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sur 1400 notes
Marguerite Duras, Boris Vian, André Malraux, Louis-Ferdinand Céline. Moderato Cantabile, L'écume des jours, La condition humaine, Voyage au bout de la nuit. Les quatre auteurs et leurs ouvrages respectifs que je peux considérer comme mes " bêtes noires ", ceux qui m'ont donné le plus de mal durant mes années de secondaire supérieur (l'équivalent du lycée français), les deux premiers parce que je ne les ai pas aimés, les deux seconds parce que je les ai mal compris.
En général, j'appréciais les livres que Mme B., notre professeur de français, nous demandait de lire. Son goût pour la belle littérature et sa passion des belles lettres étaient plutôt communicatifs et c'est grâce à elle que j'ai découvert certains romans qui sont encore parmi mes préférés aujourd'hui : Au Bonheur des Dames, le silence de la mer, L'Etranger, L'Avare, le Parfum, Les Liaisons dangereuses, le Moine, La cantatrice chauve, le Grand Meaulnes... Tous de beaux livres, des histoires qui marquent et enchantent un lecteur.
Mais avec Duras, Vian, Malraux et Céline, lus tous quatre au cours de la même année scolaire, Mme B. a frappé fort ! Je me souviens encore des nuits preque blanches passés à lire quelque pages de cet " affreux " Moderato Cantabile qui devait être lu pour la fin de la semaine et ne l'avait pas encore été. Pas par fainéantise, plutôt par surmenage : des travaux de fin d'étude à préparer dans toutes les matières (et, particulièrement, un CD-rom sur la relativité restreinte en physique), des doubles examens écrits + oraux à préparer dans toutes les matières également... autant dire qu'avec tout cela, nous n'avions pas vraiment le temps de lire !

Avec tout cela, Duras m'avait semblé indigeste. Et je n'étais pas la seule : nous étions nombreux à avoir détesté ce roman. D'après Mme B., le problème provenait du fait qu'il est impossible, dans Moderato Cantabile, de s'identifier aux personnages, dont les émotions sont si peu développées par Duras.

Pensant qu'il était temps que je relise ce monument de la littérature française, je l'ai donc sorti de mes étagères. J'espérais l'apprécier enfin à sa juste valeur, maintenant que j'ai plus de temps pour le lire et tenter de le comprendre. Mais non...
La prose de Duras est impeccable, élégante et raffinée. Mais le récit est etouffant. Il met mal à l'aise. La relation entre Chauvin et cette femme paraît, dès le début, vouée à l'échec, liée à ce hurlement qui a retenti dans le café. Et l'on ne comprend pas pourquoi ils s'obstinent à se rencontrer chaque jour au vu et au su de toute la ville. Leur conversation tourne toujours autour de ce drame ayant frappé un autre couple d'amants (ce couple étant lié à ce hurlement). le couple formé par Chauvin et la femme qu'il rencontre présente d'ailleurs de nombreuses similitudes avec ce couple de malheurex et le rapprochement que l'on peut faire entre ces deux histoires sentimentales renforce encore la sensation de claustrophobie et de malaise que l'on ressent lors des rencontres entre les amants.

Décidemment, Moderato Cantabile n'était pas fait pour moi... Peut-être devrais-je essayer L'Amant ? Une autobiographie de l'auteure serait sans doute plus sympa...
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Des personnages mystérieux, troubles et troublants, comme des ombres dans un tableau. On ne sait pas grand-chose d'eux, et pourtant ils nous attirent. On ne connaît même pas le prénom du petit garçon. La mère, Anne Desbarèdes, est profondément marquée par le seul véritable événement du roman : le crime passionnel qui a eu lieu dans le bar juste en-dessous de l'appartement du professeur de piano de son fils. Tous les jours, elle va revenir avec son enfant dans ce bar, où elle parlera des heures durant avec un jeune ouvrier : ensemble, ils réécriront inlassablement, chaque jour, l'histoire des deux amants, la femme assassinée par l'homme, et l'homme devenu fou après son crime. Et sans s'en rendre compte, Anne Desbarèdes sombre lentement dans l'alccolisme. Un récit court aux dialogues brefs, en apparence anodins, où les intrigues entremêlées ne trouveront aucune issue (celle de la relation entre Anne Desbarèdes et le jeune homme, celle du crime passionnel dont au final le lecteur ne saura jamais rien) : un roman sombre sur le vide, sur l'abandon de soi, sur l'ennui et l'échec de deux vies qui ne trouvent pas leur chemin, un roman qui n'a absolument rien de "modéré et chantant" comme l'annonce pourtant le titre.

Marguerite Duras établit à travers ce roman un dialogue muet entre son texte, ses personnages et son lecteur. C'est au lecteur de comprendre où elle veut en venir, à lui encore d'essayer d'interpréter tous les non-dits, de pénétrer le texte et de trouver, s'il le veut, une issue à cette histoire. Si peu de pages qui continuent pourtant d'habiter le lecteur longtemps après avoir refermé le livre...

J'ai reçu ce livre en format audio via une masse critique organisée par Babelio : je remercie babelio et les éditions Thélème, c'est une belle découverte. J'ajoute également, concernant le livre audio lu par Pauline Huruguen, que la lecture était agréable, Pauline Huruguen a vraiment bien saisi la tonalité du texte et su rendre à la perfection le style de Marguerite Duras, ce ton détaché et profond qui marque l'auditeur tout au long de cette lecture... Merci à elle aussi, donc.
Lien : http://excalibri.blogspot.fr..
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Le summum de la sophistication durassienne.

Une vraie leçon de musique, au propre -c'est le sujet- et au figuré -c'est l'habillage.

Un méchant critique, dont j'ai oublié le nom disait - du film ou du livre, je ne sais plus :"Moderato cantabile c'est enormato emmerdabile'.

C'est drôle, mais il avait tort.

On peut se laisser porter par cette leçon de musique sans autre plaisir que celui de s'abandonner au flux et reflux des mots,

de se laisser submerger par ces gammes mécaniques ponctuant le drame des amours impossibles et des morts violentes,

de se laisser envoûter par la mécanique petite musique concoctée par Marguerite.
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Moderato Cantabile. La sonatine de Diabelli. La petite musique chantante et modérée...
Duras trace une ligne crépusculaire à travers une ville portuaire.Elle incise la toile.
Tout paraît calme. La ville tourne ses pages une à une.
Une femme traverse la ville, un enfant à la main.
Elle répète sa vie, comme son enfant répète ce morceau de musique, docilement, invariablement, obstinément.
La femme sourit «  comme un enfantement sans fin ».
Elle boit, verre après verre, elle vide et se remplit, calmement, invariablement, silencieusement.
Rien ne semble pouvoir ni vouloir ôter la main froide et lourde plaquée sur la bouche de cette ville, posée face à la mer.
Sans raison, les hommes perpétuent, sans raison ils traversent la ville.
Un crime, le cri d'un crime passionnel déchire le silence.
La femme retient le cri, la femme recompose, elle veut comprendre la raison de ce cri, la raison de cet amour, la raison de cette tragédie : aimer- le désirer à en mourir.
La musique ne chante plus, elle hurle, la musique ne se modère plus, elle se libère, et brise le miroir qui prétendait refléter le ciel.
Le femme rencontre l'homme qui a, lui aussi, saisit ce cri. Il sait. Il sait le cri. Il sait le désir de la femme, sa douleur, son attente.
Il sait qu'elle veut comprendre, vivre pour comprendre.
Lui a depuis longtemps tout compris.
Quelques jours, quelque nuit, elle va saisir tout le silence qui recouvre la ville.
La ville s'absente, les lieux se resserrent.
La ville contient les hommes et pèse de tout son poids sur leur vie.
Le rythme marque le temps, les pas se décomptent sur les quais.
Sans sans raison les hommes restent en ville.
Alors le choix, le choix s'impose et réclame.
La femme doit choisir : accepter son désir et le vivre jusqu'à en mourir, puisque tel est la nature de ce désir, ou refuser ce désir et accepter de ne jamais vivre.
Choix possible pour l'homme. Impossible pour la femme.
Et c'est lorsqu'elle réalise non pas cette incapacité mais cette impossibilité qu'elle se voit mourir.
Et c'est là que ce situe le crime, le cri du crime et la tragédie. Hors champ. Dans ce lieu où rien n'est écrit mais où tout peut être dit.
C'est ça l'écriture de Duras la possibilité qu'elle offre d'entendre la musique. le combat qu'elle mène pour libérer l 'espace. Tout est en place, apparemment, rien n'est imposé, évidement.
Le rythme de la sonatine égrène les heures, tic tac incessant, la mer va et vient, ressac constant.
Les hommes répètent le chant ,modérément, comme l'air d'une berceuse qu'une mère fredonnerait en tenant son enfant qu'elle sait déjà mort, dans ses bras.
La petite musique de Marguerite n'est qu'un hurlement déchirant. Et que pourrait- on écrire après ce cri ?

Astrid SHRIQUI GARAIN
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C'est le récit d'une passion amoureuse, mais qui laisse une impression étrange par l'absence de monologues intérieurs. Nous ne savons rien des pensées d'Anne Desbaresdes, la bourgeoise, et de Chauvin, le prolo. Tout se dessine à travers leurs longs dialogues entrecoupés de rasades de vin, leurs rencontres régulières dans un café du port qui accueille tous les soirs les ouvriers des fonderies. Et ces dialogues sont étranges. On y parle d'amour, mais de manière indirecte. On parle d'un autre couple pour se couvrir, pour franchir l'obstacle invisible, l'obstacle social.
On a rarement aussi bien incarné la tristesse de la vie conjugale bourgeoise. le désespoir bouleversant d'Anne Desbaresdes est celui de la femme bourgeoise. On mange du saumon, on vit dans de belles maisons, on porte de beaux bijoux, on donne des cours de piano à ses enfants, mais on ne vit pas en couple. Seul l'enfant aime, aime parce que l'éducation bourgeoise ne l'a pas encore détourné de cet amour filial, mais que les terribles leçons de piano finiront par faire plier, moderato cantabile, pour qu'il devienne lui aussi, le représentant docile d'une caste sûre de ses valeurs et de sa force.
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Comment expliquer la tension profonde ressentie à la lecture de ce petit livre où il ne se passe presque rien ? Une mécanique absurde semble être mise en marche. Un homme tue une femme dans un bistrot. Un autre homme et une autre femme prennent leur place. Tout le roman tend vers cette mort absurde qui finalement n'a pas lieu (pas encore ? peu importe).

La mort dans ce texte est autre chose que le sang versé. C'est la mort sociale, l'adultère esquissé dans la "pose mortuaire" des mains qui se touchent et des lèvres qui s'atteignent. La tension vers la mort qui traversait le livre, la volonté d'Anne Desbaresdes de comprendre cette femme qui a accepté d'être assassinée, le rapprochement incompréhensible de deux êtres égarés, dépressifs sans doute, le devenant, sombrant dans l'alcoolisme, aboutit à l'amour, esquissé, mortel. L'enfant qui occupait toute la place disparaît, meurt textuellement.

Il y a dans la lecture de Moderato cantabile quelque chose de décevant et c'est ce quelque chose de décevant qui rend le roman passionnant. Un homme et une femme vivent devant nos yeux leur histoire, absurde peut-être, tragique sans doute, mais nous ne comprenons rien à cette histoire. Qui est le narrateur de ce roman ? L'enfant ? La patronne du café, seul témoin des rencontres, regard indifférent sur le drame qui peut-être a lieu ?

Moderato cantabile est sans doute un roman sur l'impossibilité radicale de saisir ce qui se passe au coeur de l'esprit humain, sur l'absence totale et définitive d'explication rationnelle aux actes que nous accomplissons. Anne et Chauvin ne parviennent pas tout à fait à comprendre les raisons de l'assassinat du début du roman comme nous ne parvenons pas tout à fait à comprendre les raisons de leurs rencontres quotidiennes, de leur amour mortel qui n'aboutit pas à l'assassinat. Aucun mystère. Rien que les faits, nets, précis, absurdes et mécaniques, présents, et ce sentiment oppressant que nous ne pouvons qu'échapper à nous-même.
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Plan américain : un petit garçon au piano. Sous l'oeil complice de sa mère Anne Desbaresdes, il se soumet à contrecoeur à l'autorité de sa professeure. Hors champ : un cri de mort. Une femme est assassinée par son amant dans le café d'en bas. Un événement-catalyseur pour Anne qui n'aura de cesse de revenir sur la scène de crime.
 
J'ai peut-être déjà lu L'amant quand j'étais ado, mais je n'en suis pas certaine. Je dirai donc que Moderato cantabile est mon premier rendez-vous avec Duras, mais assurément pas le dernier. Un court texte très poétique et cinématographique, grâce aux nombreux dialogues, aux descriptions des regards et des gestes et à celles des lieux en bord de mer. Une atmosphère à couper au couteau et une grande réussite pour ma part.
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Un homme, une femme, l'amour, la mort, la langueur, le désir, un meurtre au dehors, des non-dits et des histoires ébauchées dont on ne saura rien, le silence troublé juste par moments par quelques notes de piano... Déroutant, calme et puissant... du Duras pur jus! Pas mon préféré de la grande dame cela dit, mais quand-même un ouvrage de référence. A lire sans rien attendre, juste en savourant la force des mots et leur musique! Petit régal!
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Ce roman, quel chef-d'oeuvre !

150 pages de tension grandissante. Des questions redondantes.

Marguerite DURAS n'explique pas, le lecteur interprète, devine, invente, suppose, s'énerve, s'inquiète, se ronge les ongles, ou savoure puis doute ou bien il peut-être est sûr de lui, tout dépendra du lecteur.

Quelle expérience, et j'ai eu ici la même impression qu'après avoir lu L'AMOUR de la même autrice. Une sensation de ne pas avoir tout compris évidemment, de m'être perdue entre mes suppositions et la vérité plausible, d'avoir eu par-dessus tout, un grand plaisir d'être autant dans l'expectative, de m'être laissée prendre au jeu.

Qui est donc cette Anne Desbaresdes ? Elle n'est plus que mère, assez riche, elle est perdue, et à ce moment de sa vie elle est fascinée par la mort d'une femme.

L'ivresse dûe au vin lui permet d'être au dehors d'elle-meme, de sortir de sa condition de femme issue de la bourgeoisie…

Elle est obsédée par le crimes passionnel dont a été victime une femme alors que son fils prenait sa leçon de piano. 

Comment la morte a-t-elle su à ce point ce qu'elle désirait d'elle et de l'homme à qui elle demandait d'ôter la vie? Alors Anne interroge Chauvin à chaque fois qu'elle retourne au café. 

Enfin, c'est ce qu'elle aime entendre se faire raconter par Chauvin, jeune homme énigmatique qu'elle rejoint au café sur le port pendant que son fils joue dans la rue après ses leçons de piano.

Est-ce que c'est ce qu'elle demande à Chauvin pour elle-même ? 

Et cette professeure de piano Madame Giraud, qui crie, qui hurle, qui est autant frustrée que frustrante.

Ce jeune garçon, l'enfant, qui ne fait que réprimer son désir lui, d'arrêter le piano, mais non, il faut continuer, il faut suivre les codes de la société dans laquelle il grandit.

J'ai vraiment été très sensible à ces dialogues, cette lenteur, ces non dits, la gestuelle, les sons, le vent, la lumière. 

Un coup de coeur !

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 Même si je prévois parfois l'ordre de lecture dans une pile de livres en attente, je déroge très souvent à mes choix initiaux. Lorsque je termine un livre, je suis aussitôt saisi par le plaisir procuré par le choix de ma prochaine lecture. La sélection est souvent difficile, car plusieurs critères rentrent en compte. Mon premier mouvement est en faveur d'un livre susceptible de prolonger l'agréable sensation suscitée par le précédent, je cherche alors un autre titre du même auteur. Lorsqu'il s'agit d'un essai ou d'un livre d'histoire, j'ai envie d'approfondir les thèmes étudiés et de mettre à profit mes connaissances fraîchement acquises pour les confronter avec la thèse d'un autre auteur. Un critère purement matériel vient cependant pondérer mon enthousiasme ; lorsque je viens de terminer la lecture d'un texte exigeant sur le plan de la concentration ou très long, j'ai envie de me rafraîchir avec un texte court et plus léger. Ainsi, après "l'introduction à l'histoire de l'Antiquité", thème passionnant, mais en même temps assez aride, j'ai eu envie de passer au roman et si possible avec une histoire relativement brève pour me permettre de reprendre mon souffle. Après avoir fureté dans ma bibliothèque et feuilleté quelques pages ici où là parmi mes Josef Conrad, Patrick Modiano ou Jean Genet, et après avoir éliminé Amélie Nothomb dont j'ai déjà lu pas mal de livres, j'ai jeté mon dévolu sur un petit livre de Marguerite Duras au titre original : "Moderato Cantabile".

 Je ne connais pas bien cette auteure, je n'avais lu jusqu'alors qu'un seul de ses livres "Le square". Ce n'était pas pour moi une révélation, mais j'y avais trouvé de quoi alimenter ma curiosité au point d'envisager la récidive. Après la lecture du premier chapitre de "Moderato Cantabile" j'ai eu l'impression de commencer un recueil de nouvelles, un peu dans le style d'Hemingway, celui de "Paradis perdu" qui commence, après une courte introduction laissant entrevoir une ambiance un peu étrange, par une scène de dialogue entre des personnages qui garderont, jusqu'à la fin de l'histoire, une grande part de leur mystère. Ce premier chapitre de "Moderato Cantabile" pourrait se suffire à lui seul, tant il résume bien le livre. Il met en parallèle deux événements l'un relevant de l'anecdote, un enfant met une certaine mauvaise volonté à suivre les consignes de son professeur de piano, et l'autre relevant du drame ; un crime glauque est commis dans un bar. On en apprendra pas beaucoup plus au cours de la lecture des autres chapitres. Marguerite Duras ne raconte pas une histoire, elle peint une ambiance, décrit une atmosphère étrange avec peu de personnages conversant à demi-mot, presque toutes les scènes se déroulent dans un bistrot, rendez-vous des ouvriers du port situé non loin. Les scènes se répètent comme un thème musicale, des phrases reviennent souvent sous différentes formes, "un verre de vin, demanda-t-elle", "Il commanda du vin...", "Elle avala une gorgée de vin...". le décor est assez sinistre, les personnages un peu suicidaires et l'auteur dessine progressivement le tableau d'une sorte de labyrinthe, le ton est désespéré, on entend comme une plainte déchirante issue d'une souffrance indicible mais rien n'est clairement dit. Ce texte, dont le titre évoque l'univers musical, doit peut-être s'apprécier comme telle, une composition provoquant l'émotion des auditeurs sans raconter réellement d'histoire. C'est une musique ou une peinture lugubre, faite de nuances de gris. Il n'y a rien avant ni après, c'est un récit elliptique ou domine les non-dits, une voie sans issue. le style est minimaliste. Sans doute, faut-il interpréter ce récit à l'aune des autres ouvrages de Duras que je ne connais pas encore. Ce qui est certain, c'est que cette oeuvre à le mérite de surprendre le lecteur par sa tonalité très particulière. On reste un peu en suspend, comme après l'écoute d'une oeuvre musicale, on perçoit l'ambiance, on éprouve des émotions, mais on ne comprend pas tout. Il est vrai qu'un portraitiste de talent n'a besoin que de quelques traits pour s'exprimer.

Bibliographie :

"Moderato Cantabile", Marguerite Duras, Les éditions de minuit, format poche (2015), 159 pages. le récit est complété par des articles de presse rédigés au moment de la parution du livre en 1958.
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