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Jessica Blandy tome 22 sur 24
EAN : 9782800133881
48 pages
Dupuis (08/10/2003)
3.55/5   10 notes
Résumé :
J'ai croisé Keith Richards, un jour. Une ombre, un mort vivant. c'est pour ça qu'il a deviné, qu'il s'est arrêté. Il a blêmi. Il a cru que j'arrêterais de jouer... pour m'occuper de lui. Mais ce n'était pas son heure. J'ai continué de souffler dans mon harmonica. Il est reparti, soulagé je crois.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Jessica Blandy, tome 21 : La Frontière (2002) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Cette histoire a été publiée pour la première fois en 2003, écrite par Jean Dufaux, dessinée, encrée et mise en couleurs par Renaud (Renaud Denauw). Elle compte 46 planches. Elle a été rééditée dans Jessica Blandy - Intégrale, tome 7 qui contient les tomes 21 à 24.

À New York, un homme blanc à la chevelure brune, marche dans la rue sous la neige, en tirant quelques notes de son harmonica. Blue Harmonica s'arrête de marcher et de jouer devant monsieur Chance, seule autre personne dans la rue. Ce monsieur en habit de soirée avec un chapeau haut de forme lui demande quel air il jouait : c'était un vieil air de Muddy Waters. Chance continue : il donne un nom à Harmonica, celui de Louis Berich. L'homme se trouvera à la station Subway City Hall. Il remet un paquet à Harmonica. Ce dernier le prend et se rend à la station de métro. Elle est déserte, à part un individu affalé contre un mur sur le quai. Il vérifie que c'est bien Louis Berich, lui tire dessus à bout portant, puis jette l'arme sur les rails. le nom de Louis Berich est apposé sur la crosse, par une petite plaque vissée. Peu de temps après une équipe de police est sur place pour enquêter avec la commissaire Douglas, et l'inspecteur Traum qui tousse un peu. Ce dernier récupère le pistolet sur les rails, et constate la présence du nom. Il reste à vérifier qu'il correspond bien à celui de la victime.

Jessica Blandy est en train de prendre son petit déjeuner dans un diner, tout en appréciant l'air d'harmonica joué à l'extérieur. Ça ressemble à du Mattias Hellerg. Elle en fait part à sa voisine qui n'avait même pas écouté. Jessica se lève et sort, regrettant de quitter cette jeune femme aux jolies jambes. À l'extérieur, le joueur d'harmonica l'aborde en lui demandant si elle s'appelle Stella Lamb. Il s'en suit un court échange au cours duquel il lui confirme que c'est bien lui le joueur d'harmonica. Elle continue son chemin, et lui le sien. Jessica Blandy se retourne en entendant le bruit d'une détonation et se met à courir vers le diner. Elle découvre le cadavre de Stella Lamb, étendu sur la neige, devant une voiture stationnée sur le parking. Un peu plus tard, assise dans le diner, elle essaye de répondre aux questions de Douglas et Traum : elle se rend compte qu'elle est incapable de décrire l'homme avec qui elle a échangé quelques mots, comme s'il y avait un trou dans sa mémoire. le soir en s'endormant, elle constate qu'elle ne parvient même pas à se souvenir de son visage. le lendemain, Blue Harmonica rencontre à nouveau monsieur Chance. Il lui indique qu'une femme l'a vu. Chance lui répond de ne pas s'en préoccuper, qu'elle ne se souviendra de rien, qu'elle ne figure pas dans ses listes. Il lui donne le nom d'une autre personne à abattre : Leigh Cardogan III.

La séquence d'entrée établit directement que ce récit fonctionne avec une touche de surnaturel. L'individu appelé Blue Harmonica (c'est son vrai prénom ?) est un tueur qui travaille pour un étrange monsieur Chance (c'est son vrai nom ?) qui lui donne des noms. La touche de surnaturel est confirmée avec le pistolet dont la crosse porte le nom de la victime. Ce n'est pas la première fois que le scénariste introduit un tel type d'élément. Ici, le lecteur découvre qu'il y a une sorte d'organisation qui reste entièrement mystérieuse et qui perpétue la fonction d'assassinat sur la base d'un critère qui est explicité. L'artiste ne dessine aucun élément surnaturel de type spectre, apparition ou phénomène magique inexpliqué. Il reste dans un registre naturaliste tout du long, Blue Harmonica étant un homme de taille normale à la morphologie normale, sans rien de remarquable, avec une belle chevelure noire, un air un peu romantique et vaguement inquiétant. Il s'agit donc d'un élément de nature métaphorique, incarnant l'envie suicidaire. du coup, les noms étranges font sens, désignant une fonction ou une caractéristique. Ce dispositif narratif fonctionne bien et permet à l'auteur d'évoquer une forme tranchée d'euthanasie, particulièrement transgressive. Encore que les actes de Blue Harmonica puissent se lire des deux manières : comme une délivrance bienvenue, ou comme un crime, c'est-à-dire en sous-entendu, une condamnation morale de mettre un terme à une vie, même si c'est le voeu le plus cher de la personne concernée.

Une fois accordé le supplément de suspension d'incrédulité, le lecteur retrouve avec plaisir Jessica, à nouveau au coeur d'une affaire de meurtres en série. Cette fois-ci, c'est personnel, enfin encore plus que d'habitude. Non seulement Jessica couche avec le tueur présumé, mais en plus, il est vraisemblable qu'elle est sur sa liste. Dufaux s'amuse bien avec cette incertitude. Il confronte son héroïne au fait qu'elle n'arrive pas à se souvenir du visage de celui à qui elle a parlé. Une fois intégré le dispositif de la métaphore, le lecteur peut y voir le fait que Blue Harmonica incarne pour elle un traumatisme qu'elle a préféré refouler, ou plutôt une épreuve qu'elle a traversée, acceptée et dépassée. D'ailleurs Blue explicite clairement le traumatisme dont il s'agit : Jessica contrainte à la prostitution la plus glauque dans [[ASIN:2800134860 Jessica Blandy, tome 6 : Au loin, la fille d'Ipanema]] (1990). S'il a suivi la série depuis le début, le lecteur se souvient encore de ce passage des plus éprouvants, et la fonction de Blue Harmonica s'en trouve nourrie, devenant très concrète, plus compréhensible. Il comprend la raison pour laquelle Jessica Blandy estime que quelqu'un a troué sa mémoire, pour quelle raison personne ne se souvient de Blue Harmonica, car il s'agit d'un souvenir réprimé.

Comme d'habitude, la narration visuelle de Renaud rend chaque scène évidente et solidement ancrée dans la réalité. Plus les tomes passent, plus l'artiste sait allier sa mise en couleurs avec ses traits d'encrage très fin, pour une belle complémentarité. Il continue à se montrer très minutieux dans ses descriptions ce qui donne une narration très factuelle, très précise, comme s'il s'agissait d'un reportage. le lecteur peut admirer son application à montrer chaque environnement : les façades des gratte-ciels, les magnifiques arches en brique de la station de métro (avec des rails un peu trop propres), le diner impeccable dans une structure légère, la brocante dans la rue avec ses objets hétéroclites, le magnifique restaurant dans lequel Harmonica abat Leigh Cardogan III à bout portant, le parc avec quelques restes de neige, la maison en bordure d'océan à laquelle on accède par un ponton, le parc de caravanes et de mobil-homes en mauvais état, etc. D'un côté il y a les traits très précis de Renaud, souvent très droits pour les bâtiments : de l'autre il y a la mise en couleurs à la fois solide et ténue. Certes, il est peu probable que les rails de métro ne soient pas encrassés par la graisse. À part ce moment, les couleurs viennent discrètement apporter une ambiance discrète : la froideur grisâtre des toilettes du commissariat, la froideur un peu plus bleutée de la neige dans les rues, la froideur un peu plus verte de la nature et de la lumière à proximité de l'océan, le jaune pâle presque blanc de la lumière du matin en bordure d'océan sous un soleil encore faible, etc.

Renaud met en oeuvre une direction d'acteurs de type naturaliste, permettant de croire à ces individus, en parfaite cohérence avec le scénario. Jessica Blandy apparaît toujours aussi séduisante et agréable, tout en conservant sa part d'ombre. Elle est vêtue de tenues élégantes, un blouson blanc avec un pantalon en cuir, ou un long manteau blanc comme neige, ou encore une nuisette verte. En la regardant, le lecteur peut voir la douceur de son visage, de son expression, bienveillante, mais aussi sa curiosité, parfois sa dureté quand un interlocuteur lui cache des choses, son honnêteté intellectuelle et émotionnelle quand Harmonica vient pour la tuer, le lecteur se rend compte que l'attitude et le visage des autres personnages expriment également leur état d'esprit, par exemple la détermination de Blue Harmonica, mêlée d'une forme de résignation et de mélancolie. Il n'est donc pas surpris quand il se dit préoccupé par sa rencontre avec Jessica Blandy, ou quand il déclare à monsieur Chance qu'il n'a aucun regret.

Arrivé au tome 22, le lecteur sait à quoi s'attendre, et les auteurs tiennent leurs promesses implicites : des meurtres évoquant les actes d'un dérangé, une narration visuelle réaliste soignée, des comportements d'adulte. Il voit bien que Jean Dufaux a développé son intrigue sur la base d'un concept (un tueur liquidant des individus ayant perdu l'envie de vivre), avec en tête des références musicales précises qu'il énonce (Keith Richards, Muddy Waters, John Mayall, Mattias Hellberg, Dylan Thomas). le résultat fonctionne bien car Jessica Blandy n'est pas qu'un artifice narratif, et le tueur est habité par sa mission. le lecteur peut donc s'identifier à l'héroïne qui doit se confronter avec un souvenir traumatique, et au tueur qui accomplit une mission honorable. Un polar sondant une facette angoissante de l'humanité.
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Jessica Blandy a toujours aimé flirter avec les hommes et avec la mort. Dans ce vingt-deuxième tome elle flirtera avec Blue, un rédempteur qui tue des victimes consentantes et soulagées de quitter leur souffrance quotidienne. Un tueur qui joue de l'harmonica et qui ne laisse aucun souvenir dans les mémoires, sauf dans celle de Jessica Blandy.

On constate à nouveau l'évolution psychologique de Jessica Blandy depuis le début de la série et surtout depuis son épisode au Mexique («Au loin, la fille d'Ipanema...»). On retrouve une Jessica Blandy qui, même si la mort ne l'effraye pas, ne la désire plus pour échapper à ses malheurs. Son âme semble avoir trouvé du repos.

Dufaux nous livre un nouvel épisode aux frontières du réel et renoue avec cette ambiance musicale qui caractérise de nombreux albums de cette série. Un épisode plus calme, sur fond de blues et de jazz, sur fond d'harmonica, sur fond de meurtres quand la musique s'arrête.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je quitte ce jeune homme si sympathique et je ne me tracasse pas pour lui. Dans quelques minutes, il aura tout oublié. Ce sera comme s'il ne m'avait jamais vu, jamais parlé. Mais moi, je sais, je sais ce qu'il attend de nous. La ville semble m'approuver. Mais je reste modeste. Je ne suis que l'intermédiaire. Justement, ça me fait penser que je n'ai plus de nouvelles de Blue Harmonica depuis quelques temps. C'est étrange, inquiétant même. Il faut que je m'informe.
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Je n'ai aucun mérite. Contrairement à ce que vous pensez, c'est très facile. Je suis celui qui pardonne. Pas au premier venu, non. Il faut que monsieur Chance m'indique son nom. Mais pour la première fois j'ai un doute. Et ce doute, c'est une jeune femme blonde dont j'ignore tout, sinon qu'elle n'aurait jamais dû croiser mon chemin.
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Ma dernière pensée fut pour cette jeune femme blonde, si douce, si tendre. Se doutait-elle de ce qu'elle venait de vivre ? Je ne crois pas. Ce n'est pas tous les jours que l'on croise le chemin d'un ange de la miséricorde, d'un ange de l'oubli.
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J'ai croisé Keith Richards, un jour. Une ombre, un mort-vivant. C'est pour ça qu'il a deviné, qu'il s'est arrêté. Il a blêmi. Il a cru que j'arrêterais de jouer, pour m'occuper de lui. Mais ce n'était pas son heure, j'ai continué de souffler dans mon harmonica. Il est reparti, soulagé je crois.
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Une idée logique, non. Mais il n'y a pas que la logique en ce monde. Je suis payée pour le savoir.
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