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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quand j'ai ouvert la page de cet opus je ne !ai fermé qu'une fois la dernière ligne terminée. Ce récit est court mais intense. Je n'ai pas eu de peine pour visualiser Adrien, ses amis leur vie. Je vais pouvoir maintenant regarder le film pour conforter ce que j'ai imaginé.
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Adrien Fournier, jeune ingénieur officier, quitte sa Dordogne à l'annonce de la mobilisation pour la Meuse. Il doit passer par Paris, où il s'arrête et où il fait la connaissance de Clémence, avec qui il passera la nuit. Il lui demande de lui laisser ses coordonnées lorsqu'elle quittera son appartement.

A peine arrivé sur son lieu d'affectation, son capitaine lui donne une mission de reconnaissance pour le lendemain afin de déterminer des points où déployer des ponts mobiles. Mais ses deux hommes et lui-même sont victimes d'une embuscade. Adrien n'est pas touché à la jambe ou au bras. Adrien n'est pas mort sur le coup, ou se vidant de son sang jusqu'à extinction. Adrien reçoit une balle à la base du nez qui lui emporte le bas du visage, et la mort refuse de le prendre, un caillot stoppant l'hémorragie.

Sa guerre, Adrien la vivra à l'hôpital, à Paris. Sa guerre à lui durera cinq ans. Délirant et seul, il constate qu'aucun miroir n'orne les murs. C'est en ayant des compagnons de chambre qu'il comprendra que la vision des autres constitue son propre reflet. Certains restent, d'autres s'en vont. Adrien se lie d'amitié avec un pilote, Pierre Weil dont l'avion s'est écrasé en flammes et un capitaine de cavalerie, Henri de Penanster.

Dans sa chambre ne se trouveront que des officiers blessés de la face. L'hôpital accueille plusieurs types de blessures qu'il répartit en fonction de leur nature et du grade des soldats.

Tous les jours, le médecin-chirurgien vient le voir et, sans ambages, l'informe en détail des futures opérations, des difficultés à prévoir et des infortunes…
Une présence féminine et mystérieuse va même les intriguer, jusqu'à ce qu'ils la rencontrent : Marguerite, infirmière sur le Front et dont le bas du visage a été emporté.

Peu à peu, ensembles, ils vont se connaître et se reconnaître, se reconstruire, réapprendre à vivre mais à l'abri des regards, à huis-clos. Constamment, Adrien pense à Clémence.

Leurs rares sorties dans Paris leur renvoient des images d'horreur. Ils font peur. Les civils ne sont pas prêts à les voir et eux, encore, à s'accepter. Adrien n'informe pas sa famille, jusqu'à ce que celle-ci vienne jusqu'à lui. D'autres ne tiennent pas le coup et se donnent la mort. Les trois compères résistent et vient la fin de la guerre. Ils se sentaient en sécurité, semblables aux autres. Désormais, ils seront un rappel constant à ce passé d'horreur.

Adrien sort de l'hôpital en 1919 et rentre chez sa mère. Mais il veut vivre sa vie et compte reprendre le poste qu'il occupait avant la guerre. Mais il est éconduit, son physique dérange. Il retrouve Clémence par hasard, elle a une enfant dont le père est mort au combat.

Il est le premier à se marier, à se construire un futur, à avoir un enfant. Puis Weil. Même séparés géographiquement, les trois se retrouvent régulièrement puis la guerre frappe de nouveau. En 1940, ils veulent croire à la paix.

1946 : Penanster est le premier à mourir, peut-être suite à un accident. Sujet à des douleurs de plus en plus persistantes et insoutenables, il est retrouvé mort au bas d'une falaise. A son enterrement, Adrien et Weil se promettent de faire retrouver le sourire aux nouveaux anciens combattants et de leur réapprendre à vivre.
La chambre des officiers est le premier livre de Marc Dugain, romancier et réalisateur français, ami de Stéphane Audoin-Rouzeau, grand spécialiste de la Grande Guerre. Ce roman a reçu deux prix littéraires, celui des Libraires en 1998 et celui des Deux-Magots l'année suivante. C'est en 2001 que le livre fut adapté sous son titre éponyme au cinéma par François Dupeyron. le film suit fidèlement le livre et montre parfois féroce, souvent intime la peur, la douleur et les atermoiements de ces hommes défigurés.
On a peur avec et pour Adrien, on ressent ses craintes et ses espoirs. Certaines questions sont toujours d'actualité : quelle place dans notre société pour ceux qui sont différents, qui ne correspondent pas aux canons de la beauté ? Quelle reconnaissance doit-on leur apporter ?
Ce roman ne laisse pas indifférent.

Il vous marque.

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"La guerre de 14, je ne l'ai pas connue."

Et pourtant la guerre, le lieutenant Adrien F. y est allé. Mais un obus allemand va très vite mettre fin à sa participation sur le terrain. Va alors commencer une autre guerre, plus psychologique, plus sournoise et pernicieuse. Une guerre contre soi-même et son corps.

J'ai découvert la plume de Marc Dugain avec ce roman et j'ai été conquise. le sujet est dur, particulièrement pour un récit de guerre je trouve. J'avais eu un coup de coeur pour A l'est rien de nouveau il y a quelques années. Même guerre, même jeunesse, autre camp. J'ai encore une fois été bluffée avec ce récit de guerre, certes particulier, mais de guerre malgré tout.

C'est graphique, horrible, réel. Ça prend au ventre parfois. Mais les gueules cassées, cette jeunesse massacrée à qui on avait vendu une guerre facile bouclée en 3 semaines, va mettre des décennies à se relever de cette horreur.

Un roman à lire absolument. Pourquoi pas en novembre à l'occasion de l'armistice.
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Défiguré mais vivant!

La vie d'Adrien Fournier jeune diplômé, “ beau” et destiné à une grande carrière bascula à son arrivée au front dès le début de la guerre. Lorsqu'il rentrera cinq ans plus tard, une fois le combat terminé, il ne sera plus le même homme.
J'ai beaucoup aimé ce roman même si j'ai pensé au début qu'il allait m'ennuyer. C'est le courage d'Adrien et de ses amis qui m'a le plus marqué. Leur capacité à rire, à créer des amitiés et à se reconstruire après un si gros traumatisme était impressionnante. Ce livre qui aurait pu être horrible se termine finalement avec beaucoup d'espoir. La vie peut reprendre le dessus. Adrien a pu travailler, fonder une famille malgré tout ce qui lui est arrivé et même être heureux, faire la fête, aimer, être aimé!
Ce roman est particulièrement intéressant car il décrit une autre réalité de la guerre. Il est différent des autres livres qui parlent de ce sujet et rare dans son genre. Il ne raconte pas, en effet, la vie des soldats au combat ou dans les tranchées, mais le quotidien d'hommes blessés à l'hôpital. On réalise les dégâts causés par la guerre et finalement une autre forme d'héroïsme.
"Mais surtout, nous éprouvions ce sentiment d'extrême liberté qui est l'apanage de ceux qui sont débarrassés de leur image et qui ont retiré, du voisinage de la souffrance, cette distance avec ce qui rend l'homme si petit et si étriqué" p159
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Comme j'ai pu le dire par ailleurs, Marc Dugain est un des leaders indiscutables de la littérature française actuelle, sa seule limite tenant à la qualité variable de son inspiration.

Sa prose est toujours d'une finesse et d'une subtilité rares, d'une très grande lisibilité même pour les lecteurs les plus novices (beaucoup de dialogues, des phrases simples).

Cela n'a jamais été aussi manifeste que dans ce roman, son premier, qui le projeta tardivement sur le devant de la scène (cette oeuvre a reçu de multiples prix aussi significatifs que le prix des libraires ou celui des deux magots) au tournant du siècle, alors qu'il atteignait la quarantaine.

Lire la suite de ma critique sur le site le tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Incroyablement bien écrit avec des mots qui sonnent juste à chaque page. Un poème en prose. Une vraie délectation.
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Sensible et touchant
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Histoire touchante que celle de ces hommes qui doivent réapprendre à vivre après avoir été terriblement meurtri par la guerre !
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C'est un livre magnifique que j'ai dévoré et adoré. On y ressent une telle émotion qu'on ne peut qu'être transporté par les mots de Marc Dugain. Encore une belle dénonciation de la guerre et de ses violences, mais, La Chambre des Officiers ne se limite pas seulement à ça. On y sent une belle mise en exergue de ce que je vais appeler « la tolérance du regard »… A lire…
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Il ne reste pas grand chose à ajouter au concert de louanges que déclenche ce livre. C'est un livre agréable à lire - a-t-on le droit de dire cela quand le sujet en est si pénible ?

Oui, c'est un livre agréable. Mais est-ce un bon livre ? Un livre qu'on emporte dans l'île déserte. Un livre qu'on étudiera dans cinquante ans en cours de littérature ?

J'essaye de trouver quelque chose de négatif en lisant les rares critiques à deux voire trois étoiles. Déception, elles se plaignent pour beaucoup de ce que l'auteur n'a pas écrit le livre que ces lecteurs auraient voulu eux-même écrire - il manque ceci, cette partie n'est pas assez développée... Ou bien l'avis défavorable provient de l'hostilité et la méfiance qui surviennent quand une oeuvre jouit d'une belle notoriété. Mais rien de sérieux. le livre en sort sans une égratignure.

Et pourtant, je sens en moi un malaise. Je sens qu'il faut absolument que je me débrouille pour trouver quelque chose de mauvais.

En réfléchissant, la critique essentielle que je pourrais faire est la question du sujet choisi. Les gueules cassées, c'est forcément pathétique, triste. Et le pire, c'est que ça ne peut qu'intéresser : exactement comme les gens ralentissent de l'autre côté de la double voie pour essayer de voir s'il y a des blessés dans un accident, ou bien comme on allait voir les monstres exposés dans les foires au siècle dernier.

Ok. Mais est-ce une raison pour ne pas traiter le sujet ? Est-ce que parce qu'un sujet est intrinsèquement racoleur ou scandaleux qu'il est interdit d'en parler ? Quand bien même on en parlerait "bien", c'est à dire avec finesse et sobriété comme le fait Dugain ?

En ces temps de censure tous azimuts, je ne me sens pas d'interdire - au nom, au fond, de la culpabilité que je ressens d'être en bonne santé. L'auteur a pris ses risques. Et je mets quatre grosses étoiles.
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