Sortir de la nuit

Dans les années 80 à New-York, Michael est un adolescent dans le placard qui porte en lui la blessure de l'absence de son grand-frère Connor, mis à la porte par son père homophobe suite à son coming-out. Avec ses amis James et Becky, Michael essaie de survivre mentalement dans cette grande ville en tant qu'homosexuel qui sait que sa famille ne l'acceptera pas, où le SIDA est encore trop méconnu, effrayant.

Je ne sais pas vraiment quoi penser de Sortir de la nuit. Je pense qu'il fait partie de ses romans que l'on apprécie sur le moment mais qui ne nous marquent pas, qu'on oublie assez rapidement. Sortir de la nuit est pourtant intéressant dans son traitement de l'homosexualité à une époque où celle-ci est considérée comme dangereuse face à la montée de la pandémie qu'est le SIDA. Si j'ai apprécié le traitement de cette peur du point de vue de Michael, je pense que certains pourraient le trouver redondant, mais j'ai trouvé ça réaliste.

Concernant les personnages, je ne sais pas trop. Michael a toute ma compassion mais il complique parfois inutilement les choses. Becky est soit ultra positive, soit parle de sa mère toxico. Andy brille par son absence les trois quarts du roman. Et James... alors j'ai écouté le livre sur Audible en VO et la personne qui lisait donnait une voix très théâtrale voire caricaturale à James, et ça couplé à ses paroles qui sont toujours très poétiques ou philosophiques, ben j'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à prendre James au sérieux. Je l'ai pris pour un adolescent de treize ans emo qui pense tout savoir de la vie. Je ne sais pas si c'est voulu par l'auteur mais j'ai eu énormément de mal à le prendre au sérieux, même dans les situations qui le demandaient.

Au final, je pense que c'est une lecture agréable mais il manque ce petit truc, la petite étincelle qui fait que c'est une lecture qui reste en tête. Les différents sujets sont pourtant très intéressants, bien que les personnages ne soient pas toujours à la hauteur, et j'ai apprécié suivre Michael dans ce petit bout de vie qu'il nous partage.

Voici une autre de mes lectures estivales découverte grâce à mon activité de recenseuse pour la fondation Battieuw-Schmidt.

Il s'agit de « Sortir de la nuit », de Hélène Dunbar, un roman traduit de l'anglais par Anne-Marie Carrière et publié aux éditions Bayard.

Avec ce premier roman qui plante son décor dans le New York des années 80, Hélène Dunbar dresse avec intelligence et sensibilité le portrait réaliste d'un groupe d'amis qui cherchent à trouver leur voie et leur voix dans un climat social tendu qui rappelle l'atmosphère anxiogène
des années 2020.

Il y a Becky, qui pense que tout le monde devrait être amoureux, le charismatique James qui ne passe jamais inaperçu, et surtout Michael, gay comme son frère aîné que son père a chassé de la maison. Malgré la menace d'une maladie effrayante qui semble principalement ravager sa communauté, et les agressions fréquentes perpétrées dans les rues de New York, Michael et ses amis veulent vivre, tomber amoureux, se faire entendre et changer le monde.

Un récit poignant, extrêmement bien documenté et complété par deux postfaces très intéressantes sur le New York de ces années-là, tel que traversé par la communauté LGBTQIA+. Hier, comme aujourd'hui, leur combat continue.

Vous pouvez retrouver plus d'une centaines d'autres critiques de livres et albums jeunesse dans la revue numérique et gratuite de « Lu et partagé », dont le prochain numéro paraîtra ce mois de décembre 2023.

Nous sommes en 1983 à New-York et Michael sait qu'il ne peut pas faire son coming out s'il ne veut pas finir mis à la porte par son père comme son frère. Mais nous sommes aussi au début des années SIDA où la peur de la maladie - et surtout le manque de connaissances quant à celle-ci et les fausses croyances qui s'y rattachent - jettent une ombre sur les premiers amours.

Roman que je qualifierais de tranche de vie car on y suit Michael sur 1 année dans son quotidien, Sortir de la nuit est avant tout la peinture d'une époque qu'Hélène Dunbar a parfaitement su restituer : la pression parentale omniprésente, l'homophobie sans complexe et cette inaction autour du SIDA parce que cela touchait majoritairement les personnes gays, l'envie d'aimer librement sachant que vous risquiez le rejet, sans parler de se demander si être avec une personne pouvait vous conduire à la mort.

Je ne sais pas comment démêler mes sentiments vis à vis de cette lecture, partagée entre son importance indéniable en terme de témoignage d'une époque mais aussi le sentiment que ce roman aurait pu être plus. La réalité de ce que vivait la communauté queer est présente mais le choix de raconter cette histoire à travers des sortes de vignettes, d'enchainement de morceaux de vie, m'a donné le sentiment de garder les personnages très à distance, avec un côté un peu impersonnel. Je ne suis jamais parvenue à être dans l'émotion quand bien même je trouvais le sujet bouleversant, sans doute à cause de cette écriture un peu décousue.

Finalement, ce sont les notes de fin de roman, les témoignages de personnes qui ont vécu les débuts de l'épidémie du sida, cette homophobie violente et ces années d'incertitudes, qui m'ont mis les larmes aux yeux.

Au final, un roman dont j'attendais plus au niveau du style et de l'émotion mais qui reste essentiel pour ne pas oublier, pour comprendre un pan de l'histoire de la communauté queer.

"Sortir la nuit" est un roman qui nous fait comprendre, qu'il y a 40 ans, on ne vivait pas du tout la même adolescence qu'aujourd'hui.
On va vivre une année entière, celle Mickael en 1983, un jeune ado homosexuel en perpétuel questionnement sur la vie et l'amour. Sur ce point là, rien n'a changé, peu importe les époques.

Mais en 1983, il doit y faire face dans un monde fermé, saupoudré de brutalité et de la maladie du Sida.

J'avais peur que ce soit trop young adult pour moi, mais je me suis laissée prendre au récit et je me suis senti très angoissé par les situations que vivaient Mickael.

La musique est aussi assez présente, cela m'a donné envie d'en écouter pendant ma lecture, des choses très connues et quelques découvertes.

C'était une bonne lecture. Et OUF c'est un happy-end, j'ai un coeur fragile. :D