 lors de la grande famine, mobilisant l'aide alimentaire et les rocks stars, sauf que, soyons clairs, les dirigeants du pays s'en foutaient pas mal de la pauvreté et de l'aide. Normal que les pays riches aident, non ? Et cette aide ne va bien sûr pas aux pauvres.
Eux, ils sont recrutés dans les meetings pour acclamer, d'une seule voix, le dictateur, exactement comme sous la Révolution Française: on tirait de leur lit les miséreux pour acclamer quoi, ça, ils n'avaient pas à le savoir, ils acclamaient, et mangeaient ensuite, c'était bien suffisant. Mengistu, le nouveau dictateur, chasse les ONG. Et comme la famine touche plus les zones de rebelles potentiels, elle fait le travail plus sûrement que les armes russes.
« Un monde où tout le monde détestait le système mais affirmait le contraire à voix haute tous les jours. »
L'Ethiopie est pauvre, et s'occupe à faire la guerre aux deux extrémités du pays. Pourquoi ? Et pourquoi se battre pour des portions de désert ? Pourquoi des jeunes s'enrôlent-ils ? Pourquoi des migs fournis en masse par la Russie s'apprêtent-ils à foncer sur des rebelles inorganisés : c'est le concept de la guerre asymétrique.
Questions sans réponse, à part le bourrage de crânes instauré par le pouvoir communiste, alors que l'auteur nous donne des explications sur beaucoup de points.

Pierre Duchesne III travaille dans le Lycée français d'Addis-Abeba, comme VSNA formateur topographe ; il visite le pays durant ses congés, apprend les codes, nous invite à visiter les chutes du Nil bleu, bien moins connues que celles du Niagara, et pourtant aussi spectaculaires en s'infiltrant dans des gorges jusqu'en Egypte où, là, l'eau servira les cultures : injustice géologique, donc. Il nous rappelle que Lucy y est née, il y a 3,8 millions d'années, appelée ainsi parce que les chercheurs écoutaient en boucle les Beatles : « Lucy in the sky with diamonds.»
Rimbaud y a vécu, négociant de café, trafiquant d'armes plus que néophyte et raté, avant de rentrer , malade , amputé d'une jambe en France où il mourra peu après. Enfin, une pensée pour le champion Abebe Bikila, courant pieds nus entre son travail et sa ville, soit 45 kilomètres, chaque jour, puisqu'il était trop pauvre pour acheter des tickets de bus. Deux fois champion olympique du marathon, médaille d'or en 1960 et 1964, il a pu enfin s'acheter des chaussures.
En conclusion, Ethiopia Tikdem a le mérite de nous faire sourire grâce à l'humour de son auteur, de nous éveiller à l'histoire du pays, de nous alerter sur les risques de l'aide alimentaire accordée à des dictatures et de nous faire partager les années heureuses passées en l'Ethiopie, en dépit de sa pauvreté.

LC Tthématique décembre : le monde
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Lorsque par la suite j’ai travaillé dans la jungle beaucoup m’ont pris pour un aventurier mais j’ai découvert des personnages auprès desquels je passais encore pour un enfant de cœur. J’ai constaté par la suite que même si on crapahutait aux fins fonds de la brousse on y rencontrait toujours plus aventurier que soi.
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Nous y mangions à l'européenne avec des couverts en argent, et il y avait même un menu en français.
Parfois nous regardions la version anglaise pour être
certains car le traducteur n'était pas toujours au top de sa
forme. Je me souviens des courgettes devenues "Gorgettes
sautées", j'ai repensé à la vieille Georgette de mon village
qui aurait bondi d'indignation en voyant sa réputation ainsi
bafouée.
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Mengistu, l’homme fort du nouveau gouvernement, a quand même tué de sa main deux de ses ministres en plein conseil ; j’espère qu’ils n’étaient vraiment pas d’accord, pour qu’au moins ça vaille un peu la peine. Suite à cet épisode les membres du gouvernement, tous militaires, devaient laisser leur arme avant de rentrer au conseil. Tous sauf Mengistu bien sûr, sans doute pour limiter la durée des débats.
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Les professeurs français en contrat local gagnaient environ 2.500 FF par mois, plus du double de leurs homologues éthiopiens. Il ne faut pas croire que le lycée voulait discriminer les enseignants éthiopiens, la différence de salaire avait été imposée par les autorités éthiopiennes qui ne voulaient pas que les enseignants du lycée soient trop favorisés par rapport à ceux des écoles locales.
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Une petite comparaison pour illustrer la différence de niveau de vie : mon chef avait un chien, un doberman qu'il avait amené de France. Pour ne pas changer les habitudes du chien il lui donnait de la viande qu'il faisait acheter par son gardien : le budget nourriture du chien était de cent birrs par mois, exactement le salaire mensuel du gardien. Ça se passe de commentaires
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