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Alexandre Dupilet (Autre)
EAN : 9791021001435
496 pages
Tallandier (08/10/2020)
4.19/5   8 notes
Résumé :
De Philippe d’Orléans (1674-1723), régent de France à la mort de son oncle Louis XIV, Montesquieu a écrit qu’il était « indéfinissable ». Il semble en effet s’être ingénié à brouiller les cartes et à défier ses biographes.
Dans la mémoire collective, le prince demeure le libertin qui n’aimait rien tant qu’organiser des « petits soupers » et qui incarne à lui seul cette époque festive et insouciante que fut la Régence. Loué pour ses talents militaires et sa br... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Le duc d'Orléans entra dans la Régence en renard et s'y maintint en fin politique"
- Pierre de Narbonne

Cette biographie revient sur le parcours exceptionnel du Régent Philippe II d'Orléans, neveu de Louis XIV. Promis à rien, il devint tout. Il ne s'agit pas d'un aride livre d'histoire, mais d'une véritable pièce en plusieurs actes, aux nombreux rebondissements. La personnalité de ce prince se révèle extrêmement riche, et ses multiples intérêts étaient souvent incompris. À cela s'ajoute une vie déréglée qui contribuait à alimenter les rumeurs.
Tous les points sont abordés de manière claire. Parmi tous, j'en ai choisi 5 qui m'ont semblé particulièrement intéressants :

• Un prince scientifique

Le "docteur de la famille"
- qualificatif que lui attribuait Louis XIV

Outre les Beaux-Arts, une autre de ses passions, peu abordée, était la science. Il s'adonnait à l'alchimie avec le scientifique Guillaume Homberg, et pour cela se fit construire un laboratoire bien outillé. Cet étrange intérêt pour ce que la Cour considérait comme de la sorcellerie lui valu plus tard de terribles accusations d'empoisonnement. Grâce à ces connaissances, il aurait été capable de confectionner un remède, ensuite administré à sa fille aînée alors très malade, parvenant ainsi à la sauver.
Les travaux de Homberg, auxquels le prince prêtait la main avec enthousiasme, auraient inspiré Newton pour ses recherches sur la lumière !

• Les petits soupers

"Le bon Régent de son Palais-Royal
Des voluptés donne à tous le signal"
- Voltaire

Rien n'est sans doute plus connu chez le Régent que l'organisation de ces parties fines. L'évocation de ses roués est l'occasion de rétablir les faits en séparant la vérité du fantasme, démontrant qu'en réalité, et bien qu'il ait eu pléthore de maîtresses, il s'agissait plutôt d'excès d'ordre culinaire qu'érotique.

• Les rivaux : John Law et Guillaume Dubois

Au cours de sa Régence, Orléans recherche avant tout des talents. Afin d'assainir les finances et régler la dette abyssale, il place sa confiance dans les projets novateurs d'un Écossais, John Law de Lauriston. le chapitre consacré démontre que les projets de Law n'avait pas qu'un but financier, mais aussi une portée de morale politique.

Comment l'abbé Dubois, issu d'une famille d'apothicaire, est parvenu à se rendre indispensable auprès de son élève et maître dans un monde où le rang prime avant toute chose ? Son habileté politique et sa diplomatie, notamment lors des rapprochements avec l'Angleterre, se révélera salutaire.

Ces deux hommes sont les plus connus de l'entourage politique du Régent. Il était intéressant de mettre les trajectoires de ces deux olibrius en parallèle et de constater comment ils ont fini par jalouser le pouvoir de l'autre.

• Philippe d'Orléans et l'Espagne

"Comme tout le monde ne pense pas toujours de même, il se peut qu'il ne trouve pas mes raisons bonnes"
- Philippe V à propos d'Orléans

La question espagnole est l'une des facettes que l'on retient le plus de sa Régence, peut-être parce que la conspiration de Cellamare alimente de nombreuses intrigues romanesques. Une aventure jalonnée de moult péripéties qui débutent avec le testament de Charles II, dernier roi Habsbourg à régner sur l'Espagne.
Plusieurs face-à-face caractérisent cette ''aventure''.
Tout d'abord celui des deux Philippe, le roi d'Espagne et le Régent. Cette biographie présente en détails les sentiments qu'éprouvaient Orléans envers Philippe V, quelles relations entretenaient-ils, enfin comment et pourquoi ont-elles impacté le fragile échiquier européen.
C'est aussi la confrontation entre deux ecclésiastiques, Giulio Alberoni et Guillaume Dubois, dont l'ascension suscite l'envie ou l'animosité. le chapitre concerné montre de quelle manière le fils d'apothicaire l'emportera sur le fils de jardinier !

• Un politique libéral ou autoritaire ?

"L'autorité royale lui ayant été confiée, il ne permettrait pas qu'elle fût avilie sous sa régence et qu'il la voulait rendre au roi telle qu'il l'avait reçue"
- Gazette de la Régence, Philippe d'Orléans au Parlement

Comme le prouve cette citation, loin d'être libéral (ce qui d'ailleurs ne voulait pas dire grand chose à cette époque), Philippe d'Orléans s'efforce de garder intact la monarchie telle qu'il l'a recueillie. Les explications présentées dans cet ouvrage nous permettent de comprendre que l'expérience de la polysynodie n'est qu'un moyen pour endormir les velléités frondeuses de certains, en les invitant, toutes tendances politiques confondues, à participer (soit en résumé les anglophiles et la "vieille cour", c'est-à-dire les partisans de l'alliance espagnole et plus globalement du régime louisquatorzien). Contrairement à ce qui a pu être dit, le Régent ne cherchait pas à être le calife à la place du calife, mais voulait confier un royaume en bon état à Louis XV, qu'il chérissait comme un fils. Ses deux objectifs : diminuer la dette et transmettre un royaume pacifié, ce qui explique sa politique de conciliation, prise pour libérale. Cette biographie le démontre bien, le Régent était en somme un pur produit du régime monarchique absolu, d'où le titre ; "Philippe d'Orléans, l'héritier du Roi-Soleil".

J'ai passé un agréable moment en compagnie du Régent, brillamment présenté par Alexandre Dupilet.
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