AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782832110492
224 pages
Slatkine (03/05/2021)
4.36/5   7 notes
Résumé :
"Chaque matin, je me laisse ainsi aller à un moment de dépression où je suis néanmoins en communion avec Mahdi. Mon tout-petit, où peux-tu bien être ? As-tu péri dans cette mer Méditerranée de malheur ? " Sur la route migratoire qu'ils se sont résignés à prendre pour sauver leurs enfants des mariages forcés et des voleurs d'organes, Sultan et Choukrieh égarent leur fils Mahdi, neuf ans. Ressuscité est le récit romancé de cette histoire vraie, du drame de cette famil... >Voir plus
Que lire après RessuscitéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'auteure a choisi d'appeler son livre roman tiré d'une histoire vraie plutôt que témoignage car elle dit avoir « cousu de fil blanc littéraire » certains éléments qui lui manquaient, mais il s'agit bien de l'histoire des Kaazemi, une famille de réfugiés afghans. Elle avait été touchée en entendant leur histoire au journal télévisé : Ils avaient retrouvé leur fils de neuf ans après plus de dix-huit mois alors qu'ils le pensaient mort noyé dans la Méditerranée. Elle enquête sur cette famille et nous livre un passionnant travail journalistique. L'histoire est racontée par la mère en tant que narratrice et commence par sa propre enfance dans l'Afghanistan d'avant l'invasion soviétique, un pays encore heureux où les femmes ne sont pas opprimées, même si la culture sépare les sexes. le premier drame de son enfance survient lorsque son père est arrêté par les Russes. A quatorze ans, on la marie à un jeune cousin de sa mère, de quatre ans son ainé. Elle s'entend bien avec lui, il est moderne et la respecte. Elle estime avoir eu de la chance. Son mari est enseignant, mais il perd son emploi lors de l'arrivée au pouvoir des talibans. Face à leur dictature et convaincus qu'ils n'ont pas d'avenir chez eux, ils partent pour un premier exil en Iran où ils vivent seize ans et ont 5 enfants. Un permis de séjour non renouvelé et l'espoir d'un changement politique les ramène en Afghanistan. Toutefois la situation se révèle pire qu'avant leur départ, de plus leur fille ainée a seize ans et un vieux voisin veut en faire sa quatrième épouse. Sultan, le père décide d'emmener toute sa famille en Europe pour leur offrir un avenir. On suit leur voyage des montagnes afghanes au nord de l'Allemagne. le trajet dure près d'un an et demi et surtout un drame les frappe en Turquie : Leur bateau fait naufrage au début de la traversée vers l'Italie et Mahdi, sept ans est porté disparu, ils le recherchent en vain durant des mois avant de se résigner à continuer le voyage.

Ce récit est plein d'émotion, on suit cette famille dans la joie, l'espoir malgré les difficultés, puis le désespoir total après la perte du petit. Ils le cherchent durant neuf mois en Turquie, en vain. La politique d'accueil d'Angela Merkel offre une possibilité de s'établir en Europe et Sultan comprend vite que c'est une chance unique à ne pas laisser passer, il faut donc continuer le voyage malgré le déchirement. La mère est brisée, mais c'est toujours le mari qui décide. Par moment elle regrette d'avoir quitté son pays, même si ses filles n'y avaient aucun avenir et parfois elle est portée par l'espoir de leur offrir une vie meilleure. La détresse de cette famille si durement éprouvée ne peut que nous toucher, elle est évoquée avec sensibilité et pudeur, sans pathos.

Ce livre est un coup de coeur pour moi. J'ai beaucoup aimé le courage et la résilience de cette famille. le père a perdu son poste d'enseignant à l'arrivée au pouvoir des talibans et depuis il n'a fait qu'enchaîner des petits boulots pénibles et mal payés. Ils se sont adaptés à leur vie en exil, notamment en Iran où ils ont vécu de grandes joies malgré la discrimination. Même si la mère reste discrète, on sent que l'installation en Allemagne n'est pas facile, tout le monde ne les accueille pas aussi généreusement que leurs vieux voisins. J'ai regretté de ne pas en savoir plus sur leur vécu en Europe dans les années suivantes et si les filles avaient pu étudier comme elles le désiraient.

Ce livre donne un visage à ces migrants dont on parle si souvent, mais plutôt comme une statistique : tant de milliers d'Afghans, Syriens et autres sont arrivés en Europe ce mois. Il raconte leur long et dangereux périple, leurs espoirs et l'exploitation dont ils sont victimes de la part des passeurs. On ne peut certes pas accueillir toute la misère du monde, mais on comprend mieux leur refus de rentrer lorsqu'ils sont déboutés de leur demande d'asile si elle est infondée. En ce moment où l'immigration, légale ou non, est un sujet si présent dans l'actualité et le discours politique, cette lecture est indispensable pour voir la question sous un jour plus humain et moins statistique.

Un grand merci à Delphine des Editions Slatkine pour ce coup de coeur dont je recommande chaleureusement la lecture.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
Commenter  J’apprécie          242
L'auteure, Marion Emonot, journaliste franco suisse nous relate l'histoire vraie d'une famille Afghane qui s'exile. Emue par une minute au journal télé, elle explique en préface son travail pour retrouver cette famille. Elle entend leurs donner plus de voix. Voici donc son travail avec ressuscité.

L'histoire de cette famille se rajoutent à toutes les autres qu'on entend effectivement parfois trop brièvement sur les médias. Terriblement actuel, tragiquement cruel, révoltant et politiquement désastreux: fuir les pays en guerre, en famine, en danger. Rrraa on rêverait de changer le monde pour le rendre meilleur pour tous. Crier les injustices, défendre les droits humains, s'alarmer de ces exils pleins de dangers.

Alors oui écrire ce témoignage a beaucoup de sens.
Je pense avoir lu là un travail journalistique.

Mais l'écriture ne m'a pas du tout convaincue. le phrasé et le regard porté sur la situation me gênent dès le début du roman, l'écriture à la première personne d'une fillette de 3 ans n'est pas différent de l'écriture à la première personne de cette femme qu'on suit pendant 35 ans. L'écriture dans son ensemble ne m'invite pas à entrer en empathie: je lis des faits. Des dialogues rapportés entre guillemets ne m'invitent pas plus à l'émotion et ne dynamisent pas suffisamment ma lecture. le support est lisse, la forme est banalement commune. Ça me rappelle ces émissions de vie ma vie, on est factuellement touché mais la distance avec la réalité est suffisamment tenue pour ne pas trop nous faire culpabiliser. Ils savent y faire quoi, ils connaissent bien leur audimate, comment les tenir en haleine et les faire revenir. C'est à ça que ce livre me fait penser. Et moi le livre, ça ne m'a tenu en haleine, je ne cherchais pas à en lire davantage, j'aurai voulu couper la télé. le support livre ne m'a pas apporté de plus value, même les images ne me sont pas facilement apparues. La narration ne décrit pas beaucoup de décors ou d'ambiance. L'écriture m'a semblée exposer le sujet comme un fait divers, n'a pas été au delà des faits.

Ce témoignage saura donc certainement trouver son large public. Mais il ne m'a pas engagée, je suis restée spectatrice pathétique, affligée dans les constats que j'aurai vite oublié.

Merci en tout cas à Babelio ;-) c'était une première masse critique pour moi et j'ai été très heureuse de recevoir ce livre. Afghanistan, Liban, Syrie sont des pays qui me tiennent très à coeur, et c'est toujours avec émotion que je découvre leurs histoires et leurs littératures.
Et merci à Slatkine pour leur envoi de ressuscité.
Commenter  J’apprécie          82
Marion Emonot est journaliste. En 2016, elle est ébranlée par un reportage à la télévision montrant une famille afghane réfugiée en Allemagne qui pensait que leur fils de 9 ans était mort en Méditerranée. En réalité, il était arrivé on ne sait comment en Suisse dans un centre accueillant les migrants mineurs non accompagnés. Grâce à la Croix Rouge, la famille avait pu être réunie au bout de 2 ans d'incertitude.
Marion a ainsi décidé de partir à la recherche de cette famille et d'écrire leur témoignage. Ce livre est le fruit de ses recherches, de ses entretiens avec plusieurs protagonistes.

Le roman est écrit du point de vue de la mère. de son enfance heureuse en Afghanistan, où sa propre mère pouvait sortir tête nue et porter du rouge à lèvres. de son mariage arrangé, par chance, avec un jeune homme de son âge, professeur d'histoire et de théologie mais qui dû quitter son poste lors de la première prise de pouvoir des talibans, refusant de se plier à leurs règles et en désaccord avec leur vision de l'islam. de leur départ pour l'Iran, leur première migration, où naîtra leurs 5 enfants, tous scolarisés filles comme garçons. de leur retour en Afghanistan après de nombreuses années, l'Iran refusant de renouveler leur titre de séjour. Et enfin, leur nouvel exil, pour l'Europe cette fois, leurs filles n'ayant aucun avenir en Afghanistan.

Ce livre est pour moi tout simplement indispensable tant il permet de prises de conscience des difficultés de ces populations. Cette famille afghane est exemplaire, le mari inscrit sa femme à des cours pour apprendre à lire et les parents veulent le meilleur pour leurs enfants, notamment que leurs filles puissent faire des études. Mais quelle vie difficile ont-ils ! Avec ce genre de lecture, on prend vraiment conscience de la chance que nous avons ici et les petites guéguerres pour notre soit disant liberté semblent vraiment dérisoires et ridicules.
Je me demande ce que cette famille est devenue, s'ils sont parvenus à s'intégrer en Allemagne et si les filles ont pu atteindre leur rêve, l'une de devenir pédiatre et l'autre juge pour enfants, si les garçons ont pu rejoindre un club de foot comme ils le souhaitaient. J'espère qu'ils sont heureux, tous rassemblés.

Je ne peux que vous conseiller vivement cette lecture.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai lu ce récit déchirant au mois de juin, quelques semaines avant que ne nous parviennent les nouvelles tragiques d'Afghanistan. ressuscité, que je ne peux que très vivement vous conseiller de lire, retrace le parcours bouleversant d'une famille afghane durement éprouvée par la perte de l'un de ses enfants sur les routes de l'exil.

(...) Dans ce récit romancé issu d'une histoire vraie pour lequel elle a eu recours à « un peu de fil à coudre littéraire », Marion Emonot retrace le parcours de la famille Kaazemi depuis leur fuite d'Afghanistan au lendemain de la première prise de pouvoir par les talibans au milieu des années 1990 jusqu'à leur arrivée dans le nord de l'Allemagne en 2015.

C'est à travers la voix de Choukrieh Kaazemi, épouse de Sultan et mère de Saareh, Royaa, Nazir, Faarukh et Mahdi, qu'elle choisit de remonter l'histoire familiale depuis l'enfance de Choukrieh dans un Afghanistan sous occupation communiste; elle raconte son mariage avec Sultan, leur premier très long exil en Iran et le retour tant attendu en Afghanistan suite à l'élection d'Ashraf Ghani. Mais les espoirs immenses suscités par le changement politique sont rapidement déçus et le climat de plus en plus menaçant contraint les Kaazemi à fuir une nouvelle fois.

A travers Choukrieh, Marion Emonot évoque le contexte historique et politique très difficile de l'Afghanistan depuis l'invasion russe en 1979, raconte le quotidien terrible des migrants, un quotidien fait d'humiliations, d'arrestations arbitraires, de discriminations et d'extorsions de toutes sortes. Elle dit leur fragilité sur le très long et périlleux chemin vers l'Europe, leurs craintes et leur vulnérabilité face à l'avidité et la brutalité des passeurs sans scrupules. Elle dit la peur, les doutes immenses qui viennent parfois contrebalancer l'espoir d'une vie meilleure en Europe.
(...)
Après la perte de Mahdi, plus rien n'a de sens. Mais il faut continuer. Ne pas sombrer et avancer malgré tout. Avancer pour le bien des enfants restants. A travers Choukrieh, Marion Emonot dit la perte incommensurable, la douleur abyssale et la tristesse infinie. le désespoir et l'anxiété. Mais il faut continuer. A travers Choukrieh, elle raconte alors l'arrivée dans la forteresse Europe, le nouveau départ dans un petit village allemand et leur quotidien de requérants d'asile. Et puis, enfin, la nouvelle inespérée que Mahdi est vivant…

Ecrit simplement, à la première personne du singulier (ce dernier point m'a parfois un peu gênée), ressuscité est un récit profondément humain, un livre nécessaire à lire absolument.
(...)
Chronique complète sur le blog.

Lien : https://livrescapades.com/20..
Commenter  J’apprécie          60
🌺ressuscité 🌺 de Marion Emonot
- 217 pages - 21,90€

🇦🇫Choukriechb et Sultan décident de quitter l'Afghanistan pour le bien être de leurs enfants. Ils ont trop peur des mariages forcés et des trafics d'organes sur les enfants.

🇦🇫Le voyage avec leurs 5 enfants et les 2 soeurs de Sultan va être un long périple.

🇦🇫Ils vont vivre le quotidien des réfugiés avec des passeurs qui en veulent toujours plus, les autoritaires et agressifs, le manque d'hygiène et de nourriture, la peur au ventre de ne pas arriver en Europe.

🇦🇫Lors de la traversée de la Méditerranée, ils s'aperçoivent que Madhi, 9 ans a disparu.
Après des recherches infructueuses, ils n'ont pas le choix que de continuer pour sauver le reste de la famille.

Comment vivre après la perte d'un enfant ?
Comment continuer d'avancer coûte que coûte ?

🇦🇫Marion Emonot nous fait vivre le parcours bouleversant de cette famille afghane.
Ce récit romancé est issu d'une histoire vraie.

🇦🇫Ce livre est magnifique, touchant et retrace malheureusement des faits d'actualité terribles avec des milliers de réfugiés qui risquent leurs vies.

Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
LaTribuneDeGeneve
19 août 2021
Une famille afghane pensait avoir perdu à jamais l’un de ses enfants âgé de 9 ans, avant de le retrouver miraculeusement en Thurgovie. L’auteure Marion Emonot les a rencontrés. Un récit poignant.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"C'est vers cette vermine que papa et toi vous nous avez ramenés ! Que veux-tu faire dans ce pays d'ignares ? Te taire à jamais et mourir à petit feu ? Ma-man ! Réponds-moi !" Royaa lui emboîte le pas. "Maman, tu te souviens que je veux devenir juge pour enfants ! Quelle justice ici ? On coupe la main des voleurs, et les femmes ont tout juste le droit d'être l'ombre d'elles-mêmes !"
J'encaisse en silence. Que rétorquer ?
Commenter  J’apprécie          00
J'aime notre culture. Nous avons du savoir-vivre. Les Européens déballent toujours tout, sans retenue. Il n'y a qu'à voir à la télévision. C'est pathétique.
Commenter  J’apprécie          10
Dehors, on manque à tout moment de mourir : les enfants pour leurs organes, les femmes pour un regard trop franc ou un poignet dévoilé, les hommes pour leurs opinions politiques ou leurs origines ethniques.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : histoire vraieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (10) Voir plus




{* *}