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Doktor Sleepless tome 1 sur 2
EAN : 9782809424577
100 pages
Panini France (09/05/2012)
3.17/5   3 notes
Résumé :
L'incontournable Warren Ellis présente sa nouvelle série. Dans une ambiance cyberpunk, un énigmatique "savant fou", John Reinhardt alias Doktor Sleepless, a pris le contrôle des ondes radio, sur lesquelles il déverse ses théories radicales. Quel est le véritable objectif de ce personnage ?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome contient les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2007/2008, écrits par Warren Ellis, dessinés et encrés et mis en couleurs par Ivan Rodriguez. La série s'est arrêtée au numéro 13. Il est suivi du tome 2 Doktor Sleepless, Tome 2 : qui contient les épisodes 5 à 8. le présent commentaire porte sur les épisodes 1 à 8.

John Reinhardt se tient nu devant son miroir et se parle à lui-même. Il se dit qu'il est temps qu'il devienne Doktor Sleepless, un savant fou de dessin animé, vivant dans son manoir situé en hauteur sur Scartop. Il arbore un tatouage vert de 3 roues dentelées sur le dos. En bas de la colline, dans une boîte de nuit de la ville d'Heavenside, DJ Amun est en train d'effectuer une prestation de DJ. Une femme vient le trouver lui présentant un foetus dans une éprouvette. Peu de temps après, DJ Amun se donne la mort en s'ouvrant la gorge avec un couteau dans sa cuisine. le lendemain, Doktor Sleepless se promène à pied dans un des quartiers de la ville pendant que Nurse Igor (son assistante rémunérée) placarde des affiches indiquant que la Terre ne doit pas être considérée comme un simple produit. Sur les murs, il y a des graffitis demandant où est le futur promis, avec jetpack et voiture volante. Dans la librairie Catstrophe Books, la propriétaire Sing Watson s'agace de la question d'un client demandant si elle a un exemplaire du livre de John Reinhardt. Elle répond quand même poliment. Elle et son employée Celia Rush sont surprises de devoir réceptionner un carton de livres qu'elles n'ont pas commandés : The darkening Sky, par Henrik Boemer, le livre qui gisait devant les cadavres de ses parents quand John Reinhardt les a découverts alors qu'il était encore un enfant.

Doktor Sleepless et Nurse Igor se rendent dans un bar appelé Shank Valentine, où le docteur effectue une opération de réanimation sur un individu en état de choc suite à un dysfonctionnement de son implant informatique. L'opération est un succès. À la librairie Catastophe Books, les habitués boivent un coup à la mémoire de DJ Amun qui était un pote de Sing Watson. Ils décident de tenter de se brancher sur la fréquence de sa radio, et ils tombent sur une émission de Doktor Sleepless. Ce dernier s'est lancé dans une diatribe contre les mécontents du présent réclamant un futur plus conforme aux promesses de la science-fiction, sans se rendre compte à quel point la science a déjà transformé leur vie au-delà de tout ce qu'avaient pu imaginer les auteurs de SF. Il les admoneste d'attendre un futur à leur goût comme si c'était un dû, alors qu'ils ne font rien de constructif pour participer à l'avènement d'un tel futur.il leur promet des changements.

À partir de 1999, Warren Ellis entame une collaboration fructueuse avec le petit éditeur Avatar Press, pour des histoires s'éloignant des superhéros traditionnels, avec un goût pour l'exploration des formats, et des récits qui ne rentrent pas dans le moule de Mavel, DC (même Vertigo), ni même Image Comics. Cela lui permet d'écrire ce qu'il souhaite, avec un éditeur spécialisé dans les petits tirages, donc sans exigence d'un seuil minimum garanti pour les ventes. En fonction des récits, l'implication d'Ellis est plus ou moins importante, et l'artiste qui lui est associé est plus ou moins adapté. En se lançant dans la lecture de ce tome, le lecteur a également conscience qu'il s'agit d'une histoire qui n'a pas été menée à son terme et que les épisodes 9 à 13 n'ont pas bénéficié d'une édition en recueil. Néanmoins, il a également l'assurance de plonger dans un récit totalement choisi par l'auteur. Un rapide coup d'oeil lui montre que la mise en image est de bonne qualité. Il repère tout de suite les couleurs un peu froides qui sont l'apanage des titres édités par Avatar. Elles sont réalisées par infographie avec une utilisation trop systématique de dégradés très lissés, indifféremment du type de surface concerné, bâtiments, sols ou peau humaine. Toutefois, il constate également que Rodriguez utilise la couleur pour faire ressortir les surfaces les unes par rapport aux autres, et qu'il en fait un usage fin et méticuleux, ce qui contrebalance l'effet de lissage.

Le lecteur habitué aux caractéristiques de l'écriture de Warren Ellis sait que ses scénarios représentent un défi pour les artistes chargés de les mettre en images, du fait de scènes de dialogues denses, alternant avec des pages d'action quasiment muettes où les dessins portent toute la narration. le lecteur découvre rapidement que ce n'est pas ce genre de récit ici, car il n'est pas basé sur l'action. du coup, le défi pour Ivan Rodriguez ne réside dans pas dans des séquences muettes, mais dans l'enfilade de séquences de dialogues pour lesquelles il doit concevoir des prises de vue vivantes. Il dessine dans un registre réaliste, avec des formes détourées d'un trait fin d'une épaisseur constante, parfois souligné par un trait plus gras supplémentaire. Il intègre un bon niveau de détails dans ses dessins que ce soit pour les éléments de décors ou pour les personnages. Il n'y a pas de page vide d'arrière-plans, mais ceux-ci sont parfois un peu simplifiés. L'artiste se concentre essentiellement sur les contours des bâtiments, des accessoires, des meubles, sans y apporter de texture. Ces dernières sont intégrées par le biais des couleurs. de plus Rodriguez a tendance à réaliser des contours à la régularité géométrique, comme si tout était neuf, sans aucune marque du temps qui passe et qui use. Il s'en suit une apparence un peu trop ordonnée. Pour autant, cela ne diminue pas la densité des décors, la qualité des environnements, et leur consistance, permettant au lecteur de s'y projeter facilement.

Les dessins d'Ivan Rodriguez donnent un aperçu de plusieurs quartiers de la ville d'Heavenside, et de quelques lieux récurrents comme la demeure de John Reinhardt, la librairie de Sing Watson, ou encore un bar en particulier. Cette ville est peuplée par des individus qui semblent tous avoir entre 20 et 40 ans, avec des silhouettes élancées, voire musculeuse pour Doktor Sleepless. Ils disposent tous de visages aisément reconnaissables, et de tenues vestimentaires différenciées, adaptés à leur statut social et à leur occupation. Sleepless porte une sorte de tablier chirurgical assez démodé, qui évoque de loin un costume ce qui est en cohérence avec sa volonté de prendre l'apparence et de se comporter comme une caricature de savant fou. Pour conférer un intérêt visuel aux séquences de dialogues, l'artiste fait preuve d'une grande inventivité. Il bénéficie parfois du fait que les protagonistes se déplacent en même temps, ou accomplissent des gestes, ce qui apporte un intérêt visuel à la scène. Pour le reste, il conçoit des plans de prise de vue permettant de voir l'environnement dans lequel évoluent les personnages, montrant le langage corporel des individus, laissant voir l'expression de leur visage (manquant parfois de nuance dans le dessin), dans des prises de vue dépassant l'alternance de champ/contrechamp. La narration visuelle n'est pas aussi flamboyante que dans les récits de Warren Ellis avec plus d'action, mais elle remplit ses fonctions au-delà du minimum syndical.

Le lecteur découvre progressivement la nature du récit et les motivations de Doktor Sleepless. Au départ, il s'agit d'un individu décidé à faire une différence sur la marche du monde grâce à ses compétences scientifiques et techniques et son inventivité pratique. Il évolue dans un monde d'anticipation, pas très loin du monde réel, la grande avancée étant des puces multifonctions implantées dans les individus pour le plaisir, la communication ou le monitoring médical. Ellis en profite pour intégrer quelques intuitions technologiques dont il a le secret, mais sans basculer dans la science-fiction de sa série Transmetropolitan. Doktor Sleepless apparaît alors comme un personnage créé par John Reinhardt pour apporter de force une forme de connaissance aux masses laborieuses, ou peut-être résoudre certaines crises, évoquant un peu Mister X (1984) créé par Dean Motter. Rapidement l'auteur brouille les cartes en insérant des références le temps d'une case au milieu d'un séquence, comme le symbole de Doktor Sleepless (son tatouage) projeté sur les nuages (à l'instar de l'emblème de Batman à Gotham), un jeune enfant menacé par des tentacules surgissant de la pénombre (évoquant les Grands Anciens d'Howard Philips Lovecraft), les tulpa et la vie d'Alexandra David-Néel (1868-1969). En cours de route il apparaît un tueur en série, et l'eschatologie prend une place prépondérante.

Alors qu'il pensait avoir cerné l'histoire comme les aventures d'un scientifique urbain luttant contre des dysfonctionnements d'une technologie d'anticipation, le lecteur se rend compte que le récit est d'une nature toute autre, relative à l'histoire personnelle de John Reinhardt et à son funeste projet pour la société. Dans le même temps, il constate que Doktor Sleepless est un individu assez bavard, profitant de Nurse Igor comme d'un auditoire, déversant ses idées et ses points de vue dans son émission de radio et se parlant à haute voix en dernier recours. Certains de ses propos servent à nourrir le récit d'informations ; d'autres relèvent d'opinions dans lesquels le lecteur identifie rapidement celles de l'auteur. Il peut s'agir de l'apport de la technologie à la vie quotidienne et de sa capacité transformatrice, des expériences de développement spirituel personnel, de l'inéluctabilité pour l'individu de se soumettre aux produits de masse, des laboratoires d'idées (think tank), de l'authenticité des artistes de rock, de la puissance de la notion de complot (réel ou imaginaire), etc. Ces points de vue sont présentés avec la verve coutumière de l'auteur, imprégnés d'une causticité qui n'est pas méchante.

Quand il ouvre un récit de Warren Ellis publié par Avatar Press, le lecteur s'interroge sur ce qu'il va trouver. Il se rend rapidement compte qu'il bénéficie pour Doktor Sleepless d'une solide narration visuelle, à défaut d'être vraiment originale ou personnelle. Il lui faut plus de temps pour comprendre l'enjeu réel du récit, car le scénariste a conçu une histoire très fournie sans être indigeste, avec une intrigue qui ne se révèle que progressivement, des thèmes chers à l'auteur sans qu'il ne rabâche des idées déjà utilisée, et des idées personnelles variées et intelligentes qui font de ce récit une aventure de lecture riche, divertissante et enrichissante.
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Confus...

J'ai plongé dans cette BD de manière oisive, grave erreur, puisque j'ai du reprendre ma lecture pour tenter d'y voir plus clair. Ce qui, entre nous, n'a pas été une réussite.

Si les graphismes de cette BD valent le détour, l'histoire est quant à elle confuse. Jonglant entre l'abondance d'informations et le tarissement de ces dernières, il est bien compliqué d'y voir clair dans ce récit.

Pourtant... pourtant j'ai vraiment accroché avec les dessins et c'est pourquoi je lirais le tome 2.

Bonne lecture à tous.
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critiques presse (1)
BulledEncre
16 juillet 2012
Une série encore très mystérieuse et donc difficile à saisir dans son principe.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Tout ce qu'il a vu : il est un peu trop réel, ce qu'il veut faire est un peu trop évident. Mais si tu caches ses yeux, tu ne peux pas voir qu'il n'a pas dormi depuis un an.
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Le futur c'est de la connerie. Le futur n'a pas changé en dix ans. Il n'est jamais venu et ne viendra jamais.
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