Corina allait prendre la direction de la porte, mais elle fut arrêtée par Cédric qui la retint par le poignet. Il inclina son visage vers le sien, car il était beaucoup plus grand qu’elle, et déposa un baiser sur sa joue. Elle sentit aussitôt sa peau irradier de chaleur.
— Au revoir, Coco, lui souffla-t-il à l’oreille.
Le cœur de l’adolescente se mit à palpiter si fort qu’elle n’aurait pas été surprise de le voir transpercer sa poitrine pour rebondir sur le tapis. Elle avait du mal à respirer et son esprit était comme engourdi, l’empêchant de réfléchir. Il lui fallut une demi-minute pour se souvenir qu’elle était censée prendre congé.
Corina ne répondit pas. Elle s’allongea à côté de Clotilde, qui se tourna sur le flanc pour placer son visage face au sien. Avec un regard mélancolique, elle souffla :
— Peut-être que c’est ça qui me manque pour m’améliorer. Le fait d’aimer et d’être aimée en retour.
— Il y a déjà quelqu’un qui t’aime, Clotilde, même si tu ne le vois pas.
— Qui ça ?
— Moi.
Corina fit glisser sa main sur le matelas pour la rapprocher de celle de son aînée et la presser affectueusement. Clotilde eut un sourire triste et une larme, la première, roula le long de sa joue. Elle l’essuya d’un revers du pouce.
— Moi aussi, petite sœur. Moi aussi.
Corina n’avait fait que retarder l’échéance, car de toute façon, elle serait trempée bien avant d’être rentrée chez elle. Elle fulmina contre l’automne, elle qui détestait le froid et l’humidité, leur préférant de loin la douceur du printemps et la chaleur de l’été. Ces précipitations presque quotidiennes ne faisaient que la préparer malgré elle à la pire des saisons : l’hiver. Chaque année, elle perdait la guerre qu’elle menait contre son ennemi de toujours, le verglas.
Corina ne réagit pas. Elle aurait voulu dire à sa sœur qu’elle n’avait rien gagné, qu’elle ne voulait au contraire pas la perdre, mais elle aurait eu l’impression de ne murmurer que du vent. Elle avait changé en mal là où Clotilde avait changé en bien et elle ne se sentait pas digne de chercher à obtenir son pardon.
Corina ouvrit des yeux ronds. Clotilde, s’excuser ? Que se passait-il ? L’avait-on clonée ? Ou le monde avait-il soudain décidé de se mettre à tourner à l’envers ? C’était bien la première fois que cela se produisait !
Bande annonce de « Le sang des Candier »