AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782130575771
128 pages
Presses Universitaires de France (10/03/2010)
4.11/5   9 notes
Résumé :
Qui sont les Wisigoths, les Ostrogoths, les Burgondes, les Francs, les Alamans, les Suèves, les Saxons ou encore les Vandales ?

Les Barbares ont une drôle de réputation. Les penseurs de la Renaissance leur imputent le naufrage de la seule véritable civilisation : Rome. Les historiens du XIXe siècle leur octroient volontiers l’origine des nations européennes : les Angles n’ont-ils pas donné leur nom à l’Angleterre, les Francs à la France ?
Si le... >Voir plus
Que lire après Les royaumes barbares en OccidentVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pendant les vacances, j'ai abandonné un roman historique se passant au Moyen-âge. Mais, frustré, j'ai tenu à enchainer avec un livre de la même période. J'ai opté sur ce Que sais-je qui s'est révélé de grande qualité. Il traite de la période charnière située au passage de l'antiquité au moyen-âge.

Ma lecture date déjà d'une bonne semaine, donc je vais faire court. Vu le format court de cette collection, l'information est compressée et présentée sans fioritures. Magali Coumert et Bruno Dumézil ne s'attachent pas aux individus célèbres qui ne font que passer. C'est la vision globale qui est privilégiée.
L'information est compressée mais elle est loin d'être aride. Je suis ressorti de l'ouvrage avec des idées claires, largement renouvelées par rapport à mes lectures sur le même thème de ma jeunesse, signe que la recherche évolue.
Ainsi, j'ai été très intéressé par les thèses nouvelles qui viennent contredire l'idée des grandes migrations. Les auteurs montrent la perte de vitesse de cette théorie qui présente les invasions comme effectuées par les peuples ethniquement construits possédant une culture ancienne. C'est désormais l'idée qu'un peuple se crée à partir de plusieurs éléments qui sont mis en contact – les migrants et les autochtones par exemple –, qu'au bout de quelques générations les traditions se mélangent et la nouvelle identité se forme (les auteurs parlent d'ethnogenèse). L'explication est appliquée avec succès, je crois, pour expliquer aussi bien la naissance des Goths ou des Vandales (contacts entre divers clans barbares) que celle des royaumes barbares comme la Francie ou la Burgondie (contacts entrer barbares et citoyens romains).

Comme vue d'avion, on découvre l'évolution en accéléré d'identités socio-culturelles, celles de l'antiquité qui meurent et se fondent les unes dans les autres, et donnent naissance aux royaumes d'occident du Haut moyen-âge.

Commenter  J’apprécie          276
Très bon Que sais-je, qui éclaire sur une période particulièrement complexe de notre histoire occidentale en apportant un jour nouveau sur les théories apprises à l'école et encore trop souvent colportées, alors que la recherche a, depuis longtemps, réajusté les théories relatives au déclin de l'empire romain.
Commenter  J’apprécie          30
que sais je
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A défaut de sources écrites, les données des fouilles sont généralement sollicitées pour comprendre la naissance du monde barbares. La présence des mêmes objets en association permet en effet d'identifier ce que les archéologues appellent une "culture matérielle"; la carte des sites où ces ensembles d'objets sont trouvés révèle l'aire d'expansion d'une "civilisation", encore que ce terme soit sans doute impropre.
Commenter  J’apprécie          160
En somme, le monde romain n'a pas disparu, mais il s'est transformé sous la pression des armées barbares. Ce processus aboutit à la création de nouvelles identités ethniques, plus restreintes sans doute que la citoyenneté romaine, autour desquelles se forgent, lentement, de nouveaux peuples. Ainsi, au VIIe siècle, un Franc n'est pas nécessairement le descendant d'un Barbare qui vivait au-delà du Rhin et du Danube dans l'Antiquité. Il s'agit simplement d'un homme libre, chrétien et fidèle au roi des Francs.
Commenter  J’apprécie          100
Le modèle explicatif des grandes migrations a été longtemps repris dans les ouvrages à destination du grand public. En 2017, Wikipédia s'en fait encore largement l'écho. L'illustration la plus caractéristique en est la carte des Grandes Invasions, où les peuples barbares sont représentés par des flèches convergeant des confins européens vers l'Empire romain.
De telles représentations sont à refuser pour de nombreuses raisons. D'abord, l'usage des flèches pour des déplacement supposés pluriséculaires supprime toute chronologie, comme toute attention aux sources. Sont ainsi mis sur le même plan, par exemple, le déplacement de l'armée d'Alaric après son sac de Rome, en 410, bien attesté par les textes contemporains des événements, et un déplacement de Goths entre l'île de Scandie et la Scythie, que seul Jordanès évoque de façon très floue et qu'il situe plus de dix siècles avant son époque. En outre, une flèche suppose la stabilité du groupe en déplacement, qui est implicitement présenté comme distinct des groupes voisins durant les siècles de son errance.
L'unanimité autour du modèle des grandes migrations fut rompue à partir des années 1960 par les progrès de l'archéologie. Pendant longtemps en effet, l'interprétation des vestiges n'eut d'autre but que d'identifier les migrations que décrivaient les récits du haut Moyen Age. Ainsi, les origines des Goths et des autres peuples de langue germanique étaient systématiquement recherchées en Scandinavie. Or, des études plus fines permirent de constater que la région était peu peuplée dans l'Antiquité ; dès lors, on ne parvenait pas à expliquer un exil massif de populations. De plus, certains objets sont assurément communs de part et d'autres de la mer Baltique, mais la culture matérielle de Wielbark fut élaborée sur le continent.
D'un autre côté, la linguistique a fait l'objet d'une utilité plus prudente. Les analyses montrent certes des points communs entre les langues scandinaves actuelles et la langue utilisée par les Goths au IVe siècle de notre ère, telle que nous la connaissons par les fragments de la Bible traduite en gothique par Ulfila. Toutefois, la parenté linguistique ne pouve nullement une migration ; une langue peut se diffuser sans mouvement de population, simplement en raison du prestige social qu'elle apporte.
Enfin, la toponymie admet des limites. Par exemple, il existe bien une île nordique nommée "Gotland" en Suède, mais on ne peut en conclure qu'il s'agit du lieu d'origine de peuple des Goths. Ces dénominations ont en effet été attribuées au cours du Moyen Age, par des auteurs qui connaissaient les récits qui plaçaient les origines de ce peuple en Scandinavie.
Commenter  J’apprécie          11

autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (47) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}