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EAN : 9782844263872
336 pages
ED.CENTRE POMPIDOU (14/10/2009)
4.33/5   12 notes
Résumé :
"J'aime l'autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité. Son puissant pouvoir de contraste donne une présence intense à toutes les couleurs et lorsqu'il illumine les plus obscures, il leur confère une grandeur sombre. Le noir a des possibilités insoupçonnées et, attentif à ce que j'ignore, je vais à leur rencontre."
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pierre Soulages vient de nous quitter le 25 Octobre 2022 à l'âge de 102 ans. Il était et est encore l'une des figures emblématiques de la peinture abstraite contemporaine, un des plus grands représentants de la peinture informelle, connu et reconnu à l'international (exposé au MOMA ou à la Tate Gallery notamment). On le connaissait pour ses noirs et en le regardant sourire, en l'écoutant au travers d'entretiens, de vidéos dans son atelier ou sa maison auprès de sa femme Colette, on le découvrait lumineux.

J'ai eu la chance de voir l'exposition ‘'Pierre Soulages, le maître de l'outrenoir'' au Louvre qui, à l'occasion de son centième anniversaire en 2019, lui a rendu hommage dans le magnifique salon carré. J'avais choisi un samedi, en nocturne, où l'ambiance est forcément particulière et a fait de cette visite un moment encore plus exceptionnel. Ressentais-je comme une sorte d'intimité avec les autres visiteurs qui partageaient avec moi l'attrait et le respect pour cet homme ? En tous les cas, je me plaisais à le croire et, dans les regards que j'échangeais avec certains, j'y voyais le même sourire et la même émotion à pouvoir contempler les oeuvres de ce peintre magnétique.
C'est une de ces expositions qui restera pour moi parmi les plus intenses émotionnellement.

Il est alors important pour moi de lui exprimer toute mon estime aujourd'hui, quelques jours après son anniversaire -le 24 Décembre-, et de lui dire à quel point il fait partie des peintres contemporains que j'admire.
Durant l'exposition, j'ai pris le temps de m'immerger dans ses tableaux, où certains ne voient que du noir, où d'autres arrivent à apercevoir tant de nuances, toutes ces lignes de lumière… (pour ma part, il m'aura fallu quelques années pour découvrir la subtilité du travail du peintre). J'ai joué avec les distances, les points de vue, je suis restée comme en apnée devant certaines oeuvres gigantesques, intimidantes. Des oeuvres qui appelaient à la contemplation, à une certaine intériorisation. J'ai cherché toutes les nuances, les reflets, les palettes, les jeux de surfaces lisses et striées, le coeur battant de plus en plus au rythme de l'émotion comme suivant les rythmes des coups de pinceau de l'artiste.

Je n'aurai pas pris le temps d'aller visiter son musée à Rodez, sa ville de naissance, alors qu'il me tenait à coeur de le faire de son vivant. Mais savoir que je vais y aller un jour, tout comme j'irai admirer ses vitraux réalisés en 1994 dans l'abbatiale de Conques, me redonne le sourire. Ce serait presque comme un pèlerinage artistique puisque c'est à l'âge de 12-13 ans, lors d'une visite scolaire à l'abbaye bénédictine Sainte-Foy de Conques, qu'est née sa vocation picturale. Pendant des décennies, Soulages travaillera la matière, les contrastes, les associations avec le noir et d'autres couleurs (comme le bleu ou le blanc), avec des cycles marquant l'évolution de son travail avec la couleur noire qu'il affectionne et bien-sûr la lumière.

En pensant à Pierre Soulages, il est peut-être encore plus émouvant de savoir que le poète Christian Bobin vient de nous quitter également, le 23 Novembre, un mois après Soulages. J'avais lu ‘'Pierre'', le récit de voyage de l'écrivain en train durant la nuit de Noël 2018 pour fêter l'anniversaire du peintre à Sète. Récit qui était surtout le témoignage de son admiration pour le peintre. Aujourd'hui, deux artistes français inestimables nous ont quittés. Deux artistes qui savaient mettre leur coeur et leur âme dans leurs créations. Et toute une palette de lumières. Deux artistes dont j'aime à penser que leurs oeuvres sont éternelles.

Ce présent ouvrage d'Alfred Pacquement et Pierre Encrevé, spécialistes et passionnés de l'oeuvre de Soulages, a été édité à l'occasion d'une exposition au Centre Pompidou -Paris (fin 2009-Début 2010). Les textes d'auteurs et historiens d'art permettent de mieux appréhender le parcours et l'évolution artistique du peintre. Les représentations des tableaux, quant à elles, permettront à tous les amateurs d'art, tous les amoureux de Soulages de se (re)plonger avec émotion dans l'oeuvre picturale de cet artiste prolifique. Et de profiter encore et encore de toute sa lumière.

Aujourd'hui, en pensant à Soulages, mon coeur est triste, le vague à l'âme outrenoir.



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Le maître de l'outrenoir s'est éteint à l'âge de cent deux ans. Outrenoir, un mot inventé par l'artiste en personne pour caractériser « un autre champ mental que celui du simple noir », un vaste continent de créativité qu'il a commencé à explorer dès 1979, année charnière dans sa carrière et son oeuvre.

Dans mon roman L'Enfant-Mandragore, l'un des personnages centraux évoque en ces termes le travail de Soulages dès l'après-guerre et durant ses trois premières décennies de création : « Ses brous de noix sur papier, ses goudrons sur verre, ses huiles noires sur fond clair rehaussées d'éclats bleus ou bruns, tracent des symboles kabbalistiques et des architectures imbriquées qui empruntent à la figure de l'arbre, et qui sont moins des emblèmes du monde intérieur de l'artiste que des portes ouvrant sur un processus de confrontation avec la forme et la matière. Ses toiles sont des arènes silencieuses où l'ombre de la cendre lutte avec la lumière du renouveau. »

Vient ensuite la plongée dans l'outrenoir, l'irruption de ces peintures monolithiques et monumentales où l'artiste sculpte dans la matière acrylique résineuse, alternant noirs d'ivoire mats ou brillants, des stries, sillons et crevasses capturant ou reflétant la lumière. Ces « Outrenoirs » lui offriront une consécration mondiale.

Le présent catalogue, édité à l'occasion de la grande exposition monographique de 2009 au Centre Pompidou, débute par une série de textes signés par différentes personnalités du monde de l'art. Ces chapitres retracent le parcours de l'artiste, les grandes étapes de sa carrière, l'évolution de sa démarche et de ses techniques jusqu'à l'émergence d'un art nouveau entièrement axé sur les profondeurs insoupçonnées du noir. Vient ensuite un catalogue des oeuvres de celui qui a été ami avec l'écrivaine Nathalie Sarraute et le peintre franco-chinois Zao Wou-Ki. L'ouvrage se termine avec une chronologie illustrée de 1919 à 2009. Un bel ouvrage édité par le Centre Pompidou, pour découvrir ou redécouvrir le maître des ténèbres lumineuses.
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Alfred Pacquement qui vient tout juste de quitter la direction du MNAM Centre Pompidou (fin déc. 2013) y avait aussi organisé pour les 90 ans du plus célèbre artiste français vivant cette magnifique rétrospective qui fit courir les foules fin 2009-début 2010. Comme nul autre artiste avant lu, Pierre Soulages donne à voir "la lumière de la couleur noir".
Pour les amateurs, il faut aussi aller voir les vitraux qu'il a réalisés pour la basilique de Conques - soit quelques sept de recherche pour mettre au point le matériau translucide des vitraux d'abord avec Saint Gobain, puis en Allemagne
Lien : http://www.pierre-soulages.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
il y a... trois manières que j’ai eues de créer une lumière picturale, c’est-à-dire une lumière qui n’appartient qu’à la peinture, qui vient de la peinture. Dans un premier temps, souvent par le contraste des fonds clairs avec le noir, des couleurs sombres s’éclairent parce que je les rapproche d’une couleur encore plus sombre qui est le noir. Ou bien, deuxième période, celle où je superposais plusieurs couleurs, que je recouvrais après avec le noir. Ensuite en arrachant, en amincissant la couche noire, la couleur réapparaissait, transformée par le passage du noir.(...). Puis, finalement la période qui est celle dont je viens de parler, qui est la période « outrenoir », où je travaille avec un pot de peinture noire, mais où ce qui me guide et ce qui apparaît quand on regarde les toiles — si on les regarde non pas avec ce que nous avons dans la tête, mais avec nos yeux —, c’est la lumière reflétée par le noir, transformée par le noir. Il y a des peintures, tout à fait récentes, dans lesquelles je reviens à l’utilisation du contraste du blanc avec le noir, mais d’une autre manière qu’à mes débuts. (Ce sont), toutes les utilisations picturales du noir dans ma peinture depuis cinquante ans.
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Je ne demande rien au spectateur, je lui propose une peinture : il en est libre et nécessaire interprète. Cette position du spectateur dépend et répond de son attitude générale dans le monde et ceci avec d'autant plus de force qu'il n'est pas pris à parti à travers cette peinture qui ne renvoie pas à quelque chose d'extérieur à elle-même. C'est non seulement le peintre entier que ma peinture engage, mais aussi le spectateur, et le plus fortement qu'il soit possible.
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Videos de Alfred Pacquement (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alfred Pacquement
À l'occasion de l'exposition Giuseppe Penone, Sève et Pensée, la BnF propose une rencontre avec l'artiste italien et ses amis, suivie de lectures par Jacques Bonaffé et Jean-Christophe Bailly.
À l'image de l'exposition, cette rencontre permettra d'approfondir cette démarche inédite de Giuseppe Penone, celle qui l'a conduit à associer intimement la sculpture et l'écriture. Il s'agira d'explorer avec lui les ressorts intimes qui l'ont poussé à s'intéresser à l'imaginaire du livre, dans une approche intellectuelle et matérielle. le titre Sève et pensée résume bien cette double démarche, tout comme l'expression « l'esprit de la matière » : l'exploration du monde, le souci de la trace et de l'empreinte, la fragilité de celles-ci, l'entremêlement des gestes créateurs seront au centre de ce dialogue entre Penone et ses amis.
Cette rencontre sera suivie de dédicaces des ouvrages de l'artiste, parus aux éditions de la Bibliothèque nationale de France (de 17 h à 19 h).
Rencontre animée par Sabine Gignoux, avec Giuseppe Penone, Jean-Christophe Bailly, Laurent Busine, Alfred Pacquement, Didier Semin, et les deux commissaires de l'exposition, Marie Minssieux et Cécile Pocheau-Lesteven.
Exposition «Giuseppe Penone, Sève et Pensée», jusqu'au 23 janvier 2022, BnF François-Mitterrand, Paris 13e En savoir plus : https://www.bnf.fr/fr/agenda/giuseppe-penone-seve-et-pensee
Lectures par Jacques Bonnaffé et Jean-Christophe Bailly
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